LES QUATRE EMPIRES DU LIVRE DE DANIEL
(1° partie)
« O roi, tu regardais, et tu voyais une grande statue; cette statue était immense, et d'une splendeur extraordinaire; elle était debout devant toi, et son aspect était terrible. La tête de cette statue était d'or pur; sa poitrine et ses bras étaient d'argent; son ventre et ses cuisses étaient d'airain; ses jambes, de fer; ses pieds, en partie de fer et en partie d'argile. Tu regardais, lorsqu'une pierre se détacha sans le secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la statue, et les mit en pièces. Alors le fer, l'argile, l'airain, l'argent et l'or, furent brisés ensemble, et devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été; le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre. Voilà le songe. Nous en donnerons l'explication devant le roi. O roi, tu es le roi des rois, car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire; il a remis entre tes mains, en quelque lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominer sur eux tous: c'est toi qui es la tête d'or. Après toi, il s'élèvera un autre royaume, moindre que le tien; puis un troisième royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y aura un quatrième royaume, fort comme du fer; de même que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le fer qui met tout en pièces. Et comme tu as vu les pieds et les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce royaume sera divisé; mais il y aura en lui quelque chose de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec l'argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en partie fragile. Tu as vu le fer mêlé avec l'argile, parce qu'ils se mêleront par des alliances humaines; mais ils ne seront point unis l'un à l'autre, de même que le fer ne s'allie point avec l'argile. Dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. C'est ce qu'indique la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le secours d'aucune main, et qui a brisé le fer, l'airain, l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable, et son explication est certaine. » (Daniel 2.31-45)
L’étude passionnante des temps de la fin est assez difficile à saisir si nous n’avons pas bien présentes à l’esprit les diverses prophéties de Daniel. C’est pourquoi il nous faut suivre de près le texte biblique.
Au premier abord, les détails minutieux de ces prophéties historiques peuvent paraître rebutants. Ils sont cependant très importants à plusieurs points de vue. Ils constituent l’une des preuves les plus éclatantes de l’accomplissement littéral des prophéties divines.
Arrière plan historique et spirituel
Daniel, déporté à Babylone par le roi Nebucadnetsar, est par excellence le prophète des nations. Sous la forme de la statue du chapitre 2 de son livre, et des animaux des chapitres 7 et 8, il nous donne une vision de l’histoire du monde depuis son époque jusqu’aux temps de la fin.
Parmi tous les empires terrestres, il en mentionne quatre qui vont jouer un rôle essentiel au point de vue prophétique.
Au moment où Dieu mettait un terme à l’indépendance d’Israël et abandonnait le gouvernement du monde entre les mains des nations, il était du plus haut intérêt qu’il révèle dans les grandes lignes deux choses très importantes :
1. Ce qu’allaient faire les nations
2. Ce que deviendrait son peuple, Israël, jusqu’à l’établissement du royaume messianique sur la terre.
L’intérêt de ces prophéties n’a pas diminué aujourd’hui, bien au contraire, puisqu’elles sont orientées avant tout vers les temps de la fin.
Il y a eu dans l’Histoire beaucoup d’empires qui ne sont pas mentionnés par Daniel. Comprenons bien que la prophétie s’occupe uniquement des empires qui ont un rapport étroit avec Israël.
Le premier empire dont parle Daniel est Babylone (2.31-32, 36-38) ; le quatrième subsiste jusqu’à l’établissement du royaume de Christ (2.33-35, 40-45).
Remarquons que l’ère de l’Église est laissée de côté par Daniel, parce que l’Ancien Testament n’en parle pas encore. L’Église est en effet le mystère révélé par Christ et ses apôtres (Éphésiens 3.3-6, 8-11 ; Colossiens 1.24-26) ; et aussi parce que, pendant cette période, les Juifs vont être absents de leur pays.
Aussi longtemps que dure leur dispersion mondiale, les prophéties qui concernent les Juifs sont en quelque sorte suspendues.
Les quatre empires de Daniel couvrent donc le laps de temps qui va de Nebucadnetsar (déportation des Juifs à Babylone) jusqu’à la destruction de Jérusalem par les Romains en l’an 70 ; puis les quelques années qui précéderont immédiatement le retour en gloire de Jésus-Christ, et pendant lesquelles les Juifs seront retournés en Israël (donc notre temps et celui qui vient très prochainement)..
Abordons maintenant l’étude séparée de chacun des empires mentionnés par Daniel.
Les révélations concernant les trois premiers empires se sont déjà accomplies, et nous sommes surtout intéressés par le quatrième qui doit subsister jusqu’à la fin. Mais le message de Daniel forme un tout, et ce que nous apprendrons sur les trois premiers empires nous fera mieux comprendre le quatrième.
Le premier empire : Babylone
Daniel 2.31-32, 36-38.
A propos de l’explication du songe, remarquons que l’interprétation de Daniel montre que la statue tout entière représente la puissance du monde considérée du point de vue de son opposition au royaume de Dieu dans les différentes phases de son développement.
Les quatre parties de la statue, chacune d’un métal différent, figurent quatre formes successives de cette puissance, depuis Nebucadnetsar jusqu’au royaume qui ne passera pas.
Les quatre animaux de la vision de Daniel rapportée au chapitre 7, représentent aussi quatre rois ou royaumes : 7.1-3, 15-17.
