LES QUATRE EMPIRES DU LIVRE DE DANIEL
Le troisième empire : la Grèce
(3° partie)
L’empire de Babylone est symbolisé par la tête d’or de la statue (Daniel 2.31, 32, 37, 38) et par un lion qui avait des ailes d’aigle (Daniel 7.2-4).
L’empire des Mèdes et des Perses est représenté par la poitrine et les bras d’argent de la statue (Daniel 2.32, 39) et par un ours ayant trois côtes dans la gueule entre les dents (Daniel 7.5).
Le troisième empire, la Grèce, ce sont le ventre et les cuisses d’airain de la statue (Daniel 2.32, 39) et un léopard ayant quatre ailes comme un oiseau. En effet, après Alexandre, le fondateur, l’empire fut divisé en quatre parties, dirigées par les quatre généraux d’Alexandre. (Nous conseillons à nos lecteurs de se reporter à nos précédents articles sur ce sujet).
Les textes bibliques
Lisons Daniel 8.8-27 : « Le bouc devint très puissant; mais lorsqu'il fut puissant, sa grande corne se brisa. Quatre grandes cornes s'élevèrent pour la remplacer, aux quatre vents des cieux. De l'une d'elles sortit une petite corne, qui s'agrandit beaucoup vers le midi, vers l'orient, et vers le plus beau des pays. Elle s'éleva jusqu'à l'armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et elle les foula. Elle s'éleva jusqu'au chef de l'armée, lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire. L'armée fut livrée avec le sacrifice perpétuel, à cause du péché; la corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises. J'entendis parler un saint; et un autre saint dit à celui qui parlait: Pendant combien de temps s'accomplira la vision sur le sacrifice perpétuel et sur le péché dévastateur? Jusques à quand le sanctuaire et l'armée seront-ils foulés ? Et il me dit: Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié. Tandis que moi, Daniel, j'avais cette vision et que je cherchais à la comprendre, voici, quelqu'un qui avait l'apparence d'un homme se tenait devant moi. Et j'entendis la voix d'un homme au milieu de l'Ulaï; il cria et dit: Gabriel, explique-lui la vision. Il vint alors près du lieu où j'étais; et à son approche, je fus effrayé, et je tombai sur ma face. Il me dit: Sois attentif, fils de l'homme, car la vision concerne un temps qui sera la fin. Comme il me parlait, je restai frappé d'étourdissement, la face contre terre. Il me toucha, et me fit tenir debout à la place où je me trouvais. Puis il me dit: Je vais t'apprendre, ce qui arrivera au terme de la colère, car il y a un temps marqué pour la fin. Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes, ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Le bouc, c'est le roi de Javan, La grande corne entre ses yeux, c'est le premier roi. Les quatre cornes qui se sont élevées pour remplacer cette corne brisée, ce sont quatre royaumes qui s'élèveront de cette nation, mais qui n'auront pas autant de force. A la fin de leur domination, lorsque les pécheurs seront consumés, il s'élèvera un roi impudent et artificieux. Sa puissance s'accroîtra, mais non par sa propre force; il fera d'incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises, il détruira les puissants et le peuple des saints. A cause de sa prospérité et du succès de ses ruses, il aura de l'arrogance dans le cœur, il fera périr beaucoup d'hommes qui vivaient paisiblement, et il s'élèvera contre le chef des chefs; mais il sera brisé, sans l'effort d'aucune main. Et la vision des soirs et des matins, dont il s'agit, est véritable. Pour toi, tiens secrète cette vision, car elle se rapporte à des temps éloignés. Moi, Daniel, je fus plusieurs jours languissant et malade; puis je me levai, et je m'occupai des affaires du roi. J'étais étonné de la vision, et personne n'en eut connaissance. »
