SANCTIFIEZ-VOUS POUR DEMAIN
Lecture biblique : Josué 7.6-26
Josué, l’homme de Dieu ? Hélas ! il déchire ses vêtements et se jette le visage contre terre devant l’arche de l’Éternel (v.6). Où était-elle donc dans le combat contre Aï, cette arche devant laquelle étaient tombés les murs de Jéricho ? Le cœur pieux de Josué en reconnaît la valeur ; mais il ne sait que faire ; il ignore l’interdit et s’exhale en regrets, non point en regrets de ce qu’il a fait, ni de ce que le peuple a fait, mais, hélas ! en regrets de ce que Dieu a fait lui-même, quand il leur fit passer le Jourdain ! « Que nous fussions demeurés au-delà du Jourdain ! » dit-il. Comme ces paroles montrent bien ce qu’est le cœur de l’homme ! Cet endroit béni est le seul que Josué eût voulu fuir.
Le ton de sa requête révèle de la faiblesse. Ce qui occupe ses pensées, c’est avant tout Israël, le nom d’Israël ; puis ce sont les Cananéens, le monde. « Israël a tourné le dos devant ses ennemis ». « Le Cananéen et tous les habitants du pays l’entendront » ; « ils retrancheront notre nom de dessus la terre ». Puis, tout à la fin : « Que feras-tu pour ton grand nom ? » (v.8,9). L’exemple que nous offre l’histoire de Moïse est bien différent (Exode 32.11-13). Ce fidèle serviteur avait été sur la montagne de Dieu. Cette position fait que Dieu lui révèle le mal qui s’est passé dans le camp ; le péché du peuple ne reste pas caché aux yeux de Moïse ; il le connaît avant de descendre de la montagne. Pense-t-il à la honte d’Israël ? Non ; il s’occupe du nom de l’Éternel, de ce qui convient à ce nom. Il reconnaît les droits de la sainteté de Dieu offensée. Quant aux nations, il ne s’inquiète que de ceci : Dieu sera-t-il glorifié vis-à-vis des Égyptiens, par la défaite de son peuple ? Quant à Israël, il fait appel à la grâce de Dieu, à la seule chose qui glorifie le nom de l’Éternel en présence d’Israël coupable. Moïse intercède pour le peuple, car il n’a pas besoin, comme Josué, de retrouver pour lui-même la communion perdue ; aussi est-il écouté. Josué, au contraire, est précisément dans la position où il ne devrait pas être. « Lève-toi », lui dit l’Éternel, « pourquoi te jettes-tu ainsi sur ta face ? » (v.10). S’humilier de son impuissance n’était pas tout. Il était temps d’agir. Nous trouvons le contraire en Juges 20, où Israël aurait dû s’humilier d’abord, puis agir. Misérable chair ! Quel désordre elle introduit dans les choses de Dieu ! Toujours hors du courant de ses pensées, quand elle n’est pas en hostilité ouverte avec lui ! Puissions-nous répéter avec l’apôtre : « Nous qui n’avons aucune confiance en la chair ». Josué devait agir ; il fallait que le méchant fût ôté du milieu d’eux.
Les enfants d’Israël avaient bientôt oublié la présence de l’Éternel qui seul pouvait les éclairer, en découvrant le péché au milieu d’eux ; Josué, lui-même, avait été pris en quelque mesure dans ce piège de Satan, et enveloppé dans l’affaiblissement du peuple. S’il avait réalisé personnellement la position prise au chapitre 5, quand « il ôtait sa sandale de son pied », il aurait compris qu’il fallait que le peuple fût saint, afin que le Dieu saint pût marcher avec lui. Mais Josué se jette sur son visage, fait presque un reproche à Dieu de sa grâce : « Pourquoi donc as-tu fait passer le Jourdain à ce peuple ? » et oublie de parler de sa sainteté. Il n’était pas, pour le moment du moins, dans le courant des pensées de Dieu. Dieu le lui fait sentir. Aucune de ses pensées n’était à sa place. Quand l’interdit entre dans le témoignage de Dieu, la chose à faire est de nous sanctifier et d’ôter le mal du milieu de nous. Il ne s’agit pas ici de puissance, mais de sainteté et d’obéissance. Dieu dit à Josué : « Lève-toi, sanctifie le peuple ». Se sanctifier, c’est se séparer de tout mal pour Dieu. Il est impossible que Dieu marche avec nous sans la sainteté.
Chers lecteurs, c’est une des vérités les plus importantes pour le temps actuel. Ce qui doit nous caractériser maintenant, c’est, comme pour Philadelphie, la communion avec le « Saint et le Véritable ». Remarquez que je ne parle ici que d’un cas ordinaire de retranchement, et non d’un cas de discipline compliqué par l’incapacité de l’assemblée pour juger le mal. Mais, direz-vous, vous négligez l’humiliation ? Non ; la vraie humiliation dans un cas de retranchement, accompagne l’action. Il fallait qu’Israël, soit le peuple, soit chacun individuellement, fût passé en revue par l’œil scrutateur de l’Éternel lui-même (v.14-15) ; leur conscience était ainsi réveillée, le mal jugé ; chacun prenait sa place en présence du jugement. Il en fut de même lors du retranchement du méchant de Corinthe. « La tristesse qui est selon Dieu » avait opéré chez les Corinthiens « une repentance à salut dont on n’a pas de regret ». L’humiliation avait été produite par la tristesse, mais cette même tristesse avait produit l’activité et le zèle pour purifier du mal l’assemblée de Dieu, en sorte que la vraie humiliation et l’action avaient marché de pair. « Car voici, ce fait même que vous avez été attristés selon Dieu, quel empressement il a produit en vous, mais quelles excuses, mais quelle indignation, mais quelle crainte, mais quel ardent désir, mais quel zèle, mais quelle vengeance » (2 Corinthiens 7.10-11).
