LA SAINTE CÈNE, UNE COMMUNION FRATERNELLE
Nous porterons nos regards plus spécifiquement vers le mot utilisé pour la Sainte Cène dans 1Corinthiens 10.16 ; il s’agit du terme familier « communion », qui apparaît deux fois dans ce passage pour désigner la Sainte Cène : « La communion au sang de Christ… la communion au corps de Christ. » Afin que nous puissions retirer toute la joie que la Sainte Cène peut nous offrir, nous examinerons le sens du mot communion en tant que terme biblique. Il s’agit du terme grec « koinonia ».
Je pense que nous retirerons beaucoup de profit en approchant le sens de ce mot d’après l’usage qui en est fait. Nous devons nous rappeler que la signification d’un mot n’est pas fixée seulement par son étymologie ou par sa définition, mais aussi par son usage. Ce principe s’avère particulièrement important quand on étudie le sens des mots bibliques, parce que chacun d’entre eux possède sa signification propre, parfois tout à fait distincte de celle du langage courant.
Examinons les mots qui se trouvent en Actes 2.42. Dans ce passage, après que les croyants aient été baptisés, puis ajoutés à l’Église : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. » Nous trouvons ici ce mot « koinonia », ainsi que dans 1 Corinthiens 1.9, « Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion – la koinonia – de son Fils, Jésus-Christ notre Seigneur. » Voyons maintenant Philippiens 2.1, où Paul se met à faire toute une série de suppositions : « Si donc il y a quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelque union d’esprit... » Avant de quitter Paul, considérons quelques mots de lui que l’on cite souvent de travers. A la fin de la seconde épître aux Corinthiens, nous trouvons ce que l’on appelle la « bénédiction ». Il serait peut-être utile que nous regardions les mots qu’utilise la Bible parce que, très souvent, nous citons cette bénédiction en terminant par une référence à la force, à l’amitié, à la paix ou à toute autre bénédiction donnée par le Saint-Esprit, sauf celle qui y figure réellement. « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit, soient avec vous tous ! Amen ! » Tournons-nous maintenant vers la première épître de Jean, au chapitre 1, verset 3, que vous connaissez sans doute par cœur : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. » Les versets 6 et 7 continuent dans le même sens : « Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous ne pratiquons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché. »
Si nous examinons l’usage qui est fait de ce mot dans les exemples ci-dessus ainsi que dans d’autres passages du Nouveau Testament, il apparaît clairement qu’il signifie, non seulement étymologiquement, mais aussi par son usage biblique, « partager quelque chose avec d’autres ». Il exprime donc notre participation commune à Christ.
Récapitulons : en Actes 2, l’Église persévérait dans la communion fraternelle. Les chrétiens participaient ensemble aux bénédictions contenues dans le Seigneur Jésus-Christ. Puis Paul, écrivant aux Corinthiens qui faisaient preuve d’un individualisme excessif, leur dit qu’ils sont appelés à la communion de ses souffrances et au partage dans le Seigneur Jésus-Christ. L’usage que Paul fait du mot en Philippiens 2, dans un contexte où il les exhorte à une unité d’esprit et de but, s’appuie sur la supposition qu’il y a une « union d’esprit ». Enfin, le premier chapitre de Jean exprime le désir que : « Vous aussi vous soyez en communion avec nous » et l’assurance que « nous sommes mutuellement en communion. »
Quelle grâce apporte la troisième partie de la bénédiction ? Nous connaissons la grâce du Seigneur Jésus-Christ, et toute la richesse qu’elle amène. Nous connaissons l’amour de Dieu, notre Père céleste, mais quelle grâce particulière nous est donnée par le Saint-Esprit dans cette bénédiction biblique ? Il y a, comme nous le savons, tant de bénédictions qui nous viennent par lui ! Mais la Parole choisit ici notre communion, notre réunion en Christ, par l’Esprit. Elle l’appelle, à juste titre, la communion du Saint-Esprit, parce que c’est lui qui l’a crée.
Le mot communion (koinonia) n’a pas été inventé dans ce but:on le trouve dans la langue grecque courante. Mais il est intéressant et significatif de noter que la première apparition du mot communion dans les pages de la Bible correspond à l’occasion du don du Saint-Esprit. Quand vint l’Esprit, alors vint la « koinonia », la communion, et pas avant.
