LE CULTE DES IMAGES
S’il y a une chose en faveur aujourd’hui dans l’Église catholique, c’est bien le culte des images. Tout ce qui se rapporte à l’industrie sacrée à laquelle ce culte a donné lieu, tient la plus large place dans son sein.
L’Église primitive ignorait absolument tout cela. Elle avait en horreur les images, et les païens lui reprochaient même de n’avoir dans ses temples aucun simulacre de la divinité. A quoi Origène répondait : « Il est dit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul ».
D’ailleurs le deuxième commandement – supprimé, il est vrai, par les intéressés – est formel ! « Tu ne feras point d’images… Tu ne te prosterneras point devant elles et ne les serviras point ». Humblement soumise à la parole de Dieu, l’Église primitive devait tout naturellement obéir au précepte divin et proscrire rigoureusement de ses temples, comme elle le fit, toute peinture et toute statue.
C’est seulement au IV° siècle, alors que les païens entrèrent en foule dans l’Église, que les images commencèrent à prendre faveur. Cette dévotion nouvelle se propagea rapidement dans les masses ignorantes et grossières, chrétiennes en apparence, mais encore païennes de cœur. Bientôt on tenta d’introduire les images dans les temples ; mais l’opposition fut telle qu’il fallut y renoncer.
Cependant le torrent de la superstition allait sans cesse grossissant et entraînait de plus en plus les esprits. Il déborda enfin au V° siècle. On finit alors par introduire les images dans les lieux consacrés au culte, non pourtant sans faire beaucoup de réserves ni sans rencontrer des résistances. L’invasion des barbares et la décadence des lettres contribuèrent puissamment à ce résultat fâcheux.
On put voir bientôt quelle erreur avait été commise dans cette condescendance au goût populaire. Les images devinrent un véritable objet d’idolâtrie et les abus furent si criants, qu’une violente opposition s’éleva dans l’Église. L’évêque de Marseille, vers la fin du VI° siècle, les supprima dans tout son diocèse et maintint sa décision malgré deux lettres de celui qui, à Rome, prétendait se faire appeler pape et être seul chef de l’Église.
Toutefois, la véritable lutte contre les images n’éclata guère que vingt-cinq ans plus tard. Elle fut inaugurée, en 727, par l’empereur Léon III, qui ordonna de les faire disparaître des temples chrétiens. Ce fut le point de départ d’une querelle célèbre qui dura tout un siècle. Le Concile de Constantinople les interdit en 754 ; celui de Nicée les rétablit en 787. En Occident, le Concile de Francfort, en 794, et celui de Paris, en 825, les proscrivirent à leur tour. Ce n’est qu’en 842, sous l’influence de l’impératrice Théodora, que le culte des images fut solennellement rétabli dans les Églises d’Orient. Ainsi ce culte ne triompha définitivement qu’à la fin du IX° siècle, et ce n’est qu’au XVI° siècle que le Concile de Trente en fit un article de foi.
Voilà comment le culte des images, condamné par un commandement positif de Dieu, abhorré par les premiers chrétiens, fut enfin imposé aux fidèles comme une doctrine obligatoire ; voilà comment l’Église catholique adore aujourd’hui ce que l’Église apostolique aurait brûlé.
F. MARSAULT
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