Cette prophétie est complétée en Daniel 11.21-45 : « Un homme méprisé prendra sa place, sans être revêtu de la dignité royale; il paraîtra au milieu de la paix, et s'emparera du royaume par l'intrigue. Les troupes qui se répandront comme un torrent seront submergées devant lui, et anéanties, de même qu'un chef de l'alliance.Après qu'on se sera joint à lui, il usera de tromperie; il se mettra en marche, et il aura le dessus avec peu de monde. Il entrera, au sein de la paix, dans les lieux les plus fertiles de la province; il fera ce que n'avaient pas fait ses pères, ni les pères de ses pères; il distribuera le butin, les dépouilles et les richesses; il formera des projets contre les forteresses, et cela pendant un certain temps. A la tête d'une grande armée il emploiera sa force et son ardeur contre le roi du midi. Et le roi du midi s'engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très puissante; mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais desseins. Ceux qui mangeront des mets de sa table causeront sa perte; ses troupes se répandront comme un torrent, et les morts tomberont en grand nombre. Les deux rois chercheront en leur cœur à faire le mal, et à la même table ils parleront avec fausseté. Mais cela ne réussira pas, car la fin n'arrivera qu'au temps marqué. Il retournera dans son pays avec de grandes richesses; il sera dans son cœur hostile à l'alliance sainte, il agira contre elle, puis retournera dans son pays. A une époque fixée, il marchera de nouveau contre le midi; mais cette dernière fois les choses ne se passeront pas comme précédemment. Des navires de Kittim s'avanceront contre lui; découragé, il rebroussera. Puis, furieux contre l'alliance sainte, il ne restera pas inactif; à son retour, il portera ses regards sur ceux qui auront abandonné l'alliance sainte. Des troupes se présenteront sur son ordre; elles profaneront le sanctuaire, la forteresse, elles feront cesser le sacrifice perpétuel, et dresseront l'abomination du dévastateur. Il séduira par des flatteries les traîtres de l'alliance. Mais ceux du peuple qui connaîtront leur Dieu agiront avec fermeté, et les plus sages parmi eux donneront instruction à la multitude. Il en est qui succomberont pour un temps à l'épée et à la flamme, à la captivité et au pillage. Dans le temps où ils succomberont, ils seront un peu secourus, et plusieurs se joindront à eux par hypocrisie. Quelques-uns des hommes sages succomberont, afin qu'ils soient épurés, purifiés et blanchis, jusqu'au temps de la fin, car elle n'arrivera qu'au temps marqué. Le roi fera ce qu'il voudra; il s'élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables contre le Dieu des dieux; il prospérera jusqu'à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s'accomplira. Il n'aura égard ni aux dieux de ses pères, ni à la divinité qui fait les délices des femmes; il n'aura égard à aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous. Toutefois il honorera le dieu des forteresses sur son piédestal; à ce dieu, qui ne connaissaient pas ses pères, il rendra des hommages avec de l'or et de l'argent, avec des pierres précieuses et des objets de prix. C'est avec le dieu étranger qu'il agira contre les lieux fortifiés; et il comblera d'honneurs ceux qui le reconnaîtront, il les fera dominer sur plusieurs, il leur distribuera des terres pour récompense. Au temps de la fin, le roi du midi se heurtera contre lui. Et le roi du septentrion fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec de nombreux navires; il s'avancera dans les terres, se répandra comme un torrent et débordera. Il entrera dans le plus beau des pays, et plusieurs succomberont; mais Édom, Moab, et les principaux des enfants d'Ammon seront délivrés de sa main. Il étendra sa main sur divers pays, et le pays d'Égypte n'échappera point. Il se rendra maître des trésors d'or et d'argent, et de toutes les choses précieuses de l'Égypte; les Libyens et les Éthiopiens seront à sa suite. Des nouvelles de l'orient et du septentrion viendront l'effrayer, et il partira avec une grande fureur pour détruire et exterminer des multitudes. Il dressera les tentes de son palais entre les mers, vers la glorieuse et sainte montagne Puis il arrivera à la fin, sans que personne lui soit en aide. »
Le début du chapitre 11 de Daniel fait allusion aux conflits incessants qui eurent lieu entre les deux dynasties des Ptolémée et des Séleucides, dont Israël fut souvent le champ de bataille.
L’accomplissement historique :
Antiochus IV Épiphane (175-164 av J-C)
Daniel 8.9 : de l’une des quatre parties de l’empire grec d’Alexandre – empire divisé, rappelons encore – surgit une « petite corne », c’est-à-dire un roi, au premier abord insignifiant.
