FAUSSES NOTIONS A PROPOS DES RÉVEILS
1) Autrefois, on considérait les réveils comme des miracles. De nos jours, il en est parfois de même. Certains ont, au sujet des réveils, des idées si flottantes et peu justes, qu’avec un peu de réflexion ils en verraient l’absurdité. L’Église a longtemps supposé qu’un réveil était un miracle, une interposition de la puissance divine, avec laquelle les chrétiens n’ont rien à faire et qu’ils ne peuvent pas plus produire que produire le tonnerre, la grêle ou un tremblement de terre. Il y a seulement peu d’années que les pasteurs pensent que les réveils peuvent être produits par des moyens spécialement appropriés. On avait jusqu’alors supposé que les réveils survenaient comme les averses, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, et que pasteurs et Églises n’y pouvaient rien.
On pensait qu’un réveil n’aurait lieu qu’environ tous les quinze ans ; qu’alors Dieu convertirait tous ceux qu’il avait l’intention de sauver ; puis l’Église devait attendre que vienne un nouveau temps de moisson. Finalement le terme a été abrégé jusqu’à cinq ans !
J’ai entendu parler d’un pasteur qui avait cette théorie. Il y avait eu un réveil dans son Église. l’année suivante, il y en eut un dans une ville voisine, il y alla prêcher, et pendant quelques jours il fut entièrement absorbé par ce travail. Il retourna chez lui le samedi et se prépara à la prédication du dimanche. Son âme était en agonie. Il pensa à tant d’adultes qui, dans son Église, étaient encore ennemis de Dieu. Il fit ce raisonnement : « Il y en a tant qui sont encore inconvertis, il y en a tant qui meurent chaque année et dont la plupart sont inconvertis. Si un réveil ne vient pas avant cinq ans, il y aura tant de chefs de famille qui seront perdus ! » Il mit son calcul sur le papier et l’introduisit dans son sermon du lendemain, le cœur saignant devant cet affreux tableau. Comme je l’ai compris, il fit cela sans s’attendre à un réveil ; mais ces sentiments étaient profonds, et il répandit son cœur devant son auditoire. Ce sermon réveilla quarante chefs de famille, et il s’ensuivit un puissant réveil. Ainsi tomba cette théorie d’un réveil tous les cinq ans, et Dieu prouva que les réveils ne sont pas des miracles.
2) De fausses notions sur la souveraineté de Dieu ont été de grands obstacles aux réveils. Beaucoup de gens se sont représentés la souveraineté de Dieu comme très différente de ce qu’elle est. Ils ont pensé qu’elle impliquait une disposition arbitraire des événements, et particulièrement du don de l’Esprit, excluant tout emploi rationnel de moyens. Mais la Bible ne nous offre aucune preuve que Dieu exerce une souveraineté semblable. Tout nous montre que dans la nature et dans la grâce, Dieu a établi un rapport constant entre les moyens et le but. Il n’y a pas un seul événement naturel dans lequel n’intervienne son action. Il n’a point bâti ce monde comme une vaste machine qui puisse marcher seule sans qu’il continue à s’en occuper. Il ne s’est pas retiré de l’univers pour le laisser agir seul. Dieu exerce une surveillance et une autorité universelles ; et cependant tout événement dans la nature a été amené par des moyens.
Néanmoins, il est des gens terriblement effrayés par tout effort direct en vue d’un réveil. Ils s’écrient : « C’est par votre propre force que vous essayez de le susciter ! Prenez garde, vous vous immiscez dans la souveraineté de Dieu. Vous feriez mieux de suivre la voie habituelle et de laisser Dieu accorder un réveil quand il le jugera bon. Dieu est souverain, et c’est très mal de votre part d’essayer de produire un réveil seulement parce que vous pensez qu’il est nécessaire. » Voilà précisément le genre de prédication que le diable désire. Les hommes ne peuvent faire l’œuvre du diable d’une manière plus efficace qu’en prêchant ainsi la souveraineté de Dieu comme étant une raison pour ne rien faire en faveur d’un réveil*.
