« ET SUR CETTE PIERRE... » (1° partie)
Qui est cette pierre ?
Là les opinions divergent. Trois thèses s'affrontent :
1 )la pierre désigne Pierre,
2) elle concerne Jésus-Christ,
3) c'est la confession de Pierre.
1) La pierre c'est l'apôtre Pierre.
C'est l'opinion de tous les interprètes catholiques et d'une bonne partie des théologiens protestants. Toute la thèse de la papauté est construite sur cette interprétation du verset. « Jésus-Christ a fondé une église monarchique en conférant à saint Pierre une pri¬mauté de juridiction sur toute l’Eglise. le fondement doit durer aussi longtemps que l'édifice lui-même... il faut en déduire que la primauté, principe et fondement de l'édifice, doit durer autant que celui-ci et que Pierre doit transmettre son autorité à ses successeurs... les succes¬seurs de Pierre dans la primauté sont les évêques de Rome1.
Pour établir la thèse catholique il faut prouver, non seulement que
1° la pierre c'est Pierre mais
2° que par cette parole Christ lui a assuré une primauté spiri¬tuelle dans son Eglise2,
3° que cette primauté était transmissible3,
4° que Pierre est venu à Rome4,
5° qu'il y a été évêque5,
6° qu'il a transmis cette primauté à ses successeurs, les évêques de Rome6,
7° que ces évêques se sont transmis sans défaillance cette primauté depuis Pierre jusqu'au pape actuel.
« Un seul abandon et tout s'écroule, voilà notre enjeu. Nous jouons toute notre fortune spirituelle sur un seul faux pas. »7 Jeu bien dangereux si on découvre que la Bible et l'histoire contredisent, non seulement un, mais chacun des six derniers points. A supposer donc que l'exégèse donne raison aux catholiques sur le premier d'entre eux, cela ne prouve pas encore la vérité de la thèse romaine de l'infaillibilité pontificale8.
Pierre est-il la pierre ?
C'est l'explication qui paraît la plus naturelle, sinon on ne com¬prendrait pas bien le mouvement de la phrase, ni le jeu de mots évident aussi bien en araméen (Kepha) qu'en grec (Petros : nom propre, petra : nom commun), en latin et en français.
Cependant une étude plus approfondie du texte dans l'original fait apparaître une difficulté qui a fait hésiter bien des interprètes devant cette explication « naturelle ».
En grec, le premier « Pierre » est au masculin et désigne un cail¬lou, une pierre mobile, le deuxième est au féminin et a un sens différent : roc, rocher, littéralement le passage devrait donc se tra¬duire : « Tu es caillou et sur ce rocher je construirai mon Eglise »9.
Cette distinction dans les mots doit nous avertir de ne pas imputer à la seule personne de Pierre cette haute signification. »10
Devant cette difficulté on a cherché d'autres sens pour ce mot « Rocher ». Dès les premiers siècles les interprètes ont proposé deux opinions…
(à suivre)
Alfred KUEN
1. Chanoine Boulenger : « Apologétique », pp. 335-339.
2. « Dans les plus anciens documents du N. T. il n'est question nulle part de la prétendue position prééminente dc Pierre. Ni Eph. 2.20 ni Ap. 21.14 ne citent Pierre. Au milieu des douze, il apparaît comme l'un d'entre eux.» Dr G. Gloege : “Reich Gaffes und Kirche im N. T.” (Gütersloh 1929), p. 269.
Ce silence embarrasse les théologiens catholiques : « Saint Paul n'a pas tout dit... concernant la doctrine de l’Eglise. Ainsi, pas un mot du Primat de Pierre et de son infaillibilité. Galates 2.11-14 fait plutôt difficulté : J'ai résisté à Pierre en pleine face. De même, pas un mot, ou à peu près sur l'autorité des évêques... cela prouve que la doctrine de l'Eglise n'est pas complète chez Paul... Il n'est qu'un chaînon de la grande chaîne de la Tradition. organe de la Révélation divine.» Abbé Hubert Paradis in « L'Eglise dans la Bible » (Desclée 1962), p. 95.
Une telle primauté spirituelle irait d'ailleurs directement à l'encontre de l'enseignement du Christ (voir Mt. 23. 8-12 ; Luc 22. 24-27). Pierre ne se juge pas revêtu de privilèges particuliers (v. Act. 10. 26 ; 1 Pi. 1.1 . 5.1).