Ce roi s’élève de la Syrie, qui est au Nord d’Israël, puisqu’il peut s’avancer vers le Midi, vers l’Orient et le plus beau des pays (le joyau, Israël). Tous les exégètes sont d’accord pour voir ici Antiochus IV Épiphane. Ce fut le premier roi païen qui ne se proposa pas seulement de conquérir Canaan et d’anéantir la puissance politique du peuple d’Israël, mais encore et surtout d’anéantir (ainsi que nous allons le voir) ce qui distinguait Israël de tous les autres peuples : le culte de l’Éternel.
Il força les Juifs à l’idolâtrie et se rendit coupable des pires abominations.
« Antiochus Épiphane avait formé le dessein, passé chez lui à l’état d’idée fixe, d’introduire dans tous ses états (dont Israël faisait partie) le culte de Jupiter Olympien ; et comme il s’identifiait lui-même à ce dieu, il voulait par là, en fin de compte, se faire adorer partout. Il cherchait à extirper tous les autres cultes et apportait dans cette entreprise un zèle fanatique qui ressemblait souvent à du délire et qui le faisait appeler par les railleurs « Epimane » (le fou), au lieu d’Épiphane (l’illustre). C’est ainsi qu’il abolit aussi à Jérusalem le culte de l’Éternel. et y substitua l’idolâtrie. Ceci était d’autant plus grave qu’il y avait en Israël même un parti grec penchant au paganisme. Israël devait donc être averti solennellement. » (Extraits historiques)
8.10 : « elle s’éleva jusqu’à l’armée des cieux ». Il s’agit du peuple des « saints », les Juifs. (Voyez par exemple Exode 7.4 : « Pharaon ne vous écoutera point. Je mettrai ma main sur l'Égypte, et je ferai sortir du pays d'Égypte mes armées, mon peuple, les enfants d'Israël, par de grands jugements » ; et aussi Daniel 8.24 : « Sa puissance s'accroîtra, mais non par sa propre force; il fera d'incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises, il détruira les puissants et le peuple des saints. ») « L’armée des cieux », c’est Israël chargé de faire briller la lumière de la connaissance de Dieu au milieu des ténèbres païennes.
« Et des étoiles » (v.10). Le « et » est ici comme très souvent ailleurs, explicatif : « à savoir ». Le texte veut dire que cette armée n’est pas une armée ordinaire, mais une armée de saints comparables à des étoiles. (Comparer Daniel 12.3 : « Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront enseigné la justice, à la multitude brilleront comme les étoiles, à toujours et à perpétuité. »)
« Et elle les foula » (v.10). Il est question ici de l’oppression et du massacre des Juifs fidèles, par les ordres d’Antiochus. Mais il y a une autre raison, révélée au v.12 : « à cause du péché. » Là il est question des Juifs qui renièrent le vrai Dieu et firent acte d’idolâtrie. Ce sont comme des étoiles foulées aux pieds et dont la lumière est désormais éteinte.
8.11 : « chef de l’armée », « le lieu de son sanctuaire ». Il s’agit du Seigneur lui-même. Ce verset permet d’imaginer ce qu’était la folie orgueilleuse d’Antiochus.
« Le sacrifice perpétuel » : littéralement « le perpétuel ». Ce mot désigne toutes les cérémonies du culte lévitique, et spécialement l’holocauste qui s’offrait matin et soir et dans lequel se concentrait ce culte.
