LE FRUIT DE L’ESPRIT : LE CONTRÔLE DE SOI-MÊME
(LA TEMPÉRANCE)
par Donald GEE
L’expression «contrôle de soi-même» donne aux lecteurs de la Bible une bien meilleure compréhension du fruit de l’Esprit nommé en dernier lieu que le mot «tempérance». Newberry la donne, et la version américaine révisée aussi, dans Actes 24.25 et 2 Pierre 1.6. Le mot «tempérance» pour un grand nombre de personnes, n’est associé qu’aux boissons fortes, tandis que le mot employé couvre toute la gamme des appétits humains, non seulement physiques, mais aussi moraux et spirituels.
Pouvoir être «modéré en toutes choses» est une grande et importante vertu chrétienne et un signe certain de croissance dans la grâce. De peur que nous n’imaginions pouvoir acquérir ce contrôle de nous-mêmes par une discipline purement naturelle, il est bon d’appuyer en premier lieu sur sa nature de «fruit de l’Esprit» produit par sa grâce et sa vie dans le croyant, accessible aux personnes d’une force de caractère très faible tout autant qu’à celles dont la volonté est naturellement forte. En vérité, cette douce tempérance, fruit de l’Esprit peut être une nécessité plus sévère encore pour des natures volontaires et fortes.
L’athlète chrétien
Paul en parle dans un passage magnifique de la première épître aux Corinthiens (1 Corinthiens 9.24-27). Tous ceux qui combattent « s’imposent toute espèce d’abstinences... Je traite « durement mon corps et je le tiens assujetti ». Toute cette métaphore est empruntée aux anciens jeux grecs, dans lesquels chaque concurrent devait entreprendre au moins dix mois d’entraînement rigoureux avant d’avoir accès à ces jeux.
À bord du transatlantique d’où j’écris, se trouve un célèbre athlète finlandais. Tous les matins, on le voit s’entraîner à la course, au saut et à d’autres exercices, et il est notoire qu’il ne touche ni tabac ni boissons fortes, malgré l’insistance des passagers qui le tentent. La chaleur de l’Équateur n’apporta aucune modification à son entraînement ; il continua exactement de même, dans un bain de transpiration.
Et cependant combien pensent qu’un chrétien approche du fanatisme s’il prend autant de peine pour maintenir l’état spirituel de son âme. Il n’est pas étonnant que nous ayons si peu d’athlètes spirituels. Mais Dieu tient encore des récompenses pour ses Daniel (Daniel 1.8-21). Ne trouvons-nous pas ici l’explication de la pénurie de conducteurs réels dans l’Église?
Le contrôle physique de nous-mêmes
On peut le considérer sous deux aspects :
a) ce qui est illégitime
Nous n’avons besoin d’écrire que peu de mots sur la nécessité de ce contrôle de nous-mêmes. Et en vérité, ce n’est pas la tempérance qui s’impose, mais l’abstinence complète. Toute passion sans frein amène sa propre rétribution, et le pressentiment d’un jugement à venir plus grand encore. «Félix tremblait» quand Paul lui parlait du contrôle de soi-même, et pour cause. «Abstenez-vous des convoitises charnelles, qui font la guerre à l’âme».
Rien n’ouvre aussi sûrement la porte à la possession complète par les démons que l’abandon continuel aux jouissances physiques illégitimes. Il faut se le rappeler très soigneusement.
b) Ce qui est «légitime»
Le plaisir physique parfaitement légitime peut occuper dans la vie du croyant une place assez considérable. Dans ce domaine, nous devons nous garder d’interpréter le contrôle de nous-mêmes de manière à tomber dans l’erreur contraire, et infliger à nos corps une mortification contre nature qui répugne aux gens normaux, et peut nous exposer à des tentations plus violentes encore. Ce n’est pas l’Esprit de Dieu, ce sont des esprits séducteurs qui commandent de ne pas se marier et de s’abstenir de viandes, etc. (1 Timothée 4.1-3). Ce passage doit être médité pour nous aider à l’équilibre.
