LA PREMIÈRE TROMPETTE
Le livre de l’Apocalypse présente trois séries de jugements : ceux qui se produisent à l’ouverture de chacun des sept sceaux du livre remis entre les mains de l’Agneau; ceux qui s’enchaînent au son des sept trompettes, données aux sept anges qui se tiennent devant Dieu ; et ceux qui frappent la terre lorsque les sept coupes sont versées par les sept anges tenant sept fléaux, les derniers ; fléaux par lesquels s’accomplit la colère de Dieu.
L’interdépendance des trois séries de jugements
Ces trois séries de jugements sont interdépendantes et elles s’enchaînent dans une relation de cause à effet, pour nous amener finalement au seuil même du retour en gloire de Christ.
Le septième sceau, la septième trompette et la septième coupe déclenchent trois jugements simultanés auxquels correspondent, dans le ciel, trois manifestations de la souveraineté absolue de Dieu :
A l’ouverture du septième sceau, la prière des martyrs est exaucée (8.1-6).
Au son de la septième trompette, nous assistons au couronnement du Roi :« Le septième ange sonna de la trompette. Et il y eut dans le ciel de fortes voix qui disaient: Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ; et il régnera aux siècles des siècles. Et les vingt-quatre anciens, qui étaient assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs faces, et ils adorèrent Dieu, en disant: Nous te rendons grâces, Seigneur Dieu tout puissant, qui es, et qui étais, de ce que car tu as saisi ta grande puissance et pris possession de ton règne. Les nations se sont irritées; et ta colère est venue, et le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui détruisent la terre. Et le temple de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l'arche de son alliance apparut dans son temple. Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, un tremblement de terre, et une forte grêle. » (Apocalypse 11.15-19)
Lorsque le septième ange, verse sa coupe dans l’air, le châtiment de Babylone est proclamé: «Le septième versa sa coupe dans l'air. Et il sortit du temple, du trône, une voix forte qui disait: C'en est fait! Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, et un grand tremblement de terre, tel qu'il n'y avait jamais eu depuis que l'homme est sur la terre, un aussi grand tremblement. Et la grande ville fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent, et Dieu, se souvint de Babylone la grande, pour lui donner la coupe du vin de son ardente colère » (16.17-19); et encore : « Après cela, je vis descendre du ciel un autre ange, qui avait une grande autorité; et la terre fut éclairée de sa gloire. Il cria d'une voix forte, disant: Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande! Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux, parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, et que les rois de la terre se sont livrés avec elle à l'impudicité, et que les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe. Et j'entendis du ciel une autre voix qui disait: Sortez du milieu d'elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n'ayez point de part à ses fléaux. Car ses péchés se sont accumulés jusqu'au ciel, et Dieu s'est souvenu de ses iniquités. Payez-la comme elle a payé, et rendez-lui au double selon ses œuvres. Dans la coupe où elle a versé, versez-lui au double. Autant elle s'est glorifiée et plongée dans le luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu'elle dit en son cœur: Je suis assise en reine, je ne suis point veuve, et je ne verrai point de deuil! A cause de cela, en un même jour, ses fléaux arriveront, la mort, le deuil et la famine, et elle sera consumée par le feu. Car il est puissant, le Seigneur Dieu qui l'a jugée. » (18.1-8)
Pour la plupart des commentateurs, l’intervalle observé à chaque fois entre le sixième et le septième jugement de chaque série est motivé par l’exceptionnelle gravité du septième jugement et par la convergence des événements vers la gloire finale du retour de Christ.
A la lecture de tous les jugements divins qui vont s’abattre sur la terre et sur les êtres humains, il y a de quoi être effrayé. Cependant, nous devons rester en paix, pleins de confiance en notre Dieu - qui a le contrôle de tout - et en son Fils bien-aimé qui revient chercher son Église. N’a-t-il pas déclaré : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l'été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte. »
Le Psalmiste déclare (Psaume 46) : « Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. C'est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, et que les montagnes chancellent au cœur des mers, quand les flots de la mer mugissent, écument, se soulèvent jusqu'à faire trembler les montagnes ».
Bannissons de nos cœurs toute crainte, toute frayeur devant les catastrophes naturelles qui surviennent, et devant les bouleversements mondiaux. Notre Dieu est aux commandes. Il est assis sur son trône très élevé, et il domine sur toutes choses.
