LA MANIÈRE DONT LES CHRÉTIENS DOIVENT TÉMOIGNER
(1° partie)
Par le précepte et par l’exemple: à chaque occasion favorable, par leurs paroles, mais surtout par leur vie. Les chrétiens n’ont pas le droit de vivre bouche close ; ils doivent reprendre, censurer, exhorter en toute longanimité et en instruisant (2 Timothée 4.2). Mais leur principale influence, comme témoins, est dans l’exemple qu’ils donnent parce que celui-ci enseigne avec infiniment plus de force que la parole. Mais quand le précepte et l’exemple s’unissent, l’esprit d’autrui se trouve placé sous l’influence la plus puissante. Les chrétiens doivent vivre et parler tous les jours comme des gens qui croient réellement à la Bible.
1° Les chrétiens doivent vivre comme des gens qui croient à l’immortalité de l’âme et qui pensent que la mort n’est pas le terme de leur existence, mais l’entrée dans un état de choses immuable. Ils doivent vivre de manière à produire cette impression sur tous ceux qui les entourent ; car il est aisé de voir que les préceptes ne font aucun bien si l’exemple fait défaut. Tous les arguments du monde ne convaincront pas les hommes jusqu’à ce que vous viviez comme y croyant. En effet, vos raisonnements pourront être une réplique, mais si vous ne vivez pas en conséquence, votre vie annulera vos arguments. On dira que vous êtes un sophiste ingénieux, ou un bon logicien ; peut-être admettra-t-on qu’on ne peut vous répondre, mais on ajoutera : « Il est évident que vos raisonnements sont tous faux, et que vous les reconnaissez vous-même, puisque votre vie contredit votre théorie. » Ou bien l’on dira que si vos affirmations sont vraies, vous n’y croyez pas vous-même. Ainsi, tout votre témoignage agira à fin contraire.
2° Les chrétiens doivent rendre témoignage à la vanité et au caractère d’insuffisance de tout bien terrestre. Le défaut de témoignage à cet égard est la grande pierre d’achoppement de l’humanité. C’est ici que le témoignage des enfants de Dieu est plus nécessaire que partout ailleurs: les hommes sont tellement frappés par les choses matérielles, et s’en occupent si constamment, qu’ils sont extrêmement enclins à exclure l’éternité du champ de leurs pensées. Un petit objet tenu près de l’œil peut nous cacher l’Océan placé à distance. De même les choses de ce monde, si près de nos yeux, apparaissent tellement grossies à l’esprit des hommes, qu’ils ne prennent pas garde au reste. L’un des grands buts, pour lesquels Dieu laisse les chrétiens dans le monde, c’est pour qu’ils donnent aux hommes un enseignement pratique. Supposez que ceux qui professent la religion proclament la vanité des choses du monde et contredisent leurs paroles par leur conduite ? Supposez que les femmes soient tout aussi attachées à une mise élégante et autant esclaves de la mode, les hommes tout aussi avides d’acquérir de belles maisons et de belles voitures, que le sont les gens du monde ; qui ne voit combien il est ridicule de leur part de témoigner de leurs lèvres que ce monde n’est que vanité, et que ses joies sont décevantes et vides ? Les gens du monde sentent cette absurdité, et c’est là ce qui ferme la bouche des chrétiens. Ils ont honte de parler à leurs voisins, tandis qu’ils s’embarrassent eux-mêmes de ces choses vaines; ils se rendent compte que leur vie journalière est pour chacun un témoignage diamétralement opposé. Quel effet produiraient certains membres d’Église, s’ils allaient parmi le peuple, et parlaient de la vanité du monde ! Qui croirait ce qu’ils disent ?
3° Les chrétiens sont tenus de montrer par leur conduite qu’ils sont réellement satisfaits des bienfaits de la religion, qu’ils n’ont pas besoin du luxe et des vanités du monde, et que la joie de la piété et de la communion avec Dieu les garde au-dessus du monde. Ils doivent manifester que ce monde n’est pas leur patrie, que le ciel est une réalité, et qu’ils s’attendent à y demeurer pour toujours. Mais supposons qu’ils contredisent tout cela par leur conduite, et vivent de manière à prouver aux hommes, qu’ils ne peuvent être heureux sans avoir leur part complète du train de ce monde, et qu’ils aimeraient beaucoup mieux vivre sur la terre que d’aller au ciel !... Que pense le monde quand il voit un croyant aussi effrayé de mourir qu’un infidèle ? Des chrétiens de ce genre se parjurent,puisque leur témoignage revient à dire que la religion n’a rien qui puisse faire vivre au-dessus du monde.
