LES PORTES D’OR DE LA PRIÈRE EXAUCÉE
(2° partie)
En quoi consiste cette bénédiction
C’est cela que je désire montrer tout d’abord. Relisons tout le verset.
Jésus dit : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. »
Observons d’abord que notre Seigneur nous a avertis que, hors de lui, nous ne pouvons rien faire, en conséquence, nous aurions pu nous attendre à ce qu’il nous montre comment nous pouvons accomplir des œuvres spirituelles. Mais le texte ne parle pas ainsi. Le Seigneur ne dit pas : « Sans moi vous ne pouvez rien faire, mais, si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous ferez toutes sortes d’œuvres spirituelles et excellentes. » Il ne dit pas de quoi il va les rendre capables et qu’ils pourront accomplir eux-mêmes mais ce qu’il fera pour eux : « Cela vous sera accordé. » Il ne dit pas : « Une force suffisante vous sera donnée pour accomplir toutes sortes d’œuvres saintes que vous êtes incapables de faire en dehors de moi. » Cela eût été vrai, et c’est à cette vérité que nous regardons ; mais notre Seigneur, si sage, dit quelque chose de meilleur encore : « Vous demanderez. » Par la prière vous serez rendus capables. Mais avant toute attente de capacité : « Vous demanderez.»
Le pouvoir dans la prière est de beaucoup le meilleur privilège de notre condition spirituelle, et quand cette puissance nous est donnée à un haut degré, nous sommes favorisés de toutes manières.
Prière constante
Un des premiers résultats de notre union constante avec le Christ sera donc la pratique constante de la prière : « Vous demanderez. » Si les autres ne cherchent pas, ne frappent pas, ne demandent pas, en tous les cas, nous, nous le ferons. Ceux qui se tiennent loin de Jésus ne prient pas. Ceux en qui la communion avec le Christ est interrompue éprouvent une sorte d’impossibilité de prier ; mais Jésus dit : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez. » La prière jaillit spontanément chez ceux qui demeurent en Jésus, tout comme certains arbres de l’Orient, sans être pressurés, laissent couler leurs gommes odoriférantes. De même que la feuille et le fruit naissent de la branche sans aucun effort conscient de la part de la branche, mais seulement parce qu’elle est en vivante communion avec le cep, ainsi la prière est le fruit de l’âme demeurant en Jésus. Comme les étoiles brillent, les croyants attachés à Jésus prient. C’est leur habitude, leur seconde nature. Ils ne se disent pas : « Maintenant c’est le moment d’accomplir le devoir de la prière. » Non ! ils prient, comme ils mangent, parce que le besoin de prier est en eux.
Ils ne crient pas comme des esclaves : « En ce moment je dois être en prière, mais je n’aime pas beaucoup cela. Quel ennui ! » Mais c’est avec joie qu’ils s’approchent du trône de miséricorde. Les cœurs demeurant en Christ lancent des supplications comme le feu lance des flammes et des étincelles. Ces cœurs ouvrent la journée par la prière ; celle-ci les enveloppe comme dans une atmosphère tout le long du jour et le soir ils s’endorment en priant. Il en est qui prient même dans leurs rêves ; joyeusement ils peuvent dire : « Quand je m’éveille, je suis encore avec toi. » La prière habituelle jaillit du cœur de ceux qui demeurent en Christ ; ils n’ont pas besoin de se contraindre à la prière, elle leur est naturelle : Si vous demeurez en moi, vous demanderez, dit Jésus.
Plus de grâce
C’est alors que votre grand besoin de plus de grâce se fera plus vivement sentir.