Le Psalmiste s’arrête ; il marque une pause, un temps de réflexion, de méditation, et il poursuit : « Il est un fleuve dont les courants réjouissent la cité de Dieu, le sanctuaire des demeures du Très Haut. Dieu est au milieu d'elle: elle n'est point ébranlée; Dieu la secourt dès l'aube du matin. Des nations s'agitent, des royaumes s'ébranlent; il fait entendre sa voix: la terre se fond d'épouvante. L'Éternel des armées est avec nous, Le Dieu de Jacob est pour nous une haute retraite. »
Mes amis, notre Seigneur, est avec nous chaque jour, il l’a promis. Il est notre secours, il est un sûr abri, un refuge inébranlable, une forteresse pour les siens.
Le Psalmiste s’arrête à nouveau pour réfléchir et méditer, et il termine le Psaume par ces mots remplis d’une ferme espérance dans le triomphe final de l’Éternel: « Venez, contemplez les œuvres de l'Éternel, les ravages qu'il a opérés sur la terre! C'est lui qui a fait cesser les combats jusqu'au bout de la terre; il a brisé l'arc, et il a rompu la lance, il a consumé par le feu les chars de guerre. Arrêtez, et sachez que je suis Dieu: je domine sur les nations, je domine sur la terre. L'Éternel des armées est avec nous, le Dieu de Jacob est pour nous une haute retraite. »
Il est bon que nous ayons une pleine confiance en notre Dieu qui tient tout dans sa main : le destin des nations, le destin d’Israël, le destin de l’Église, notre propre vie. Tout est dans sa main. Apprenons à nous reposer en paix en Christ, apprenons à lui faire confiance pour aujourd’hui et pour demain. Disons comme David : « Mes destinées sont dans ta main. » (Psaume 31.16)
L’apôtre Jean écrit: « Et je vis les sept anges qui se tiennent devant Dieu, et sept trompettes leur furent données. » (Apocalypse 8.2)
Sept anges
Ce que la Parole de Dieu précise, mérite toute notre attention. Il est dit : « ...qui se tiennent devant Dieu. » C’est la même expression que celle dont Gabriel s’est servi auprès de Zacharie, le père de Jean-Baptiste : « L'ange lui répondit: Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu; j'ai été envoyé pour te parler, et pour t'annoncer cette bonne nouvelle. » (Luc 1.19)
Il y a des multitudes d’anges ; mais ils sont différents les uns des autres. Tous n’ont pas les mêmes prérogatives, les mêmes dignités ; tous ne reçoivent pas les mêmes charges et les mêmes missions. Ils portent des noms différents : Anges, archanges, séraphins, chérubins…
En se présentant à Zacharie, Gabriel ne dit pas : « Je suis l’une des créatures célestes les plus élevées en dignité (ce qui est vrai). Mais il se contente de ces simples mots : « Je me tiens devant Dieu ». Il est humble ; et l’humilité garde les anges aussi bien que les hommes. Les démons sont ceux que l’orgueil a égarés. Soyons connus de Dieu comme ceux qui se tiennent devant lui, qui chérissent sa présence et aspirent constamment à sa communion. Ne cherchons ni les titres, ni les honneurs, ni les positions en vue, mais travaillons à être les amis de Dieu. Le prophète Élie était un homme de cette trempe. S’adressant au roi Achab, il dit : « l’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens. » (1 Rois 17.1)
Les anges auxquels les trompettes sont remises appartiennent donc à cette catégorie de créatures célestes qui sont toujours proches du trône de Dieu, et que Dieu emploie aux tâches les plus hautes et les plus redoutables. Ce sont eux qui vont déclencher les derniers jugements.
A cet effet, ils ont reçu des trompettes. Il est souvent question de cet instrument dans l’Ancien Testament. Il n’avait rien de nos trompettes modernes. Il avait la forme d’un très long tube, avec une extrémité recourbée qui allait en s’évasant. Il avait un son très puissant et grave, une sorte de mugissement. Considéré comme sacré, il était joué par les sacrificateurs, matin et soir, ainsi que dans toutes les solennités religieuses. Bien évidemment, ce sont des trompettes de ce genre que Jean a vu remettre aux anges.
Dans l’Écriture, la trompette sert généralement à donner un signal ; elle sert à rassembler une armée, à annoncer un danger, comme à publier l’intronisation d’un roi.