Même les penchants physiques légitimes doivent être fermement contrôlés. L’attitude exacte est parfaitement établie dans 1 Corinthiens 6.12 : « Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit ». Voilà ! Ne se laisser asservir par quoi que ce soit. Le corps doit être le serviteur, jamais le maître.
Les raisons d’un tel contrôle rigide et soigneux, même dans les choses légitimes, sont variées :
1. L amour fraternel
Nous devons considérer avec attention l’effet produit par nos propres plaisirs sur un caractère plus faible, qui connaît peu le fruit spirituel, la tempérance, et pourrait être conduit dans le péché par notre exemple. C’est ici l’un des principes fondamentaux qui doit gouverner toutes nos actions en tant que chrétiens (Lire Romains 14 pour un exposé détaillé).
2. La victoire personnelle sur le péché
Le corps est le point faible dans notre lutte contre le péché (Romains 6.12 ; 7.18) et nécessite une vigilance redoublée de tous les instants. Encore et toujours l’ennemi entre par là ; parfois nous résistons victorieusement à la tentation spirituelle, mais pour tomber finalement dans le domaine physique. Il faut spécialement remarquer que l’expérience et les bénédictions des dons spirituels ne sont en rien une raison de diminuer de vigilance contre les péchés du corps, ou de demeurer imprudemment dans une confiance excessive en nous-mêmes. David avait composé des psaumes merveilleux sous l’onction du Saint-Esprit ; il commit néanmoins l’adultère lorsque la tentation soudaine s’empara de lui dans un moment de paresse.
3. La capacité pour le service
L’état physique de notre corps exerce une influence sur notre capacité pour le service dans le domaine spirituel. Ce principe est à la base du jeûne. L’état du corps réagit inévitablement sur notre intelligence, à plus forte raison sur notre esprit. Nous avons tous expérimenté, ou entendu parler sans doute, de la somnolence proverbiale des auditoires d’écoles du dimanche après-midi, en Angleterre, après le dîner non moins proverbial du dimanche midi. Spurgeon les décrit « remplis de rosbif et d’incrédulité. » En Amérique on offre généralement au prédicateur un souper plantureux vers six heures et demie du soir, puis on attend de lui qu’il prêche comme un ange à sept heures trente! En Suède, c’est la tasse de café qui semble indispensable à l’inspiration de certains prédicateurs, et à la bonne humeur de leurs auditoires!
Heureux le chrétien qui est libéré de l’esclavage de ces choses, quoiqu’il les utilise de temps en temps. La modération est souvent la compagne de la spiritualité véritable. Ce principe était à la base de l’ancien vœu nazaréen (Nombre 6), et occupait sûrement la pensée de notre Seigneur lorsqu il dit : « Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et par le jeûne» (Matthieu 17.21). Notons tout particulièrement que le Saint-Esprit parla dans l’assemblée d’Antioche « pendant qu’ils servaient le Seigneur dans leur ministère et qu’ils jeûnaient » (Actes 13.2).
Il est facile de se moquer de la mortification personnelle, mais si les récompenses qu’elle apporte sont une puissance spirituelle plus effective et une sensibilité plus grande à la voix de l’Esprit, elle mérite d être mise en pratique.
Le contrôle mental de nous-mêmes
Certaines personnes, choquées à la pensée d’une licence physique, peuvent néanmoins être coupables, dans d’autres domaines, d’intempérance grossière, plus sérieuse peut-être.
La colère est une forme courante mais grave d’intempérance de l’âme. « Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu un héros, et celui qui est maître de lui-même que celui qui prend des villes » (Proverbes 16.32). Nous devons nous souvenir que toujours bouder et se laisser aller à une humeur chagrine est une intempérance aussi blâmable qu’une exhibition violente de rage injustifiée.
