LA SAINTE CÈNE : UNE ESPÉRANCE
La table du Seigneur, autour de laquelle les chrétiens se réunissent régulièrement, représente, comme nous l'avons dans un article précédent, un souvenir. Elle symbolise aussi la garantie donnée par Dieu, son alliance avec nous par le sang précieux de Christ. Notre communion spirituelle les uns avec les autres en Christ se centre également en cette ordonnance. Nous voulons maintenant penser à un quatrième aspect de la Sainte Cène: une célébration d'espérance.
Il y a dans la Sainte Cène l'idée de se réjouir d'avance et c'est cette espérance que je voudrais que nous saisissions dans cet article. Avez-vous jamais dit au revoir à quelqu'un, le cœur rempli de tristesse à l'idée que vous ne le reverriez jamais ? Mais, s'il y a un faible espoir de le revoir, qu'il se présente une occasion où vous soyez réunis de nouveau, alors quelle différence cela fait ! Le Seigneur quitta ses disciples et monta où il était auparavant. Son départ n'était cependant pas la fin de toute espérance, le début du désespoir. Il n'y avait pas seulement un faible espoir, mais l'enseignement biblique le plus clair en ce qui concerne son retour. La Sainte Cène qui pointe, non seulement en arrière vers la croix, mais aussi en avant vers la seconde venue du Seigneur Jésus-Christ, signifie et témoigne constamment que le Seigneur Jésus doit revenir. Devant nous, s'étend une vaste perspective d'espérance glorieuse. La Sainte Cène annonce le retour du Seigneur.
Regardons maintenant la première épître aux Corinthiens, par exemple, au chapitre 11. Après la description de l'institution de ce repas, nous lisons les mots suivants: « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » « Jusqu'à ce qu'il vienne. » Chaque fois, la Sainte Cène nous dit: « Il revient. » Elle n'est pas une observance perpétuelle.
Il doit venir un temps glorieux où elle sera consommée et accomplie dans une gloire indicible, dans une union et une intimité face à face avec Dieu telles que nous n'avons jamais pu imaginer ici-bas. Nous continuons à observer la Sainte Cène « jusqu'à ce qu'il vienne »; elle est donc une célébration d'espérance.
Cette espérance s'énonce clairement, non seulement par les paroles de Paul, mais aussi par les détails mêmes de l'institution de la Sainte Cène qui donnent un fondement à cette grande attente. En Matthieu 26.29, après les versets qui décrivent l'institution de la Sainte Cène, nous trouvons ces mots de notre Seigneur: « Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Il s'agit-là, bien sûr, de la même vérité que nous trouvons en Luc 22.16,18, où il ajoute, après que notre Seigneur ait parlé de son grand désir de manger cette Pâque: « Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus, jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu... Car, je vous le dis, je ne boirai plus désormais du fruit de la vigne, jusqu'à ce que le royaume de Dieu soit venu. » Ces paroles rapportées par Matthieu et Luc correspondent avec d'autres enseignements de notre Seigneur dans le sens où ils regardent en direction de l'avenir. Nous voyons, par exemple, en Luc 14.15 que, pendant une conversation au sujet d'un grand repas, « un de ceux qui étaient à table, après avoir entendu ces paroles, dit à Jésus: Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !» Autrement dit, dans la pensée juive à l'époque du Nouveau Testament, le repas annuel de la Pâque annonçait la consommation de toutes choses, que l'on décrivait normalement, dans la prédication et les écrits juifs, comme un banquet messianique. Constamment, les Juifs décrivaient la bénédiction glorieuse de l'avènement du Messie dans les termes d'un festin. Il n'est donc pas surprenant que cet homme très superficiel, mais peut-être aussi très dévot, dise : « Heureux celui qui prendra son repas dans le royaume de Dieu !»
Cela nous fait penser certainement à un certain nombre de paraboles racontées par le Seigneur Jésus, ou à d'autres allusions à la fin glorieuse de toutes choses, dans les termes d'un festin ou d'un banquet. Rappelons-nous l'histoire des vierges sages et des vierges folles. Il s'agissait, dans cette parabole, d'entrer à un repas de noces. Celles qui étaient prêtes entrèrent mais celles qui n'avaient pas eu la sagesse de se préparer s'en trouvèrent exclues. Nous nous souvenons aussi de l'histoire, que raconta notre Seigneur, d'un roi qui avait préparé un banquet pour les noces de son fils, auquel il avait invité beaucoup de monde. Les invités déclinèrent son offre, alors le roi envoya à tout un chacun son invitation de venir et, en entrant, chacun recevait un habit de noces. Notre Seigneur décrivait constamment les choses à venir selon des termes d'illustration familiers aux Juifs; sous forme d'un banquet. Regardons ce que dit Jésus aux serviteurs fidèles. En Luc 12.37, il exhorte ses disciples à être comme des hommes qui attendent leur seigneur, et il dit ceci: « Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table, et s'approchera pour les servir. » De nouveau, au chapitre suivant (Lue 13.28), s'adressant à des Juifs qui discutaient avec lui, il leur dit: « C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors. Il en viendra de l'orient et de l'occident, du nord et du midi; et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu. Et voici, il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers. » Il tiendra éloignés les chefs religieux de son temps, mais acceptera au banquet ceux qui seront assez humbles pour suivre le Seigneur Jésus. Voyons encore ce que le Seigneur dit à ses disciples en Lue 22.29,30: « C'est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur, afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume... » Le dernier passage que je voudrais mentionner ici se trouve dans le dernier livre de la Bible (Apocalypse 19.9): « L'ange me dit: Écris: Heureux ceux qui sont appelés au festin de noces de l'agneau ! » Ainsi, notre Seigneur en choisissant, dans sa souveraineté divine, d'instituer un repas par lequel ses disciples se souviendraient de lui, s'appuyait non seulement sur le passé, c'est-à-dire sur la fête de la Pâque, mais aussi sur l'attente qui résidait dans le cœur de tout Juif pieux, selon laquelle la déclaration de la gloire du Messie s'exprimerait sous la forme d'un banquet somptueux. La Sainte Cène porte donc les regards avec anticipation au-delà d'elle-même. Elle montre quelque chose de plus grand en disant sans cesse: « Jusqu'à ce qu'il vienne »; « jusqu'à ce qu'il vienne. »
« En attendant, Seigneur, nous prenons sur la terre
Le festin que pour nous prépara ton amour.
Et nous y proclamons ta grâce salutaire,
Tes souffrances, ta mort, et ton prochain retour. »
Ernest KEVAN
www.batissezvotrevie.fr
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