QUAND ON PEUT ATTENDRE UN RÉVEIL
(2° partie)
4°) On peut attendre un Réveil, quand l’attention des pasteurs est tout particulièrement dirigée sur ce sujet, et quand leurs prédications et leurs efforts ont pour but principal la conversion des pécheurs. La plupart du temps on dirait que les travaux des pasteurs ont un autre objet. Ils ne semblent pas prêcher et travailler dans le but particulier d’opérer la conversion immédiate des pécheurs. Peut-on espérer un Réveil avec de telles prédications ? Jamais un Réveil n’arrivera sans que quelqu’un fasse des efforts particuliers pour l’obtenir. Mais, quand l’attention d’un pasteur se porte sur l’état spirituel des familles de son église, quand son cœur sent profondément la nécessité d’un Réveil, et qu’il emploie les moyens convenables pour atteindre ce but, on peut attendre en toute confiance. Le rapport entre l’emploi convenable de moyens appropriés et le Réveil désiré est aussi étroit que le rapport entre l’emploi convenable de moyens appropriés pour faire lever les semailles et la moisson espérée. Je crois même que le résultat spirituel est plus certain, et que plus rares sont les échecs. La loi de cause à effet est, vraisemblablement, plus immuable dans le domaine spirituel que dans le domaine matériel. Vu l’importance suprême des choses spirituelles, il est raisonnable qu’il en soit ainsi.
Le grand Réveil de Rochester, N.-Y.* commença au milieu des circonstances les plus défavorables qui se puissent imaginer. Il semblait que Satan eût suscité tous les obstacles à un Réveil. Les trois Églises de la localité étaient en différend. L’une d’elles n’avait point de pasteur, une autre était en discorde et sur le point de destituer son pasteur. Un ancien de la troisième Église presbytérienne avait porté plainte contre le pasteur de la première Église presbytérienne. Quand l’œuvre eut commencé, un des premiers événements fut l’écroulement de la grande église de pierre, qui créa une panique**. Au beau milieu de tout cela l’une des Églises destitua son pasteur. Beaucoup d’autres choses survinrent, à tel point que le démon semblait déterminé à détourner complètement de la religion l’attention publique.
Mais, comme nous avions remarqué quelques exemples frappants d’esprit de prière, nous fûmes assurés que Dieu était là, et nous poursuivîmes notre œuvre. Satan continua à s’opposer ; mais plus il s’opposait, plus hautement aussi l’Esprit du Seigneur éleva l’étendard, jusqu’à ce que finalement une vague de salut passa sur toute la localité.
5°) On peut attendre un Réveil quand les chrétiens commencent à confesser leurs péchés les uns aux autres. En temps ordinaire, ils ne remplissent ce devoir que d’une manière vague, comme s’ils n’étaient qu’à moitié convaincus. Ils font peut-être à ce sujet des déclarations, qui ne signifient rien. Mais quand les cœurs sont vraiment brisés et sincères, et qu’ils se répandent devant Dieu en confessant leurs péchés, les écluses des cieux seront bientôt ouvertes, et le salut ne tardera pas à se répandre.
6°) On peut attendre un Réveil quand les chrétiens sont disposés à faire les sacrifices nécessaires pour le développer. Ils doivent sacrifier volontairement pour cela leurs sentiments particuliers, leurs affaires et leur temps. Les pasteurs doivent dépenser joyeusement leurs forces, et ne faire cas ni de leur santé, ni de leur vie. Ils ne doivent pas craindre d’offenser les non convertis par une prédication claire et fidèle, et même de s’attirer le blâme de plusieurs membres de l’Église, peu enclins à se joindre à l’œuvre. Ils doivent prendre position d’une manière décidée en faveur du Réveil, quelles que puissent en être les conséquences. Ils doivent être disposés à poursuivre leur œuvre, alors même qu’ils s’aliéneraient les cœurs de tous les inconvertis et de tous les membres de l’Église endormie. Un ministre de Christ doit être préparé à être même chassé de l’endroit, si telle est la volonté de Dieu. Il doit être déterminé à aller de l’avant, en laissant tout ce qui suivra entre les mains de Dieu.
