LES MORTS PRIENT-ILS POUR NOUS ?
L'invocation de la Vierge et des saints est fondée sur la croyance que ces personnages, de leur côté, intercèdent efficacement pour les fidèles auprès de Dieu. On se représente le Seigneur comme étant excessivement saint, sévère et redoutable. En s'adressant à sa Mère toute puissante et « médiatrice de toutes les grâces » on sera plus sûr d'être compris et accueilli. Le Seigneur n'a rien à refuser à celle dont le cœur maternel est particulièrement tendre. Ou bien, Dieu semble trop distant, trop occupé pour s'intéresser à toutes nos petites affaires; il sera bon par conséquent d'avoir différents saints que l'on puisse charger de ses menues requêtes. C'est ainsi qu'en Belgique, par exemple, il existe un saint spécial (avec sa statue préférée et son lieu de pèlerinage) pour toutes les circonstances de la vie : sainte Anne pour avoir des enfants; sainte Marie d'Augnies pour une heureuse délivrance; saint Cloud pour guérir les clous et les furoncles; sainte Claire, les maux d'yeux; saint Blaise, les ampoules; saint Lambert, la paralysie; sainte Appoline, les maux de dents; saint Job, les ulcères; saint Laurent, les brûlures; saint Erasme, les maux de ventre; saint Gommaire, les hernies; sainte Rita, les cas désespérés. Saint Antoine fait retrouver les objets perdus et prospérer les affaires. Notre Dame du Bois aide à passer les examens. Saint Eloi protège les métallurgistes; sainte Barbe les mineurs; saint Joseph, les menuisiers; sainte Cécile les musiciens; saint Christophe, les voyageurs; saint Hubert, les chasseurs. Sainte Gertrude est puissante contre les rats et les souris. Saint Feuillen assure de bonnes récoltes, etc., etc. Il en est de même en Italie, en Espagne, en Amérique du Sud et dans tous les pays fortement catholiques. Une chose très troublante est qu'au grand musée du Congo, à Tervueren près de Bruxelles, des salles immenses sont pleines de fétiches indigènes qui servent exactement aux mêmes buts !
Que dit la Bible de cette intercession des saints et de la Vierge, c'est-à-dire des morts ? La vérité est qu'elle n'en parle pas. Le mauvais riche (qui n'est pas un « saint ») essaie bien de supplier Abraham d'intervenir en faveur de ses frères restés sur la terre; mais la réponse est négative : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu'ils les écoutent ! », Luc 16. 19. Lorsque Dieu offre aux hommes le Christ et l’Écriture, il ne saurait leur accorder davantage. On a cru trouver dans l'Apocalypse des textes en faveur de l'intercession des saints. Que disent-ils ? « Les vingt-quatre vieillards se prosternèrent... tenant des coupes d'or remplies de parfums, qui sont les prières des saints... Un autre ange vint... on lui donna beaucoup de parfums, afin qu'il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l'autel d'or qui est devant le trône. La fumée des parfums monta, avec les prières des saints, de la main de l'ange devant Dieu », Apoc. 3. 8; 8. 3-4. Notons tout d'abord que dans le Nouveau Testament le terme de « saint » désigne tous les croyants, et non pas les « saints canonisés » de l’Église Romaine. Dans les passages tels que 2 Cor. 1. 1; Eph. 1. 1; 1 Tim. 5. 10, etc., les saints dont il est question sont sur la terre. Dans Apoc. 5 et 8 les vingt-quatre vieillards et l'ange, se trouvant déjà dans le ciel, présentent simplement à Dieu les prières que les croyants ont fait monter de la terre vers lui. Dans le texte sacré, nous n'avons pas d'exemple de prière d'intercession qu'un croyant déjà au ciel offrirait à Dieu en faveur des hommes de ce monde. Lorsque les Réformateurs commencèrent à demander avec insistance où pouvait se voir dans la Bible l'intercession des saints, l’Église Romaine se vit singulièrement embarrassée. Au Concile de Trente, en 1546, elle se vit obligée d'admettre dans le canon des Saintes Écritures les livres apocryphes de l'Ancien Testament, que jamais les Juifs ni l'Église jusque-là n'avaient tenus pour inspirés. C'est qu'elle avait cru trouver dans 2 Macchabées 15. 11-16 un appui pour cette doctrine. On y voit Jérémie et le grand prêtre Onias intercéder dans le ciel en faveur du peuple juif persécuté. Inutile de dire que ces livres apocryphes, placés dans le canon par nécessité et d'une qualité tellement inférieure, ne font pas autorité pour nous.
Si l'Écriture elle-même ne dit rien sur l'intercession des saints, elle ne cesse de répéter que nous avons un seul médiateur, un unique et suffisant intercesseur : « Il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous », 1 Tim. 2. 5-6. Il est le seul Sauveur; son amour et sa compassion pour nous ne sauraient être comparés à ceux d'aucune créature. Il déclare lui-même : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi... Je suis la porte. Si quelqu'un entre par moi, il seras sauvé... celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand », Jean 14. 6; 10. 9, 1. Pierre s'écrie avec force : « Il n'y a de salut en aucun autre (qu'en Jésus); car il n'y a sous le soleil aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés », Act. 4. 12.
Prétendre que pour aller à Dieu il nous faut d'autres intermédiaires que Jésus-Christ, c'est méconnaître aussi son intercession parfaite et suffisante. « II a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu'il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle... car ayant été tenté lui-même dans ce qu'il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés... Car nous n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins... Lui, parce qu'il demeure éternellement, possède un sacerdoce qui n'est pas transmissible. C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur », Hébr. 2. 17-18; 4. 15-16; 7. 24-25. Paul insiste encore sur cette pensée : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?... Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! » Rom. 8. 31, 34. Beaucoup de personnes ne connaissent que Christ mort pour elles sur la croix. D'après Paul, Il fait bien plus : vivant et glorifié, iI intercède pour nous. Que pourrions-nous souhaiter encore ? Si le Christ nous sauve parfaitement par son intercession constante, nous n'avons pas besoin d'autres intercesseurs. Comme le dit le proverbe, « il vaut mieux s'adresser au Bon Dieu qu'à ses saints ». Puisque nous avons le Seigneur, il nous suffit pleinement.
René PACHE
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