3. Un théologien catholique de l'autorité de Karl Adam est bien obligé de reconnaître qu' « ... à s'en tenir aux textes, on peut estimer que les paroles rapportées dans Matthieu ne s'appliquent pas aux successeurs de Pierre » dans « Le vrai visage du catholicisme » (Paris 1934), p. 133. F. J. Leenhardt : « Étu¬des sur l'Eglise dans le N. T. » (Genève 1940).
Un autre fait troublant est l'omission de ces promesses faites à Pierre par les trois autres évangélistes. Si vraiment, par ces paroles, Jésus avait voulu conférer une primauté spirituelle si importante dans son Eglise, comment expliquer que Marc (le secrétaire de Pierre), et Luc rapportent bien la confession de l'apôtre, mais passent sous silence la promesse de Jésus ? Pourtant Marc relate la réprimande que le Seigneur fait à son disciple ! Pierre aurait donc raconté un fait qui réfute par avance toute prétention à l'infailli¬bilité en omettant la mention de la promesse de cette infaillibilité ?
La vraie raison de ce silence est sans doute le fait que, pour l'Eglise primi¬tive, la confession de l'apôtre avait bien plus d'importance que la promesse. Les prérogatives de Pierre se limiteront à : 1. être la première pierre de l'édi¬fice. 2. ouvrir la porte du royaume aux Juifs. 3. l'ouvrir aux païens. L'omission des promesses par trois évangélistes sur quatre est la « preuve que ces prérogatives temporaires avaient peu d'importance dans la tradition aposto¬lique.» L. Bonnet : « N. T. expliqué », t. I. p. 131. R. Stier : « Discours du Seigneur », t. II, pp. 204 ss.
4. Du point de vue biblique, la venue de Pierre à Rome est une quasi-impos¬sibilité. En tout cas, la version d'Eusèbe selon laquelle Pierre aurait fondé l'Eglise de Rome et y aurait exercé la charge d'évêque durant 25 ans (de 42 à 67) se heurte à une série de démentis formels de la Parole de Dieu.
Durant les années 36 à 50, le livre des Actes nous le montre constamment à Jérusalem, à Césarée, à Antioche. En 57, lorsque Paul écrit son épître aux Romains, Pierre n'est pas à Rome (un chapitre entier est consacré aux salu¬tations, 27 noms sont cités, mais aucune mention de Pierre) et certainement il n'y était pas allé auparavant (voir Rom. 1.11. 15 : 15. 20). Lorsqu'en 60 Paul arrive à Rome, il n'y a toujours aucune trace de Pierre. Paul convoque les Juifs (Act. 23.17-23). mais ceux-ci ne semblent jamais avoir entendu parler de lui, ni avoir de notion bien précise sur la « secte » chrétienne. Si Pierre, l'apôtre des circoncis (Gal. 2.7), était allé à Rome, il n'aurait pas manqué de pren¬dre contact avec eux.
Durant sa captivité romaine, Paul écrit les épîtres aux Colossiens, aux Philippiens, à Philémon. Pierre ne figure dans aucune des mentions de ceux que Paul associe à ses salutations. Dans 2 Tim. 4.21, il cite parmi d'autres Linus, celui que la tradition nomme comme successeur de Pierre dans l'épis¬copat romain, mais toujours pas question de Pierre. « Personne ne m'a assisté dans ma première défense, tous m'ont abandonné. » (4. 16). Pouvons-nous faire peser ce soupçon sur Pierre ?
Voir Antomarchi : « Rome face à l’Evangile », p. 65.92.
Dans la littérature post-apostolique, les mentions de Pierre deviennent de plus en plus précises à mesure qu'on s'éloigne du 1er siècle. La discrétion d'un Clément (1 Cor. 5), d'un Papias (cité par Eusèbe II.15) ou d'un Irénée (Adv. Haer. III.1.3) contraste singulièrement avec l'abondance de détails que nous trouvons dans les écrits de Jérôme (mort en 420 ; voir « De viris Illustr. » III. 1.5) ou d'Eusèbe.
« Jusque dans le courant de la deuxième moitié du second siècle, aucun document n'affirme explicitement que Pierre ait séjourné à Rome et y ait subi le martyre. » O. Cullmann : « Saint-Pierre », p. 100.
