QUAND CHRIST CUEILLE SES SOUFFRANCES EN NOUS
«Que mon bien-aimé entre dans son jardin,
et qu'il mange de ses fruits excellents !
J'entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée;
je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
je mange mon rayon de miel avec mon miel,
je bois mon vin avec mon lait...
Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour !»
(Cantique des cantiques 4.16 ; 5.1)
L'invitation
« Que mon bien-aimé entre dans son jardin... »
Cette parole montre que le Seigneur n'est pas toujours dans son jardin. Il attend d’être invité à entrer. Il ne désire pas venir en visiteur inattendu. Il vient quand sa présence est désirée, et lorsque les conditions sont telles qu’il peut trouver du plaisir dans notre communion.
Pourquoi parfois, et même trop souvent, ressentons-nous un profond vide intérieur ? Sondons notre cœur. Qu’avons-nous à offrir à Jésus ? Que peut-il manger dans le jardin de notre cœur ? Peut-il y cueillir des « fruits excellents » ?
La réponse du bien-aimé
« J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée... »
Apparaît ici l’audace de Salomon, alors que l’invitation de Sulamith ne lui était pas destinée. Mais appliquées au bien-aimé, ces paroles ont une portée magnifique.
Jésus vient dans son jardin, à l’intérieur de l'enclos privé de notre cœur. Notez, dans ce texte très court, l'insistance sur la notion de propriété divine: « MON jardin… MA sœur, MA fiancée… MA myrrhe… MES aromates… MON rayon de miel… MON miel… MON vin… MON lait ». Cette notion de propriété est soulignée à neuf reprises, autant de fois qu’il y a de manifestations du fruit de l’Esprit (voyez Galates 5.22-23). Tout vient de notre Bien-aimé, tout est à lui, tout est pour lui. Combien le Seigneur est heureux de venir dans la compagnie de celui ou de celle qui a été préparé à souffrir pour lui, sous les rafales d’aquilon, le vent du nord ! Partageons son rejet et son opprobre. Perdons quelque avantage, quelque privilège, quelque honneur, quelque compagnie, plutôt que de lui être infidèle. Il a dit à ses disciples: « Vous, vous êtes ceux qui ont persévéré avec moi dans mes épreuves; c'est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur. » (Luc 22.28-29)
« Je cueille ma myrrhe avec mes aromates ».
Ainsi que nous l’avons souligné à plusieurs reprises, la myrrhe est l’image des souffrances. Elle était présente lors de la crucifixion de Jésus. Dans le Cantique, la jeune fille déclare: « Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe » (1.13); elle dit aussi: « Avant que le jour se rafraîchisse, et que les ombres fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe » (4.6). Il est dit également de Sulamith: « Tes jets forment un jardin où sont des grenadiers… la myrrhe et l’aloès... » (4.13-14) Nous retrouverons la présence de la myrrhe plus loin dans le Cantique.
L’identification à Christ dans la souffrance et dans la mort produit toutes sortes d’aromates de douceur excellente. Jésus désire voir SA souffrance dans SON jardin. Il y vient pour cueillir SA myrrhe.
