LA PAROLE INCARNÉE ET LA PAROLE INSPIRÉE
Le Christ et l’Ecriture
Il est à la mode de prétendre que Christ seul est la Parole de Dieu, tandis que la Bible ne serait pas cette Parole, mais la « contien¬drait » seulement. Un premier coup d'œil jeté sur la Bible suffit pour montrer l'inanité d'une telle déclaration :
Christ lui-même prononçait la Parole de Dieu dans sa prédica¬tion (Luc 5. 1).
Philippe prêche le Christ en Samarie, et les apôtres apprennent que la Parole de Dieu y a été reçue (Act. 8. 5,14).
Paul affirme que sa prédication n'est pas la parole des hommes, mais véritablement la Parole de Dieu (1 Thess. 2. 13).
Ainsi l'enseignement du Christ et des apôtres (comme des an¬ciens prophètes), consigné dans l'Ecriture, est réellement pour nous la Parole de Dieu.
Une comparaison entre
le Christ, Parole de Dieu faite chair et
la Bible, Parole de Dieu faite livre,
est extrêmement instructive, autant par les contrastes que par les similitudes qu'elle révèle.
En entrant dans le monde, le Christ dit : « ... Tu m'as formé un corps... Voici je viens — Dans le rouleau du livre il est question de moi... » (Hbr. 10. 5-7). Quel livre ? Quelle personne ? dit Luther à ce propos. Un livre : la Bible ; une personne : Jésus-Christ. Nous allons voir à quel point tous deux sont inséparables.
1)
LE CHRIST
Parole divine et éternelle (Jn 1.1), deuxième personne de la Trinité, Christ est avec le Père et l'Esprit, l'auteur véritable de l'Ecriture Sainte (1 Pi 1. 11 ; Apoc. 19. 10). Son nom est la Parole de Dieu (Apoc. 19.13b).
L’ECRITURE
Les pensées de Dieu consignées dans l’Ecriture sont elles-mêmes éternelles : « A toujours, ô Eternel, ta Parole subsiste dans les cieux » (Ps. 119. 89). Paul met en lumière le mystère de Christ et de l'Eglise, qui a été « caché de tout temps en Dieu » (Eph. 3.9 ; Col. 1. 26-27).
2)
LE CHRIST
Christ a été conçu du Saint- Esprit (Luc 1.35).
L’ECRITURE
« Toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tim.3. 16). Poussés par le Saint-Esprit…des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pi. 1.21).
3)
LE CHRIST
« La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous » (Jn 1.14). Le Christ divin et éternel est devenu humain, visible, accessible. On a pu le connaître, l’entendre, l’aimer. Il s’est mis à la portée des plus humbles, ayant paru comme un simple homme, un serviteur, un ouvrier (Phil. 2.7) Il « n’avait point étudié », et parlait volontairement le langage des simples (Jn 7.15 ; Luc 10.21).
L’ECRITURE
Les pensées insondables du Souverain des cieux (Es. 55.8-9) ont été exprimées dans notre langue terrestre : la Parole de Dieu est devenue parole humaine. En ce sens, elle a été écrite pour des hommes et par des hommes de chair et d’os, de leur temps, de leur nation. Véritablement incarnée, elle nous mène au milieu des pécheurs, et non pas dans un monde irréel. Elle rend le message divin lisible, compréhensible, traduisible dans la langue de chacun. Ignorant la sagesse et la philosophie des hommes, elle s’adresse délibérément aux humbles pour leur révéler les gloires du Seigneur (1 Cor. 2. 4-10).
4)
LE CHRIST
Christ, en s’incarnant, s’est limité volontairement (Phil. 2. 5-8). Il a pris un corps. Il est né, et a grandi lentement. Il a restreint sa présence à un groupe d’hommes, à un petit pays. Pourtant, ce « Fils de Joseph » est en même temps le divin Sauveur du monde.
L’ECRITURE
La Parole écrite de Dieu est aussi limitée à la compréhension de l’homme. Elle ne nous dévoile qu’en partie les divins mystères (1 Cor. 13.12). Un lent développement caractérise la révélation, de la Genèse à l’Apocalypse, avec des pages encore difficiles à comprendre. La Bible est premièrement un livre juif, issu d’un pays minuscule. Elle est pourtant le livre le plus universel, la Parole de Dieu pour toute l’humanité.
5)
LE CHRIST
Le Christ incarné, semblable à nous en toutes choses, était cependant parfait et sans péché (Jn 8.46 ; Hbr. 2.17 ; 4.15), omniscient (Jn 4.16-19), vrai (14.6)) et tout-puissant (11.14) ;
L’ECRITURE
Jésus déclare : « Ta Parole est la vérité » (Jn 17.17). Le Psalmiste ajoute : « La loi de l’Eternel est parfaite… Ta loi est la vérité… Le fondement de ta Parole est la vérité » (Ps. 19.8 ; 119.142, 160). L’auteur des Hébreux, ayant cité longuement l’Ancien Testament, conclut : « Car la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée… elle juge les sentiments et les pensées du cœur » (Hbr. 4.12). Le texte original de l’Ecriture, à la fois humain et divinement inspiré, a été gardé de l’erreur.
