REGARDS SUR L’HOMÉOPATHIE
(suite 2)
Il existe une homéopathie intéressée aux adjuvants de l’occultisme.
Le fait est attesté : certains médecins homéopathes établissent ou
encore confirment leurs diagnostics en tenant compte du thème astrologique
de leurs patients, et usent du pendule dans le choix des remèdes appropriés
1. Les études sérieuses évoquées plus haut [dans notre précédente publication, voir « Regards sur l’homéopathie (suite)] faisaient déjà cette constatation importante à notre avis : l’efficacité de l’homéopathie ne se prouve pas lorsqu’elle est appliquée à un groupe de patients, mais uniquement lorsqu’elle concerne une personne soignée individuellement. C’est donc que cette efficacité tient non pas d’abord au remède, mais au rapport entre le soignant et la personne soignée, soit aussi à la thérapie personnelle qu’implique ce rapport. On nous rétorque volontiers que des expériences ont été faites sur des animaux. Ce qu’on se garde de relever en de tels cas, c’est que de telles expériences n’ont pas trouvé leur équivalence démonstrative dans un groupe d’hommes. Et les homéopathes eux-mêmes ont la loyauté de reconnaître que de telles guérisons ne sauraient être une preuve. Nous l’avons déjà relevé, « le phénomène scientifique n’est admis comme tel que lorsqu’il est reconnu statistiquement significatif et reproductible ». En l’occurrence, les maladies graves traitées chez des rats (intoxications, diabète) ne l’ont jamais été chez un groupe d’hommes.
2. On connaît le mot de Galilée à ses détracteurs contestant son affirmation que le soleil et non la terre était le centre de notre système planétaire : « Et pourtant elle tourne ! » On pourrait dire aussi avec les homéopathes : « Et pourtant nos maladies guérissent ! » Il serait évidemment difficile de contester ce fait. La question est alors posée de savoir quel est, en vérité, l’agent de guérison lors d’un traitement homéopathique si le médecin appartient à la troisième école susmentionnée ? [voir notre précédent article, sur notre site, dans la même rubrique]
Pour cette catégorie de médecins-là (je souligne ce dernier terme), il n’y a pas une multiplicité d’explications possibles. Dans les limites de notre connaissance actuelle, une seule explication peut être donnée. Elle paraît du reste confirmée par le facteur déjà relevé d’une réussite lorsqu’il s’agit d’un patient et non d’un groupe de patients :
Le médecin est la vertu efficace première du médicament qu’il prescrit. A l’appui de cette constatation, le fait avéré que « l’homéopathie marque son pouvoir chez qui le psychosomatisme domine ». Autrement dit : chez des patients dont la souffrance ne tient pas à un accident ou à une infection caractérisée et connue mais à un état maladif chronique, mal défini, dont le mal-être n’a trouvé aucune réponse chez le médecin allopathe, précisément parce que ce mal-être n’est pas physique d’abord mais psychosomatique.
En rapport avec la médecine psychosomatique, Coué avait constaté : « L’image mentale peut, dans certaines limites, se substituer à la vertu d’un médicament. Cette imagination possède un pouvoir réalisateur capable d’orienter certaines activités de la vie en normalisant ou en perfectionnant nos fonctions et nos facultés. »
Cela est reconnu par deux pharmacologues cités par le Dr Bopp : « On peut admettre l’utilisation des substances homéopathiques dans un but de suggestion, parce qu’elles ne possèdent ni effet direct, ni effet secondaire ». Le professeur Schwartz de Strasbourg partage le même avis dans son cours de pharmacologie : « Aucune étude faite sur l’homéopathie ne paraît sérieuse. Aucun essai ne valide la théorie... » Singulière consolation : « Elle ne fait de tort à personne ».
Et le Dr Bopp de conclure : « Si la sécurité sociale en France rembourse les médicaments homéopathiques jusqu’à la dilution CH9, ce n’est pas en raison de preuves scientifiques de leur efficacité, mais parce que le malade semble avoir besoin d’une telle « petite psychothérapie » ; il veut son remède miraculeux personnel ».
Encore faut-il ici, dans la mesure du respect que nous devons à des chercheurs et à des praticiens sincères, reconnaître une réelle valeur à leur médecine de la personne, à leurs recherches patientes et consciencieuses, visant à rétablir tout patient dans ses possibilités naturelles de réaction à la maladie. Avec ma remarque que cette recherche honorable est également celle des allopathes.
Peut-être faut-il même ajouter qu’une médication diluée en rapport avec une anamnèse clairement établie a des effets plus heureux qu’une pharmacothérapie attentive à faire disparaître le mal, mais sans en avoir réellement cherché la cause.
Cela dit à l’égard d’une homéopathie qui, tout en se réclamant de Hahnemann, s’en est distancée. Cela dit aussi dans le seul cadre d’une homéopathie qui, dans ses observations et ses recherches, exclut tout recours à un quelconque ésotérisme et aux moyens occultes qu’il lui arrive de mettre en œuvre.
