LES AGENTS QUI PRODUISENT UN RÉVEIL
Généralement, dans l’œuvre de la conversion, il y a trois agents et un seul instrument. Les agents sont : Dieu, une personne qui présente la vérité destinée à agir sur les cœurs, et le pécheur lui-même. L’instrument est la vérité. Dans toute conversion véritable, deux agents en tout cas sont à l’œuvre : Dieu et le pécheur.
1°) L’action de Dieu est double : il agit par sa providence et par son Esprit.
a) Par le gouvernement de sa providence, Dieu dispose les événements de manière à mettre sa vérité en contact avec l’âme du pécheur. Il amène celui-ci, là où la vérité peut atteindre ses oreilles ou ses yeux. Il est souvent intéressant de suivre la marche des événements dont Dieu s’est servi et de constater comment tout semble favoriser un réveil. Le beau ou le mauvais temps, la santé publique* ou d’autres circonstances, arrivent à propos pour seconder l’action de la vérité et lui donner la plus grande efficacité possible. Parfois, il envoie un prédicateur au moment où il sera le plus utile. Souvent Dieu fait annoncer une vérité précisément quand l’individu qui doit la recevoir est là pour l’entendre.
b) Par l’action de son Esprit. Comme il a un accès direct à la vie intérieure de l’âme, et qu’il connaît infiniment bien toute l’histoire et l’état de chaque pécheur individuellement, il emploie la vérité la mieux adaptée à son cas particulier et la fait ensuite pénétrer avec une puissance divine. Il lui donne une telle vie, une telle force, une telle énergie que le pécheur est saisi, pose les armes de la rébellion, et se tourne vers le Seigneur. Grâce à son influence, la vérité, comme une flamme de feu, se fraie un chemin. La vérité se présente alors sous un tel aspect qu’elle écrase l’homme le plus orgueilleux, comme sous le poids d’une montagne. Si les hommes étaient disposés à obéir à Dieu, la vérité, étant suffisamment claire dans la Bible, la prédication pourrait leur apprendre tout ce qu’il leur est nécessaire de savoir. Mais comme ils répugnent absolument à lui obéir, Dieu l’entoure d’un éclat particulier et jette souvent dans l’âme un torrent de lumière tel, que le pécheur est convaincu et ne peut plus résister. Il se soumet à la vérité, il obéit à Dieu, et il est sauvé.
2°) L’homme est habituellement employé comme agent dans un réveil. Les hommes ne sont pas dans la main du Seigneur de simples instruments. C’est la vérité qui est l’instrument. Le prédicateur est un agent moral : il agit ; il n’a pas la passivité d’un instrument, c’est volontairement qu’il travaille à la conversion des pécheurs.
3°) Le pécheur lui-même est agent dans un réveil. La conversion d’un pécheur consiste dans son obéissance à la vérité. Il est donc impossible que sa conversion ait lieu sans sa coopération, puisque cette conversion consiste en ce qu’il agit comme il doit le faire. Il est amené à cela par Dieu et par les hommes. Ceux-ci agissent sur leurs semblables non seulement par leur langage, mais aussi par leur regard, leurs larmes, leur conduite journalière. Voyez cet homme impénitent qui a une femme pieuse. Le regard de celle-ci, sa tendresse, sa dignité à la fois pleine de solennité et de compassion, selon le divin modèle de Christ, sont pour lui un sermon continuel. Il est obligé d’en détourner son attention parce qu’il est pour lui un reproche. Il entend, tout le long du jour, un sermon résonner à ses oreilles.
Les hommes ont coutume de lire sur la physionomie de ceux qui les entourent. Souvent les pécheurs lisent l’état intérieur d’un chrétien dans ses yeux. S’ils sont pleins de légèreté, ou d’inquiétude et de diplomatie mondaines, les pécheurs s’en aperçoivent. S’ils révèlent la plénitude de l’Esprit de Dieu, les pécheurs le voient aussi. Souvent les incrédules arrivent à être convaincus de péché uniquement en voyant la physionomie de tel ou tel chrétien.
