UNE DISCIPLINE DOULOUREUSE
« Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre, et mes entrailles
se sont émues pour lui. Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé;
et de mes mains a dégoutté la myrrhe, de mes doigts, la myrrhe
répandue sur la poignée du verrou.J'ai ouvert à mon bien-aimé; mais
mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu.J'étais hors de moi, quand
il me parlait.Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé;je l'ai appelé,
et il ne m'a point répondu. »
(Cantique des cantiques 5.4-6)
« Mon bien-aimé a passé la main par la fenêtre », ou selon une autre traduction, « par une ouverture ». Une ouverture était sans doute pratiquée dans le haut de la porte, et c'est par là que le bien-aimé a passé sa main pour tirer le verrou. En touchant le verrou, la bien-aimée a senti la myrrhe coulant sur ses doigts; image charmante du parfum que la présence du bien-aimé répand dans son cœur.
Il y a ici, répétons-le, la trace de l'amour de Jésus dans ses souffrances pour nous. « Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ, au temps marqué, est mort pour des impies. A peine mourrait-on pour un juste; quelqu'un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5.6-8) Jésus a dit: « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jean 15.13)
Un appel du bien-aimé, sans réponse
Ni la voix du bien-aimé, ni le fait de frapper, n'ont été suffisants pour remuer la fiancée.
Le Seigneur Jésus parle à son Église. Il frappe par le moyen de ministères abondants. Ceux-ci sont bien reconnus d'elle, mais l'état de sommeil est tel qu'il ne conduit pas à un élan vers Christ, dans une communion plus profonde. Cette situation critique est préoccupante au plus haut point.
Des entrailles émues
« Et mes entrailles se sont émues pour lui. » Sulamith est maintenant touchée au plus profond d'elle-même.
C'est ce que Jésus attend de son Église.
Que signifiaient les hésitations de la bien-aimée, lorsqu'elle déclare: « J'ai ôté ma tunique; comment la remettrais-je ? J'ai lavé mes pieds; comment les salirais-je ? »(v.3) La Sulamithe ne rejette pas son bien-aimé, loin s'en faut ! Mais ses paroles trahissent la manifestation de la faiblesse de sa chair, qui la retient d'ouvrir immédiatement à son bien-aimé. Ses hésitations sont dues à la crainte des conséquences d'une telle démarche, la crainte de perdre la bénédiction présente, la peur indéfinissable du chemin à prendre.
Jésus nous connaît bien, c'est pourquoi il nous encourage en passant la main par « l'ouverture ». Il y a une étape, comme dans le Cantique des cantiques, où nous pouvons voir une manifestation partielle de lui-même. C'est lui ! Il n'est plus question de ses bénédictions ou de son œuvre, mais de sa personne, de lui-même. S'il y a une place où le Seigneur peut se faufiler, sa main miséricordieuse la découvrira, et elle cherchera à démontrer la force de son appel.
Si le cœur de la Sulamithe s'était vraiment endurci, le bien-aimé l'aurait laissée. Son geste, au contraire, constitue un appel, et non un châtiment. C'est cette même main dont la jeune fille parlait plus haut (2.6: « Que sa main gauche soit sous ma tête, et que sa droite m'embrasse ».
N'entendons-nous pas l'appel de Christ, lorsque ses mains percées passent par « l'ouverture », nous conviant à une communion plus profonde avec lui ? N'est-ce pas dans de tels instants qu'il peut alors éveiller la honte de notre cœur, notre sentiment de lâcheté ? Après qu'il venait de renier par trois fois son Maître, Pierre croisa le regard de Jésus. Que pouvait lire Pierre dans le regard de Christ ? En « passant la main par l'ouverture », le Seigneur put éveiller un profond sentiment de repentance dans le cœur de son disciple. L'homme qui, à cette heure, refusa d'aller là où était son Sauveur, sortit et pleura amèrement.
Mais Jésus peut aussi éveiller en nous un sentiment d'honneur, de loyauté à l'égard de lui-même. En fait, toutes nos expériences spirituelles résultent de l'attraction que le Seigneur exerce sur nous. Les croyants doivent recevoir la révélation de Christ avant de quitter leur bien-être actuel, et progresser avec Jésus. Lorsqu'on entre dans la révélation de Jésus, on peut dire comme Sulamith: « Mes entrailles se sont émues pour lui. » Mais hélas, très peu de croyants se laissent émouvoir par Jésus ! Émus pour lui ! C'est, tout simplement, l'attraction de l'amour.
La fiancée regarde désormais vers son bien-aimé. Il l'a appelée, car il l'a trouvée digne de souffrir pour lui. Ce n'est pas rien !
Paul a écrit aux Philippiens: « Il vous a été fait la grâce, par rapport à Christ, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui. » (Philippiens 1.29)
Un réveil au caractère étrange
« Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé. » (v.5)
Ce changement d'attitude est le résultat de l'attraction exercée sur la Sulamithe par son bien-aimé. Sa volonté cède. Remarquez un point important: les mains qui ouvrent la porte au bien-aimé rejeté et souffrant, sont celles d'où découle la myrrhe. Elles nous enseignent la souffrance dans le service pour Jésus. Cependant, où est le premier amour ? Ce réveil, heureux, n'est pourtant pas l'entière restauration du cœur. La fiancée n'a pas encore senti dans quelle condition elle est tombée. Son cœur s'est éloigné, et tant qu'elle n'en a pas été profondément affligée, réalisant à quel point le bien-aimé a pu en être affecté, il ne peut y avoir de vraie restauration dans l'amour.
