JAEL EN SON TEMPS

 

JAËL EN SON TEMPS

 

« Au temps de Schamgar, fils d'Anath, au temps de Jaël,

les routes étaient abandonnées,

et ceux qui voyageaient prenaient des chemins détournés.

Les chefs étaient sans force en Israël,

sans force, quand je me suis levée, moi, Débora,

quand je me suis levée comme une mère en Israël.

Il avait choisi de nouveaux dieux; alors la guerre était aux portes;

on ne voyait ni bouclier ni lance, chez quarante milliers en Israël. »

(Juges 5.6-8)

 

          Rappelons une fois encore que toute cette période était marquée par le déclin moral et spirituel du peuple de Dieu. C'était un temps d'apostasie.

 

          Pour découvrir ce qu'était Jaël en son temps, nous conseillons à nos lecteurs de parcourir le chapitre quatre des Juges en entier.

 

Un contexte difficile

 

          Son mari, Héber le Kénien, s'était installé dans une situation de compromis. « Héber, le kénien, s'était séparé des Kéniens, des fils de Hobab, beau-père de Moïse, et il avait dressé sa tente jusqu'au chêne de Tsaannaïm, près de Kédesch...Sisera se réfugia à pied dans la tente de Jaël, femme de Héber, le Kénien; car il y avait paix entre Jabin, roi de Hatsor, et la maison de Héber, le Kénien.» (Juges 4.11,17)

 

          Au lieu de choisir la fidélité envers Dieu, cet homme a préféré opter pour l'opportunité; pactiser avec l'ennemi pour avoir la paix.

 

          La parole de Dieu met en évidence les quatre grandes étapes dans la vie de Héber.

 

          1. Tout commence par la séparation d'avec les siens. « Héber, le kénien, s'était séparé des Kéniens, des fils de Hobab, beau-père de Moïse... » Il se sépare du peuple humilié et profondément malheureux. Il fuit ses responsabilités personnelles dans la situation présente. Il cherche une fausse sécurité. C'est toujours un drame spirituel effroyable de nous séparer du Seigneur et de nos frères en la foi, pour nous lier avec le monde, la chair, et le péché.

          Ami croyant, êtes-vous tenté actuellement, pour avoir la « paix », de vous séparer de Dieu et de son Assemblée ? Sachez que le compromis n'a jamais sauvé personne. Vous ne lisez pas ces lignes par hasard. Réfléchissez. Arrêtez-vous. Renoncez aux suggestions de votre adversaire, le diable. Abandonnez votre décision, et continuez d'avancer courageusement avec le Seigneur et avec son peuple.

         

          2. Le second pas, pour Héber, consiste à s'installer dans le compromis. « ...et il avait dressé sa tente jusqu'au chêne de Tsaannaïm, près de Kédesch... » Il se sépare, et ensuite, inévitablement, il va dresser sa tente ailleurs. Quand on se sépare de ses frères et du Seigneur, on dresse sa tente ailleurs. La nature a horreur du vide. Tous les chrétiens infidèles peuvent le confirmer, hélas !

 

          3. Le pas suivant est une séduction: le sentiment d'une paix trompeuse. « ...il y avait paix entre Jabin, roi de Hatsor, et la maison de Héber, le Kénien.» Considérons attentivement Juges 4.2,3: « Et l'Éternel les vendit entre les mains de Jabin, roi de Canaan, qui régnait à Hatsor. Le chef de son armée était Sisera, et habitait à Haroscheth-goïm...Jabin avait neuf cents chars de fer, et il opprimait avec violence les enfants d'Israël depuis vingt ans ». Comment peut-on vivre dans un tel compromis ? Pour le croyant, aujourd'hui, la paix qu'offre le monde est loin d'être celle de Dieu. D'ailleurs, Jésus dit: « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s'alarme point » (Jean 14.27).

          Dieu a toujours raison. La preuve...

 

          4. La dernière étape pour Héber ? « Sisera se réfugia à pied dans la tente de Jaël, femme de Héber, le Kénien... » Pourquoi l'ennemi a-t-il pu se réfugier là ? « ...car il y avait paix entre Jabin, roi de Hatsor, et la maison de Héber, le Kénien.» Sachons que la tente dressée dans le compromis est celle où l'adversaire viendra tout naturellement se « réfugier ». Elle deviendra sa demeure et sa propriété. Vous pouvez en douter et rejeter cette pensée, mais c'est pourtant la vérité.

 

          Quel contexte difficile pour Jaël ! Mais quel exemple pour nous ! Que ceux qui vivent aux côtés de parents incrédules, d'un mari ou d'une épouse rétrograde, considèrent l'exemple de Jaël et prennent courage !