4° Les chrétiens doivent témoigner de la culpabilité des pécheurs et du danger qu’ils courent. Ils doivent les exhorter à fuir la colère à venir, à saisir la vie éternelle. Mais qui ne sait que la manière même de s’y prendre fait presque tout ? Souvent les pécheurs sont touchés et amenés à la conviction de péché par la manière dont les choses sont dites et faites. On demandait un jour à un homme ce qu’il avait contre un certain prédicateur. Il répondit: « Je ne puis souffrir de l’entendre prononcer le mot « enfer » d’une telle manière que ce mot retentit à mes oreilles encore longtemps après.» Ce qui lui déplaisait, c’était la puissance avec laquelle le prédicateur s’exprimait. La manière de parler peut produire un tel effet directement opposé au sens des paroles prononcées. Un homme vient vous dire: « Votre maison est en feu », sur un ton qui vous donne la certitude que ce n’est pas votre maison qui brûle. Le veilleur de nuit peut se mettre à crier : « Au feu ! Au feu ! » de telle manière que chacun croit qu’il est ivre et qu’il parle en dormant. Parlez à un pécheur de sa culpabilité et du danger où se trouve son âme ; si, dans votre entretien, vous donnez une impression qui ne correspond pas à vos paroles, votre témoignage produira un effet opposé à celui que vous avez en vue. Si le pécheur pense qu’il est en danger d’aller en enfer, c’est indépendamment de ce que vous lui avez dit. Or, si vous vivez sans montrer aucune compassion pour les pécheurs qui vous entourent; si votre regard, votre expression, votre voix n’expriment aucune sollicitude à leur égard; si votre manière n’est pas solennelle et sérieuse, comment peuvent-ils croire à votre sincérité ?
Femme, supposez que vous disiez à votre mari inconverti, sur un ton léger et badin: «Mon cher, je crois que tu es sur le chemin de l’enfer» ; vous croira-t-il ? si votre vie est gaie et insouciante, vous montrez que vous ne croyez pas à un enfer, ou bien que vous désirez qu’il y aille, et que vous cherchez à écarter de son esprit toute impression sérieuse. Avez-vous des enfants inconvertis ? Si vous ne leur parlez jamais de religion ou que, lorsque vous le faites, d’un ton sec, sans âme, donnant l’impression que cette question ne vous touche guère, vous imaginez-vous qu’ils vous croiront ? D’habitude, ils ne vous voient pas aussi froide s’il s’agit d’autres affaires. D’ordinaire toute votre expression est celle d’une mère sensible; on voit dans votre regard, on aperçoit au ton de votre voix, on sent dans vos paroles qu’il y a chez vous la chaleur d’un cœur de mère dans tout ce qui concerne vos enfants. Que penseront-ils si, lorsque vous leur parlez de religion, vous vous montrez tout autre ? Si votre manière d’être laisse voir à votre enfant un esprit insouciant, superficiel, non influencé par la prière, et qu’alors vous lui parliez de l’importance de la religion, l’enfant s’en ira en riant quand vous essayerez de le persuader qu’il y a un enfer.
5° Les chrétiens doivent rendre témoignage à l’amour de Christ. Vous devez rendre témoignage à la réalité de l’amour de Christ par votre respect pour ses commandements, pour son honneur, pour son royaume. Vous devez agir comme un homme qui croit que Christ est mort pour les péchés du monde entier et comme blâmant les pécheurs qui rejettent un si grand salut. C’est la seule manière légitime pour vous de donner aux pécheurs l’impression que Christ les aime. Des chrétiens, au contraire, vivent souvent de manière à produire chez les pécheurs l’impression que Christ est si miséricordieux qu’ils n’ont pas que très peu à redouter de sa part. J’ai été étonné de voir combien certains chrétiens désirent que les pasteurs prêchent toujours sur l’amour de Christ. Si un pasteur presse les chrétiens d’être saints et de travailler pour Christ, ils disent qu’on leur prêche la « loi ». Ils disent qu’ils désirent entendre l’Évangile. Bien, supposez que vous leur présentiez l’amour de Christ. Quel témoignage rendront-ils par leur vie ? Comment montreront-ils qu’ils croient à cet amour ? Par leur conformité au monde ils rendront témoignage, clair comme le jour, qu’ils n’en croient pas un mot, et qu’ils ne se soucient pas de cet amour, sinon qu’ils en parlent à l’occasion et seulement comme d’un manteau couvrant leurs péchés. Ils ne sympathisent pas avec la compassion de Christ, ils ne croient pas à la réalité, ils ne s’occupent pas des sentiments du Sauveur à la vue de l’état des pécheurs.
