LIBRE DE PARTIR
« Ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? »
Jean 6.67
On te représente souvent le Maître comme quelqu’un qui s’accroche à toi et te supplie de le suivre ; il n’a jamais été cela. Les prédicateurs ont pu lui donner cette attitude, chercher à t’attirer à lui par une sorte de pitié ; mais lui a autrement de fermeté !
Quand des disciples nombreux l’abandonnent, il n’essaie pas de les retenir, il n’adoucit pas les paroles qui les ont effrayés. Il n’a même pas un mot de regret ; il se tourne simplement vers ceux qui sont restés fidèles : « et vous ? ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » On sent bien qu’il marcherait seul, s’il le fallait, et qu’aucune défection ne le détournera de la route que son Père lui a tracée.
Ses ennemis ont voulu lui prouver que c’est le démon qui l’anime ; ses parents ont dit qu’il était fou ; Pierre lui-même, un de ses tout proches, a protesté contre le plan de Dieu : « à Dieu ne plaise, Seigneur, cela n’arrivera pas ! » Mais le Maître sait où il va ; rien ne l’arrête et rien ne le détourne : ceux qui ne veulent pas le suivre sont toujours libres de partir.
Il est des heures où tu trouves toi aussi qu’il en demande trop ; tant de gens déjà ont lâché, parce que ses paroles contredisaient la sagesse ! Tant d’autres parce qu’il réclamait des sacrifices impossibles ! Il te semble qu’il serait prudent de limiter ses exigences : d’être moins absolu. « Sinon, lui dis-tu, tu n’auras plus personne ! » Alors il se retourne, te regarde et te dit : « Et toi ! ne veux-tu pas aussi t’en aller ? »
Philippe VERNIER
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