 

Une position nette

 

          Jaël est une personne faible d'apparence, mais dont les positions spirituelles sont claires. Elle ne veut pas d'une sécurité achetée au prix du compromis. Elle ne reconnaît pas l'alliance avec l'ennemi de sa nation.

 

          Notez le courage de cette femme. « Jaël, femme de Héber, saisit un pieu de la tente, prit en main le marteau, s'approcha de lui doucement, et lui enfonça dans la tempe le pieu, qui pénétra en terre. Il était profondément endormi et accablé de fatigue; et il mourut » (Juges 4.21).

 

          A la différence de Barak qui a eu besoin d'être encouragé et stimulé par Débora, Jaël n'a besoin de personne. Elle ne dépend que de Dieu.

 

          Remarquez aussi son assurance. Un seul tremblement de sa main aurait pu tout compromettre. Mais elle agit avec fermeté, s'appuyant sur Dieu, bien déterminée à terrasser l'ennemi. Elle n'a pas d'autres armes que celles d'une femme qui garde la tente. Elle va donc utiliser un instrument qui ne vaut même pas celui de Schamgar. Rappelez-vous: Ehud avait une courte épée, Schamgar...un aiguillon à bœufs, et Jaël un marteau ! Mais Dieu se glorifie dans la faiblesse et l'impuissance humaines.

 

          Une grande leçon spirituelle apparaît ici. Au sein d'un contexte de compromis et d'infidélité, tenons fermement dans nos mains et dans nos cœurs le marteau de la parole de Dieu. « Ma parole n'est-elle pas comme un feu, dit l'Éternel, et comme un marteau qui brise le roc ? » (Jérémie 23.29).

 

          Amis chrétiens, la tente dressée jusqu'aux frontières de l'ennemi, doit être libérée et consacrée à nouveau à Dieu, par des « Jaël » courageuses et pleines de foi ! Comprenons-nous le défi que Dieu nous lance ici ?

 

Une femme qui sait rester à sa place

 

          La victoire a pu être remportée, et Jaël elle-même a pu triompher, parce qu'elle était à sa place de femme, dans sa tente. Elle n'a pas revendiqué un poste de lieutenant-colonel aux côtés de Barak. Il y a des « Barak » utilisés par Dieu pour libérer tout un peuple. Il y a aussi des « Jaël » dont Dieu se sert dans des sphères plus restreintes. Jaël garde sa place. Elle remporte la victoire sur l'ennemi dans les limites de sa propre tente, et avec les armes que sa tente lui fournit.

 

          Si tous triomphaient ainsi dans leur tente personnelle !

 

A propos de l'ennemi

 

          Avez-vous remarqué un fait très significatif ? L'ennemi fuit devant Barak, mais il peut se réfugier chez Héber ! La tente du compromis devient celle où l'ennemi peut se loger et se nourrir ! Veillons, car il en est ainsi de nous-mêmes. La maison et le cœur d'un chrétien ne doivent jamais devenir des lieux où le diable peut venir et demeurer à l'aise. Notre vie doit être le territoire où Satan est terrassé.

 

          Le texte de Juges 5.27 est rempli de termes évoquant la victoire totale et parfaite de Jaël. « Aux pieds de Jaël il s'est affaissé, il est tombé, il s'est couché; à ses pieds il s'est affaissé, il est tombé; là où il s'est affaissé, là il est tombé sans vie ». Sept verbes pour dépeindre la défaite cuisante de l'adversaire !

          Pourquoi l'Écriture précise-t-elle « il s'est affaissé, il est tombé, il s'est couché » ? N' était-il pas déjà couché et endormi ? Il s'agit maintenant d'une chute définitive, non seulement physique mais aussi morale et spirituelle.

          En Genèse 4.7, le péché est couché, mais bien vivant ! Dieu dit à Caïn: « Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi; mais toi, domine sur lui ».

 

          En Juges 4.18,21, l'ennemi est couché et endormi: « Jaël sortit au-devant de Sisera...Il entra chez elle dans la tente, et elle le cacha sous une couverture...Il était profondément endormi et accablé de fatigue ».

 

          En Juges 5.27, l'ennemi est couché et définitivement détruit: « Aux pieds de Jaël, il s'est affaissé, il est tombé, il s'est couché...là il est tombé sans vie ». Seule cette dernière situation nous procure la véritable sécurité spirituelle ! Vivre dans la consécration à Dieu et dans la sainteté, comme Jaël, c'est vivre dans la victoire.

