LE « MAIS » DE LA CONFIANCE DECLAREE
Nous parlons beaucoup …
Saviez-vous que les muets parlent énormément ? "Ah ! me direz-vous, et comment cela ? » Eh bien! à l'intérieur d'eux-mêmes, là où la parole prend naissance...Et les muets ne sont pas les seuls à soliloquer. En fait, avez-vous observé avec quelle abondance nous nous parlons à nous-mêmes ? Les choses et les gens auxquels nous pensons provoquent souvent des "conversations intérieures". C'est vrai, la plupart du temps, quand nous ne parlons pas à quelqu'un, c'est à nous que nous causons...Pas nécessairement à haute voix, quoique cela nous arrive parfois...
La puissance de la parole
Ces dernières années, ce que nous pressentions déjà par la connaissance biblique a été scientifiquement prouvé, à savoir que les paroles articulées ou inarticulées véhiculent toujours une puissance, soit créatrice, soit destructrice.
Vous vous en souvenez, lorsqu'elles annonçaient une guérison ou une résurrection, les paroles du Christ produisaient la vie. "Lazare, sors! " Et Lazare sortit du tombeau...Mais les paroles du Seigneur auraient pu tout aussi bien provoquer la mort, comme dans le cas du figuier stérile : le Christ lui parla et il sécha...
Dans ce même ordre d'idées, des médecins nous conseillent de prendre garde à la façon dont nous parlons de notre corps. Il paraît que si nous parlons mal de notre estomac, par exemple, qui est paresseux, qui ne digère plus ceci ou cela, etc., cette médisance le découragera davantage encore. "Au lieu d'agir ainsi", nous conseillent les hommes en blanc, "louez plutôt vos organes pour ce qu'ils peuvent encore bien accomplir, car ils sont sensibles à l'encouragement comme au découragement…"
Quoi qu'il en soit, il est certain que la façon dont nous conduisons nos "conversations intérieures" a toujours une importance. En effet, comme toute conversation, celles-là peuvent nous élever ou nous abaisser, nous former ou nous déformer, déterminer la tonalité majeure ou mineure de notre rayonnement.
Amis, dès lors qu'il est prouvé qu'intérieurement, même les plus grands silencieux parlent beaucoup, et que la parole produit un effet positif ou négatif réel, posons-nous sérieusement la question suivante, chacun pour soi :
Quel genre d'interlocuteur suis-je ?
Suis-je un positif ou un négatif ? Ma tendance prédominante est-elle de m'arrêter plutôt aux choses qui vont, ou à celles qui ne vont pas ? Ai-je le don de m'encourager, ou celui de me décourager moi-même ? Pratiquement, suis-je un confiant ou un inquiet ? A vrai dire, il y a en nous un peu des deux tendances, sans doute ; mais avec une prédominance d'un côté ou de l'autre.
C'est ce que nous allons découvrir dans une certaine expérience du roi David relatée au Psaume 31.
Le cas de David
Il y a, entre autres, dans le Psaume que nous venons de mentionner, deux résumés de "conversations intérieures" en face de la même situation. Or, nous allons constater que la tonalité de chacune de ces conversations secrètes est très différente. Dans l'un des exemples, le soliloque est négatif, donc parfaitement décourageant. Dans l'autre, il est toujours réaliste, mais plein d'une confiance salutaire. Je vais vous présenter ces deux exemples, dans un instant, et vous demander où va votre préférence.
Mais auparavant, il est nécessaire que je rappelle brièvement la conjoncture particulière dans laquelle se trouvait David. L'ensemble du Psaume 31 rappelle probablement l'époque douloureuse de la trahison d'Absalom, un des fils de David. L'homme de Dieu est désemparé. Il nous le déclare: un filet est tendu (verset 5); une conspiration est ourdie contre lui (v. 14); des calomnies circulent (v. 19); ses amis l'oublient (v. 13); il se trouve dans la détresse (v. l 0).
