LE CHRISTIANISME DU COMMENCEMENT
« Sois fidèle jusqu’à la mort »
(Apocalypse 2.10)
On a souvent dit qu’il y eut au moment des persécutions une sorte de folie du martyre qui poussait les chrétiens à braver les autorités, à se dénoncer eux-mêmes, à se jeter au devant des bourreaux, surmontant, par l’exaltation où ils étaient, la sensation physique des tortures.
Si quelques âmes d’une ferveur ardente ont connu cette sorte de fanatisme insensible aux souffrances, la généralité de ceux qui passèrent par l’épreuve terrible des persécutions gardait intacts l’instinct de conservation, et l’horreur des tourments qui est dans notre nature : les martyrs avaient peur, les martyrs souffraient dans leur chair ; et c’est malgré cette peur, malgré cette souffrance, qu’ils demeuraient fermes. Ils savaient que la « couronne de vie » est réservée à ceux qui auront été « fidèles jusqu’à la mort ».
Aujourd’hui on aime mieux, plutôt que de s’avouer lâche, trouver ridicule cette soif de souffrir pour leur Maître qu’avaient les premiers chrétiens et qui ne nous anime plus. On ne prend plus qu’au figuré les paroles du Nouveau Testament. « Sois fidèle » veut dire : « va au culte ». « Jusqu’à la mort » veut dire : « pendant tout le cours de ta tranquille existence ».
Si tu veux pourtant te représenter le christianisme qu’ont prêché les apôtres, c’est un cadre autrement tragique que le tien qu’il te faut imaginer. La foi alors impliquait une négation autrement réelle des biens terrestres. « Mourir à ce monde » n’était pas une simple façon de parler. Mais aussi comme la vie éternelle était alors une réalité plus vive ! Comme toutes les âmes étaient tendues alors que le Maître était venu « jeter un feu sur la terre » !
Philippe VERNIER
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