LA VIGNE, LES GRENADIERS, ET L’AMOUR
« Dès le matin nous irons aux vignes, nous verrons si la vigne pousse,
si la fleur s’ouvre, si les grenadiers fleurissent. Là je te donnerai mon amour. »
(Cantique des cantiques 7.13)
La fiancée du Cantique des cantiques se livre à une ravissante rêverie ; elle s’imagine être libre et pouvoir inviter son bien-aimé à venir s’ébattre avec elle dans les campagnes environnantes, afin d’admirer ensemble les richesses de la végétation printanière. Ce tableau bucolique renferme de riches enseignements pour notre âme.
Zèle ou paresse ?
Il n’y a pas de temps pour l’oisiveté dans une vie d’obéissance à Dieu. Il y a, au contraire, une activité incessante pour le Roi. « Mon Père agit jusqu’à présent ; moi aussi, j’agis », disait Jésus lorsqu’il demeurait ici-bas, revêtu de notre humanité (Jean 5.17).
« Dès le matin... » Cette précision de l’Écriture souligne la diligence de la bien-aimée. Dans l’œuvre du Seigneur, se lever tôt et travailler au petit matin sont indispensables. Ils sont légion les hommes de Dieu qui se levaient « de bon matin » pour se tenir devant l’Éternel, et le servir ensuite. Abraham (Genèse 22.3), Jacob (Genèse 28.18), Moïse (Exode 8.16, 9.13, 24.4, 34.2,4), Josué (Josué 3.1, 6.12, 7.16, 8.10), le peuple d’Israël (Josué 6.15), Gédéon (Juges 6.38, 7.1), Elkana et Anne (1 Samuel 1.19), Samuel et Saül (1 Samuel 9.25-26), et une multitude d’autres encore. Jésus demeure notre grand modèle dans ce domaine-là aussi : « Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria. » (Marc 1.35)
Le zèle est l’une des caractéristiques de la vie du Seigneur. C’est pourquoi la parole de Dieu nous exhorte en ces termes : « Ayez du zèle et non de la paresse. » (Romains 12.11) Seuls ceux qui sont spirituels peuvent être empressés pour le Seigneur.
Dans la marche avec Dieu, il convient de rejeter deux extrêmes : d’une part, une activité charnelle qui n’est pas selon Dieu et qui l’empêche d’agir ; et d’autre part, une passivité ou une paresse qui ne procède pas non plus de lui, mais du vieil homme, et n’est qu’une forme d’oisiveté. La différence entre la diligence et la paresse réside dans l’utilisation de notre temps. C’est pourquoi l’apôtre Paul écrit : « Rachetez le temps, car les jours sont mauvais » (Éphésiens 5.16) ; et encore : « Conduisez-vous avec sagesse envers ceux du dehors, et rachetez le temps » (Colossiens 4.5).
Lorsque Dieu peut calmer notre agitation, ou secouer notre nonchalance, il nous amène à une paisible collaboration avec lui. Il peut alors agir, travailler avec puissance.
Des intérêts communs
« Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers fleurissent. »
Rappelez-vous : auparavant, la Sulamithe était descendue de son propre gré, selon sa volonté, au « jardin des noyers » (6.11), « pour voir si la vigne pousse » (6.11). C’est ainsi qu’elle s’était trouvée hors de la communion avec son bien-aimé. Autrefois, son activité propre l’avait séparée de lui.
Quand nous décidons, choisissons, entreprenons, allons, sans notre Bien-aimé Jésus, nous altérons notre intimité avec lui. Que d’amères expériences faisons-nous alors !
Maintenant, la jeune fille a appris sa leçon ; elle craint de faire un pas sans son berger chéri. Elle dit : « Nous irons...nous verrons ». Elle ne fera rien sans lui. Si elle a la sagesse de lui demander ce qu’il veut, il la gardera de tous les errements.
Que nos échecs, nos revers, nos solitudes stériles, nos isolements desséchants d’hier, nous poussent désormais dans l’intimité de Christ ! Avec lui, nous verrons l’œuvre de la grâce et nous en aurons de la joie.
La vigne pousse-t-elle ? Les fleurs s’ouvrent-elles ? Les grenadiers fleurissent-ils ? Ce sont là les premières promesses de fruit. Les fleurs couleur de sang des « grenadiers » nous causeront une immense satisfaction, lorsque discernées chez les rachetés de l’Agneau, elles manifesteront la beauté des membres de son Épouse. Notre cœur sera satisfait.
Sulamith s’intéresse maintenant au vaste champ de son travail sur la terre : les champs, les villages, les vignes (7.12), tout ce qui est pour son bien-aimé. C’est là qu’elle lui donne son amour. Consciente qu’elle lui appartient et que son désir se porte vers elle, elle n’a plus de considération pour elle-même ; elle devient comme la femme vertueuse du chapitre 31 des Proverbes qui fait du bien à son mari, tous les jours de sa vie. Ses intérêts sont les siens.