Ne pas sentir la tristesse de Christ devant la défection spirituelle, est certainement ce qu'il y a de plus pernicieux pour ceux qui ont abandonné leur premier amour. On ne peut connaître un vrai relèvement, une authentique restauration, sans avoir dit, comme le fils prodigue: « J'ai péché. » (Luc 15.21) C'est pourquoi, Jésus adresse un message de repentance à l'Église d’Éphèse: « Souviens-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi, et pratique tes premières œuvres. » (Apocalypse 2.5) Un réveil, selon le cœur de Dieu, passe par un inévitable jugement de notre propre cœur. « Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi; éprouvez-vous vous-mêmes. » (2 Corinthiens 13.5) S'éloigner de Jésus, après l'avoir connu et goûté sa délicieuse communion, est une faute grave. De simples émotions, teintées de légèreté et de superficialité, ne sauraient contribuer au relèvement de l'âme. Elles ne sont que des pseudo-réveils.
Une discipline douloureuse
Nous allons mesurer à quel point les moments d'hésitation pour répondre à Jésus coûtent cher ! Nous remarquons ici, que la discipline de Dieu vient après l'obéissance. Et c'est la preuve d'une certaine maturité de l'amour et dans l'amour. Pour un « débutant », la discipline précède l'obéissance, et conduit à l'obéissance. Un enfant, par exemple, apprend à obéir après le châtiment, quelle que soit, par ailleurs, la nature de ce châtiment. A des croyants manquant de maturité, lents à comprendre, venus à avoir besoin de lait et non d'une nourriture solide, enfants au lieu d'hommes faits, l'auteur de l'épître aux Hébreux enseigne: « Il est vrai que tout châtiment semble d'abord un sujet de tristesse, et non de joie; mais il produit plus tard pour ceux qui ont été ainsi exercés un fruit paisible de justice. » (Hébreux 12.11) Tandis que pour une personne mûre, la discipline vient après une obéissance retardée, et en conséquence, elle donne le goût amer de la désobéissance. Relisons le verset six du texte pour illustrer notre propos: « J'ai ouvert à mon bien-aimé; mais mon bien-aimé s'en était allé, il avait disparu. J'étais hors de moi, quand il me parlait. Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé; je l'ai appelé, et il ne m'a pas répondu. » Quelle école douloureuse ! Elle procure une véritable torture de l'âme.
En premier lieu, l'absence de notre Seigneur bien-aimé se fait cruellement sentir. Un vide terrible s'installe. Ami lecteur, éprouveriez-vous, en cet instant, cette même solitude aux effroyables hurlements ? N'êtes-vous pas contraint à dresser ce pénible constat: « Mon bien-aimé s'en est allé, il a disparu » ?
En second lieu, le souvenir béni des paroles de Christ et des joies ressenties en sa présence, ne font qu'accentuer votre douleur. Vous reprenez à votre compte les mots de Sulamith: « J'étais hors de moi, quand il me parlait. »
Et comme si tout cela ne suffisait pas, vient s'ajouter l'échec dans votre recherche de Jésus. Et de vous écrier alors: « Je l'ai cherché, et je ne l'ai point trouvé. » A cette heure de crise, la Sulamithe n'est plus préoccupée de son confort, mais du bien-aimé lui-même. Mais elle ne le trouve pas ! Vous non plus. Cette école par laquelle Dieu vous fait passer, est nécessaire et salutaire.
Pour couronner cette discipline éprouvante, vous essuyez un cuisant échec dans la prière. La fiancée du Cantique déclare: « Je l'ai appelé, et il ne m'a pas répondu. » Votre être tout entier frémit devant l'actualité de ce bilan, cruel miroir de votre accablante épreuve. Jésus dit: « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. » (Jean 15.7)
L'heure de considérer attentivement vos voies est donc venue. Je vous en supplie au nom de Jésus-Christ, « n'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. » (Éphésiens 4.30) La tiédeur spirituelle, le péché, conduisent à la séparation d'avec Dieu, même si, dans un premier temps, nous n'en sommes pas conscients.
Les ténèbres qui pèsent sur l'esprit de Sulamith l'écrasent. Elle est abattue. Celui qui est sa vie et sa lumière s'en est allé.
O, bien-aimés, prenez la résolution du psalmiste: « Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur; la nuit, mes mains sont étendues sans se lasser; mon âme refuse toute consolation. » (Psaumes 77.3)
Ce qui prédomine maintenant, pour la jeune fille du Cantique, c'est son désir de retrouver au plus vite celui qu'elle a momentanément perdu, et de le garder. Elle chérit l'espoir de lui dire qu'elle l'aime et qu'elle en est malade, ainsi que nous l'étudierons au verset huit. Il est très important pour elle de lui déclarer son amour.
Sincèrement, qu'en est-il de notre relation avec Jésus ? Sachons-le, notre désir de louer le Seigneur, d'être en sa présence, pour lui-même et non pour ce qu'il donne, est le thermomètre de notre vie spirituelle. Le Seigneur connaît le degré de température de notre amour pour lui, la qualité de nos relations et la profondeur de notre intimité avec lui. Cela fait réfléchir, non ? Fortifions donc nos mains languissantes et nos genoux affaiblis; et suivons avec nos pieds des voies droites, afin que ce qui est boiteux ne dévie pas, mais plutôt se raffermisse (Hébreux 12.12-13).
Paul BALLIERE
www.batissezvotrevie.fr
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