LES MODES ET LES ETAPES DE LA REVELATION
DEPUIS LA CHUTE
Aussitôt après la désobéissance de nos premiers parents, le Seigneur entreprend la réalisation de son plan de salut. D'après la Bible, ce n'est pas l'homme qui cherche le vrai Dieu (Rom.3.11). Toute l'initiative revient au Seigneur, qui cherche inlassablement ses brebis perdues. Etant donné que la vie éternelle, c'est de connaître le seul vrai Dieu, et celui qu'Il a envoyé, Jésus-Christ (Jn. 17. 3), il met en oeuvre tous les moyens pour communiquer à l'homme, non seulement ses bienfaits, mais sa personne elle-même. « Sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue â la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de Celui qui nous a appelés... » (2 Pi. 1. 3). Une aussi grande entreprise se fera évidemment de façon progressive et variée. En voici les étapes principales :
1. Les théophanies (apparitions de la divinité).
Elles sont fréquentes dans les premiers livres de la Bible. Directement, ou sous les traits de l'Ange de l'Eternel, Dieu apparaît par exemple :
à Abraham (Gen. 7.1, 22 ; 18.1, etc.).
à Isaac (Gen.26.2).
à Jacob (Gen.32.30).
à Moïse (Ex.3. 2-6 ; 33. 11).
à Gédéon (Jug.6.12, 14-18, etc.).
On s'est demandé si cet Ange de l'Eternel, identifié à Dieu, n'était pas la manifestation anticipée et temporaire de Jésus-Christ Lui-même. Le Fils unique est le seul qui fasse connaître Dieu ( Jean 1. 18). Or, d'après Ex.23.20-21, le Seigneur dit de cet Ange, différent de tous les autres : « Mon nom est en lui ». C'est ce dernier qui parlait avec Moïse au Sinaï (Act. 7.38), et qui a sauvé Israël de toutes ses détresses (Es. 63.9).
2. Les songes et les visions (Nb.12.6), accordés par exemple :
à Jacob (Gen. 28.12-16).
à Salomon (1 R.3.5-15).
à Daniel (Dan. 2.19, 28 ; 7.1 ; 10.7-8).
à Joseph, l'époux de Marie (Mat. 1.20 ; 2.13), etc.
3. Les contacts directs établis, sans mention d'une apparition particulière.
Dieu vint à Balaam (ou au-devant de Balaam, Nb.22.9 ; 23.4).
L'Eternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami (Ex.33.11).
4. Les miracles et les signes.
Ils attirent l'attention de l'homme et lui démontrent la puissance, la sainteté, la présence et l'action du Dieu souverain :
le jugement du déluge et le salut de Noé (Gen.6-9).
la destruction de Sodome et la mise à l'abri de Lot (Gen.19).
le buisson ardent, les plaies d'Égypte.
la colonne de nuée, la délivrance d'Israël (Ex.3 à 15).
les miracles du désert (Nombres) et l'entrée en Palestine ( Josué),
etc.
Plus on avance dans l'Ancien Testament, et plus la révélation se fait spirituelle et intérieure (la même progression se fait remarquer en passant de la période des Évangiles et du début des Actes à celle des Epitres).
5. Les prophètes.
Dieu, s'étant révélé à des individus choisis pour son service, les envoie dire au peuple ce qu'ils ont entendu. Il ne parle donc pas tellement au prophète que par le prophète. D'ailleurs, en hébreu, le mot nabhi (prophète) signifie héraut, annonceur.
Le premier de ces grands messagers est Moïse, le révélateur de la Loi. Il se déclare d'abord indigne et incapable d'accomplir une pareille tâche ; mais Dieu lui répond : « Qui a fait la bouche de l'homme... N'est-ce pas moi, l'Eternel ? Va donc, je serai avec ta bouche, et je t'enseignerai ce que tu auras à dire » (Ex.4. 10-12). Puis il annonce clairement comment sera suscitée la lignée des prophètes, qui ira de Moïse à Jésus-Christ : « Je leur susciterai... un prophète comme toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il dira tout ce que je lui commanderai » (De.18.18).
Visions et paroles sont souvent confondues. Le livre d'Amos commence ainsi : « Paroles... visions qu'il eut sur Israël » (1.1). Le prophète autrefois était appelé le Voyant (1 Sam.9.9) ; et le propre des faux prophètes était précisément qu'ils ne voyaient rien (Ez.13. 3).