Si nous possédons les vraies affections de l’Épouse de Christ, nous n’aurons pas d’intérêts particuliers ou personnels. Jésus voudrait nous voir libres de cœur pour penser à tout ce qui lui appartient actuellement sur la terre, ainsi qu’à tout ce qu’il possédera, dans un jour futur – la restauration d’Israël, et l’immense champ de sa gloire millénaire.
Israël et les nations
« Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers fleurissent. ».
La vigne nous parle du peuple d’Israël. Le prophète Esaïe dit : « Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de mon bien-aimé sur sa vigne. Mon bien-aimé avait une vigne, sur un coteau fertile… Il espéra qu’elle produirait de bons raisins, mais elle en a produit de mauvais. » (Esaïe 5.1,2)
Le printemps viendra un jour pour le peuple élu. Tous les indices de vitalité spirituelle seront présents au milieu de la nation. Le Messie découvrira des manifestations de vie spirituelle sur une échelle bien plus vaste que tout ce qui avait été vu jusqu’ici. Mais présentement, nous ne pouvons pas nous attendre à voir encore beaucoup de « bourgeons » et de « boutons » en Israël, car les signes de vie n’apparaissent que lorsque Dieu travaille et les temps actuels sont plutôt des temps de bénédiction pour les nations.
Jésus invitait ses disciples à lever les yeux et à regarder les champs qui déjà blanchissaient pour la moisson (Jean 4.35). Peu de temps avant de remonter au ciel, il leur dit : « Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création » (Marc 16.15).
Actuellement, le travail de Dieu a pour but l’Église, et toute âme en qui Dieu opère réclame notre intérêt. L’étendue des intérêts de Christ est très vaste actuellement et nous avons le privilège de les suivre avec les affections de l’Épouse. Nous lui donnons notre amour dans la sphère de ses intérêts.
Bien-aimés frères et sœurs, il nous convient de tenir compte avec bonheur du travail divin dans les âmes, et la réalité de l’intérêt que nous y prenons se manifeste dans le petit coin du champ avec lequel nous sommes personnellement en contact. C’est là que nous devons constamment rechercher des bourgeons et des boutons. Cette image laisse entendre qu’il n’y a pas encore de fruit, mais celui-ci est là, en espérance, car il y a évidence de vie. Qu’il est beau de voir une âme manifestant un réel intérêt pour les pensées de Dieu ! Ne sommes-nous pas heureux lorsque nous entendons quelqu’un confesser sa foi en Christ ? Ne nous demandons-nous pas : Qu’y aura-t-il pour Dieu dans cette âme ? Oui, les boutons et les bourgeons parlent de ce qui viendra à maturité pour le plaisir de Christ et, comme nous sommes dans la période de l’Église, nous cherchons ardemment les premières évidences des fruits qui y conduisent.
Communion avec le Bien-aimé
« Là je te donnerai mon amour ».
En Christ, l’âme croît dans la connaissance de Dieu. Elle découvre combien il y avait encore d’égoïsme dans les premiers jours de sa marche avec le Seigneur et la place qu’occupaient le « moi » et le « je ».
Auparavant, Sulamith disait : « Mon bien-aimé est à moi » (2.16), mais maintenant elle dit : « Là je te donnerai mon amour ».
Ne nous replions pas sur nous-mêmes, mais intéressons-nous à tout travail divin dans les âmes. Donnons cet amour que Christ a planté en nous, rendons-le lui en le répandant sur ceux pour lesquels il est mort. « Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites », dit Jésus (Matthieu 25.40).
En consolant le cœur brisé avec des paroles de guérison, en proclamant aux captifs la liberté que donne le Seigneur, en réconfortant ceux qui pleurent avec le soutien que Dieu donne, la vie de l’âme rachetée est amour, et l’amour – l’amour du Seigneur – est satisfait. Ne considérons pas nos propres intérêts, mais bien plutôt ceux des autres. C’est ainsi que nous serons préservés de ce qui n’est d’aucun profit. Nous sommes les membres du corps de Christ, et non des « Robinson Crusoé », vivant chacun sur sa petite île désenchantée ! Lorsque, par exemple, nous nous joignons à nos frères et à nos sœurs pour la prière, nous embrassons tous les intérêts de Christ et en particulier ceux qui sont en rapport avec les vérités et les privilèges de l’Église.
« Là je te donnerai mon amour ». Enfin, l’âme rachetée a aussi appris à se trouver en tous lieux dans le sanctuaire de la présence de Dieu. Là, au sein d’un service incessant, il est avec elle ; et là, en donnant à boire aux âmes altérées, elle lui donne à boire à lui aussi.
Paul BALLIERE
www.batissezvotrevie.fr
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