MIMÉTISME
« Devenant conforme à lui. » (Philippiens 3.10)
Y a-t-il possibilité de se protéger contre l’inoculation des œufs d’ichneumon ? [voir les articles précédents]. Question capitale au premier chef ! Mais ici encore la chenille a quelque chose de précieux à nous apprendre. Elle nous dit qu’elle emploie deux moyens principaux pour se garer des assauts de son terrible ennemi : le mimétisme et la vie cachée.
Le mimétisme, d’abord, cette ressemblance que prennent certains êtres avec le milieu dans lequel ils vivent afin de se protéger. Ainsi il y a des papillons qui ont la couleur des plantes, des murs, des rochers, des troncs ou des lichens où ils ont l’habitude de se poser. Certaines noctuelles vivent pendant le jour, accrochées aux écorces des arbres ; la teinte des ailes, étalées ou fermées, est brune ou grise ainsi que celle de ces écorces et elles présentent comme celles-ci des marbrures plus ou moins nettes. Dans l’île de Sumatra vivent les curieux « Kallima ». Ce sont des papillons très vifs en couleurs, mais, dans la position du repos, les ailes fermées, cet insecte ressemble, à s’y méprendre, à une feuille morte attachée à une petite branche, avec ses nervures et souvent même ses « taches de rouille » et sa teinte grisâtre ou rougeâtre. La queue des ailes inférieures forme, en touchant la branche, une tige parfaite à cette feuille ; la tête et les antennes sont dissimulées entre les ailes, grâce à une petite échancrure à la base de celles-ci. Le déguisement ne saurait être plus complet pour favoriser la conservation de l’insecte.
Mais il n’y a pas que les papillons qui se déguisent ; les chenilles le font également. Il y a les arpenteuses, qui savant si bien prendre la couleur, la forme et la rigidité d’une petite branche que les oiseaux les plus friands de chenilles n’arrivent pas à les discerner. J’ai eu l’occasion d’observer, à plus d’une reprise, le cas suivant qui me paraît un des plus typiques. Me trouvant au mois d’avril à Sierre, je vis sur les bourgeons du chêne, une petite proéminence exactement du même brun roux que le bourgeon. En examinant de plus près, je constatai que c’était une petite chenille. Je l’emportai avec la branche du chêne.
Quelques jours après, je remarquai une double transformation s’accomplissant parallèlement dans le bourgeon du chêne et dans le papillon. Le bourgeon, qui jusqu’alors avait été tout brun, se gonflait de plus en plus et verdissait dans sa partie supérieure. Parallèlement à cette évolution du végétal, la petite chenille devint, par sa mue, également verte et brune ; verte dans sa partie supérieure et brune dans sa partie inférieure, exactement comme le bourgeon ; son adaptation avec le milieu devint si parfaite, que l’œil le plus exercé ne saurait discerner la moindre divergence.
Ce n’est pas tout. Plus tard, lorsque le bourgeon éclata, on ne vit plus qu’un vert tendre frangé de blanc qui coïncida d’une manière frappante avec une nouvelle mue de la chenille devenue, à son tour, toute verte avec de fines lignes blanches. Au terme de son évolution, elle s’enferma dans un élégant petit cocon en forme d’étui. A l’éclosion, je m’aperçus que la merveille que j’avais observée dans toute son évolution n’était autre que la « bicolorana », ce beau bombyx vert et blanc d’une si éclatante fraîcheur.
Voilà donc une chenille qui, pour fuir l’attaque de l’ichneumon toujours aux aguets, s’adapte à la perfection à son milieu, le bourgeon du chêne qu’elle ne quitte plus et aux couleurs duquel elle s’identifie jusque dans le détail.
Est-ce que tout le salut annoncé par l’Évangile ne revient pas à cela, quand il nous invite à « nous rendre conforme à l’image de Christ », à « devenir un avec lui », ou « à nous revêtir de lui » ? O merveilleuse harmonie entre les choses d’en bas et celles d’en haut !
Alexandre MOREL
www.batissezvotrevie.fr
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MITSONO (samedi, 25 septembre 2021 08:51)
C’est tout le salut de l’évangile. C’est vraiment merveilleux