Tout à l'heure, nous avons dit que les gens et les choses font naître des soliloques en nous...Eh bien ! qu'est-ce que David s'est tout d'abord dit, au sein de sa détresse ? Ecoutez (Psaume 31 : 23): "Je disais dans ma précipitation : Je suis chassé loin de ton regard, ô Dieu!" Remarquez que "dans la précipitation", on dit pas mal de bêtises..., vous êtes bien d'accord avec moi ? Comme si Dieu pouvait abandonner les siens, ceux qu'il a élus, tel Israël, ou ceux qu'il a déclarés, à leur conversion, fils ou filles bien-aimés...Si David était resté à sa première réaction, il eût été complètement découragé, c'est certain. Il serait probablement devenu amer, critique, peut-être méchant, comme certains rétrogrades. Alors, on n'aurait plus parlé des Psaumes, des cantiques de David, mais bien des lamentations de David. Entre nous, de quoi peut-on parler pour résumer tes conversations secrètes ou exprimées et même tes prières ? De cantiques confiants, ou de lamentations?
David possédait, toutefois, comme tout véritable enfant de Dieu, la faculté de passer de l'éventuelle réaction charnelle à la réaction spirituelle. C'est ce que nous allons voir. Notez que ses circonstances vont demeurer les mêmes. Ce n'est pas elles qui changeront tout à coup, c'est lui! Oui, soudainement, en face de ses tourments, il va prendre une nouvelle attitude, la meilleure qui soit. Ça aussi, c'est une conversion qui compte!
Or, amis lecteurs, par la grâce de Dieu, ce changement-là est à la portée de tout homme né de nouveau. Pour lui, voyez-vous, les difficultés sont comme des couteaux qui blessent ou servent tandis qu'on les saisit soit par la lame, soit par le manche...Trop souvent, n'est-ce pas, nous commençons par saisir nos difficultés par le mauvais bout ; nous nous blessons alors et nous nous décourageons...En tout cas, cela m'arrive parfois, et à vous ?
Comment donc David s'y prit-il pour changer de méthode en face de circonstances adverses toujours bien en place ? Je vais vous le dire tout d'abord en vous rapportant ce que j'ai observé un jour, à la campagne. Il y avait là une vache parmi d'autres vaches qui se trouvaient derrière un mur. Toutes avaient l'air parfaitement découragées, neurasthéniques même, en regardant le mur qui leur barrait l'horizon. Mais je vous assure que celle dont je vous parle ressemblait à une petite vignette que l'on voit sur certaines boîtes de fromage. Elle semblait sourire et il y avait une lumière malicieuse dans ses grands yeux...Pourquoi ? Ah ! c'était une vache intelligente, elle ! Elle ne fixait pas le mur, mais elle regardait pardessus...!
A un moment donné, c'est précisément ce que David fait. Le mur de ses circonstances adverses est toujours là. Le Psalmiste est un réaliste, il n'essaie pas de nier ses malheurs. Mais, en vrai croyant, il élève son regard et le tourne vers Dieu (Psaume 34 : 6). David passe ainsi de la contemplation de ce qui est négatif - avec quoi il conversait -, à la contemplation de celui qui est superlativement puissant : Dieu ! Alors, tout inspiré par cette nouvelle communion, David devient loquace, mais positivement ! Il s'écrie au sein même des peines qui sont les siennes et qu'il vient d'énumérer :
« Mais, en toi je me confie, ô Eternel ! Je dis: Tu es mon Dieu ! » (Psaume 31 : 15)
Le voici, le « mais » d'une décision positive, le mot d'une réaction spirituelle, d'une attitude intérieure qui connaît le redressement victorieux. C'est le « mais » de la confiance "malgré tout" ! C'est le « mais » qu'il faut nous exercer à dire et à redire, le « mais » de la confiance qui se déclare. C'est le « mais » qui déclenche une nouvelle conversation intérieure divinement féconde, celle-là.
