JÉSUS SUR LA MONTAGNE
La montagne occupe une grande place dans la Parole. Souvent Dieu s’y révèle et sa présence y est ressentie.
A Morija, le père et le fils allaient les deux ensemble (Genèse 22). Au Sinaï, Moïse reçoit les révélations divines (Exode 19 et suivants). Sur le Mont Nebo il contemple, en la compagnie de l’Éternel, toute l’étendue du pays (Deutéronome 34). Sur l’Ebal et le Garizim, la malédiction et la bénédiction étaient prononcées (Deutéronome 27 ; Josué 8).
Les montagnes du Nouveau Testament nous attirent d’autant plus que certaines sont en rapport avec la vie du Seigneur Jésus.
La montagne, généralement lieu de calme et de recueillement est mise en Matthieu 5.1, en contraste avec la plaine où se trouvaient les foules. Sur la montagne, auprès de Jésus « assis », les disciples s’approchent. Telle est la communion, à l’écart, avec lui. Le Maître ouvre sa bouche et neuf fois de suite répète : « Bienheureux… Bienheureux… Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux » (Matthieu 5.1-12). C’est la première scène de l’évangile, où il apporte le bonheur à ceux qui vont le suivre, un bonheur qui trouve sa part en haut et non sur la terre. A la fin de son ministère, combien de fois le Seigneur devra répéter : « Malheur… Malheur », parce qu’il aura été rejeté (chapitre 23). Sur cette montagne, Celui qui avait promulgué la loi en Sinaï en reprend certains termes pour montrer que dans le royaume on ne sera plus jugé seulement d’après les fruits portés – les actes que l’on peut voir dans nos vies – mais selon les intentions du cœur. Maintenant, au milieu des siens, il personnifie la grâce, apportant une atmosphère paisible et bénie, telle que Moïse l’avait rencontrée en Horeb, lorsque « Je suis » avait « vu » et « entendu » la misère de son peuple et était « descendu » pour le délivrer (Exode 3).
Pour appeler les douze, Jésus s’en va à nouveau sur une montagne, tout d’abord pour prier : « Et il passa toute la nuit à prier Dieu » (Luc 6.12). Ce choix allait être décisif pour toute la vie de ces hommes. « Dès le commencement » (Jean 6.64), Jésus savait ce qu’il adviendrait de chacun d’eux, en particulier de Judas qui le livrerait. Il change leurs noms parfois, mais pas leur caractère. Il faudra toute l’éducation divine pour transformer Boanergès (fils de tonnerre) en « le disciple que Jésus aimait » ; ou Thomas souvent incrédule et discuteur en un disciple fidèle. Dans ce but, l’Homme parfaitement dépendant avait passé toute une nuit à prier.
Combien il est important de consacrer du temps à la prière, avant de faire nos choix et de prendre nos décisions.
Sur cette montagne, Jésus avait appelé « ceux qu’il voulait » (Marc 3.13), non pas ceux qui le désiraient ! Job avait dit : « J’ai appelé mon serviteur, et il n’a pas répondu » (Job 19.16) ; sur la montagne où le Maître allait « établir » ses disciples, eux vinrent à lui ! Quel était le but de son appel ? Il était triple.
Tout d’abord, « pour être avec lui ». Avant de s’engager dans tout service, il est nécessaire de passer un temps suffisant avec lui, pour être formé, enseigné, préparé. Pendant trois ans, le Seigneur Jésus allait consacrer tant de cœur. et d’efforts à la formation de ses disciples. Ils seraient avec lui sur la montagne, sur la mer, sur le chemin, jusqu’au jardin de la nuit.
Ensuite, « pour les envoyer prêcher ». Par leur moyen, le témoignage précis et précieux rendu à sa personne et à son œuvre, dépasserait les limites de Jérusalem et de la Samarie, et s’étendrait « à toute la création » (Marc 16.15). Prédication orale ; prédication écrite ; prédication, aussi et surtout, par la vie et la conduite.
Enfin, « pour avoir autorité de guérir les maladies et de chasser les démons ». Pas seulement les miracles, signes de la puissance de Dieu pour introduire l’évangile, mais le miracle bien plus grand du salut d’une âme, de sa délivrance de la puissance de Satan.
Plus d’une fois Jésus s’en va seul à l’écart pour prier. Sans cesse entouré de malades, d’impotents, de multitudes qui le harcelaient, il avait besoin de cette intimité avec son Père, dans la solitude. Après la première multiplication des pains, alors que la foule parlait de « venir et l’enlever pour le faire roi », il se retire sur la montagne, lui tout seul (Jean 6.15). Il avait dû « contraindre » les disciples de monter dans la barque et de le précéder à l’autre rive, tandis qu’il renvoyait la foule (Matthieu 14.22). Les disciples étaient en danger d’être adulés par cette foule de gens, ou de désirer que le Messie rejeté prenne une place qu’il ne devait recevoir que plus tard. Après avoir accompli un service heureux, veillons à chercher à disparaître plutôt que de recevoir compliments et louanges. En repensant au service accompli, seul dans la présence de Dieu, on en discerne les lacunes et les faiblesses, plutôt que d’en tirer gloire (voir Marc 6.30)
Sur cette montagne, Jésus prie. Les disciples sont au milieu de la mer. Il les voit se tourmenter à ramer. Le vent est contraire, et pendant des heures, ils n’avancent que de quelques kilomètres. Lui les voyait et intercédait pour eux. Eux l’avaient oublié. Lorsque Jésus vient à eux, marchant sur la mer, ce que personne ne pouvait faire, ils croient voir un fantôme au lieu d’accueillir leur Maître (Matthieu 14.23-27).