6)
LE CHRIST
Jésus-Christ avait une autorité unique. « Il enseignait comme ayant autorité et non pas comme les scribes » (Mc 1.22). « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7.46).
L’ECRITURE
Jamais livre non plus n’a parlé comme ce livre. Il a l’audace de dire : « Cieux, écoutez ! Terre, prête l’oreille ! Car l’Eternel parle » (Es. 1.2). Le seul Ancien Testament affirme 3808 fois qu’il transmet les paroles mêmes de Dieu.
7)
LE CHRIST
Christ a été trahi et rejeté. Les siens ne l’ont pas reçu (Jn. 1.11-12 ; 7.5). Les chefs religieux ne croyaient pas en lui (7.48). Les hommes ont préféré les ténèbres à sa divine lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises (3.19 ; 7.7). On l’a crucifié parce qu’il s’était affirmé Fils de Dieu (19.7).
Le témoignage que Jésus s’était rendu à lui-même était clair et véridique, mais on l’a jusqu’au bout accusé d’ambiguïté et de mensonge : « Si tu es le Christ, dis-le nous franchement » (Jn 10.24). « Ton témoignage n’est pas vrai » (8.13).
L’ECRITURE
Plus que tout autre, le Livre des livres a été détesté et combattu. Il a connu la terrible opposition des pécheurs, qui se sentaient condamnés par ses pages. On l’a déchiré, brûlé (cf. Jér. 36.23), interdit. Il a été ridiculisé et critiqué par ceux-là même qui auraient dû le respecter et le répandre. Les hommes ne peuvent supporter sa prétention d’être la Parole de Dieu et de diriger leur vie.
Malgré les innombrables déclarations de l’Ecriture, on prétend aujourd’hui encore ne pas savoir si elle est réellement la Parole de Dieu ou non. Et l’on déclare aussi irrecevable le témoignage qu’elle se rend à elle-même.
8)
LE CHRIST
Christ est glorieusement manifesté comme le Sauveur victorieux. Il est la lumière du monde, le pain vivant descendu du ciel (Jn 8.12 ; 6.51). Il régénère et donne la vie éternelle (5.24 ; 10.28). De sa bouche sort l’épée à deux tranchants de sa parole souveraine (Apoc. 1.16 ; 19.15). C’est lui qui jugera le monde, et sauvera les croyants (Act. 10.42 ; 1 Tim. 4.10)
L’ECRITURE
La Bible triomphe en tout temps de ses ennemis. Elle est toujours vivante et actuelle. L’Ecriture est une lumière sur notre sentier (Ps. 119.105). L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Mt 4.4). La parole vivante et permanente de Dieu régénère et sauve le pécheur (1 Pi. 1.23 ; Jac. 1.21). Elle est l’épée à deux tranchants qui nous juge (Hbr. 4.12). La Parole du Seigneur jugera l’incrédule au dernier jour (Jn 12.48).
9)
LE CHRIST
Christ se révèle à la foi : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » (Jn 11.40). « Ne sois pas incrédule, mais crois ! Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu » (20.27-28).
L’ECRITURE
L’Ecriture n’est utile et accessible qu’aux croyants (1 Th. 2.13 ; Hbr. 4.2). Elle s’ouvre seulement à ceux qui croient en Jésus (2 Cor. 3.14-16).
10)
LE CHRIST
Le Christ rend témoignage sans réserve à l’Ecriture, à son inspiration, son autorité, son caractère final (Mt 4.4 ; 5.17-18 ; Jn 10.35, etc.)
L’ECRITURE
L’Ecriture à son tour rend constamment témoignage au Christ, qui constitue le grand thème de sa révélation (1 Pi. 1.10-12 ; Luc 24.27, 44). Les deux Paroles sont donc indissolublement liées : si l’on ne croit pas à l’Ecriture, comment croira-t-on en Celui qu’elle révèle ? et si on ne reçoit pas Jésus, la Parole vivante, comment se fiera-t-on à la Parole écrite, base de tout son enseignement ?
11)
LE CHRIST
Christ seul nous fait connaître le Père (Jn 1.18). Celui qui a vu Jésus a vu le Père, et nul ne vient au Père que par lui (14.9, 6). Ainsi, lorsque Christ parle, c’est Dieu qui parle, exigeant notre foi et notre obéissance absolues (8.28, 24).
L’ECRITURE
La Bible seule nous apporte la pleine révélation du Père et du Fils. Que saurions-nous en dehors des Ecritures sur le vrai Dieu et sur Jésus-Christ le Sauveur ? (Jn 5.39). Aussi la révélation écrite demande-t-elle notre foi et notre adhésion sans réserve (cf. Apoc. 1.3 ; 22.18-19).
René PACHE
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