L'explication de ce fait se trouve sans doute dans le crédit dont jouis¬saient des écrits apocryphes du second siècle (Homélies Clémentines et Actes de Pierre) auprès des chrétiens. Ces romans, racontant les aventures de Pierre poursuivant le Magicien Simon jusqu'à Rome, ont été pris au sérieux par des écrivains tels que Justin, Irénée, Tertullien, Hippolyte... (voir des citations le prouvant dans Moreton: « Rome et l'Eglise primitive », pp. 93, 97-136). Si « tout cela est désormais classé dans le domaine de la légende » (Mgr Duchesne) il s'ensuit également que « tout ce qu'on a enseigné sur Saint Pierre, premier Pape de Rome, et ses successeurs, est établi sur des calculs trop peu fondés pour entraîner le suffrage de l'Histoire. » Mgr Duchesne : « Hist. anc. de l'Eglise », t. II
5. Il n'a déjà pas pu être évêque de Rome pour la bonne raison que l'épis¬copat monarchique n'y a été institué que vers le milieu du second siècle. La 1ère épître de Clément aux Cor. nous permet de déduire avec certitude que la situation primitive de la pluralité des épiscopes s'y était maintenue. « Pour Clément les termes épiscope et presbytre ont le même sens et sont interchan¬geables. » G. Bardy, : « Théologie de l'Eglise de Saint Clément à Saint Irénée » (Paris 1945), p. 40.
La même synonymie se retrouve dans le Pasteur d'Hermas.» (Ibid.) « Ils apparaissent toujours ensemble sans qu'aucun d'eux n'exerce sur les autres la prépondérance. » (Ibid. p. 123). — « L'épiscopat unitaire apparaît vers le milieu du IIe siècle dans les chrétientés occidentales. » Mgr Duchesne : « Hist. anc. Egl. » t. I. p. 91. « L'épiscopat monarchique s'est développé à Rome plus tard qu'ailleurs. » Moreton : « op. cit. », p. 167. Voir Haller : « Das Papsttum (Stuttgart 1950), p. 9.
6. Les faits prouvent en tout cas que durant les trois premiers siècles « il n'est guère possible de définir... dans quelle mesure le christianisme a conscience de posséder une autorité suprême, chargée de dirimer toutes les controverses, d'assurer l'unité de la discipline, de maintenir l'intégrité de la doctrine traditionnelle. » G. Bardy : « op. cit. », p. 122. — « C'est à peine si elle trouve l'occasion de se manifester dans les faits » (p. 123). — « Pendant les premiers siècles, tous les évêques ont été apostoliquement et canoniquement égaux entre eux ; ils étaient tous au même titre successeurs des apôtres. Les Pères de l'Eglise ont été unanimes sur ce point. » Chanoine Doellinger : « Les origines de la Papauté », p. 14. Cyprien a défendu avec une vigueur particulière cette égalité de tous les évêques devant les prétentions du pape Etienne. Dans sa lettre (72) « à mon frère Etienne. évêque de Rome » il écrit : « Nous ne prétendons contraindre, ni assujettir personne, chaque évêque étant libre de se comporter comme il le juge à propos dans le gouvernement de son église, et n’en devant rendre compte qu'à Dieu. » Au 7e Concile de Carthage, il s’insurge contre ceux qui veulent « se constituer évêque des évêques et prétendre que ses collègues lui obéissent en vertu d'un privilège tyrannique. » Il est vrai qu'on cite souvent certains extraits du « De Unitate Eccl. » en faveur de la thèse romaine, mais il a été reconnu, même par des savants catholiques (Mgr Battifol) que ce texte était truffé d'interpolations ultérieures. Voir Moreton : « op. cit. », pp. 173-175.
Pour ces premiers siècles. il est donc préférable de s'en tenir aux conclusions énoncées par les savants catholiques eux-mêmes : « On ne trouve à cette époque primitive. rien qui puisse servir de fondement aux prétentions papa¬les » (Cardinal Newman). « Il n'existe pas de document. datant des trois pre¬miers siècles, qui implique le droit d'une communauté d'excommunier une autre Eglise locale et indépendante.» (Dr Zenov cité Moreton p. 167.) « Il n'y avait pas un pouvoir directeur, une expression efficace de l'unité chrétienne. La papauté, telle que l'Occident la connut plus tard, était encore à naître au Ve siècle... Tel n'est pas le droit, telle n'est pas la théorie, mais tel est le fait. » Mgr Duchesne: « op. cit. », II. p. 661. « La papauté a son origine au Moyen-Age » (Chanoine Doellinger).
