QUE FONT LES MORTS ?
En quittant ce monde, les morts ne sont pas anéantis. Mais pouvons-nous en savoir davantage à leur sujet ? La façon dont nos bien-aimés nous sont arrachés est si tragique, qu'il n'est pas surprenant de voir, en tous lieux, les peuples et les religions frapper anxieusement à la porte d'airain de l'autre monde, pour chercher à garder le contact avec eux, ou tout au moins savoir ce qu'ils sont devenus. Tant de cœurs en deuil sont pleins d'amertume et de révolte. Beaucoup s'écrient comme David : « Mon fils Absalom ! mon fils, mon fils... Que ne suis-je mort à ta place ! » (2 Sam. 18.33. Avec la Sunamite, ils sont tentés de dire : « Ai-je demandé un fils... ? » (2 Rois 4. 28). Au sein d'une telle tristesse, il semble trop dur de n'espérer le revoir que dans un avenir lointain. On voudrait à tout prix que le contact ne soit pas interrompu, que la réunion soit immédiate. Dieu connaît ce désir de nos cœurs; il sait aussi dans son amour ce qui vaut mieux pour nos bien-aimés et pour nous, et n'a pas manqué de nous le révéler. Écoutons donc une fois de plus ce que nous dit le Livre inspiré, mais sachons également respecter son silence lorsqu'il se tait.
1. Où sont les morts ?
La réponse de l'Écriture est claire : les impénitents sont dans le séjour des morts malheureux, en attendant le jugement dernier et l'enfer; les croyants sont auprès du Seigneur, dans le repos, dans l'attente de la résurrection glorieuse. Examinons cependant la théorie, soutenue par exemple par les Adventistes, d'après laquelle la personne tout entière du mort, corps et esprit, serait dans la tombe où elle dormirait jusqu'à la résurrection.
Il est certain que le corps est dans la tombe, ou dans la poussière de la terre (Jean 5. 28; Dan. 12. 2). Mais l'esprit ne s'y trouve pas, et nous verrons encore qu'il est loin de dormir. D'après Luc 16.22-23, le pauvre Lazare est porté par les anges dans le sein d'Abraham, tandis que le mauvais riche est dans un lieu de tourments. Le brigand converti va retrouver aussitôt Jésus dans le paradis, qui n'est certes pas le tombeau. Après la grande victoire de Pâques, Paul préfère s'en aller pour être avec Christ, et demeurer auprès du Seigneur (Phil. 1.23; 2 Cor. 5.8). Or Christ n'est pas sous la terre, mais à la droite du Père, dans la gloire du ciel.
Il est clair d'autre part que la mort physique consiste précisément en la séparation de l'âme et du corps. D'après l'Ecclésiaste, le corps retourne à la poussière, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné (12.9). Nous lisons que l'âme de l'enfant ressuscité par Élie revint au dedans de lui et qu'il fut rendu à la vie (1 Rois 17.22). De même, quand la fille de Jaïrus fut ressuscitée « son esprit revint en elle » (Luc 8.55). Jésus lui-même remit son esprit entre les mains du Père, et s'arrêta pour un peu de temps dans le séjour des morts, tandis que son corps reposait dans le sépulcre (Luc 23.46; Jean 19.30; Actes 2.27). Étienne enfin s'écria en mourant : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! » (Actes 7.59). Que cette perspective est plus consolante que celle de sombrer dans la décomposition et l'inconscience jusqu'à la fin des temps !
2. Les morts dorment-ils ?
Voyons de plus près les textes qui parlent du « sommeil de la mort » (Ps. 13.4), et de « ceux qui dorment » (1 Thess. 4.13, etc). Nous croyons qu'ils se rapportent au corps, dont les yeux se sont fermés à la lumière d'ici-bas, et qui sommeille dans la tombe en
attendant la résurrection. C'est ainsi qu’Étienne, ayant remis son esprit au Seigneur Jésus, « s'endormit » (Actes 7.39-60). Daniel 12.2 parle de la résurrection de « ceux qui dorment dans la poussière de la terre ». Or, disions-nous, c'est le corps qui retourne dans la poussière, tandis que l'esprit retourne à Dieu (Eccl. 12.9).
Les auteurs de l'Ancien Testament, se plaçant parfois au point de vue d'ici-bas, appellent le séjour des morts la «terre de l'oubli» (Ps. 88.13), « le lieu du silence ›› (Ps. 115.17), « la fosse du néant » (Es. 38.17). L'Ecclésiaste dit que « les morts ne savent rien... leur mémoire est oubliée... ils n'auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil... il n'y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts » (Eccl. 9.5-6, 10). Certains psaumes déclarent que ce sont les vivants qui louent Dieu et espèrent en lui, que dans le séjour des morts il n'en est plus ainsi (Ps. 6.6; 88.11-3; 115.17; (voyez aussi Es. 38. 18-19). C'est ainsi que, de la terre, on peut envisager le sort de ceux qui quittent la communauté des vivants : ils n'ont plus part au culte ni aux sacrifices du peuple, ils sont à jamais retranchés des activités d'ici-bas.
