HEUREUX DANS LES OUTRAGES
« Il s’en remettait à celui qui juge justement. »
(1 Pierre 2.23)
Tu es heureux si tu n’éprouves pas, quand on te blâme ou qu’on t’accuse, le besoin invincible de te justifier. Ton Maître, lui, « lorsqu’on l’injuriait, ne rendait point l’injure », et il invite ses disciples à être heureux quand on dit d’eux injustement toute sorte de mal. Mais bien rares en fait sont ceux qui obéissent ; il faut être bien saint pour trouver bon ce que les hommes craignent tant : la calomnie et les outrages.
Certes on peut, par orgueil, prétendre se moquer de l’opinion des gens ; dire qu’on les méprise et qu’ils ne valent pas qu’on les réfute.
Un vrai disciple de ton Maître agit tout autrement ; il écoute et estime ceux qui le blâment ou l’outragent ; bien loin de négliger leur opinion, il leur en est reconnaissant.
Ceux qui le traitent le plus mal, ne le voient pas encore aussi noir qu’il se voit. Même quand il pourrait, il ne se défend pas : en regardant son Maître, il se sent beaucoup plus coupable qu’ils ne disent.
D’autre part – et c’est de là surtout que provient sa patience – chaque outrage des hommes est pour lui l’occasion d’une consolation de Dieu. Plus on le juge durement et plus son Maître est près de lui. Chaque injustice qui le frappe est un secret nouveau qu’il partage avec lui, un nouveau lien qui les unit. Il est comme un enfant qui aime son chagrin puisque sa mère l’en console, qui presque se ferait exprès une bosse ou une grosse entaille pour se sentir soigné et dorloté.
Si tu n’avais jamais en vue que ce que Dieu pense de toi, quelle économie tu ferais d’efforts, pour te défendre, et d’arguments pour te justifier ! Comme tu serais plus libre, et plus léger, et plus heureux !
Philippe VERNIER
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