SAISIR LES BRANCHES OU DÉSIRER LA SÈVE ?
« Ta taille ressemble au palmier...Je me dis :
Je monterai sur le palmier, j’en saisirai les rameaux !»
(Cantique des cantiques 7.9-10)
Exalté jusqu’au délire par le spectacle de la beauté de la Sulamithe (voyez 7.2-8), Salomon donne essor à sa passion, sans ménagement.
A partir du verset 7, Salomon reprend la parole. Dans un mouvement passionné, il exprime la ferme résolution de satisfaire son amour. « Je me dis... » (v.9) : cette brève expression ne témoigne-t-elle pas d’une décision bien arrêtée ?
Aspirations et illusions
« Je me dis : « Je monterai sur le palmier, j’en saisirai les rameaux. » (7.9)
Dans nos études précédentes, nous avons souligné ce qui caractérisait la beauté de la fiancée : entre autres, sa croissance et sa capacité à nourrir les autres.
Croissance ? « Ta taille ressemble au palmier » (7.8). La Parole de Dieu déclare : « Les justes croissent comme le palmier. » (Psaume 92.13)
Capacité à nourrir les autres ? « ...Et tes seins à des grappes ». La Bible dit : « Exhortons-nous réciproquement. » (Hébreux 10.25)
Dans le domaine spirituel, nombreux sont les croyants qui parlent comme Salomon. Ils regardent leurs frères et sœurs en la foi ; ils portent envie aux chrétiens qui connaissent une belle croissance spirituelle ; ils sont admiratifs devant les victoires et la beauté de la fiancée de Christ - la véritable Église - et ils disent : Je monterai sur le palmier ! » Autrement dit : « Moi aussi je suivrai le même chemin, j’ambitionne une même communion, je monterai ! » Qu’il me soit permis de leur dire que ce n’est pas là le chemin. Vous voulez monter ? Le sentier qui monte, descend d’abord.
Vous dites : « J’en saisirai les branches ! » Ne sont-elles pas bien souvent un témoignage élogieux de victoire, comme les branches de Joseph ? « Joseph est le rejeton d’un arbre fertile...Les branches s’élèvent au-dessus de la muraille. » (Genèse 49.22) Vos aspirations sont alors très fortes, et vous vous écriez : « Moi aussi je triompherai, je passerai au-dessus de mes difficultés, de mes problèmes, des obstacles qui me barrent la route ! Je franchirai en vainqueur toutes les murailles ! Je saisirai les branches !» Et comme ce sont les branches qui portent les fruits, vous repassez en votre cœur un rêve délicieux : « Moi aussi, je porterai des fruits abondants ! Ma vie chrétienne sera fructueuse ! » Mais pourquoi monter quand il vous faut descendre ? Pourquoi saisir les branches ? A quoi pourraient-elles vous servir ? Pourquoi les branches, quand il vous faut la sève, facteur de croissance et de fécondité ? Voudriez-vous, comme Zachée, monter, uniquement pour voir Jésus passer (Luc 19.4) ?
Votre petite taille spirituelle vous empêche de voir le Christ, et vous pensez que la solution est de monter sur l’arbre et d’en saisir les rameaux ? Vous vous trompez !
Ce dont vous avez besoin, c’est de la vie divine qui coule librement dans le « palmier » et par lui. Ils sont trop nombreux ceux qui saisissent les palmiers du Seigneur ; ils s’y attachent, s’y suspendent même. Mis à l’épreuve, ils montrent cependant qu’ils ne connaissent guère le chemin tracé par Dieu, chemin qui passe par la vallée de l’ombre de la mort, la mort à soi-même, pour aboutir à l’union avec Christ en Dieu.
Mon ami, hâte-toi de descendre ! Sais-tu ce qu’il te faut ? C’est que Jésus entre dans ta maison, au plus profond de ton cœur, et qu’il te communique la vie, sa vie. Celle-là t’amènera à la vraie joie, à la mise en ordre morale et spirituelle, aux réparations indispensables à l’égard de tes semblables, à une générosité et une libéralité qui nourriront les autres.
Bien-aimés, vous êtes pauvres vous qui vous suspendez aux « palmiers », qui avez toujours besoin de vous appuyer sur quelqu’un, qui dépendez sans cesse d’autrui.
Que deviendrez-vous quand Dieu ébranlera toutes choses et ne laissera debout que ce qui est inébranlable (Hébreux 12.27) ?
Beaucoup copient des méthodes. Ils aspirent tellement à la fécondité dans leur vie chrétienne ! D’autres importent des recettes pour avoir du succès dans leur ministère.
D’autres encore, assistent à des séminaires, parcourent des centaines ou des milliers de kilomètres pour rencontrer celui qui a tant de résultats, et revenir avec les techniques miraculeuses. Les désillusions suivent les aspirations. Aussi fortes ont été celles-ci, aussi douloureuses seront celles-là. L’erreur consiste à vouloir saisir les branches, plutôt que de désirer la sève.
Ô chère âme qui cherche, il est bon de désirer la communion avec le Bien-Aimé, et de vouloir être rendue semblable à lui. C’est lui qui façonne ta beauté ; c’est lui qui te fait croître ; c’est lui qui te fera porter du fruit, car sans lui tu ne peux rien faire.
Mais le sentier qui conduit au but que tu désires atteindre est solitaire. Il faut y marcher seul, et se donner sans partage pour suivre l’Agneau où qu’il aille.
Alors tu connaîtras le Seigneur.
Paul BALLIERE
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