 

          Sisera est mort, un pieu enfoncé dans le crâne. Je vous invite à considérer un point très important. Quel était le grand problème d'Israël ? La domination de Jabin ! « Et l'Éternel les vendit entre les mains de Jabin, roi de Canaan, qui régnait à Hatsor » (Juges 4.2). Or, « Jabin » signifie « qui comprend », « qu'il considère », « il perçoit », « intelligent ». Mais il s'agit là de l'intelligence ennemie ! La parole de Dieu nous met en garde contre la domination de l'intelligence purement humaine pouvant s'exercer dans le domaine des choses de Dieu. Que de « théologies », fruits de cerveaux enfiévrés, qui ont sapé la vérité divine et détruit la foi ! Que de raisonnements qui ont séduit les croyants, les faisant errer dans le labyrinthe des jongleries intellectuelles ! L'histoire de l'Église nous apprend qu'un tel envahissement du crâne sur le cœur a toujours conduit le peuple de Dieu à la faillite. Faut-il donc être sot pour vivre en bon chrétien ? Certes non. Mais la Bible nous exhorte à être « transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que nous discernions quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » (Romains 12.2) Les diplômes ne remplaceront jamais l'onction. Les ambitions ne pourront jamais prévaloir sur la vocation, ni l'instruction sèche et froide sur la vie de l'Esprit.

 

          Que doit-il donc se passer dans la tente de Jaël pour que le peuple de Dieu soit libéré de la domination de Jabin, l' « intelligent » ? Il faut que le crâne de Sisera, le chef de l'armée, soit fracassé ! Et c'est ce que fera Jaël.

 

          Bien avant, l'adversaire avait pénétré dans la création de Dieu, la parcourant, s'y promenant, et y opérant partout des ravages. Il semblait dominer et détruire à sa guise. Alors, au temps marqué, Dieu a pris en main le marteau de sa divine parole (Jérémie 23.29). Il s'est souvenu de toutes ses promesses messianiques, sans en laisser tomber aucune à terre. Il a saisi « un pieu de la tente », la croix, et il l'a enfoncée dans le crâne, le « Golgotha », donnant son Fils, pour que le monde soit sauvé par lui. « Et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne...ils le crucifièrent » (Marc 15.22,24). Oui, l'intelligence naturelle doit être transpercée par la croix. « Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le disputeur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. » (1 Corinthiens 1.18-21)

 

          Église de Jésus-Christ, toi dont le visage est enveloppé du linge de la mort spirituelle ; toi qui n'es plus capable de contempler la gloire de ton Seigneur; toi qui n'es plus transformée de gloire en gloire par l'Esprit de Dieu; toi qui ne marches plus dans les sentiers surnaturels du Saint-Esprit, les pieds liés par les bandes des discussions humaines; toi qui ne sers plus ton Dieu avec zèle, les mains serrées par les bandelettes de la sagesse d'en bas, viens au Golgotha, et regarde à nouveau, comme au premier jour ! L'Éternel a fracassé le crâne. La croix a triomphé de tout. L'ennemi est anéanti. Courbe-toi, repens-toi de tes mondanités, adore et crois. Relève-toi ensuite. Secoue ta poussière, revêts des habits de fête, et reprends la route du réveil ! « Comme il est écrit, ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. » (1 Corinthiens 2.9-10)

 

Le lait de la chèvre et le miel de l’abeille

 

          « Jaël » signifie « chèvre sauvage ». Elle va donner le lait et la crème de la victoire sur l'ennemi. « Il demanda de l'eau, elle a donné du lait, dans la coupe d'honneur elle a présenté de la crème. D'une main elle a saisi le pieu, et de sa droite le marteau des travailleurs; elle a frappé Sisera, lui a fendu la tête, fracassé et transpercé la tempe » (Juges 5.25-26).

 

          « Débora » signifie « abeille ». Elle, elle va donner le miel de l'inspiration, de la révélation prophétique, de la direction de l'Esprit. « Dans ce temps-là, Débora, prophétesse...lui dit [à Barak]: N'est-ce pas l'ordre qu'a donné l'Éternel, le Dieu d'Israël ? Va, dirige-toi sur le mont Thabor, et prends avec toi dix mille hommes des enfants de Nephthali et des enfants de Zabulon; j'attirerai vers toi, au torrent de Kison, Sisera, chef de l'armée de Jabin...et je le livrerai entre tes mains. » (Juges 4.4,6-7)

 

          Par ces deux femmes fidèles, « chèvre sauvage » et « abeille », femmes consacrées, pleines de foi, Israël retrouve son pays, sa bénédiction, le pays où coulent le lait et le miel.

          La bénédiction, récompense divine pour Jaël, sera sans réserve. Elle est d'ailleurs répétée. « Bénie soit entre les femmes Jaël, femme de Héber, le Kénien ! Bénie soit-elle entre les femmes qui habitent sous les tentes ! » (Juges 5.24). De toutes les femmes de la Bible, seule la mère de Jésus a reçu un tel témoignage (comparez Luc 1.42).

 

          Où sont les « Jaël » aujourd'hui ?

 

Paul BALLIERE

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