RASSEMBLONS-NOUS ET DEVOUONS-NOUS
Voici un dilemme qui m’a toujours paru incompréhensible : quand je voyage aux autres coins du globe et que je prêche lors de croisades et de campagnes d’évangélisation, j’ai l’occasion de rencontrer des quantités de pasteurs et de membres d’assemblées et de m’entretenir avec eux. J’entends alors des témoignages de frustration dans le ministère. Partout, des pasteurs se demandent pourquoi leur assemblée ne croît pas. Souvent, ils se découragent, quittent le ministère et reprennent une activité professionnelle. Chaque année, les écoles bibliques ont moins d’étudiants que la précédente, si bien que dans notre pays, nous manquons cruellement de pasteurs. Des assemblées meurent, et leurs membres se réfugient dans d’immenses églises où ils risquent de se sentir perdus dans la foule.
Parallèlement, je vois souvent une grande quantité de personnes qui viennent au Seigneur au cours de nos réunions « coups d’envoi » et de nos croisades « Du ghetto à la vie ». Chaque fois que nous organisons une croisade d’évangélisation de quatre mois, des milliers de jeunes des bas quartiers viennent au Seigneur. Les églises qui coopèrent avec nous devraient ensuite faire tout leur possible pour rester en contact avec les nouveaux convertis, mais je m’inquiète souvent à l’idée qu’une multitude d’âmes nous filent entre les doigts par manque d’organisation.
Pourquoi les bas quartiers existent-ils ?
Je ne me berce pas d’illusions. Je sais pourquoi la plupart des églises n’ont aucune envie de gagner des membres issus des bas-fonds. Les pauvres et les violents y sont indésirables, surtout dans les quartiers huppés. Ils apportent avec eux une foule de problèmes et très peu d’argent. C’est un groupe de démunis – financièrement, affectivement et spirituellement. Il est plus commode de laisser ce fardeau à une autre communauté, peut-être à une qui est située dans des quartiers défavorisés et qui a l’habitude de gérer ce genre de problème.
Les assemblées ciblent rarement les bas-fonds et les ghettos. Cela ne me surprend pas, mais cela attriste profondément mon cœur.
Si nous y réfléchissions honnêtement, nous admettrions que la seule raison pour laquelle les quartiers pauvres existent – ce chiasme géographique évident entre les nantis et les démunis – c’est parce que l’Église a laissé ce phénomène se produire. Nous nous sommes croisé les bras et nous avons détourné l’oreille des souffrances et des affres des pauvres sous prétexte que le gouvernement n’avait qu’à les prendre en charge. Lorsque leurs efforts ont échoué, nous avons secoué la tête, déploré les erreurs des hommes politiques et fait poser des verrous supplémentaires sur nos portes. Mais ce n’est pas le gouvernement qui a failli à sa mission : c’est l’Église, ce sont les disciples de Christ, vous et moi.
Dénouer les liens...
Lisez Esaïe 58.6-7, 9-10. Si le peuple de Dieu actuel – le corps de Christ de n’importe quelle dénomination – se rassemblait avec un seul but : « dénouer les liens de la servitude » et décidait fermement de se dépouiller en faveur des affamés, non seulement une vague de guérison se répandrait dans notre pays et briserait les barrières raciales et économiques qui séparent les pauvres des riches, mais nos églises seraient bondées. Nous n’arriverions pas à construire des auditoriums assez rapidement pour accueillir tous ceux qui viendraient à Christ.
Tout cela peut arriver si nous obéissons simplement aux commandements de Dieu concernant les pauvres et les parias.
Nicky CRUZ
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