3) Une des causes qui empêchent bien des hommes de désirer un réveil et d’y travailler, c’est le fait que des excès et des abus ont quelquefois accompagné ces fortes excitations religieuses. Sans doute il y a eu des abus. Dans tous les temps d’effervescence religieuse, comme en tout autre temps d’effervescence, on peut s’attendre à plus ou moins d’inconvénients et d’abus accidentels. Mais ce n’est nullement une raison pour abandonner les réveils. Les meilleures choses sont sujettes à des abus. Grands et multiples sont les maux qui se sont manifestés sous le gouvernement providentiel et moral de Dieu, mais non à cause de son intervention. C’est ainsi que dans les réveils religieux, l’expérience prouve qu’étant donné l’état actuel du monde, la piété ne peut progresser et s’étendre d’une manière efficace sans réveils. Les maux purement accidentels qui accompagnent quelquefois un mouvement de ce genre sont peu de chose en comparaison de tout le bien produit par les réveils. L’Église ne devrait pas admettre, un seul instant, l’idée de se passer de réveils. Une telle disposition d’esprit ouvre la porte à tous les dangers qui compromettent les intérêts de l’Église. C’est la mort de la cause des Missions et cette erreur entraîne la condamnation du monde**.
Je conclus. Je n’ai point commencé cette suite de discours sur les réveils pour bâtir sur ce sujet une théorie curieuse et de mon invention. Je ne voudrais point dépenser mon temps et mes forces uniquement pour vous apprendre quelque chose, satisfaire votre curiosité et fournir aux gens un sujet de conversation. Je ne pense nullement à prêcher sur les réveils de manière à ce que vous puissiez dire à la fin : « Nous savons ce qu’est un réveil », et qu’après vous restiez sans rien faire.
Voulez-vous suivre les instructions que je vous donnerai d’après la Parole de Dieu, et les mettre en pratique dans votre propre vie ? Voulez-vous en faire profiter vos familles, vos connaissances, vos voisins, et toute la ville que vous habitez ? Ou voulez-vous passer votre temps à vous instruire au sujet des réveils, sans rien faire en leur faveur ? Je désire qu’à mesure que vous apprendrez quelque chose sur les réveils, vous le pratiquiez, et que vous vous mettiez à l’œuvre pour voir si vous ne pouvez pas contribuer à produire un réveil ici parmi les pécheurs. Si vous n’avez pas l’intention de le faire, veuillez me le dire dès le début, afin que je ne me fatigue pas inutilement. C’est maintenant que vous devez décider si vous voulez agir ainsi ou non. Vous savez que nous appeler les pécheurs à décider sur-le-champ s’ils veulent obéir à l’Évangile. Et nous n’avons pas plus le droit de vous laisser le temps de délibérer pour savoir si vous voulez obéir à Dieu que nous n’avons le droit de laisser les pécheurs agir ainsi. Nous vous appelons donc à vous unir maintenant pour prendre devant Dieu l’engagement solennel de faire votre devoir à mesure que vous aurez appris à le connaître, et que vous prierez Dieu de répandre son Esprit sur cette Église et sur toute la ville.
Charles-G. FINNEY
www.batissezvotrevie.fr
* « Jusqu’à il y a quelques années, écrit le Rév. C. Colton en 1832, voici comment, en Amérique, l’on considérait ordinairement le caractère des réveils religieux : les Églises et les chrétiens attendaient le réveil, comme les hommes ont l’habitude d’attendre la pluie, sans songer qu’il leur incombait un devoir quelconque en tant qu’instruments dont Dieu pourrait avoir besoin. Cette manière habituelle de s’excuser d’une indolence qui revêt un manteau de sainte résignation à la volonté de Dieu, a été trop longtemps « en vogue ». Mais aujourd’hui, l’on se rend compte de plus en plus qu’attendre le moment de Dieu dans cette question, ce n’est pas s’attendre à Dieu du tout ; et que rester tranquillement assis, ou rester tranquillement debout, n’est pas cette soumission qui est le fruit de la piété, mais une expression de la paresse et de l’insouciance de l’incrédulité. » (Tiré de « Histoire et Caractère des Réveils Américains »)
** Dans l’ouvrage « La Religion aux États-Unis », par le Rév. R. Baird écrivant dans un chapitre sur les réveils religieux, cet auteur dit : « Qu’est-ce qui peut faire appel aux sentiments profonds d’un cœur chrétien plus qu’un réveil ? Dieu y est présent et les effusions de son Esprit y sont abondantes. Qui ne sent pas le frémissement de joie, d’espérance, de confiance qui s’empare de tout chrétien qui s’affectionne aux choses de l’Esprit ? Qu’est-ce qui peut mieux ranimer les grâces perdues chez les croyants déchus et amener toute l’Église à agir dans l’harmonie ? Là où a été inspirée une confiance aussi élevée et pourtant humble, s’appuyant sur la grande puissance de l’Esprit, Dieu a-t-il jamais manqué d’accorder aux siens une bénédiction particulièrement remarquable ? »
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