Le cas de Monsieur Z.
Mon cher ami, Monsieur Z., m'a raconté comment il avait perdu un temps précieux à converser avec ses difficultés. Et, quoiqu'il soit assez éloquent, il me disait : "Tu sais, mon cher, ces mâtines d'épreuves savaient bien mieux parler que moi !" Dans ce mauvais dialogue, il avait perdu sa joie intérieure et son rayonnement spirituel. Un beau jour, il se souvint d'une phrase d'un cantique qu'il avait souvent chanté avec nous :
"Nuages des plaintes, du doute,
Gaiement je vous dis adieu !"
Cette phrase, c'est tout ce dont il se souvenait du cantique en question. Mais il ne pouvait pas l'éloigner de sa pensée. Elle y revenait comme une ritournelle: "Nuages des plaintes, du doute, gaiement je vous dis adieu !"
Ces dix mots avec lesquels, malgré lui, il était en conversation intérieure, produisirent leur effet, grâce à Dieu.
Le moment vint où Monsieur Z. se dit : "Je me sens tellement lassé que je voudrais partir en congé, n'importe où...Comme je ne le puis absolument pas en ce moment, je m'en vais, au lieu de faire cela, donner congé à mes pensées négatives. Je leur dis adieu ! Dès maintenant, avec l'aide du Seigneur, quand ces bavardes frapperont à ma porte, je ne leur répondrai plus rien, mais j'affirmerai intérieurement et extérieurement ma confiance en celui qui est mon Berger ! "
C'est ainsi que mon ami Z. a, lui aussi, élevé son regard. Et étant entré en conversation confiante avec Dieu plutôt qu'avec ses peines, il a parfaitement recouvré et sa joie et son rayonnement positif.
« Mais en toi je me confie, ô Eternel ! Je dis: Tu es mon Dieu ! »
Cela est aussi pour vous
C'est certain, si vous êtes convertis, et si vous le voulez bien, vous pouvez vous servir du même secret, vous aussi. Vous pouvez réagir spirituellement en face des choses et des gens qui provoquent tout d'abord votre soliloque décourageant, celui qui rend vos fardeaux deux fois plus lourds. C'est pourquoi, par-dessus les murs de nos difficultés, de nos déceptions, de nos douleurs même, lançons le témoignage tenace et fécond du « mais » qui compte, du « mais » de la confiance qui se déclare :
« Mais en toi je me confie, ô Eternel ! Je dis: Tu es mon Dieu ! »
Ce « mais » de la confiance qui s'exprime a souvent marqué le point d'arrêt de certaines marées menaçant mon âme. Oui, je l'ai crié plus d'une fois et j'ai été sauvé de mes détresses. Alléluia ! Ami lecteur, toi aussi :
Parle de confiance à ton âme !
Parle de confiance autour de toi !
Parle de confiance à ton Dieu !
En tout temps, soyons des positifs, dans nos soliloques, dans nos conversations, dans nos prières ! Oui, devenons des confesseurs acharnés de la confiance qui s'exprime par-dessus toutes les menaces !
Pour ton bonheur et l'efficacité de ton rayonnement conscient ou inconscient, pour que ta vie soit un psaume à la gloire de Dieu et non une lamentation qui attriste, qu'il en soit ainsi, ami, par Jésus-Christ en toi !
Dans mon âme un beau soleil brille.
Son rayon doux et joyeux
Répand un éclat qui scintille,
C'est le sourire de Dieu.
Oh ! quel beau soleil dans mon âme
Il resplendit, illuminant tout !
A ses rayons mon coeur s'enflamme
Et je vais chantant partout.
Nuages des plaintes, du doute,
Gaiement, je vous dis adieu !
Voici resplendir sur ma route
Le soleil dans un ciel bleu.
Adolphe HUNZIKER
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