LE « MAIS » DE L’INTERCESSION

   

         

LE « MAIS » DE L’INTERCESSION

 

Corruption et châtiment

 

          En ce temps-là, la corruption des mœurs était abominable dans la région de Sodome…

          Le drame, c’est que les hommes éclairés de l’âge du cosmos ne sont pas meilleurs… Nos grandes cités - « le grand monde » plus encore que les petites gens - sont farcies de jouisseurs, de désaxés, d’invertis et de licencieux.

          Les conséquences des fautes personnelles et collectives, le châtiment que le désordre entraîne toujours allaient donc atteindre les villes corrompues du bas pays, en Canaan (Genèse 18.16 ; 19.29).

          Abraham est averti de l’orage qui s’amasse sur elles. Il comprend que le péché appelle le feu qui consume, comme la terre aride appelle l’eau qui désaltère. Il sait que cela est juste. Il apprend que cela est inévitable.

 

 

L’attitude d’Abraham

 

          Le patriarche aurait pu s’installer sur le balcon de sa belle mais relative intégrité et s’apprêter à contempler le spectacle… De là, comme pas mal de gens vertueux le faisaient pendant la guerre en apprenant que le feu destructeur descendait sur certaines villes allemandes, il aurait pu s’écrier : « C’est horrible, mais ça leur vient bien, ce n’est que justice ! » Plus réservé, il aurait aussi pu se taire ou se tordre les mains de désespoir. Ou, plus pharisaïque, il aurait pu s’incliner en disant : « Je te rends grâces, ô Dieu, de ce que je ne suis pas comme ces vils pécheurs et que, moi au moins, j’ai su choisir la bonne part et éviter l’enfer qui va fondre sur ces villes perverties. » Personnellement, je m’étonne toujours du sadisme inconscient de certains « chrétiens » qui semblent plus ou moins secrètement se réjouir des châtiments que d’aucuns subissent ou des enfers que certains se préparent…

 

 

Le triomphe de la foi charitable

 

          L’attitude d’Abraham, elle, est révélatrice. Mis dans le secret de ce qui va se passer, son esprit fait un choix rapide et très remarquable. Le châtiment de Sodome est juste et imminent. Les envoyés de Dieu sont en route pour l’accomplir. Toutefois, à ce moment-là, presque à l’instant de l’exécution, quand l’inévitable est à la porte, le cœur du père de la foi invente la notion de la grâce possible, de la grâce imméritée, de la grâce divine… Le triomphe de la foi charitable (la seule vraie) éclate, me semble-t-il, dans cette phrase du texte biblique : « Les hommes s’éloignèrent et allèrent vers Sodome » pour y accomplir leur mission…, « mais Abraham se tint encore en présence de l’Éternel ! »

          Je crois bien que c’est la première fois dans l’histoire relatée par la Bible, qu’apparaît le rôle, audacieux en vérité, de l’intercesseur.

          Intercéder est un mot intéressant ; il vient du latin « inter » : entre, et de « cedere » : venir. L’intercesseur est, littéralement, « celui qui vient entre ». Ainsi, pour la première fois dans l’histoire des relations entre Dieu et les hommes, il y a « quelqu’un qui se place entre », quelqu’un qui ose croire à la grâce divine et la demande avec une belle persévérance. Si, vers le petit matin, quelques rescapés du déluge de feu arrivent à Tsoar, c’est sans contredit à l’intercession d’Abraham qu’ils doivent leur salut !

 

 

Notre intercesseur

 

          Amis lecteurs, dans le monde de votre cœur, vous trouvez-vous beaux et purs et sans fautes, et très dignes de félicités présentes et célestes ? Non, n’est-ce pas ?

          En somme, quoique nous nous soyons donnés à Jésus-Christ, quoiqu’il nous ait marqués de son signe, nous ne sommes pas très différents, hélas, des autres hommes, nos frères. Et si nous n’avions à compter que sur la justice de notre Dieu trois fois saint, qui subsisterait devant sa face ? Car toute notre propre justice, oui, même notre inconsciente propre justice évangélique est comme du linge souillé à ses yeux ! Et non seulement les pervertis, les licencieux, les blasphémateurs, mais nous aussi, les braves petits saints, les gens bénis, les visités du Saint-Esprit, les superspirituels à barbe ou sans barbe, les sœurs bibliquement voilées ou non voilées, les pasteurs et les laïques, tous, toutes, nous méritons l’exécution du châtiment divin. Est-ce vrai ?