Je connais un pasteur qui était secondé par un jeune prédicateur pendant un Réveil. Le jeune homme prêchait avec force et clarté, et les méchants ne l’aimaient pas. Quelques-uns commencèrent à dire : « Nous aimons notre pasteur, et nous désirons que ce soit lui qui prêche. » Ils continuèrent à parler ainsi, jusqu’à ce que le pasteur dit au jeune prédicateur : « Un tel, qui donne tant pour mon entretien, a dit telle et telle chose ; Mr. A. le dit aussi, Mr. B. dit de même. On pense que si vous continuez à prêcher, l’Église se dissoudra ; c’est pourquoi, je crois que vous feriez mieux de ne plus prêcher. » Le jeune homme s’en alla, mais l’Esprit du Seigneur se retira aussitôt du lieu, et le Réveil s’arrêta complètement. Le pasteur, en cédant aux désirs des impies, chassa le Saint-Esprit. Il craignait que le démon ne le chassât lui-même du milieu de son troupeau, et, en essayant de plaire au diable, il offensa Dieu qui dirigea les événements de telle manière que peu de temps après il fut obligé de quitter son Église. Il avait entrepris de marcher entre le diable et Dieu, et Dieu l’écarta.
De même les membres de l’Église doivent vouloir un Réveil, quels que soient les sacrifices. Il ne leur servirait à rien de dire : « Nous voulons bien assister à tant de réunions, mais pas à un plus grand nombre. » Ou bien : « Nous sommes disposés à avoir un Réveil, pourvu qu’il ne dérange pas nos affaires, ou ne nous empêche pas de gagner de l’argent. » Je vous dis qu’ils ne verront un Réveil, que lorsqu’ils voudront faire ce qui est nécessaire pour l’obtenir, et sacrifier ce que Dieu leur demande. Des commerçants chrétiens devraient être prêts à fermer leur magasin pendant six mois, si cela était nécessaire pour s’occuper d’un Réveil, si Dieu le voulait. Je ne serais pas fâché de voir à New-York un Réveil tel que chaque commerçant en vint à fermer son magasin jusqu’au printemps, et à dire : « J’ai vendu assez de marchandises, et je veux maintenant donner tout mon temps pour conduire les pécheurs à Christ. »
7°) On peut attendre un Réveil quand pasteur et troupeau s’accordent pour demander à Dieu qu’il l’opère par les instruments qu’il lui plaira d’employer. Quelquefois les pasteurs ne voudraient avoir un Réveil qu’à condition d’en avoir la direction, ou que leur coopération y soit mise en évidence. Ils veulent prescrire à Dieu ce qu’il doit faire et où il doit bénir, et lui indiquer quels hommes il doit mettre en avant. Ils ne veulent point d’innovations. Ils ne peuvent supporter cette prédication de « nouvelles lumières*** » ni ces évangélistes qui vont prêcher de lieu en lieu. Ils vous parlent toujours de la souveraineté de Dieu qui opère des Réveils par les moyens qu’il lui plaît d’employer, et au moment qu’il juge convenable. Ils voudraient que Dieu se conforme à leur manière de voir, sinon ils n’en veulent rien savoir. De tels hommes resteront endormis sans voir de Réveil, jusqu’au moment où ils seront réveillés par la trompette du jugement, à moins qu’ils ne demandent au Seigneur d’agir selon ses propres voies, et qu’ils ne consentent à accepter qui que ce soit ou quoi que ce soit qui fera le plus grand bien.
8°) A strictement parler, je devrais dire que lorsque les indices ci-dessus mentionnés sont là, le Réveil, dans une certaine mesure, est déjà là aussi. En vérité on devrait s’attendre à un Réveil toutes les fois qu’il est nécessaire. Si nous avons besoin d’être réveillés, c’est notre devoir de nous réveiller. Si c’est un devoir, c’est possible ; et nous devrions mettre tout en œuvre pour cela. Puis, nous appuyant sur la promesse de Christ d’être avec nous, liée à l’ordre de faire des disciples en tout temps et en tout lieu, nous devrions travailler à réveiller les chrétiens et à convertir les pécheurs, dans une attente confiante du succès. C’est pourquoi, toutes les fois que l’Église a besoin d’être réveillée, il y a possibilité pour elle de se réveiller, et elle devrait s’attendre à l’être, et à voir des pécheurs se convertir à Christ. Quand on peut constater les indices mentionnés aux paragraphes précédents, que les chrétiens et les pasteurs prennent courage et sachent qu’une œuvre a commencé ! Qu’ils la poursuivent.