Quelqu'un vint un jour visiter une fabrique pour en voir les machines. Sa physionomie révélait des dispositions sérieuses, car il avait pris part à un réveil. Les ouvriers le connaissaient tous de vue et savaient qui il était. L'une des ouvrières le vit, chuchota une plaisanterie à sa camarade, et se mit à rire. Le visiteur s'arrêta et la regarda avec tristesse. A son tour, elle s'arrêta ; son fil se rompit - et elle était si agitée qu'elle ne put pas le renouer. Pour se calmer elle regarda par la fenêtre, puis essaya de nouveau de se remettre au travail. A plusieurs reprises elle lutta pour se ressaisir. A la fin elle s'assit, accablée. Alors le visiteur s'approcha d'elle et lui parla ; elle manifesta bientôt une profonde conviction de péché. Un sentiment semblable se répandit comme du feu à travers toute la fabrique. En peu d'heures, presque tous les ouvriers se trouvèrent sous une conviction du péché, tellement que le propriétaire, quoique mondain, fut stupéfait et demanda qu'on arrêtât le travail et qu'on tint une réunion de prière. En peu de jours, le propriétaire et presque tous les employés de l'établissement présentèrent les symptômes d'une vraie repentance. Le regard de cet homme, sa physionomie grave, ses sentiments de compassion, furent un reproche pour la légèreté de cette jeune fille et l'amenèrent à la conviction de péché. Tout le réveil qui en résulta eut pour point de départ, dans une grande mesure, ce petit incident**.
Si des chrétiens éprouvent eux-mêmes pour la religion des sentiments profonds, ils susciteront ces mêmes sentiments partout où ils iront. S'ils sont froids, légers ou frivoles, ils détruiront inévitablement toute bonne disposition, même chez des pécheurs réveillés.
J'ai connu une personne très anxieuse au sujet de son âme ; mais un jour je fus attristé de découvrir que ses convictions paraissaient avoir entièrement disparu. je lui demandai ce qui était arrivé. Elle me dit qu'elle avait passé l'après-midi chez des personnes qui passaient pour chrétiennes, sans penser que cela nuirait à ses convictions ! Mais il s'agissait de gens mondains et superficiels, et elle perdit ses convictions religieuses. Indubitablement ces chrétiens avaient, par leur folie, détruit une âme, car ses convictions ne revinrent pas.
Dieu demande à l’Église d'employer les moyens propres à la conversion des pécheurs. On ne peut pas dire que les pécheurs se servent de ces moyens en vue de leur conversion personnelle. C'est l’Église qui emploie les moyens. Les pécheurs, eux, se soumettent à la vérité ou lui résistent. C'est une erreur de leur part de croire qu'ils usent de certains moyens pour leur propre conversion. Un réveil et tout ce qui s'y rapporte, a pour but de présenter la vérité à leur âme: à eux d'obéir ou de résister.
Charles FINNEY
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* Lorsqu’en 1832, Charles Finney s’établit à New-York, où il avait accepté la charge de pasteur de la seconde Église Libre Presbytérienne, une épidémie de choléra éclata, dont les conséquences furent fatales dans le quartier où il demeurait. De sa maison, un jour il compta cinq corbillards stationnant devant autant de portes. Puis il fut lui-même atteint, et, bien qu’à la longue il se rétablit, sa santé avait été gravement ébranlée. Quand il fut guéri, il prêcha dans le théâtre où se réunissait son Église, pendant vingt soirées, en plus des cultes du dimanche. Sans aucun doute, la prédication était le principal moyen d’action. Mais le souvenir de l’épidémie et les allusions inévitables que le prédicateur y faisait, contribuaient à rendre plus profonde la conviction de péché chez ses auditeurs. Il y eut tant de conversions qu’une autre église se forma. Le but de Finney n’était pas de remplir son local de chrétiens venant d’autres lieux de culte, mais de rassembler les incrédules. L’œuvre s’étendit au point qu’il écrivait plus tard : « Quand j’ai quitté New-York, nous possédions sept églises, ayant des membres qui travaillaient au salut des âmes ».
** L'incident est tiré de l'expérience personnelle de Finney. Les paroles prononcées par l'homme qui ordonna la fermeture de la fabrique étaient les suivantes : «Arrêtez la marche de la fabrique, et que les ouvriers et ouvrières s'occupent de leurs intérêts éternels ; car il est plus important que nos âmes soient sauvées qu'il ne l'est que cette fabrique continue à marcher. » Les portes de la fabrique furent donc fermées, tout cessa, et immédiatement la réunion eut lieu. Le beau-frère de Finney, qui était surveillant de la fabrique, avait invité Finney à venir dans le voisinage, et la veille une réunion avait rassemblé un immense auditoire dans l'école du village. La plupart des jeunes gens et des jeunes filles de la fabrique avaient assisté à cette réunion, et bon nombre d'entre eux étaient sous une profonde conviction de péché. Quand donc Finney visita la fabrique le lendemain matin, il ne fallut qu'un mot pour les amener à se décider immédiatement pour Christ. Dans une brochure publiée par le pasteur de l'Eglise Presbytérienne de cet endroit, il fut constaté que les personnes, converties dans ce district, pendant le réveil, étaient au nombre de trois mille.
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