Quant à l'infaillibilité, « ce serait évidemment un monstrueux anachronisme que d'attribuer aux Pères pré-nicéens, la croyance à l'infaillibilité. » Mgr Battifol : « Dict. cath. », p. 672. — « Tous les historiens sont obligés de recon¬naître la chute du pape Libère quand il répudia la communion d'Athanase et souscrivit à la condamnation du grand évêque, pour rentrer dans les bonnes grâces de l'empereur, disciple zélé d'Arius. La faute du pape est attestée par S. Athanase, S. Jérôme et S. Hilaire. » Mgr Duchesne : « op. cit. », II, p. 281.
Ce ne sera qu'en 607 qu'un pape proclamera l'autorité de l'évêque de Rome et en 1049, au Concile de Reims, qu'il sera déclaré « primat apostolique de l'Eglise universelle ». Le dogme de l'infaillibilité devra attendre encore plus de huit siècles avant d'être proclamé.
7. Chanoine Christiani dans : Catholiques, Protestants, Frères quand-même.
8. On sait que le dogme de l'infaillibilité pontificale, promulgué seulement au Concile de Vatican I en 1870, rencontra de vives oppositions parmi les évêques catholiques. C'est par une suite de manœuvres et de « biais imprévus » que Pie Xl réussit à faire voter la doctrine qui lui tenait tant à cœur.
Un tiers de Pères conciliaires étaient opposés au nouveau dogme. La frac¬tion des • »anti-Infaillibilistes » comptait dans ses rangs certaines des plus hautes autorités de l'Eglise romaine : Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, Mgr Darboy, archevêque de Paris, le cardinal Mathieu. archevêque de Besançon, Mgr Ginouilhac, primat de Gaules et plus du tiers des évêques français. La plupart des évêques allemands et la totalité des austro-hongrois (avec le Car¬dinal von Schwartzenberg, archevêque de Prague et le cardinal Rauscher, archevêque de Vienne) se sont prononcés contre le dogme de l'infaillibilité.
Le chanoine I. von Doellinger, « le théologien le plus illustre de l'Eglise catholique et l’une des gloires scientifiques de l'Allemagne au XIXe siècle, le véritable chef, pendant cinquante ans, non seulement de la science théologi¬que, mais encore du catholicisme outre-Rhin » (A. Giraud-Teulon) avait pré¬paré une somme impressionnante de documents historiques prouvant que la papauté n'avait commencé à exister qu'au IXe siècle et que le dogme de l'in¬faillibilité pontificale était d'origine encore plus récente. « Pendant treize siècles, écrit-il dans son livre (« La Papauté et son Origine », p. 1.2) a régné dans l'Eglise et dans toute sa littérature un silence incompréhensible sur une proposition aussi fondamentale. Aucune des anciennes confessions de foi, au¬cun catéchisme, aucun des écrits des Pères de l'Eglise destinés à l'instruction religieuse du peuple, ne contiennent un mot du pape: encore moins une allu¬sion à l'obligation de ne chercher qu'auprès de lui la certitude en matière de foi et de doctrine. Aucun point de la doctrine, pendant le premier millier d'années de l'Eglise, n'a été reçu comme valablement décidé par une sentence papale. »
« Pour justifier la doctrine de l'infaillibilité papale au moyen de l'histoire de l'Eglise, il ne faut rien moins qu'entreprendre la falsification de cette histoire d'un bout à l'autre. » « Op. cit. », p. 265 (Paris 1904). « Pareilles à ces stratifications géologiques, résultant de dépôts successifs, des couches de falsifications et d'altérations se sont déposées l'une sur l'autre dans l’Eglise » (p. 45). Il ne se contente pas de l'affirmer, mais dans son ouvrage de près de 500 pages, il énumère les innombrables falsifications intervenues pour justifier les privilèges et les pouvoirs du pape. Comme preuve de la faillibilité du pape, il cite le cas du pape Honorius Ier, formellement condamné par le 3e Concile de Constance, pour avoir soutenu l'hérésie monothélite (cet exemple sera d'ailleurs évoqué au Concile par Mgr Hefele), celui du Pape Adrien condamné par la grande assemblée de l'Eglise de Francfort (794) et par le synode des évêques de Paris (824).