Les prophètes étaient évidemment sous l'action de l'Esprit de Dieu. C'est grâce à lui seul qu'il est possible à un homme de prophétiser (Nb.11.25, 29 ; I Sam.10. 6, 10). Parlant des appels de Dieu à Israël, Néhémie dit : « Tu leur donnas des avertissements par ton Esprit, par tes prophètes ; et ils ne prêtèrent point l'oreille » (9. 30 ; cf, Zach.7.12). Ézéchiel déclare que la main de l'Eternel fut sur lui, qu'elle agissait sur lui avec puissance, que l'Esprit l'enleva, qu'il entra en lui et le fit se tenir sur ses pieds (1.3 ; 3.14, 22, 24). Michée dit qu'il est rempli de force, de l'Esprit de l'Eternel, pour délivrer son redoutable message (3.8). Et Pierre affirme que les prophètes ont parlé de la part de Dieu, poussés par le Saint-Esprit (2 Pi.1.21).
L'office de ces hommes prit encore plus d'importance en Israël après le rejet de la théocratie directe et l'institution de la royauté (1 Sam.9. 7). Dieu ne se laisse jamais sans témoins, et par un tel ministère il continua à parler sans cesse à son peuple. Selon la parole d'Amos, « le Seigneur, l'Eternel, ne fait rien sans avoir révélé son secret à ses serviteurs, les prophètes » (3.7). Le rôle de ces derniers était aussi de préparer l'étape suivante de la révélation l'incarnation et l'oeuvre rédemptrice du Messie.
6. La révélation de Dieu en Jésus-Christ.
Toutes les communications précédentes n'étaient qu'indirectes et fragmentaires. Elles parlaient certes du vrai Dieu, mais encore lointain et invisible ; ou bien, elles accordaient un contact rapide, une vision, un message utiles et bouleversants, mais forcément incomplets. Ésaïe sent tellement cette insuffisance qu'il s'écrie :« Tu es un Dieu qui te caches, Dieu d'Israël, Sauveur... Pourquoi, ô Eternel, nous fais-tu errer loin de tes voies ?… Oh ! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais » (45.15 ; 63. 17,19). Et le même prophète perçoit la réponse à ce cri déchirant de l'humanité perdue : « Prenez courage, ne craignez point. Voici votre Dieu... Il viendra lui-même, et vous sauvera » (35.4).
Jésus-Christ est Dieu incarné, la Parole éternelle faite chair. Il ne nous apporte pas seulement une nouvelle révélation, iI est lui- même cette révélation. « Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l'a fait connaître » (Jn 1.18). « Personne... ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt.11.27). Et le Christ lui-même ajoute : « Celui qui m'a vu, a vu le Père » (Jn.14.9). I1 possède la somme des attributs divins : toute-puissance, sainteté absolue, amour parfait, omniprésence, omniscience (sauf sur le point de Mt.24. 36, en rapport sans doute avec son abaissement volontaire). Il est pour nous « sagesse, justice, sanctification et rédemption » (1 Cor.1.30), car « en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col.2.9).
Les théophanies ne sont qu'un éclair dans la nuit en comparaison de l'incarnation de Celui qui est la lumière du monde. Les prophètes recueillaient et transcrivaient une à une les bribes des mystères que le Seigneur voulait bien leur communiquer. Mais le Père n'a pas de secrets pour le Fils. Ce dernier est lui-même « le mystère de Dieu… dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col.2.3). C'est pourquoi l'épître aux Hébreux résume ainsi l’histoire de la révélation : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parla à nos pères par les prophètes. Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils... » (1.1-2). Et plus que jamais, ses paroles, en Jésus-Christ, ont été des actes : par le sacrifice de la croix, il a révélé de façon fulgurante son amour et sa justice, en expiant totalement nos péchés. Puis, il a accompli ses promesses de vie éternelle en ressuscitant son Fils d'entre les morts.
Christ, Dieu pleinement manifesté, est donc la fin non seulement de la loi (Rom.10.4), mais aussi de la révélation. Il en est également le centre, puisque son Esprit inspire toute prophétie (1 Pi.1.11 ; Apoc.19.10) et que jusque dans l'éternité nous assisterons à 1'« apocalypse » (révélation) de Jésus-Christ (Apoc.1.1).
7. L'Ecriture.
Toutes les révélations énumérées dans le paragraphe ci-dessus ont été accordées à des individus ou à des générations maintenant disparus. Que connaîtrions-nous des lumières reçues, des expériences faites, des actes rédempteurs accomplis, s'ils n'avaient pris dans un livre inspiré une forme définitive ? Tout d'abord la loi fut rédigée pour le peuple appelé à recevoir les oracles de Dieu. Puis les prophètes mirent par écrit leurs paroles enflammées. Enfin, ce fut le tour de l'enseignement du Christ et des apôtres.
René PACHE
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