Mais n'oublions pas les autres textes, d'après lesquels les âmes dans l'autre monde sont bien loin de dormir : Samuel, pleinement conscient, revient parler à Saül (1 Sam. 28. 12-19). Moïse et Élie, venus de l'au-delà, s'entretiennent avec Jésus sur la montagne de la transfiguration (Luc 9.30). Le mauvais riche subit les tourments en pleine possession de sa lucidité et de sa mémoire, tandis qu'Abraham lui répond et que Lazare est consolé (Luc 16. 23-31). Le « paradis » promis immédiatement au brigand repentant serait un bien curieux nom pour l'inconscience du sommeil ou l'anéantissement (Luc 23.43). Paul considère la mort comme un gain, ce qui ne serait pas, pour lui, le fait de dormir dans la tombe. D'autre part, « s'en aller et être avec Christ », ou « quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur », cela n'implique en aucune manière le sommeil (Phil. 1.21-23; 2 Cor. 5.6-8). Car serait-on vraiment « avec Christ » et «demeurerait-on avec le Seigneur » si on avait sombré - peut-être pour des milliers d'années - dans l'inconscience totale ? Et que serait une vie éternelle interrompue par des siècles de non existence ? Enfin, Jean voit les âmes des martyrs devant Dieu : elles réclament l'intervention du grand Juge, mais il leur est dit de se tenir en repos jusqu'à la délivrance finale (Apoc. 6. 9-11).
II n'est donc pas question, comme le prétendent certains, que l'âme du croyant dorme dans la tombe avec le corps jusqu'au jour de la résurrection. D'ailleurs, cette théorie n'a jamais pris pied largement dans l’Église. Elle est aux antipodes des conceptions catholiques, et elle a été vivement combattue par Calvin dans son traité « De Psychopannychia ». Pour les écrivains de la Réforme comme pour nous, l'âme connaît immédiatement après la mort la béatitude ou l'opprobre. La résurrection finale ne fera que consommer la gloire ou la peine définitivement.
3. Le repos des morts bienheureux
Les croyants disparus ne connaissent pas encore l'activité ni le règne qui suivront la résurrection. Par contre, dès leur arrivée dans l'autre monde, ils jouissent du repos après les luttes et les souffrances d'ici-bas. Samuel, revenant parler à Saül, lui fait ce reproche : « Pourquoi m'as-tu troublé en me faisant monter ? » (1 Sam. 28.15). Le pauvre Lazare expirant est aussitôt porté par les anges dans le sein d'Abraham, ce qui représentait pour les Juifs le comble du bonheur. Abraham ajoute que Lazare, après avoir eu tant de maux pendant sa vie, est maintenant consolé (Luc 16.22, 25). Si le brigand converti sur la croix entre ce jour-même dans le paradis (séjour des morts bienheureux), c'est aussi pour y trouver le repos et la félicité. L'Apocalypse enfin nous montre que l'on fait « se tenir en repos » les âmes des martyrs jusqu'au jour du jugement et de la fin des persécutions. Puis nous lisons cette parole si consolante : « Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent » (Apoc. 6. 10-11; 14. 13).
Ce repos est accordé par la pure grâce de Dieu à tous ceux qui ont reçu le salut. Qu'il est doux de penser que nos bien-aimés morts dans la foi en jouissent dans la présence du Seigneur !
4. Les morts nous voient-ils ?
Beaucoup de personnes trouvent une grande consolation dans la pensée que leurs disparus continuent à les voir et à les suivre dans leur intimité brusquement interrompue. Si touchante que soit cette pensée, qu'en est-il réellement ? Force nous est de constater que la Bible est absolument muette sur ce point. Elle doit avoir pour cela de bonnes raisons.
Nous venons de parler du repos des morts croyants. Or, il semble certain qu'ils ne connaîtraient aucun repos, s'ils devaient continuer à voir tout ce que nous faisons. Samuel reproche à Saül, pourtant son grand favori, de le troubler en l'appelant au secours. Quelles déceptions certains morts n'auraient-ils pas en voyant la conduite de ceux qui viennent de les pleurer à grand bruit ! Quelles inquiétudes aussi à notre sujet, en nous voyant exposés à tant de dangers et de tentations ! D'autre part nos morts ne sont pas omniscients, pour savoir du ciel tout ce qui se passe, en tant de lieux divers, dans le cœur et la vie de ceux qu'ils ont quittés.
Rien non plus dans l'histoire de Lazare et du mauvais riche ne laisse entendre que les âmes défuntes voient ce que se passe sur sur la terre.
5. Les morts nous entourent-ils de leur présence ?
Sans penser faire du spiritisme, des personnes dans le deuil expriment souvent cette pensée : « J'ai la conviction que ma mère (par exemple) ne m'a pas vraiment quitté, et qu'elle est constamment avec moi ». Si nous comprenons quelle consolation humaine une telle pensée pourrait apporter, nous devons constater une fois de plus que l'Écriture ne confirme rien de semblable. Nous avons déjà dit que s'il en était ainsi nos disparus n'auraient pas de vrai repos. Mais insistons encore sur le fait qu'ils ne sont pas omniprésents. Les textes disent formellement que les morts sont, ou bien auprès du Seigneur, ou bien dans le lieu de tourments dont on ne sort pas. Comment donc pourraient-ils être en même temps sur la terre, et partout à la fois où les membres de leurs familles sont dispersés ?
Comment expliquer alors la parole de Hébreux 12.1 : « Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d'une si grande nuée de témoins... courons avec persévérance » ? Veut-elle dire que les croyants disparus nous entourent et nous voient ? Si nous relisons le contexte et tout le chapitre 11, nous ne le croyons pas. L'auteur vient de parler de tous les héros de l'Ancien Testament qui nous ont précédés dans la noble carrière de la foi. Stimulés par leurs expériences et soutenus par leur exemple, nous devons à notre tour nous élancer sur le chemin de la victoire, les yeux fixés sur Jésus. Mais ce texte ne dit pas du tout que nos propres disparus continuent à partager tous les jours notre vie.
René PACHE
www.batissezvotrevie.fr
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jeannine pesnel (samedi, 29 octobre 2022 04:52)
bonjour,
Merci ^pour toutes ces explications ! c'est très clair !
dieu vous bénsse.