Quoi ! dites-vous, « si je demeure en Christ et si ses paroles demeurent en moi, n’ai-je pas lieu d’être satisfait » ? Non ! Au contraire, c’est alors que nous sommes loin d’être contents de nous-mêmes, et que nous éprouvons plus que jamais le besoin de plus de grâce. Celui qui connaît le mieux le Christ, est aussi celui qui connaît le mieux ses besoins. Celui qui est le plus conscient de la vie en Christ est aussi le plus convaincu qu’il ne pourrait que mourir loin de lui. Celui qui discerne le plus clairement le caractère parfait du Christ sera le plus ardent en prière pour obtenir la grâce de croître en ressemblance avec lui. Plus je vis en mon Seigneur, plus je désire recevoir de lui, car je sais que tout ce qui est en lui est à ma disposition afin que je le possède : « Nous avons tout reçu de sa plénitude et grâce sur grâce ». C’est dans la proportion où nous sommes en relation avec la plénitude du Christ que nous sentons la nécessité d’y puiser par la prière constante. Il n’est pas nécessaire de prouver à celui qui demeure en Christ la nécessité de la prière, car il l’éprouve lui-même. La prière devient ainsi aussi nécessaire à notre vie spirituelle que le pain à notre vie corporelle : nous ne pouvons pas vivre sans demander les faveurs du Seigneur. Il nous dit : « Cherchez ma face », et notre cœur répond : « Je chercherai ta face, ô Éternel »
Une grande liberté dans la prière
Notez ensuite que le fruit de notre vie en Christ n’est pas seulement la pratique de la prière et un sentiment du besoin de prier, mais aussi une grande liberté dans la prière : « Vous demanderez ce que vous voudrez. » Ne vous est-il pas arrivé quelquefois de vous mettre à genoux sans pouvoir prier ? N’éprouviez-vous pas qu’il vous était impossible de plaider comme vous le désiriez ? Vous aviez besoin de prier, mais les sources étaient gelées et ne pouvaient pas couler. Vous disiez tristement : « Je suis enfermé et je ne puis sortir. » Vous aviez la volonté de prier, mais non le pouvoir. Désirez-vous donc la liberté dans la prière, de telle sorte que vous puissiez parler avec Dieu comme un ami parle à son ami ? Voici le chemin : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez. »
Je ne veux pas dire que vous gagnerez seulement la liberté de vous exprimer librement, car c’est là un don plutôt inférieur. La facilité de paroles est un don d’une valeur très discutable surtout quand il n’est pas accompagné de pensées de valeur et de sentiments sincères et profonds. Certains chrétiens prient au kilomètre, mais la vraie prière se mesure non à sa longueur, mais à la profondeur des désirs qu’elle exprime. Un simple soupir peut être devant Dieu plus précieux qu’une belle oraison d’une grande longueur. Celui qui marche avec Dieu en Christ est l’homme dont la capacité d’intercession est la plus grande. Il s’avance hardiment parce qu’il habite près du trône de grâce. Il voit le sceptre d’or tendu vers lui et il entend le Roi lui dire : « Demande ce que tu voudras et je te le donnerai. » C’est l’homme qui demeure en une union consciente avec son Seigneur qui a libre accès auprès de lui par la prière. Il peut venir au Christ rapidement, car il est en Christ et demeure en lui.
Ne vous attendez pas à saisir cette sainte liberté à votre fantaisie et présomptueusement ; il n’y a qu’un chemin par lequel nous puissions l’obtenir, et ce chemin, le voici : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous. » C’est le seul moyen par lequel vous pourrez ouvrir votre bouche et obtenir de Dieu qu’il la remplisse.
L’exaucement
Ce n’est pas tout. Le favori de Dieu a le privilège de prier avec succès : « Demandez ce que vous voulez et cela vous sera accordé ». Vous désirez porter du fruit ; demandez et cela vous sera accordé. Regardez le sarment de la vigne ; il demeure simplement attaché au cep et le fruit vient tout naturellement. Frère en Christ, le but unique de votre vie est de porter du fruit à la gloire du Père ; pour atteindre ce but, vous devez demeurer en Christ comme le sarment demeure attaché au cep. C’est la méthode par laquelle votre désir de beaucoup de fruit pourra être exaucé. Sur ce point, demandez tout ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. Vous aurez une merveilleuse puissance auprès de Dieu, à un tel point qu’avant que vous ayez appelé il vous répondra et que lorsque vous parlerez encore il vous aura déjà entendu. « Quand les justes crient, l’Éternel les exauce ». « Fais de l’Éternel tes délices et il t’accordera ce que ton cœur désire ». Il y a de la largeur dans ce texte : « Demandez ce que vous voulez et cela vous sera accordé. » Le Seigneur donne « carte blanche » à ceux qui demeurent en lui ; il leur met en mains un chèque qu’ils peuvent remplir à leur gré.
