BRISEMENT QUOTIDIEN
Le brisement quotidien, c’est simplement accepter dans l’humilité tout ce dont Dieu veut nous convaincre. Cela peut nous coûter cher, si nous considérons tous les droits et intérêts égoïstes que nous devons abandonner, et les confessions et les restitutions éventuelles à faire.
Il n’y a que la Croix qui puisse produire en nous ce brisement. Jésus a accepté d’être brisé pour nous ; il n’y a donc plus de raison pour que nous ne le soyons pas à notre tour. Jésus est celui qui, « existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, prenant la forme d’un serviteur » – serviteur de Dieu et des hommes. Nous le voyons renonçant volontairement à ses droits, à la possession d’un foyer ou de n’importe quel bien, prêt à se laisser injurier sans répondre, à se laisser piétiner sans se défendre. Mais, par-dessus tout, nous le voyons brisé, tandis qu’il gravit humblement le Calvaire, pour y devenir notre bouc émissaire, en portant nos péchés en son corps sur le bois. « Je suis un ver et non un homme », dit-il dans un psaume prophétique (Psaume 22.6). Ceux qui ont habité les pays tropicaux savent toute la différence qui existe entre un serpent et un ver. Attaqué, le serpent se redresse, siffle et contre-attaque, essayant de rendre les coups qu’on lui porte – c’est l’image du moi. Mais un ver n’offre aucune résistance ; on peut faire de lui ce qu’on veut, le repousser du pied ou l’écraser : il ne riposte pas – c’est l’image du vrai brisement. Jésus a accepté de devenir cela pour nous : un ver et non un homme. Il l’a fait, sachant que le péché nous avait fait perdre tous nos droits, et mériter l’enfer. Et, maintenant, il nous invite à prendre notre place véritable, à devenir des vers pour lui et avec lui. Tout le sermon sur la montagne, avec ses préceptes de non-vengeance, d’amour pour nos ennemis et de charité désintéressée, nous enseigne que c’est là notre position véritable. Seule la vision de l’Amour qui a accepté d’être brisé à notre place peut nous conduire jusque là.
Viens, ô Seigneur, et brise-moi,
Que je me courbe et meure
Comme toi, lorsque à Golgotha,
Tu baissas la tête pour moi.
Cependant, on ne meurt pas à soi-même une fois pour toutes. Le brisement initial est constamment suivi de nouveaux brisements, car c’est seulement ainsi que le Seigneur Jésus peut se révéler constamment à travers nous (2 Corinthiens 4.10). Tout au long de la journée, le choix se présentera à nous de mille manières. Cela signifiera le renoncement à nos projets, à nos plaisirs et à la libre disposition de notre temps et de notre argent. Nous rechercherons alors constamment le bien de ceux qui nous entourent, car ce que nous donnons à nos frères est le sûr critère de ce que nous donnons à Dieu. Chaque humiliation, chaque vexation que nous sommes appelés à endurer est un moyen dont Dieu se sert pour nous briser, afin de creuser plus profondément le canal par lequel s’écoule la vie de Christ.
De fait, la seule vie susceptible de plaire à Dieu est de remporter toujours la victoire, c’est sa vie – jamais la nôtre, quels que soient nos efforts. De même que notre vie centrée sur nous-mêmes est exactement à l’opposé de celle de Christ, de même nous ne pourrons être remplis de la sienne qu’à la seule condition d’accepter que Dieu fasse constamment mourir la nôtre.
C’est ici qu’intervient notre choix.
Roy HESSION
www.batissezvotrevie.fr