Si les anges doivent en sonner, c’est afin de prouver que les fléaux qui vont fondre sur la terre accomplissent les jugements de Dieu, et qu’ils ne sont pas l’effet du hasard ou d’une fatalité aveugle.
Le silence céleste d’une demi-heure dans le ciel, prendra fin avec la sonnerie de la première trompette.
Que va-t-il se passer alors sur la terre ?
La première trompette
Il est écrit : « Le premier sonna de la trompette. Et il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui furent jetés sur la terre; et le tiers de la terre fut brûlé, et le tiers des arbres fut brûlé, et toute herbe verte fut brûlée. »
La grêle évoque la soudaineté et la violence. On sait que les averses de grêle sont aussi soudaines que brutales. La mention du feu et du sang semble préciser que le fléau sera mortel.
Pour beaucoup de commentateurs, ces trois fléaux (la grêle, le feu, et le sang) ont un sens figuré, spirituel : l’herbe évoquerait l’impiété et les richesses des tyrans, les arbres rappelleraient l’orgueil démesuré des grands.
Il est écrit au Psaume 92.8 : « Si les méchants croissent comme l'herbe, si tous ceux qui font le mal fleurissent, c'est pour être anéantis à jamais. »
Le Psaume 103.15-16 déclare : « L'homme! ses jours sont comme l'herbe, il fleurit comme la fleur des champs. Lorsqu'un vent passe sur elle, elle n'est plus, et le lieu qu'elle occupait ne la reconnaît plus. »
Nous lisons dans l’épître de Jacques 1.10-11 : «Le riche… passera comme la fleur de l'herbe. Le soleil s'est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l'herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu: ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises. »
Le prophète Esaïe dit : « La grêle emportera le refuge de la fausseté, et les eaux inonderont l'abri du mensonge. Votre alliance avec la mort sera détruite, votre pacte avec le séjour des morts ne subsistera pas; quand le fléau débordé passera, vous serez par lui foulés aux pieds. » (28.17-18)
Que de fois l’Écriture compare les orgueilleux et les despotes à des arbres destinés à être abattus et déracinés ! Daniel, expliquant la vision du roi Nébucadnetsar, lui dit : « Cet arbre, dont le feuillage était beau et les fruits abondants, qui portait de la nourriture pour tous, sous lequel s'abritaient les bêtes des champs, et parmi les branches duquel les oiseaux du ciel faisaient leur demeure, c'est toi, ô roi, qui es devenu grand et fort, dont la grandeur s'est accrue et s'est élevée jusqu'aux cieux, et dont la domination s'étend jusqu'aux extrémités de la terre. » (Daniel 4.21-22)
Nous ne doutons pas du bien-fondé de l’interprétation de tous ces commentateurs. Toutefois, il est bon de rappeler que la grêle, le feu et le sang, qui représentent et symbolisent la destruction, rappellent deux des plaies d’Égypte :
Moïse dit à Pharaon : « Ainsi parle l'Éternel: à ceci tu connaîtras que je suis l'Éternel. Je vais frapper les eaux du fleuve avec la verge qui est dans ma main; et elles seront changées en sang. » (Exode 7.17)
Exode 9.23-24 : « Moïse étendit sa verge vers le ciel; et l'Éternel envoya des tonnerres et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L'Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d'Égypte. Il tomba de la grêle, et le feu se mêlait avec la grêle; elle était tellement forte qu'il n'y en avait point eu de semblable dans tout le pays d'Égypte depuis qu'il existe comme nation. »
Au Psaume 105.32, le Psalmiste rappelle comment l’Éternel a frappé le pays d’Égypte : « Il leur donna pour pluie de la grêle, des flammes de feu dans leur pays. »
Nous avons donc tout lieu de penser que ces fléaux envoyés au son de la première trompette, n’ont pas un sens figuré, mais un sens littéral. Tout ce dont nous sommes les témoins dès maintenant, nous autorise à voir sans peine dans ces versets l’évocation d’un terrible désastre écologique au cours duquel le tiers de la terre, le tiers des arbres, et toute herbe verte seront brûlés. Nous y voyons la nature se retournant contre l’homme, après que celui-ci se soit détourné de son Créateur.