Les quatre animaux de ce chapitre 7 correspondent aux quatre parties de la statue (chapitre 2) et doivent être interprétés de la même manière.
Verset 2 : « sur la grande mer » : par son immensité et sa mobilité, elle est le symbole naturel de la masse de l’humanité païenne (comparer Apocalypse 13.1 et Apocalypse 17.1, 15).
« Différents l’un de l’autre » : la différence ne consiste pas dans le degré de pouvoir qui leur est accordé, car tous symbolisent des empires universels. Mais la différence consiste dans le caractère de leur puissance. Comme chaque animal a son organisation et ses allures propres, ainsi chacun de ses empires a un esprit et un mode d’action particulier.
La description du premier royaume est brève et son identification est facile. La tête de la statue est d’or pur. Elle représente Nebucadnetsar, auquel Dieu lui-même a remis la domination.
Le premier animal du chapitre 7 correspond, comme la tête d’or, à Babylone : Un lion avec des ailes d’aigle : 7.4. Le lion est le plus noble des animaux sauvages, et l’aigle le plus noble des oiseaux. Ces caractères rappellent l’image de la tête d’or, le plus noble des métaux (voir Jérémie 49.19, 22).
On a découvert un lion ailé dans le temple de Nimrod à Ninive…
La raison pour laquelle Babylone figure la première dans les visions de Daniel, c’est qu’elle ouvre le temps des nations – dont nous avons parlé dans notre précédent article – supprimant l’indépendance d’Israël, détruisant Jérusalem et le temple, et emmenant le peuple en captivité (Daniel 1.1-2).
Le titre de « roi des rois » (2.37) convenait à Nebucadnetsar qui avait sous sa domination un grand nombre de souverains. « Car ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’amène du septentrion contre Tyr, Nebucadnetsar, roi de Babylone, le roi des rois... » (Ézéchiel 26.7).
La tête d’or de la statue est Nebucadnetsar. Il est considéré comme la personnification de la monarchie babylonienne, à laquelle aucune autre ne peut être comparée par le faste et l’absolutisme de ses monarques.
Pourquoi commencer la série des empires païens avec celui de Nebucadnetsar ? Il y eut avant lui le colossal empire d’Assyrie, qui s’étendait du Tigre jusqu’à l’Égypte. Il faut considérer la réponse dans la relation de la puissance païenne avec le royaume de Dieu représenté par l’État d’Israël. Tant que Jérusalem subsistait encore, la puissance païenne n’était pas illimitée. Une fois Jérusalem soumise, la série des empires païens pouvait commencer. La statue représente donc la puissance terrestre dans sa relation hostile avec le règne de Dieu.
Le deuxième empire : les Mèdes et les Perses
Daniel 2.32, 39.
Daniel nous raconte qu’au royaume de Babylone succéda celui des Mèdes et des Perses, après la victoire remportée par Darius (voir Daniel 5.28-31).
Les Mèdes et les Perses sont représentés dans la Parole de Dieu de diverses manières : la poitrine et les bras d’argent de la statue ; l’ours (7.5) ; et le bélier (8.1-4, 20).
Quelles sont les caractéristiques de cet empire ?
Les deux bras de la statue semble représenter l’un, les Mèdes qui fondèrent l’empire, et l’autre, les Perses qui le développèrent.
Au chapitre 7 (v.5), l’ours (animal lourd, fort et tenace) « se tient sur un côté » : un fait qui semble indiquer à nouveau le rôle inégal que jouèrent dans l’empire les Mèdes, puis les Perses.
« Il avait trois côtes entre les dents » (7.5). Comparer 8.4, où il est fait mention de l’Occident (la Babylonie et la Lydie), du septentrion (l’Arménie et la Bactriane), et du midi (la Syrie et l’Égypte). En effet, Les empires Mède et Perse se sont engagés dans de vastes conquêtes, et se sont emparé de grandes richesses avec avidité. Ils ont mangé « beaucoup de chair » (7.5).
Le bélier (8.3) avait une corne plus haute que l’autre, et elle s’éleva la dernière. C’est la troisième allusion de la Parole de Dieu à la dualité de cet empire.
Quels rapports cet empire a-t-il eus avec Israël ? Ce fut Cyrus, le plus puissant de ses rois, qui donna le premier aux déportés de Juda l’ordre de retourner en Israël, probablement sous l’influence de Daniel (6.28 et Esdras 1.1-3). Les rois suivants (Darius et Artaxerxès) firent rebâtir le temple de la ville de Jérusalem (Esdras 6.14).
Sous la domination perse, les Juifs revinrent donc dans leur pays et rétablirent le culte de l’Éternel, mais ne retrouvèrent pas leur indépendance.
Les détails de ces prophéties constituent l’une des preuves les plus éclatantes de l’accomplissement littéral des prophéties divines. Ils fortifient notre foi dans l’Écriture Sainte, Parole de Dieu. Ils nous enseignent sur la fragilité des empires terrestres (aussi puissants qu’ils puissent paraître) et le sort qui leur est réservé. Ils orientent notre attention vers les temps de la fin – comme nous le verrons dans nos prochains articles – qui mettront un terme aux dominations humaines et établiront le royaume de Dieu ici-bas.
(à suivre)
Paul BALLIERE
www.batissezvotrevie.fr
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