Remarques
1°) Frères, vous pouvez dire, d’après ce que vous venez d’entendre, si vous sentez, oui ou non, le besoin d’un Réveil dans votre Église., ou dans votre ville, et si vous en aurez un ou non. Anciens de l’Église, hommes, femmes, vous tous en un mot, que dites-vous ?
Sentez-vous le besoin d’un Réveil ?
En attendez-vous un ?
Avez-vous quelque raison d’en attendre un ?
Il n’y a pas lieu pour vous d’être dans l’incertitude à cet égard ; car vous savez, ou vous pouvez savoir, si vous le voulez, si vous avez quelque raison d’attendre un Réveil.
2°) Vous voyez pourquoi vous n’avez pas de Réveil. C’est uniquement parce que vous n’en désirez pas, parce que vous n’en demandez point, parce que ce sujet ne vous préoccupe point, parce que vous ne faites point d’effort pour obtenir un Réveil. J’en appelle à votre conscience. Faites-vous maintenant des efforts pour amener un Réveil ? Vous savez ce qu’il en est à cet égard. Pourriez-vous vous lever et dire que vous avez travaillé pour obtenir un Réveil, et que vous avez été trompés dans votre attente ? Que vous avez crié à Dieu : « Ne viendras-tu pas nous rendre à la vie ? », et que Dieu ne l’a pas voulu ?
3°) Désirez-vous un Réveil ? Veux-tu, toi qui m’entends, en avoir un ?
Si Dieu vous demandait en ce moment, en vous faisant entendre une voix des cieux : « Désirez-vous un Réveil ? » Oseriez-vous dire : « Oui » ?
S’il vous disait : « Êtes-vous disposés à faire les sacrifices nécessaires pour cela ? » Pourriez-vous répondre : « Oui » ?
S’il ajoutait : « Quand voulez-vous que ce Réveil commence ? » Répondriez-vous : « Qu’il commence ce soir, qu’il commence ici, qu’il commence maintenant dans mon cœur » ? Oseriez-vous parler ainsi au Dieu fort, si vous entendiez maintenant sa voix ?
Charles-G. FINNEY
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* Il s’agit du Réveil qui débuta par la prédication de Finney à Rochester, en 1830. La splendeur de l’œuvre accomplie attira l’attention générale, aux États-Unis, « à tel point, dit Finney, que sa célébrité devint un instrument efficace entre les mains de Dieu pour favoriser le plus grand Réveil religieux que le pays eût connu depuis des années ». Longtemps après, le docteur L. Beecher dit à Finney : « Ce fut le Réveil le plus grand en si peu de temps que le monde ait jamais connu. Cent mille personnes furent déclarées s’être jointes aux Églises. Ce fait est sans parallèle dans l’histoire de l’Église. »
** Depuis quelque temps le bâtiment avait subi un fléchissement produit par l’humidité du terrain, due à la proximité immédiate d’un canal. Une des poutres de la toiture tomba, une de ses extrémités transperça le plafond. L’assemblée s’enfuit, et le pasteur, qui occupait la chaire, sauta presque par-dessus Finney pour gagner la rue. « L’élan précipité de la foule était terrible », dit Finney ; « Plusieurs sautèrent par la fenêtre dans le canal. L’intérieur du bâtiment était couvert de vêtements abandonnés. Par bonheur, personne ne fut tué, quoiqu’il y eût plusieurs blessés ; et l’intérêt pour le Réveil n’en fut pas diminué, car les gens se rendirent en masse dans les deux autres lieux de réunion. »
*** Par prédication de « nouvelles lumières » Finney n’entend pas une doctrine nouvelle et étrange. Il fait allusion à l’accusation portée contre lui d’introduire de nouveaux procédés, en invitant les auditeurs à se repentir immédiatement et à confesser publiquement leur foi en Jésus-Christ.
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