Revenons à la sainteté. Au chapitre 5, Josué nous présente la sainteté individuelle, au chapitre 7, il s’agit de sainteté collective. Il fallait que le peuple ôtât l’interdit qui était entré au sein de l’assemblée, afin qu’Israël ne fût pas souillé, et n’eût pas lui-même le caractère d’interdit. Il est rare de trouver parmi les chers enfants de Dieu l’intelligence de ces deux faces de la sainteté pratique. La plupart du temps, les chrétiens recherchent la première, une sainteté individuelle, mais ils n’estiment la seconde d’aucune importance. J’ai pris souvent un exemple pour montrer que la sainteté individuelle n’est jamais complètement comprise, si l’on ne réalise pas la sainteté collective : Mon fils est d’un caractère irréprochable. Tout le monde parle de lui et de ses vertus. On l’estime dans la ville ; de toutes parts on me dit : « Quel bon fils vous avez ! » Or ce fils, qui du reste ne s’enivre pas, va tous les jours passer la soirée au cabaret, en compagnie des ivrognes, au lieu de rester à la maison de son père, pour s’asseoir à la table de famille. Puis-je l’appeler un bon fils ?
En 2 Corinthiens 6.16 à 7.1, nous trouvons la liaison intime entre ces deux faces de la sainteté. Dieu commence par la sainteté collective. « Vous êtes le temple du Dieu vivant » (v.16). « Le temple de Dieu est saint », est-il dit en 1 Corinthiens 3.17 ; c’est la sainteté de position. Quelle convenance entre lui et les idoles ? « C’est pourquoi sortez du milieu d’eux et soyez séparés » (v.17) ; c’est la sainteté pratique collective. Puis il ajoute (7.1) : « Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu ». C’est la sainteté individuelle, inséparable de la sainteté collective et des promesses qui lui sont faites.
Mais la sainteté collective n’est pas comprise parmi les enfants de Dieu, qui voudraient, hélas ! traverser le monde en ne s’inquiétant pas des autres chrétiens. La solidarité du peuple de Dieu leur est une chose inconnue. On entend souvent dire : « Oh ! moi, je ne me préoccupe pas des autres ; je me trouve seul avec mon Dieu ; je prends la cène pour moi », etc. Ah ! ce n’est pas ainsi que Dieu nous considère. Je le répète : il nous voit tous ensemble comme formant un seul corps, uni par le Saint-Esprit à son Fils glorifié. Le péché, la souffrance d’un membre, est le péché, la souffrance du corps. Un mot en passant sur cette parole que l’on trouve si souvent dans la bouche des chrétiens : « Je prends la cène pour moi ». Que répond l’Écriture ? « Nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Corinthiens 10.17). Quels sont les « plusieurs » avec qui vous professez être un seul corps ? Pour excuser votre alliance avec le monde à la table du Seigneur, vous prenez, dites-vous, la cène pour vous seul ; et vous ne voyez pas que vous professez être un seul corps avec les meurtriers de votre Sauveur, car c’est le monde qui l’a crucifié !
Remarquez encore un point. Dieu dit : « Sanctifiez-vous pour demain » (v.13). Ce n’est pas au moment de l’action qu’il faut se sanctifier, mais nous sommes appelés à le faire d’avance. D’où vient si souvent notre incapacité de juger le mal, d’agir pour Dieu ? De ce que nous ne nous sommes pas sanctifiés le jour précédent. D’où vient qu’au culte les cœurs, si souvent, sont froids, les lèvres muettes pour la louange ? De ce que nous n’avons pas obéi à la Parole : « Sanctifiez-vous pour demain ». Il en est de même en 1 Corinthiens 5. L’apôtre avait bien la puissance, mais non pas les Corinthiens. Eux devaient simplement obéir, en ôtant le vieux levain pour être une nouvelle pâte ; il leur fallait ôter le méchant du milieu d’eux. - Acan avait participé à ce qui était sous la malédiction divine ; il devait être simplement retranché, et il le fut dans la vallée d’Acor.
Mais, chose merveilleuse, nous lisons en Osée 2.15, cette parole consolante touchant Israël : « Je lui donnerai… la vallée d’Acor pour une porte d’espérance ». Or, bien-aimés, il en est toujours ainsi. La bénédiction nous est donnée sur le seuil même du jugement. C’est en ce lieu que l’âme, lors de sa conversion, trouve la porte d’espérance, c’est là qu’elle rencontre Christ. C’est ensuite dans la discipline que le croyant trouve le lieu d’espérance et de joie. Ce sera là, dans cette vallée, où le jugement de Dieu a été prononcé contre lui, que le peuple d’Israël trouvera la bénédiction de Dieu ; ce fut là que Josué trouva le relèvement de son âme, pour marcher désormais avec Dieu et conduire le peuple à la victoire.
H.R.
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