« Et renversa le lieu de son sanctuaire » : les récits historiques décrivent les ravages d’Antiochus dans le temple et dans la ville de Jérusalem. Antiochus monta à Jérusalem, entra au sanctuaire et en enleva l’autel doré, le chandelier avec tous ses ustensiles, la table des pains de proposition, les coupes, gobelets et écuelles, le rideau, les couronnes et les ornements d’or sur le devant du temple, et enleva tout le placage. Il enleva aussi l’argent et l’or, les vases précieux, et les trésors cachés qu’il trouva. Et après avoir fait un grand carnage et proféré des paroles insolentes, il emporta tout et rentra dans son pays. Deux années après (168 avant J.-C.) le roi envoya un commissaire des contributions (Apollonius) dans les villes de Juda. Celui-ci arriva à Jérusalem avec beaucoup de troupes et trompa les habitants par des paroles amicales, et ceux-ci le reçurent sans défiance. Puis tout à coup il se jeta sur la ville, fit main basse sur le peuple et tua beaucoup d’Israélites. Il pilla la ville, y mit le feu, abattit des maisons et démolit les murs d’enceinte. Il emmena en captivité les femmes et les enfants et s’empara du bétail. Puis on construisit à la ville de David une grande et forte muraille avec de puissantes tours : ce fut leur citadelle ; on y mit une garnison païenne, des gens sans foi ni loi qui s’y fortifièrent. Ils y entassèrent des armes et des provisions et y déposèrent le butin qu’ils avaient fait à Jérusalem. Elle devint un grand danger pour la ville, une espèce d’embûche permanente dressée contre le sanctuaire et un adversaire redoutable pour Israël pendant tout ce temps. Ils versèrent aussi beaucoup de sang innocent tout autour du temple et souillèrent le sanctuaire. A . cause d’eux, les habitants de Jérusalem prirent la fuite et des étrangers s’y établirent. La ville devint étrangère à ses propres enfants ; ceux qui y étaient nés l’avaient abandonnée. L’enceinte sacrée resta désolée comme un désert, ses fêtes se changèrent en jours de deuil, ses sabbats furent profanés, ce qui avait été son honneur fut une cause d’outrage. Le quinzième jour de Chaselev de l’an 145 (168 avant J.-C.) ils construisirent « l’abomination de la désolation » (un petit autel consacré à Jupiter) sur le grand autel, et dans toutes les villes de Juda à l’entour ils construisirent des autels. Ils brûlaient de l’encens aux portes des maisons et dans les rues ; s’ils trouvaient des livres de la loi, ils les brûlaient après les avoir déchirés et celui chez lequel le livre de l’alliance s’était trouvé, et en général quiconque s’en tenait à la loi était mis à mort, selon l’édit du roi. Le 25 du mois ils sacrifiaient sur l’autel placé sur le grand autel. On mettait aussi à mort selon l’édit les femmes qui avaient fait circoncire leurs enfants, en suspendant les enfants à leur cou ; on pillait leurs maisons et l’on tuait ceux qui avaient fait l’opération. Cependant beaucoup d’Israélites résistèrent courageusement et refusèrent par conviction de toucher à des mets impurs ; ils préférèrent mourir plutôt que de se souiller par la nourriture, de manière à profaner la sainte alliance. Et ils mouraient.
8.12 : « L’armée... » : c’est une partie de l’armée dont il a été question dans les versets précédents. Cette expression se rapporte à la partie du peuple d’Israël qui abandonna le culte de l’Éternel. pour embrasser le parti d’Antiochus et obéir à ses ordres. Dans ces temps-là, il y eut parmi les Israélites des gens pervers qui en entraînaient beaucoup d’autres en disant : « Allons faire alliance avec les peuples à l’entour de nous ; car depuis que nous sommes séparés d’eux il nous est arrivé beaucoup de malheurs. » Ce discours trouva des approbateurs et plusieurs se hâtèrent de se rendre auprès du roi qui leur ordonna d’introduire les coutumes païennes. Ils construisirent donc à Jérusalem un gymnase selon les usages des païens, et devenant apostats à l’égard de l’alliance sainte, ils cherchèrent à faire disparaître les marques de la circoncision, et s’associèrent aux païens, au service desquels ils se mirent pour faire le mal. Beaucoup de gens du peuple, abandonnant la loi, se rallièrent aux Syriens et pratiquèrent le mal dans le pays et réduisirent les Israélites à se cacher dans toutes sortes de lieux de refuge.
« La corne jeta la vérité par terre. » C’est l’idolâtrie substituée à l’adoration de Dieu.
« Et réussit dans ses entreprises», aussi étonnant et impossible que cela puisse paraître. « Dieu laisse aller le diable jusqu’à la longueur de sa chaîne. »
8.24 : « non par sa propre force », la force diabolique dont il sera revêtu.
« Les puissants » sont ici les rois de Perse et d’Égypte auxquels Antiochus fit la guerre.
« Le peuple des saints » est une expression faisant à nouveau allusion à Israël.
8.25 (fin du verset) : « sans l’effort d’aucune main », c’est-à-dire par un coup venant directement de Dieu. En effet, Antiochus ne périt pas dans une bataille ou sous le poignard d’un assassin, mais par une maladie subite.
Dans un prochain article, nous parlerons d’Antiochus comme d’un type de l’Antéchrist à venir.
Paul BALLIERE
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