Laisser courir la langue en est une autre ; que ce soit seulement bavardages, légèreté excessive ou confidences abusives. Le remède scripturaire est énergique. Jacques emploie le terme emphatique «brider» et donne l’illustration d’un mors dans la bouche d’un cheval (Jacques 1.26 ; 3.2). C’est là le contrôle véritable de soi-même.
L’amour démesuré de la louange est une autre faiblesse qui peut également devenir une intempérance. Nous sommes tous soutenus par quelques paroles aimables d’appréciation bien méritées. Mais certains prédicateurs sont à tel point esclaves des applaudissements publics qu’ils ne peuvent guère prêcher sans être accompagnés d’un chorus ronflant « d’alléluias », à coup sûr une forme extérieure de louange destinée à eux-mêmes, et non à Dieu. Ils dépasseront à l’occasion toutes les limites de la bienséance, et de la considération pour les autres, sur l’estrade ou ailleurs. Il est des moments où de longs sermons, et des déclarations explicites» ou «hardies» ne sont autres qu’une intempérance mentale.
Le contrôle spirituel
Une telle nécessité peut être une possibilité étonnante pour beaucoup, mais il est d’une haute importance d’en reconnaître la place essentielle dans les expériences de Pentecôte. « Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (1 Corinthiens 14.32) ; et le don des langues est parfaitement sous le contrôle de celui qui l’exerce (1 Corinthiens 14.28).
Notre propre esprit est extrêmement sensible aux sentiments profonds (ainsi, Jésus «frémit» en son esprit, et Paul fut «irrité» (Jean 11.33 ; Actes 17.16). Nous devons donc garder le contrôle sur notre esprit toutes les fois que nos sentiments sont fortement mis en jeu, et que le réclament impérieusement les circonstances. Dans notre vie chrétienne privée ce contrôle sera peut-être moins nécessaire, et nous pourrons laisser à notre esprit une liberté sans entraves pour parler « à nous-mêmes et à Dieu ».
Mais dans les réunions publiques de l’assemblée, par exemple, l’amour de Christ pour d’autres âmes nous incitera à considérer l’heure et le milieu dans lequel nous nous trouvons, avant de nous permettre une entière liberté dans l’exercice des dons spirituels. Une attention toute particulière est recommandée dans les réunions où notre esprit est porté à émouvoir, pendant des sermons puissants, des prières émouvantes ou des cantiques ou domine une note sentimentale. Nous contrôler nous- mêmes n est pas éteindre le Saint-Esprit, mais manifester un de ses fruits. Tous les croyants en qui il demeure doivent apprendre à discerner entre les émotions de source seulement humaine et les moments où le Seigneur désire effectivement utiliser leur esprit pour prononcer des messages inspirés sous forme de révélations. Si notre propre esprit ne possède pas ce fruit, le contrôle de soi-même, nous pouvons donner en public des exhibitions désastreuses d’intempérance émotive parfaitement inutile.
La force intérieure
Le mot grec pour « tempérance » signifie « posséder la force intérieure ». C’est-à-dire que notre force intérieure de volonté est plus grande que toute force extérieure des tentations, des désirs ou des émotions. Il dénote le contrôle parfait de nous-mêmes.
Une telle condition est vraiment enviable. Enseigner la tempérance à un homme qui, par des années de plaisirs égoïstes, a perdu toute force de résistance spirituelle, semble une moquerie cruelle. L’enseignement du fruit de l’Esprit est une bonne nouvelle, entre toutes : Christ demeurant en nous peut achever une œuvre dont nous ne pouvons jamais espérer l’accomplissement par nos propres forces. Une marche constante avec lui transformera le plus faible d’entre nous à son image ; et les hommes commenceront à voir en nous un peu de ce contrôle magnifique, de cet équilibre divin en toutes circonstances, qui était toujours la marque divine du Fils de l’Homme. La force intérieure ne procède pas de nous, mais de lui.
Donald GEE
www.batissezvotrevie.fr
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