L’Écriture parle abondamment des souffrances de Christ: « Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance... » (Esaïe 53.3); et encore: « Il a appris, bien qu'il fût Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Hébreux 5.8); et encore: « Il convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les souffrances le Prince de leur salut. » (Hébreux 2.10)
La parole de Dieu fait aussi de nombreuses allusions aux souffrances de Christ en nous. Jésus déclare: « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. » (Matthieu 16.24) « Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d’être glorifiés avec lui. » (Romains 8.17)
L’apôtre Paul désirait « connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort.» (Philippiens 3.10) Lorsqu’il s'adressa aux anciens de l’Église d’Éphèse, il dit: « Et maintenant voici, lié par l’Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m'y arrivera; seulement, de ville en ville, l’Esprit-Saint m’avertit que des liens et des tribulations m’attendent. Mais je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. » (Actes 20.22-24) Les souffrances de Christ étaient en lui. Dans le jardin de l’apôtre, Christ pouvait y cueillir sa propre myrrhe. Paul appuya cette vérité dans son épître aux Colossiens: « Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous, écrit-il; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l’achève en ma chair, pour son corps, qui est l’Église. C'est d’elle que j'ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m’a donnée auprès de vous, afin que j’annonce pleinement la parole de Dieu » (Colossiens 1.24-25); et encore: « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Car ce n'est rien que d’être circoncis ou incirconcis; ce qui est quelque chose, c'est d’être une nouvelle créature… Que personne désormais ne me fasse de la peine, car je porte sur mon corps les marques de Jésus » (Galates 6.14-15,17). A la fin de sa course chrétienne, il rappela à son collaborateur Timothée: « Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes résolutions, ma foi, ma douceur, ma charité, ma constance... » Voilà pour les « aromates ». L'apôtre poursuit: « ...mes persécutions, mes souffrances. A quelles souffrances n’ai-je pas été exposé à Antioche, à Icône, à Lystre ? Quelles persécutions n’ai-je pas supportées ? Et le Seigneur m’a délivré de toutes. Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. » (2 Timothée 3.10-12) C'est la myrrhe de Christ, avec les aromates !
Autres douceurs pour Jésus dans notre jardin
Rappelez-vous, au chapitre quatre, verset onze du Cantique, il était fait mention « du miel et du lait », sous la langue de la bien-aimée. Nos paroles doivent être pour Jésus. La qualité de vie spirituelle est pour lui, et il y trouve son plaisir. Reprenons donc à notre compte les paroles du psalmiste: « Des paroles pleines de charme bouillonnent dans mon cœur. Je dis: Mon œuvre est pour le roi ! Que ma langue soit comme la plume d'un habile écrivain ! » (Psaumes 45.2)
Dans notre texte du Cantique (5.1), le « vin » est mentionné en plus du miel et du lait: « Je bois mon vin avec mon lait », est-il écrit. Or, le vin, dans l’Écriture, est symbole de joie. Nous sommes appelés à faire la joie de Christ. Trop de chrétiens se bornent à chercher la joie de Christ pour eux. Leur vie chrétienne se résume à la consommation, plus ou moins satisfaite et heureuse, des biens célestes. Combien ont compris que Christ cherche notre joie pour lui-même ? Lorsqu'il entre dans notre jardin, et qu’il désire souper en tête à tête avec nous, qu’avons-nous à mettre sur la table ? Peut-il boire son vin avec son lait ? C'est dans la mesure où nous aurons été formés sous l’influence de sa grâce et de son amour, que nous ferons sa joie.
Des biens à donner aux autres
« Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour ! » (5.1)
Que les autres se rassasient aussi des fruits de notre cœur ! Autour de nous, une foule tombe en défaillance. Entendons, aujourd'hui encore, les paroles de notre Bien-aimé: « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Que tous ceux qui sont « amis » de Christ acceptent toutes les bénédictions qu’il offre ! Dans ce domaine, aucun excès n'est à craindre. Amis, buvez, buvez encore et toujours, jusqu'à l’ivresse ! Enivrez-vous d'amour ! Approchez vos lèvres de la coupe divine. Elle ne tarit jamais. Que votre corps, temple du Saint-Esprit, soit rempli jusqu’au débordement, au point que les lèvres étrangères diront dans leur ignorance: « Ils sont pleins de vin doux. » (Actes 2.13).
Nous avons étudié les traits de la fiancée, qui sont le produit de la grâce et de l’activité du Saint-Esprit. Le bien-aimé trouve en sa bien-aimée tout ce que son cœur désire.
Désirons ces traits pour nous-mêmes, et pour la joie du Seigneur. Paul écrit aux Romains: « Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que j’ai souvent formé le projet d’aller vous voir, afin de recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations. » (Romains 1.13) Vivons pour notre Dieu. « C'est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! » (Romains 11.36)
Paul BALLIERE
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