LE CÉLIBAT DES PRÊTRES

 

 

LE CÉLIBAT DES PRÊTRES

 

          Deux des plus grandes autorités de l’Église catholique, Thomas d’Aquin et Bellarmin, déclarent que la défense faite aux prêtres de se marier n’est pas de « droit divin », mais simplement humain. De l’aveu même de ces docteurs, le célibat obligatoire des prêtres n’a donc aucun fondement dans l’Évangile. Il suffi d’ailleurs d’ouvrir le saint volume pour avoir la confirmation de ce fait.

          Les apôtres, à l’exception peut-être de Paul et de Jean, étaient mariés : « Étant allé dans la maison de Pierre, Jésus trouva sa belle-mère alitée avec la fièvre. » (Matthieu 8.14) « N’avons-nous pas le droit, dit Paul, de mener avec nous une sœur, une femme, de même que les apôtres et les frères du Seigneur et Céphas ? », c’est-à-dire Pierre (1 Corinthiens 9.5). C’est là un fait attesté par Saint Ambroise, qui dit expressément : « Tous les apôtres, excepté Jean et Paul, ont eu une femme ».

          L’épître aux Hébreux déclare solennellement : « Que le mariage soit honoré de tous » (Hébreux 13.4), sans aucune exception quelconque. Et Paul commande que les évêques et les diacres gouvernent bien leur famille et élèvent pieusement leurs enfants (1 Timothée 3.2-4). Prophétisant ce qui devait se produire plus tard, le même apôtre s’écrie : « L’Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, certains renieront la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines diaboliques séduits par des menteurs hypocrites marqués au fer rouge dans leur conscience : ces gens-là interdisent le mariage et l’usage d’aliments... » (1 Timothée 4.1-3).

          D’ailleurs, à l’exemple des apôtres, les premiers pasteurs de l’Église primitive étaient mariés. Le célibat n’était que l’exception, comme il l’est toujours dans la vie ordinaire.

          Il est vrai que de bonne heure il se glissa dans l’Église une erreur fâcheuse. Dès la fin du 2° siècle on commença à considérer le célibat comme plus agréable à Dieu et plus saint que le mariage. Dès lors on le recommanda naturellement aux pasteurs comme une chose désirable mais non obligatoire. C’est ce que reconnaît formellement le Concile de Nicée en 325. En définitive le célibat n’est devenu obligatoire qu’au XI° siècle, sous le pape Grégoire VII. A cette époque-là, et même au siècle suivant, on trouve encore bien des prêtres mariés, ayant même des enfants qui leur succédaient dans leurs charges. En 1183, le 27 mars, le pape Luce III, « évêque, serviteur des serviteurs de Dieu », écrit aux religieux de l’abbaye de Blanche-Lande (non loin de Coutances, Normandie) : « il est venu à notre connaissance que presque tous vos prêtres étaient mariés suivant la mauvaise coutume du pays, et, ayant des fils, lorsque vous ne permettez pas à ces fils de succéder à leurs pères comme par droit héréditaire dans les églises de votre dépendance, ils s’entendent avec des archidiacres ou des laïques et s’efforcent d’occuper ces églises. »

          Ainsi les canons de Grégoire VII n’avaient pas été imposés aux prêtres de Normandie. Si le pape condamne la coutume, il transige avec elle et n’ose pas encore interdire, sous peine d’anathème, le mariage des prêtres.

          Dans l’église d’Orient le mariage des prêtres s’est continué jusqu’à aujourd’hui.

          Le célibat forcé des prêtres est donc, dans toute la force du terme, un de ces « commandements d’homme » qui anéantissent les commandements de Dieu. Il est aussi contraire aux lois de la nature qu’à la loi divine. Il nous place aux antipodes mêmes de l’Évangile. Mais ce n’est pas impunément qu’on veut être plus sage que le Très-Haut. Aussi le pape Pie II est-il obligé de faire cet aveu : « Si par de bonnes raisons on a ôté le mariage aux prêtres, par de meilleurs il faudrait le leur rendre ». Après cet aveu d’un pape il n’y a rien à ajouter.

 

F. MARSAULT

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