Ce qui est certain, c’est que notre texte ne fait pas allusion à une grêle courante, mais à un réel cataclysme, semblable à celui qui détruisit Sodome et Gomorrhe.
Il se produit à toutes les époques des cataclysmes qui dépassent la mesure habituelle des orages, des chutes de grêle, etc… Suscitant l’angoisse et la panique, ils sont particulièrement faits pour ébranler les incrédules et pour les avertir. En effet, il ne suffit pas d’enregistrer ces phénomènes aussi méticuleusement que possible et d’en expliquer scientifiquement l’origine, comme si le monde n’était qu’un vaste mécanisme. Or, c’est ce que l’être humain se borne à faire aujourd’hui. La révélation qui est donnée à Jean les situe sur le vrai plan, le plan spirituel, et nous montre comment ces phénomènes doivent être interprétés à notre époque. Or, les grands, les puissants, les scientifiques, les politiques cherchent des solutions humaines pour retarder l’échéance d’un chaos écologique universel. Mais quelle voix s’élève, allant au-delà d’une analyse purement scientifique, pour crier que l’humanité s’est détournée de Dieu, progresse dans l’arrogance et l’étendue du péché, et qu’il est temps qu’elle se repente ? Entendons-nous cet appel dans les églises ?
Ce qui se passe sous nos yeux, et qui va s’amplifier, sont bien plus que les simples effets de causes météorologiques et géologiques. Ils font partie des signes des temps, anticipant et annonçant l’écroulement définitif du monde. Ils sont comme des messagers précédant le gros de la troupe.
Certains commentateurs vont jusqu’à penser (et cette supposition n’est pas déraisonnable, loin s’en faut) qu’il peut s’agir là, dans notre texte, d’une explosion d’origine atomique. Le terme « brûler », répété trois fois, paraîtrait l’indiquer. C’est celui qui revient dans toute description des effets d’une telle explosion. Le sol, et tout ce qui s’y trouve, est littéralement brûlé. Cette description faite par Jean correspond à celles que les médias ont retransmis au sujet de la bombe atomique. De plus, le fait qu’un tiers de la terre est atteint s’accorde avec ce que nous savons de la puissance formidable de l’atome. Nous sommes loin de soupçonner les réserves d’armes de destruction dont les nations disposent dans leurs arsenaux secrets. Ce qui était incompréhensible autrefois, apparaît comme une effrayante réalité pour aujourd’hui et pour demain.
Quoi qu’il en soit, la plaie de la première trompette sera l’œuvre de Dieu, exerçant ses jugements sur une humanité impie, selon qu’il est écrit : « Les nations se sont irritées; et ta colère est venue, et le temps est venu de juger les morts, de récompenser tes serviteurs les prophètes, les saints et ceux qui craignent ton nom, les petits et les grands, et de détruire ceux qui détruisent la terre. » (Apocalypse 11.18)
Par la bouche du prophète Joël, l’Éternel déclare : « Je ferai paraître des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang, du feu, et des colonnes de fumé. »
Dieu parlait à Job des « dépôts de grêle » tenus « en réserve pour les temps de détresse, pour les jours de guerre et de bataille » (Job 38.22-23). Il s’agit bien ici d’un sens littéral. Cette détresse, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis que les nations existent, n’est-elle pas imminente ?
Eduard Thurneysen (théologien protestant) a écrit : « Le monde ressemble à un fleuve qui va au-devant d’une cataracte. En amont de celle-ci, et jusqu’à une certaine distance, des remous et des tourbillons en constituent les signes précurseurs. Nous comprenons maintenant ce que veulent dire ces tourbillons et ces remous dans le cours de notre époque : nous les interprétons comme les signes de la fin. (fin de citation)
Au son de la première trompette, avec le fléau de la grêle, du feu et du sang, le tiers de la terre, et le tiers des arbres sont brûlés. Les calamités déclenchées ne frappent donc que le tiers de ce qu’elles auraient pu détruire entièrement. Nous y voyons là encore, une des marques de la patience, de la miséricorde de Dieu dans ses jugements, afin de donner lieu, si possible, à la repentance et à la conversion.
Trouvons là, mes chers frères et sœurs, un grand encouragement à la prière persévérante pour la conversion des perdus, un stimulant pour le témoignage et une puissante invitation au travail inlassable d’évangélisation.
Paul BALLIERE
www.batissezvotrevie.fr
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