AÏ… LES SECRETS DE NOS DÉFAITES
Lecture biblique : Josué 7.1-5
Le chapitre précédent du livre de Josué nous a relaté l’éclatante victoire remportée sur la ville de Jéricho ; triomphe qui fut le fruit de la foi et de l’obéissance. Après un tel succès, sans nul doute, les enfants d’Israël vont marcher de victoire en victoire. Eh bien, non !
Notre chapitre est le récit d’une cuisante défaite. Aï est une petite ville, ses habitants « sont en petit nombre » (v.3). Par conséquent, « trois mille hommes » au plus (v.3), pense-t-on, devraient suffire pour ôter cet obstacle insignifiant – comparé à Jéricho – du chemin de l’Israël conquérant. Que se passe-t-il donc ? Les trois mille mobilisés battent en retraite, trente-six d’entre eux sont tués, le peuple entier est consterné et perd courage.
Apprenons que les défaites, tout comme les victoires, ont leurs secrets. Aï ne fait pas exception.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le premier danger pour le croyant se trouve dans la victoire elle-même. Après avoir triomphé, dans une véritable dépendance de Dieu, nous pouvons, devant les brillants résultats, nous attribuer quelques lauriers au passage. Dès lors, la prochaine bataille est perdue d’avance. C’est ce qui s’est produit avec la ville d’Aï.
Pourquoi Josué envoie-t-il des hommes vers cette petite ville « pour explorer le pays » (v.2) ? Il réitère la démarche faite en son temps à l’égard de Jéricho (voyez 2.1) C’était alors la voie de Dieu. Quel fut, en effet, le rapport des espions ? « Certainement, l’Éternel a livré tout le pays entre nos mains, et même tous les habitants du pays tremblent devant nous. » (2.24) Mais maintenant, le même acte devient le chemin de l’homme et de la chair. Puisque l’Éternel a livré le pays, pourquoi envoyer de nouveaux émissaires ? Où était la dépendance de Dieu ? Passée aux oubliettes, et remplacée par la confiance dans les moyens de l’homme.
Poussons un peu plus loin le type de l’enseignement spirituel. Josué envoya ces hommes « depuis Jéricho » (7.2). Mais Jéricho n’est pas le vrai point de départ pour la conquête du pays. Josué oublia Guilgal, là où l’on apprend ce qu’est la chair et la manière dont elle doit être traitée (voyez nos études précédentes). En résumé, Josué et d’autres avec lui, trouvent dans la victoire sur Jéricho une occasion d’avoir confiance en l’homme, en la chair, et d’être battu devant Aï.
N’en est-il pas souvent ainsi de nous ? Dès que nous oublions « Guilgal », la place est libre à nouveau pour « le vieil homme » qui devrait demeurer dans la mort avec Christ et en Christ.
Le peuple va suivre l’exemple de son chef. Les hommes envoyés par Josué font un rapport tout empreint d’une entière confiance en eux-mêmes (v.3). Ils vont « battre Aï ». Comment pourrait-il en être autrement ? Justement, il va en être autrement ; comme à chaque fois où la dépendance de Dieu fait défaut, et où se développe la confiance en soi, fruit d’une chair non jugée.
A ce regrettable mauvais pas s’ajoute l’interdit. Des objets du butin, cachés aux yeux de tous, sont enfouis au fond de la tente d’un infidèle.
Dieu avait maudit Jéricho. Tout ce qui appartenait à cette ville était sous la malédiction. Nul, selon la parole de l’Éternel, ne devait prendre quoi que ce soit du butin, de crainte de se placer lui-même en interdit, et de mettre le camp d’Israël tout entier en interdit.