Mais se pose ici une autre question :
On nous affirme, en effet, que cette activité pharmacotique des dilutions est scientifiquement démontrable. On nous affirme mieux encore : « Les dilutions infinitésimales gardent leur potentialité même si, dans le solvant, ne se retrouve aucune molécule de la substance de base », soit du simile à administrer.
Voilà qui est tout de même surprenant ! L’explication l’est aussi : « les molécules de la substance diluée créent un arrangement particulier avec les molécules du solvant qui se traduit par un nouvel état physique ». Mieux dit encore : « tout se passe comme si le solvant gardait en mémoire, pour chaque dilution, la structure physique de la dilution précédente ».
Cela revient à dire que le remède homéopathique n’a plus un effet chimique, mais un effet physique.
Admettre cette explication, c’est admettre que le solvant a « une mémoire ».
On comprendra sans peine que devant de telles assertions non démontrées, nous sommes au niveau, non plus d’expériences scientifiques, mais de la croyance pseudo-scientifique.
Deux remarques encore peuvent être faites ici. La première : Un certain nombre de médicaments homéopathiques s’avèrent efficaces . Étant pharmacologiquement reconnus actifs, l’allopathie n’hésite pas à en faire usage. La deuxième m’a été faite par un médecin à la fois sceptique et intéressé devant l’efficace des remèdes homéopathiques. En Suisse, me disait-il, ces remèdes ne sont pas encore remboursés par les assurances. Serait-ce une des raisons de leur meilleure efficacité, étudiée bien sûr sous l’angle de la vertu du placebo ?
3. Ainsi que nous l’avons relevé précédemment, il existe une homéopathie, intéressée, elle, aux adjuvants de l’occultisme. Et il faut le dire d’emblée : Hahnemann lui-même n’y était pas étranger. Sa biographie relate son affiliation à la Franc-maçonnerie ! Sous sa plume, on peut lire une parole significative quand on sait qu’il tient Jésus pour un « superinitié », quand on sait aussi l’attention qu’il porte aux spiritualités orientales, à Confucius en particulier. Il dit avoir accompli son œuvre... » guidé par les pouvoirs invisibles du Tout-puissant ». Son anthropologie n’est du reste pas biblique, mais s’apparente à ce qu’en disait la sagesse de l’Orient. Dans son ouvrage principal : « L’organon de l’art de guérir (il y développe toute sa doctrine, base de l’homéopathie), il use du vocabulaire propre à ces « sagesses ». Il parle de « l’énergie vitale immatérielle » sur laquelle agirait l’énergie des substances dynamisées conjointement aux Forces du monde éthérique. Sa notion de Dieu est celle du panthéisme et non celle de la révélation chrétienne.
Les disciples de Hahnemann ont souvent prolongé ces lignes, élargi leur champ d’action. L’un des homéopathes les plus connus en Suisse alémanique, le Dr A. Voegeli, ne cache pas sa foi en l’astrologie, ainsi que son acquiescement aux philosophies hindoues, à la relation qu’elles établissent entre l’état de santé d’un homme et son corps astral.
Le fait est attesté : certains médecins homéopathes établissent ou encore confirment leurs diagnostics en tenant compte du thème astrologique de leurs patients, et usent du pendule dans le choix des remèdes appropriés.
En France et en Suisse, à côté de « l’École française d’homéopathie » existent des groupements d’homéopathes représentant des courants idéologiques intéressés à l’ésotérisme, à l’anthroposophie, également à l’acupuncture. Ce qui fait dire à D. Demarque, adversaire de tels courants : « Certains d’entre les homéopathes auront à faire un sérieux effort d’adaptation pour abandonner leur mentalité de mages initiés à d’insondables mystères. L’homéopathie n’est pas une religion, ni une science occulte ».
Certes, la médecine allopathique n’est pas préservée de semblables pratiques. Le recours à l’occultisme et à ses pouvoirs ne connaît pas de frontière et ne limite pas ses interventions à l’enseigne de certains homéopathes seulement.
Notre explication est peut-être erronée ! Nous en sommes venus à penser que devant la complexité de la thérapie homéopathique et les exigences du savoir étendu et expérimenté qu’elle requiert, certains médecins eux-mêmes mal informés de ce qu’est en vérité l’occultisme, se facilitaient la tâche en recourant à de telles pratiques. Ils ne le crient pas nécessairement sur les toits, sans pouvoir toujours dissimuler ces « usages » à leurs patients. Ils disent alors, dans un langage incompris de la majorité de ces derniers, qu’entre leurs mains le pendule n’est qu’un moyen de vérification branché sur le magnétisme cosmique. Ce qui n’est qu’une petite partie de la réalité. Elle en cache une autre qui, elle, touche à une forme de divination par médiumnité, le pendule ou le thème astrologique servant de support à ce dynamisme « céleste ». Constatons-le. Une telle homéopathie se veut encore médicale, mais elle a quitté le terrain de la médecine pour s’aventurer plus ou moins aveuglément dans celui de l’occultisme. Que faut-il en conclure ?
(à suivre)
Maurice RAY
www.batissezvotrevie.fr
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