Au Concile, Mgr Strossmayer, évêque de Bosnie déclara- solennellement : « J'ai lu tout le Nouveau Testament et je déclare devant Dieu, en levant la main vers ce grand Crucifix, que je n'y ai pas trouvé trace de la papauté telle qu'elle existe maintenant... En lisant la sainte Ecriture avec toute l'atten¬tion dont le Seigneur m'a rendu capable, je n'y ai pas trouvé un seul verset dans lequel Jésus-Christ aurait donné à Saint Pierre autorité sur les apôtres, ses collaborateurs. Dans aucune des Epîtres adressées par lui aux différentes Eglises, l'apôtre Paul ne mentionne la souveraineté de Pierre. Si cette préémi¬nence avait existé, en un mot : si l'Eglise avait eu une tête visible qui ne peut faillir en matière de doctrine, le grand apôtre des Gentils l'aurait à coup sûr mentionnée. Que dis-je ? Il aurait écrit une longue épître sur ce sujet impor¬tant entre tous. Car si — comme c'est vraiment le cas — il a élevé l'édifice de la doctrine chrétienne, en aurait-il oublié le fondement et la pierre angu¬laire? Or si nous ne pouvons et ne devons pas dire que l'Église apostolique était hérétique, nous devons aussi reconnaître que l'Eglise n'a jamais été plus belle, plus pure et plus sainte qu'au temps où il n'y avait pas encore de pape... Je prétends qu'aussi longtemps que les apôtres ont vécu, l'Eglise n'a jamais pensé à la possibilité d'un pape. Pour prétendre le contraire, on devrait brûler ou ignorer totalement toutes les saintes Ecritures. » Cité par R. Stauf¬fer: « Le premier Concile du Vatican », p. 35.
Pie IX et le parti infaillibiliste restèrent inflexibles. On ne recula devant aucun moyen pour réduire l'opposition. « Je sais, écrira le chanoine Doellinger au lendemain du Concile, par quantité de témoins irréprochables, par des aveux échappés, que le Concile du Vatican n'était pas libre, qu'on y a employé les menaces, les intimidations, les séductions. Je le sais par des évêques dont je garde les lettres, ou qui me l'ont avoué de vive voix. Le même archevêque de Munich qui m’a excommunié, est venu chez moi le lendemain de son retour de Rome et m'a raconté des détails qui ne m'ont laissé aucun doute. » Chanoine I. von Doellinger : « Lettres et Déclarations au sujet des Décrets du Vatican » (Paris 1893), p. 270 cité par R. Stauffer, « op. cit. », p. 48.
Le vote final du dogme à la quasi-unanimité ne fut obtenu que grâce au départ prématuré de la minorité écartée.
Tous les évêques se rallièrent finalement au nouveau dogme. L'archevêque de Munich, Mgr Scherr. lui-même opposé à l'infaillibilité, frappa d'excom¬munication majeure son ami, le professeur Doellinger.
9. Dans 1 Cor. 10.4 « ce rocher était Christ », nous voyons que l'abbé Crampon traduit correctement le mot « petra » par le mot « rocher » ; de même dans Rom. 9.33 et 1 Pi. 2. 7 (rocher et scandale) ; de même dans Ap. 6.15 « ils disaient aux rochers » — Petra, rocher, ne se trouve que cinq fois dans le Nouveau Testament ; pourquoi l'abbé Crampon le traduit-il exceptionnelle¬ment par « pierre » dans Mt. 16.18 ? » A. Antomarchi : « Rome face à l'Evan¬gile, p. 24. Même, le jésuite A. Durand avoue dans son commentaire sur ce passage : « roc est un équivalent plus exact de petra ». Coll. « Verbum Salutis » (Paris 1948), p. 310. Cependant. il eût été dommage de ne pas rendre le jeu de mots certainement intentionnel contenu dans ce passage, d'autant plus que la langue française est, après l'araméen, celle qui s'y prête le mieux.
10. « Lettre pastorale du Synode de l'Église réformée des Pays-Bas » (Ed. Les Bergers et les Mages).
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