Acan désobéit prenant un beau manteau de Schinear, deux cents sicles d’argent, et un lingot d’or (v.21). Cet homme avait suivi la pente naturelle, commençant où nous commençons tous, où le premier homme a commencé : la convoitise des yeux, (« j’ai vu », v.21). Que dit Genèse 3.6 ? « La femme vit... » Par les yeux, l’interdit s’empare du cœur et y excite la convoitise : « Je les ai convoités » (v.21). Comparons Genèse 3.6 : « Elle vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. » La convoitise ayant conçu engendre le péché : « Je les ai pris » (v.21). Quant au drame du jardin d’Éden, « la femme...prit de son fruit et en mangea. » (Genèse 3.6) Cette chaîne fatale et satanique, relie le monde au cœur naturel de l’homme afin de faire de lui la proie du prince de ce monde ! C’est pourquoi la Parole de Dieu nous met en garde. « Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort. » (Jacques 1.14-15)
Remarquons maintenant comment le péché d’un seul homme agit sur tout Israël : « Les enfants d’Israël commirent une infidélité au sujet des choses dévouées par interdit… Et la colère de l’Éternel s’enflamma contre les enfants d’Israël. » (v.1) Le peuple aurait pu dire : « Est-ce que cela nous regarde ? Comment aurions-nous pu connaître une chose cachée ? Et, ne la connaissant pas, comment en serions-nous responsables ? » Dieu a toujours devant les yeux l’unité de son peuple. Il en considère les individus comme membres d’un seul tout, et solidaires les uns des autres. Le péché de l’un est le péché de tous. S’il en était ainsi d’Israël, à bien plus forte raison de nous, l’Église, un corps uni à la Tête, Christ ?
De plus, si leurs âmes avaient été en bon état, Dieu aurait manifesté parmi eux le mal caché. La puissance du Saint-Esprit, non contristé dans l’Assemblée, met au jour tout ce qui déshonore Christ parmi les siens. S’il n’en fut pas ainsi pour Israël, c’est qu’il y avait quelque chose à juger chez le peuple. Le mal caché d’Acan est le moyen de faire ressortir le mal caché du cœur du peuple. Lorsque l’Assemblée est en bon état, quoique toujours solidaire du péché d’un seul, elle est avertie par le Saint-Esprit, et est alors capable d’ôter le mal du milieu d’elle et, selon le cas, d’ôter le méchant (voir par exemple 1 Corinthiens 5.13). N’en fut-il pas ainsi dans les premiers temps de l’Église, dans le cas du péché et de l’interdit d’Ananias et de Saphira ? La puissance du Saint-Esprit mit à jour aussitôt et jugea le mal. Mais ici, en Israël, la situation spirituelle était différente. Les cœurs devaient être amenés, par le jugement d’eux-mêmes, à porter le péché d’un seul homme comme étant le péché de tous devant Dieu.
En est-il de même pour nous, dans ces temps de ruine ? Le péché dans l’Église, nous a-t-il touchés ? Sommes-nous solidaires, dans notre pensée, de toute la corruption introduite ? Ou bien, voyant ces décombres, avons-nous assez de confiance en nous-mêmes, pour penser que nous ferons mieux que les autres ? Si nos cœurs ne sont pas habitués à prendre cette position devant Dieu, nous ne sommes que des propre-justes et des sectaires. Mais, bien plus, une défaite éclatante viendra rappeler nos cœurs à l’humilité. Cette humilité est indispensable à ceux qui auraient dû se tenir à Guilgal. Au lieu de demeurer sur le fondement de leur identification à Christ dans sa mort (Guilgal), ils s’appuient maintenant sur leurs victoires (Jéricho). C’est un piège dont ils doivent se dégager au plus vite. Voyez comme Dieu juge autrement que nos misérables cœurs. Il dit : « Israël a péché ; ils ont transgressé mon alliance que je leur ai prescrite, ils ont pris des choses dévouées par interdit, ils les ont dérobées et ont dissimulé, et ils les ont cachées parmi leurs bagages. » (v.11)
Nous voyons alors le châtiment du peuple (v.5-6). Le courage des enfants d’Israël devant Aï avait été charnel. Ce peuple si fier de sa victoire est tombé devant les Amoréens, dont le « cœur se fondait » en entendant parler du passage du Jourdain (5.1). Triste expérience, mais expérience nécessaire.
Vous avez oublié Guilgal ? Vous allez apprendre, à travers les larmes de la défaite, la dose de force que votre cœur naturel contient, et quelle confiance vous pouvez mettre en la chair.
En demeurant dépendants de Dieu, nous confiant en lui seul, nous sommes préservés de la défaite.
Paul BALLIERE
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Dayna (vendredi, 23 avril 2021 01:03)
Amen �