On trouve plusieurs autres montagnes dans les évangiles. Mais il en est une plus haute que les autres (Matthieu 17.1 ; Marc 9.2), où Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les mène à l’écart. Ils avaient été les témoins de la résurrection de la fille de Jaïrus. Plus tard, il les inviterait à veiller avec lui au jardin de Gethsémané.
Entre ces deux étapes, ils se retrouvaient à l’écart, tout seuls avec leur Maître. Sur la montagne, lui priait, alors qu’eux-mêmes étaient accablés de sommeil. « Quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire ! » (Luc 9.32 ; voir Matthieu 17.1-8 ; 2 Pierre 1.17).
« Après six jours, Jésus », précisent les évangiles de Matthieu et Marc. Après six jours de travail, de service, ils passent un jour avec Jésus pour le contempler. Luc nous dit « environ huit jours après » : ce huitième jour nous parle du premier jour d’une nouvelle semaine. Pourquoi fallait-il que les disciples dorment, comme au jardin où ils s’endormiront de tristesse ? Pourquoi nos esprits sont-ils si souvent préoccupés, ensommeillés, indifférents même, lorsque, réunis autour du Seigneur, nous annonçons sa mort et contemplons sa gloire ?
Quand leurs yeux s’ouvrirent, ils le voient resplendissant « comme un éclair » ; deux hommes, Moïse et Élie, parlaient avec lui « de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem ». Au jour de la résurrection, sur le chemin d’Emmaüs, l’Homme ressuscité rappellera qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il entrât dans sa gloire. Les souffrances devaient être sa part, les gloires viendraient plus tard. Sur « la sainte montagne » (2 Pierre 1.18), on en a déjà l’esquisse. La gloire qui brille là n’est pas seulement celle du Messie. Tandis que Moïse et Élie disparaissent, la Voix, qui avait déjà retenti au Jourdain, se fait à nouveau entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ». Le Père présente pour ainsi dire le Fils, qui, avec le législateur et le prophète, venait de présenter l’œuvre. Les disciples se retrouvent avec « Jésus seul ». Les temps de Moïse et d’Élie sont révolus ; « Jésus seul » doit être écouté. La vision de la gloire millénaire a disparu. Devant leurs yeux demeure Celui qui, depuis toujours, était, est et sera, le Fils bien-aimé du Père.
Sur la montagne des Oliviers, face à Jérusalem, Jésus prononce le grand discours prophétique qui annonce la fin de la cité, et les événements des derniers jours. Il y passe les dernières nuits de son ministère, alors qu’aucune maison ne l’accueillait à Jérusalem (Luc 21.37). Dans le jardin, au pied de cette montagne, il connaît les terribles heures de l’agonie. A Béthanie, derrière ce même mont des Oliviers, le Sauveur ressuscité, levant ses mains en haut, bénit les siens, et est élevé dans le ciel (Luc 24.50-52 ; Actes 1.12). Sur cette même montagne, il posera ses pieds au jour de son apparition glorieuse (Zacharie 14.4), afin de délivrer le reste de son peuple qui aura reconnu sa culpabilité et crié à lui à travers les détresses de la grande tribulation.
Avant l’ascension, il leur était apparu « en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d’aller » (Matthieu 28.16-20). Sur cette montagne de la résurrection, le Vainqueur de la mort, à qui toute autorité a été donnée, s’approche, et confie aux siens l’ordre (répété sous diverses formes à la fin de chaque évangile et au début des Actes) d’aller faire disciples toutes les nations, les baptisant pour le nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur enseignant à garder toutes les choses qu’il leur avait commandées : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Matthieu 28.20).
Ne vaut-il pas la peine d’aller, comme lui, de temps à autre « sur la montagne » ? Pas seulement dans la solitude (qui peut comporter de graves tentations) mais dans la présence de Dieu. Pas seulement une heure ou deux, mais un jour, deux jours, trois jours…
Allons souvent aussi « à la montagne de la myrrhe » (Cantique des cantiques 4.6), qui nous parle des souffrances insondables endurées pour nous, sous le jugement de Dieu contre le péché ; « montagne » qui, par sa hauteur, reste inaccessible pour nous.
Montons aussi à la « colline de l’encens », où nous pouvons, en réponse à tout son amour, lui offrir, et par lui au Père, le parfum de l’adoration « jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient ». Alors « je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu » (1 Corinthiens 13.12).
Georges ANDRÉ
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