Encore plus
Est-ce que ce texte ne signifierait pas tout ce qu’il dit ? Jamais je n’ai vu que les paroles du Seigneur dépassaient la réalité. Je suis sûr au contraire, que souvent elles signifient plus que nous ne comprenons, mais jamais moins. Sans doute, ce n’est pas à tous les hommes qu’il dit : « Je vous donnerai tout ce que vous demanderez. » Oh ! non, cela leur serait une bien fâcheuse faveur ; mais il parle à ses disciples et leur dit : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous… » C’est à une certaine classe d’hommes qui ont déjà reçu grâce sur grâce de ses mains, qu’il accorde ce merveilleux pouvoir dans la prière. Ô mes chers amis, s’il y a une chose que je désire ardemment au-dessus de toutes les autres choses, c’est celle-ci : « que je puisse demander ce que je veux au Seigneur et l’obtenir ». Le vainqueur en prière est celui qui aussi prêchera avec succès, car il peut bien prévaloir auprès de l’homme pour Dieu, quand il a déjà prévalu auprès de Dieu pour l’homme. C’est lui qui pourra regarder en face les difficultés de la vie, car qui peut le vaincre puisqu’il peut obtenir tout de Dieu par la prière ? Un tel homme ou une telle femme dans l’Église valent dix mille chrétiens ordinaires. En eux, les desseins de Dieu envers les hommes sont accomplis et il leur donne domination sur tous les travaux de ses mains. Le sceau de la souveraineté est sur le front de ces hommes ; ils dirigent l’histoire des nations et guident le courant des événements par leur pouvoir sur le ciel. Nous savons que la volonté du Père est que Jésus ait toutes choses sous ses pieds et, comme nous sommes vivifiés avec lui, nous sommes aussi revêtus de puissance pour dominer, nous sommes faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu. Voici Élie avec les clefs de la pluie suspendues à sa ceinture : il ouvre ou ferme les fenêtres des cieux. Il y a encore de tels hommes de nos jours. Aspirez à être de ceux-là, je vous en supplie, afin que pour vous ce texte soit accompli : « Demandez ce que vous voulez et cela vous sera accordé.»
Un don perpétuel
Le texte semble indiquer que, si nous atteignons ce privilège, le don sera perpétuel : « Vous demanderez » ; vous demanderez toujours, vous demanderez au fur et à mesure de vos besoins, car vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé. Ici nous avons le don de la prière continuelle. Non pas seulement durant les semaines de prières, ni dans les circonstances spécialement affectées à la prière ; mais nous posséderons ce pouvoir avec Dieu aussi longtemps que nous demeurons en Christ et que ses paroles demeurent en nous. Dieu mettra son omnipotence à votre disposition ; il agira lui-même pour accomplir les désirs que son propre Esprit vous a inspirés. Je voudrais faire briller ce joyau devant les yeux de tous les saints jusqu’à ce qu’ils crient : « Puissions-nous le posséder ! » Ce pouvoir dans la prière est comme l’épée de Goliath ; avec raison tous les David peuvent dire : « Il n’y en a pas de pareille, donnez-la-moi ». Cette arme de la prière efficace met l’ennemi en déroute et, en même temps, enrichit son possesseur de toutes les richesses de Dieu. Comment peut-il manquer quelque chose à celui à qui le Seigneur a dit : « Demandez ce que vous voulez et cela vous sera accordé. » Oh ! venez, cherchons ce bienfait. Écoutez et apprenez ce chemin ! Suivez-moi pendant qu’à la lumière de notre texte je vous montrerai le sentier. Puisse le Seigneur nous y conduire par son Saint-Esprit !
Charles SPURGEON
www.batissezvotrevie.fr
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