6° Les chrétiens doivent rendre témoignage à la nécessité de la sanctification chez celui qui veut entrer au ciel. Il est absolument insuffisant de se contenter d’en parler. Ils doivent vivre saintement. L’idée a si longtemps prévalu que « nous ne pouvons pas être parfaits ici-bas », que beaucoup de croyants n’ont pas nécessairement pour but une vie sans péché. Ils ne peuvent pas dire, en bonne conscience, qu’ils aient jamais réellement eu l’intention de vivre sans pécher. Ils se traînent comme la marée les pousse, menant une vie relâchée, entachée de péchés, malheureuse, qui fait la joie du diable, car c’est de tous les moyens le plus sûr pour aller en enfer.
7° Le chrétien doit rendre témoignage à la nécessité du renoncement à soi-même, de l’humilité et de la recherche des choses célestes. Les chrétiens doivent montrer par leur propre exemple ce qu’est la conduite chrétienne que les hommes s’attendent à trouver chez eux. C’est là la prédication la plus puissante, et la plus propre à avoir prise sur le pécheur impénitent, en lui montrant la grande différence qui existe entre le chrétien et lui. Il y a bien des croyants qui tâchent d’amener les hommes à la foi en abaissant jusqu’à eux le niveau de la religion, comme si cette manière de mettre l’Évangile à la portée du monde pouvait amener le monde à accepter. Mais tout cela est aux antipodes de la vraie méthode d’amener les âmes à Christ. C’est là cependant la politique des chrétiens charnels qui pensent faire preuve d’une merveilleuse sagesse et de beaucoup de prudence en s’appliquant à ne pas effaroucher les gens par rigueur et la sainteté de l’Évangile. Ils soutiennent que, si vous présentez l’Évangile aux hommes comme exigeant un si grand changement dans leur manière de vivre, de telles innovations dans leurs habitudes, une telle séparation d’avec leurs anciens compagnons, cela les éloigne de la piété. A première vue, ceci paraît plausible, mais ce n’est pas vrai. Que les chrétiens vivent de cette façon vague et commode, et les pécheurs diront : « Ce que je vois, c’est que je suis presque en règle, ou tout au moins si près de ce que je devrais être, qu’il est impossible que Dieu m’envoie en enfer pour la différence qu’il y a entre moi et ces chrétiens. Il est vrai qu’ils font un peu plus que moi ; ils prennent la Cène, ils ont un culte de famille et quelques autres petites choses de ce genre; mais ces détails ne créent pourtant pas entre nous une différence telle que celle entre le ciel et l’enfer.» Non! la véritable méthode de gagner les âmes est de montrer le contraste puissant qui existe entre le monde et l’Évangile: jamais, sans cela, vous ne ferez sentir aux pécheurs la nécessité d’une transformation. Jusqu’à ce que, au moyen de votre exemple, la nécessité de ce changement fondamental ait pris corps et qu’il ait été mis en pleine lumière, comment pouvez-vous faire croire aux hommes qu’ils seront envoyés en enfer s’ils ne sont pas entièrement transformés de cœur et de vie ?
Ceci n’est pas seulement vrai en philosophie, mais l’histoire du monde en est la preuve. J’ai lu une lettre d’un missionnaire en Orient qui dit : « Un missionnaire doit être en état de marcher de pair avec la noblesse anglaise et de recommander ainsi sa religion au respect des indigènes. » Il doit se placer au-dessus d’eux pour leur montrer sa supériorité, et ainsi leur imposer le respect ! Est-ce là le moyen de convertir le monde? Vous n’y réussirez pas plus ainsi qu’en jouant du cor de chasse. Que firent, au contraire, les missionnaires jésuites au Japon ? Ils marchaient au milieu du peuple, pratiquant tous les jours sous ses yeux le renoncement à eux-mêmes, enseignant, priant, prêchant, travaillant, se mêlant à toutes les castes et à toutes les conditions sociales, et adaptant leurs instructions à la capacité de chaque individu. De cette manière, leur religion s’étendit sur tout le vaste empire du Japon. Je ne dis rien de la religion même qu’ils enseignaient. Je parle de ce fait seul, c’est qu’ils suivirent la véritable politique des missions, en montrant par leur vie un contraste frappant avec l’esprit du monde. Si les chrétiens s’efforcent d’accommoder la religion au goût du monde, ils rendent le salut du monde impossible. Comment persuaderez-vous les gens qu’il faut renoncer à soi-même et se séparer du monde, à moins que vous ne le fassiez vous-même ?
(à suivre)
Charles-G. FINNEY
www.batissezvotrevie.fr
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Xavier baptiste (mardi, 15 décembre 2020 02:04)
Merveilleux! Que Dieu fasse de moi se vrai témoin de l’Evangile non pas quand parole, mais en actes .