          Mais Jésus… se tient encore en présence de l’Éternel ! Alléluia ! S’il est notre Rédempteur, il est aussi notre Intercesseur, selon ce que disait déjà Esaïe. Écoutez : « Il a porté les péchés de beaucoup d’hommes et il a intercédé pour les coupables. » (Esaïe 53.12) Oui, Jésus s’est placé entre Dieu et nous et il plaide. « Il est toujours vivant pour intercéder en notre faveur », dit l’Écriture (Hébreux 7.25).

          Amis lecteurs, convertis et baptisés, si aujourd’hui et si demain après la chaleur du jour, si au matin de l’éternité glorieuse nous sommes parmi les sauvés, c’est à la rédemption et à l’intercession de Celui qui plaide notre grâce que nous le devrons ! « Combien nous avons à t’aimer, divin intercesseur ! »

          Et maintenant, que pensez-vous du monde actuel ? Pouvons-nous du haut du balcon fleuri de toutes nos certitudes spirituelles, de toutes nos espérances justes, pouvons-nous uniquement le contempler, notre monde ? Le critiquer ? Le plaindre ? Certes, il est de la justice de Dieu que le désordre voulu entraîne le désordre cruel que l’on ne veut pas… Certes, il faut bien le reconnaître maintenant, il n’y a humainement plus beaucoup d’espoir légitime pour notre planète… Certes, nous sommes avertis que des temps terribles viennent… (Matthieu 24).

          Dès lors, nous qui croyons à la grâce pour nous-mêmes, nous qui avons tellement besoin de l’Intercesseur, resterons-nous sans réaction spirituelle authentique en face de ce qui est et de ce qui vient ?

          Puissent les écrits sacrés de demain contenir une chronique qui dira : « En ce temps-là, le monde accélérait sa course vers la ruine… mais les chrétiens… se tinrent encore en présence de l’Éternel ! Ils intercédèrent avec la passion de l’amour ! Alors plusieurs furent sauvés... » Ne croyez-vous pas que ce soit, là aussi, une partie de notre mission d’aujourd’hui ? Oui, bien sûr !

  

Un ministère trop rare mais efficace

 

          J’aimerais terminer par un mot plus personnel. Quand dans ta vie, quand dans ton entourage l’inévitable se prévoit, quelle attitude prends-tu ? Que fais-tu quand il semble qu’il n’y a plus rien à faire ?

          Madame X. avait un mari impossible. (Excusez-moi, Mesdames, mais il arrive aussi, rarement il est vrai, que des hommes aient des femmes impossibles…!) Cet homme donc était devenu atroce de cynisme, trompant, insultant, outrageant l’épouse de sa jeunesse, la compagne de toute une vie. Que fit-elle en face d’une pareille forteresse de licence et de méchanceté ? Est-ce qu’elle le critiqua ? Est-ce qu’elle le menaça du châtiment de Dieu ou du sien ? Est-ce qu’elle se laissa aller sans réaction ? Ou bien se réjouit-elle quand son mari fut frappé d’une grave maladie, comme ce fut le cas ? Tout cela eût été bien naturel…

          Mais… elle se tint plutôt dans la présence de l’Éternel ! Elle se plaça, avec Christ, entre le Dieu trois fois saint et son mari ! Et elle intercéda ! Car elle aimait son époux et saluait la grâce divine plutôt que l’exécution du châtiment justifié… Après avoir intercédé pendant des années, Madame X. vit l’authentique conversion de son mari !

          Ami, parmi ceux qui t’entourent, dans ta famille, les justes et inévitables conséquences d’erreurs, de péchés, de faiblesses sont peut-être en vue… Tu pourrais te réjouir secrètement, ou te lamenter, ou ne plus rien faire…

          Mais… je t’en conjure, tiens-toi encore en présence de l’Éternel. Intercède avec la hardiesse, avec l’intelligence, avec la foi de l’amour. Insiste, car le Seigneur t’y invite dans sa Parole (Luc 18.1-8).

          Ton intercession, jointe à celle de Christ, ne sera jamais perdue ! Je te le promets au nom du Dieu vivant !

          Le crois-tu ? T’y exerceras-tu désormais ?

          Amis lecteurs, mon propos était destiné à vous encourager à ce ministère trop rare et pourtant si efficace, à ce ministère de la foi charitable, de la foi audacieuse, de la foi victorieuse et tenace !

          Mais Abraham se tint encore en présence de l’Éternel !

          C’est là un « mais » qui compte !

          C’est le « mais » de l’intercession, de l’amour qui croit en la grâce et la demande pour autrui.

          Ce « mais »-là, Dieu l’écoute toujours !

          Inscrivez-le, vous aussi, dans votre expérience spirituelle. L’Esprit de la croix, l’Esprit de Celui qui a cru et qui « s’est mis entre » Dieu et les hommes, l’Esprit de Christ vous y invite.

 

Adolphe HUNZIKER

www.batissezvotrevie.fr

 

  

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