DEMEURER DANS LA GRÂCE EN CHRIST
« Oh ! que n’es-tu mon frère, allaité des mamelles de ma mère ! Je te
rencontrerais dehors, je t’embrasserais, et l’on ne me mépriserait pas. »
(Cantique des cantiques 8.1)
Ces paroles contrastent étrangement avec les précédentes. Nous ne trouvons pas ici le même langage d’intimité chez la fiancée. Elle a le désir intense d’être avec le bien-aimé, dans des termes affectueux, mais il n’est pas question de possession présente.
Que s’est-il donc passé ? La Sulamithe n’est-elle plus avec son bien-aimé, elle qui s’est donnée à lui ? Elle était si heureuse de le servir ! Les désirs du bien-aimé étaient tournés vers elle, et la communion était si parfaite qu’elle pouvait dire :
« Viens, sortons, demeurons... » (7.12)
Et maintenant, elle parle de lui comme s’il était au dehors, comme si elle devait le ramener auprès d’elle.
Notre âme quitte parfois le sentier préparé pour elle. Peut-être quelque sentiment de confiance charnelle provoque ce qui cause sa détresse. Nous ne discernons pas toujours cet écueil, et Jésus permet que nous y touchions, car il cherche à nous enseigner comment nous pouvons demeurer en lui. Nous nous apercevons que, malgré tout le chemin déjà parcouru, nous avons fait fausse route, de sorte que nous avons perdu le sentiment de sa présence, et la bénédiction qu’il met sur notre travail. L’œuvre que poursuit le Seigneur, c’est de nous mettre dans un état de complète dépendance, et dans l’attitude qui lui permet d’être tout en nous, tout en tout.
Sulamith a appris à ne pas agir en dehors de son bien-aimé. Et maintenant elle a probablement bronché en s’imaginant qu’elle savait demeurer en lui.
N’en est-il pas ainsi de nous, hélas ? Il est difficile d’être complètement vide de notre propre sagesse. Il est encore plus difficile de rester vide. Il n’est pas facile d’être si complètement détaché de toute connaissance qu’on se trouve comme suspendu à Dieu dans une faiblesse absolue, une dépendance totale, comptant uniquement sur lui pour qu’il nous donne la sagesse d’en-haut. La connaissance même que le Seigneur donne, peut devenir un obstacle à des développements ultérieurs de vie spirituelle, si nous nous y attachons comme si nous les possédions en propre. A chaque nouvelle étape franchie, c’est toujours : « Aujourd’hui je connais imparfaitement, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu. » (1 Corinthiens 13.12)
Frères et sœurs en la foi, si notre marche et notre esprit n’ont pas été ce qu’ils auraient dû être, nous avons souvent le sentiment qu’aux yeux des autres nous ne sommes pas qualifiés pour vivre dans l’intimité avec le Seigneur. C’est une expérience humiliante ; mais si elle produit un vrai exercice, il peut en ressortir une bénédiction.
Si j’ai manifesté quelque chose d’indigne de Christ, je puis m’en libérer avec justice en le reconnaissant. Il y aurait beaucoup de liberté dans la vie spirituelle des familles chrétiennes et parmi les croyants en général, si on était plus prêt à confesser les fautes. Dans son orgueil, notre chair nous soufflera que nous allons nous rabaisser, mais en réalité, nous serions rehaussés dans l’estime de nos frères et de nos amis. Si une personne vient nous confesser une faute, elle s’élève moralement. Souvenons-nous toujours de cela lorsque nous serons tentés d’échapper à un aveu qui serait non seulement chose due, mais nécessaire, pour libérer notre esprit d’un poids obsédant.
Les paroles de Sulamith dans notre texte suggèrent pour nous, chrétiens, que dans la crainte d’être méprisés par les autres, nous sommes retenus dans notre liberté d’affection pour le Seigneur. Comment allons-nous nous débarrasser de cette contrainte et retrouverons-nous une pleine liberté ? Ce sera, sans nul doute, en revenant au sentiment que tout repose dans la grâce et l’appel de Dieu.
Dans notre nouvelle naissance et tout au long de notre marche avec Christ, la chair n’a jamais eu de place, et nos œuvres aussi bonnes soient-elles, ne sont jamais entrées en jeu.
C’est par la grâce et l’appel céleste que nous sommes de Christ et en Christ. Nous sommes les objets du travail divin, et nous apprenons à connaître l’excellence de Christ en faisant l’expérience que nous ne sommes rien et ne pouvons avoir aucune confiance dans la chair.
Un éloignement du sentiment de la grâce et de la souveraineté de l’amour qui nous a bénis, nous fait perdre notre vraie liberté en Christ. Nous la retrouvons par le jugement de nous-même et le retour à la grâce.
Trouver le bien-aimé, le rencontrer, l’embrasser, sans être méprisée, c’est ce à quoi soupire la Sulamithe.
Pour nous, tout cela a été réalisé en Christ. Il nous a amenés dans la plus intime des relations, en se chargeant de la question de notre culpabilité et de notre état en Adam, afin que nous puissions être bénis par lui et en lui.
Paul BALLIERE
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