LE MYSTÈRE DES DEUX NATURES DU CHRIST ET DE L'ÉCRITURE
Nous venons de voir1 que par l'incarnation, le Christ est à la fois parfaitement Dieu (Jn 1.1, 14 ; 20.28 ; Rom. 9.5) et parfaitement homme (Hbr. 2.14, 17). L'Ecriture elle aussi, par le miracle de l'inspiration, est en même temps une parole divine et une parole humaine. Nous ne prétendons pas expliquer l'un de ces miracles plus que l'autre, nous qui sommes incapables d'élucider même la naissance de l'homme et la nouvelle naissance du croyant. Nous naissons en effet avec un corps et un esprit — et nul savant ne peut nous dire où commence l'un et où finit l'autre, où et comment l'un est attaché à l'autre. Que la nature divine soit communiquée au croyant par le Saint-Esprit (Tite 3.5 ; 2 Pi. 1.4), c'est également pour nous une glorieuse certitude, qui pourtant nous dépasse entièrement.
Mais laissons parler sur ce point Adolphe Monod : « Quand l'Ecriture parle, c'est Dieu qui parle. Il n'y a pas de bornes à la confiance et à la soumission que nous devons aux Ecritures, pas plus de bornes qu'on n'en trouverait à la vérité et à la fidélité de Dieu... Mais... en examinant de près ce livre, je le trouve plein de l'homme... je reconnais en effet chez ses écrivains une individualité de style, de caractère... Nous voyons là. l'esprit de l'homme qui a sa part dans la rédaction de la Parole de Dieu. Il a été clairement dans les vues de Dieu qu'à chaque page de ce livre que nous appelons la Parole de Dieu, on reconnût en même temps une parole d'homme... Mais elle est d'autant plus divine qu'elle est plus humaine ; c'est-à-dire qu'on y sent d'autant plus la puissance et la présence de l'Esprit de Dieu et son influence sur nos âmes, que Dieu s'est servi, pour l'écrire, d'organes en qui son Esprit a seul pu opérer cette puissance et cette lumière surnaturelle, pour en faire des vaisseaux destinés à porter la vérité jusqu'au bout du monde ».
« Les Ecritures donnent parfois le même nom à Jésus-Christ et à l'Ecriture Sainte : elles les appellent l'un et l'autre la Parole de Dieu. L'une de ces paroles, Jésus-Christ, est la Parole vivante de Dieu, la manifestation personnelle de ses perfections invisibles au sein de l'humanité ; l'autre, l'Ecriture, est la Parole écrite de Dieu, manifestation verbale donnée par le langage de ces mêmes perfections invisibles. Elles sont inséparables pour nous : car Jésus-Christ ne nous est révélé que par l'Ecriture, et l'Ecriture ne nous est donnée que pour nous révéler Jésus-Christ. Ainsi l'Ecriture est la Parole écrite de Dieu, comme Jésus-Christ est la Parole vivante de Dieu. Ceux qui s'appuient sur les caractères humains de l'Ecriture pour en méconnaître la divinité, raisonnent comme ceux qui s'appuient sur !a personnalité humaine de Jésus-Christ pour lui refuser le titre de Dieu... Il n'est pas plus étonnant que l'Ecriture, quoique Parole de Dieu, porte en même temps tant de traces d'humanité, qu'il ne l'est que Jésus-Christ, quoique Dieu, soit homme. Quant à la manière dont se fondent les deux natures (dans un cas) et les deux voix (dans l'autre), c'est le fond même de l'objet de la foi sur ce point, mystère profond, mais, nous dit saint Paul, « mystère de piété », et qui remplit notre âme de joie et d'espérance » (Ad. Monod. les Adieux, éd. 1957, Groupes Missionnaires. pp. 169 ss.). Voici enfin sur ce point la conclusion de L. Gaussen : « Il est du dogme de l'inspiration comme de celui de l'incarnation. Dans l'un comme dans l'autre de ces dogmes, il y a un fait abondamment révélé ; et ce fait, je le crois abondamment. Mais devant l'un comme devant l'autre de ces dogmes, je me tiens attentif et soumis et je n'explique rien... Dans l'un, c'est Dieu lui-même parlant dans les Ecritures ; c'est le travail ineffable du Saint-Esprit, faisant écrire par l'homme et pour l'homme ses oracles divins... Et « toute cette Ecriture, dit saint Paul, est théopneustique » (c’est-à-dire inspirée de Dieu). Quel adorable mystère ! Dans l'autre, c'est la Parole « qui était au commencement avec Dieu, qui était Dieu, et qui a été faite chair »… Sans contredit, dit le même apôtre, c'est un grand mystère que le mystère de la piété, Dieu manifesté en chair... Ne dites donc pas : Si Jésus-Christ est Dieu, comment est-il un homme ? Ou, si Jésus-Christ est un homme, comment est-il Dieu ? Et ne dites pas non plus : Si les Ecritures sont la Parole de Dieu, comment sont-elles la parole de l'homme ? Ou, si les Ecritures sont la parole de l'homme, comment sont-elles la Parole de Dieu ? Non, lisons et étudions, croyons et adorons ! » (La véritable doctrine de M. Gaussen sur l'inspiration des Ecritures, Trois lettres, p. 13).
René PACHE
www.batissezvotrevie.fr
1. Voir les articles précédents dans la même rubrique « ma Bible » (NDLR).
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