Une autre allusion à l’œuvre du Saint-Esprit revêt quelqu’importance dans ce domaine. Reportons-nous à 1 Corinthiens 12.13, où nous trouvons, je crois, la véritable clé à ce que l’on entend par le baptême du Saint-Esprit. « Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres… » Cela nous enseigne que le ministère principal du Saint-Esprit, quand il descendit à la Pentecôte, fut de souder dans le corps de Christ les croyants, qui avaient été jusqu’alors autant d’individus séparés ; de les intégrer dans cet organisme vivant que constitue le corps de Christ, l’Église chrétienne elle-même. Si vous cherchez une définition biblique de l’Église, vous la trouvez ici dans ce passage même. Elle n’est rien d’autre que la communion du Saint-Esprit.
Nous réalisons, grâce à cette brève étude de l’usage du mot « communion », qu’il a un sens horizontal ainsi qu’un sens vertical. Très souvent, nous parlons de la communion avec le Seigneur dans le sens de cette relation que nous connaissons alors qu’agenouillés seuls devant lui, il fait resplendir sur nous sa face. Cela est bien sûr tout à fait vrai, mais ne donne que la moitié du sens de ce mot. Il s’agit bien sûr de notre participation à Christ, oui, mais avec d’autres. Si bien que le concept biblique de la communion s’étend vers l’extérieur, au niveau horizontal, tout comme vers le haut.
Notons encore, avant que nous terminions notre étude sur le sens du mot communion, l’autre mot utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner l’Église. Nous le connaissons tous. Il s’agit du mot « ekklesia », qui sert de racine au mot français « église ». Le terme « ekklesia » est un substantif qui vient d’un verbe formé de deux parties. La première partie consiste du préfixe « ek », signifiant « hors de » et la seconde du verbe « kaleo », qui signifie « appeler ». Très souvent, nous nous arrêtons là en disant : « Ah oui, c’est ça ; l’Église se compose de gens qui ont été appelés hors du monde. » Cela est tout à fait correct. « Sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. » (2 Corinthiens 6.17-18) Il y a réellement un appel à sortir et à se séparer.
Mais le mot ne signifie pas que cela. Autrefois, il n’y avait ni journaux, ni radio, ni aucun autre moyen de communication moderne. Comment pouvait-on alors convoquer un rassemblement à cette époque-là ? Comment convoquait-on les citoyens à une réunion politique ? C’était la tâche du crieur public. Son travail consistait à parcourir les rues de la petite cité grecque et à aller de maison en maison. Après avoir tapé sur son tambour, ou quelqu’autre instrument que l’on utilisait alors, il annonçait un rassemblement, à telle heure, à tel endroit. On utilisait, pour décrire la fonction du crieur de rue, le mot « ek-kaleo », duquel vient notre expression « ekklesia ». Que faisait donc le crieur de rue ? Appelait-il simplement les citoyens à sortir sur leur pas de porte ? Non ! Le mot décrivant son action doit donc signifier plus que cela. Il ne se contentait pas d’appeler les gens hors de leur maison ; il les appelait à se rassembler. Il les appelait à sortir et à se rassembler et nous avons là la signification de l’ « ekklesia ». Nous ne sommes pas simplement appelés hors du péché, des ténèbres et hors de notre inimitié envers Dieu. Nous ne sommes pas simplement appelés hors du monde, mais aussi à être ensemble, en compagnie les uns des autres, en Christ. Si vous voulez faire une autre étude biblique profitable, parcourez le livre des Actes en observant combien de fois revient le mot « ensemble ». Vous pouvez le faire rapidement en vous servant d’une concordance, mais ce raccourci vous empêchera d’apprécier toute la valeur de votre étude. Il vaut mieux chercher le mot dans son contexte et dans son utilisation spécifique, afin de se rendre compte que l’Église chrétienne est en fait un corps, « un ensemble ».
Le mot « communion » signifie que l’expérience chrétienne se vit ensemble. C’est pourquoi, lorsque nous trouvons que l’Écriture appelle la Sainte Cène « la communion au corps de Christ » et « la communion au sang de Christ », nous apprenons par là qu’elle exprime la communion fraternelle.
Ernest KEVAN
www.batissezvotrevie.fr
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