UN DIEU SOUS UNE FORME HUMAINE ?
« La foule éleva la voix, et dit en langue lycaonienne : Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous » (Actes 14.11).
Ni Mercure, ni Jupiter
Laissons notre imagination remonter le fleuve du temps pour faire escale en Asie mineure, au premier siècle de notre ère. Nous sommes en Lycaonie, district élevé et accidenté, riche de pâturages. Entrons dans Lystre, colonie romaine, l'une de ces cités parées de grossières superstitions, apanage classique d'un paganisme ancestral.
Un fait insolite vient aujourd'hui bousculer la quiétude journalière. Deux prêcheurs, Barnabas et Paul, venus d'Iconium, ville proche d'une vingtaine de kilomètres, ont provoqué un attroupement sur la place publique. La foule écoute, attentive. Celui qui s'adresse au peuple n'a pas l'air éloquent ; par contre, il semble plein d'assurance, comme tous ces gens qui savent de quoi ils parlent. Il fait mention d'un certain Jésus, Fils de Dieu, venu du ciel, à ce qu'il paraît, pour sauver les hommes du péché et les arracher à toutes leurs détresses. Ce Jésus aurait fait sur la terre d'Israël toutes sortes de guérisons, de miracles et de grands prodiges. Puis les chefs religieux, jaloux, l'auraient fait arrêter, juger devant Pilate, et condamner. Il aurait terminé sa carrière sur une croix entre deux brigands pour porter les iniquités du monde entier. Mais que dit le prêcheur ? Ce Jésus serait revenu à la vie, trois jours plus tard ? Qu'est-ce que toute cette histoire ? Il a même enseigné qu'il faut croire en lui, et que par le chemin de la foi, nous pouvons obtenir de lui, pardon, guérison, délivrance !
Que se passe-t-il ? Le prêcheur vient d'interrompre son discours. Il fixe maintenant ses regards sur un homme assis. C'est un impotent des pieds, un boiteux de naissance, un homme qui n'a jamais marché.
"Lève-toi droit sur tes pieds", crie le prêcheur. Eh bien ! il ne manque pas d'audace ! Non... ce n'est pas possible ! Le boiteux se lève d'un bond, il marche ! Cet homme est connu à Lystre. Ce n'est donc pas un coup monté par quelque charlatan ambulant, vivant de la crédulité populaire. Ce jour-là, à Lystre, quelque chose d'inouï vient de se produire.
Aussitôt, c'est la bousculade, des cris, une agitation frénétique, un vrai mouvement de foule, en somme ! A la vue du miracle, la foule élève la voix : "Les dieux sous une forme humaine sont descendus vers nous" ! Pas de doute possible, celui qui vient d'apporter une parole aussi puissante, et fait marcher l'impotent, ne peut être que le dieu Mercure venu sur terre. Et son compagnon ? C'est Jupiter, à coup sûr ! Qui voulez-vous que ce soit ? Mais alors, si c'est Jupiter, il faut aller trouver son prêtre. Et tout le folklore d'une masse enténébrée se met aussitôt en branle. Le temple de Jupiter étant à l'entrée de la ville, on amène des taureaux avec des bandelettes. Il faut offrir des sacrifices à ces dieux en visite chez les hommes.
Le plus étonnant est à venir. Apprenant tout ce qui se passe, les deux prêcheurs déchirent leurs vêtements en signe d'humiliation, se précipitent au milieu de la foule, et crient : "O hommes, pourquoi agissez-vous de la sorte ? Nous aussi, nous sommes des hommes de la même nature que vous ; et, vous apportant une bonne nouvelle, nous vous exhortons à renoncer à ces choses vaines, pour vous tourner vers le Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s'y trouve" (Actes 14.15).
On s'était donc trompé de registre. Ce n'étaient pas des dieux sous une forme humaine. Ni Jupiter, ni Mercure. Seulement deux serviteurs de Jésus-Christ annonçant l'Evangile de leur Maître. Et voilà du même coup les rêves en rose des vieilles croyances populaires qui se cassent. Dommage pour les pilules dorées des religions sans espérance, qui se trouvent broyées là, dans l'inéluctable puissance du Christianisme ! A Lystre, les colonnes de l'obscurantisme païen venaient de se fissurer, les fondements de l'erreur avaient été secoués. L'Eglise de Jésus-Christ était née, là aussi.
Mais tout le monde n'entre pas dans ce courant glorieux. Les manipulateurs de masses ont un tel pouvoir magique que dans leurs mains, les encensoirs peuvent devenir en quelques instants des glaives meurtriers. Lystre n'échappe pas à ce phénomène. Les mains qui applaudissaient hier, sont celles qui frappent aujourd'hui. Des agitateurs venus d'Iconium ont retourné la foule contre Paul. Elle le lapide et le traîne hors de la ville, pensant qu'il est mort. Il ne s'en sort que par la grâce de Dieu.
Non ! Paul et Barnabas n'étaient pas des dieux ! Si le chapitre quatorze des Actes des apôtres nous fait le rapport d'une tournée missionnaire riche en bénédictions et en victoires spirituelles, la fin du chapitre quinze, elle, est couverte d'une ombre regrettable. Une différence d'appréciation entre Paul et Barnabas sur la personne de Jean-Marc, leur collaborateur d'un temps, engendre un dissentiment assez vif pour que les deux missionnaires se séparent. Les hommes sont vite ramenés à leur juste mesure.
Réaction viscérale
De tout temps, l'homme a eu la fâcheuse démangeaison de déifier certains de ses semblables, oubliant que l'homme n'est que poussière, et ne voulant jamais apprendre les leçons de l'Histoire.
Après un naufrage en Méditerranée, l'apôtre Paul et deux cent soixante-quinze personnes avec lui, échouent sur l’île de Malte. La pluie tombe. Il fait grand froid. Les barbares témoignent aux naufragés une bienveillance peu commune. Ils les recueillent auprès d'un grand feu. Paul ramasse un tas de broussailles et l'ayant mis au feu, une vipère en sort par l'effet de la chaleur et s'attache à sa main. Quand les barbares voient l'animal suspendu à sa main, ils se disent les uns aux autres : « Assurément, cet homme est un meurtrier, puisque la Justice n'a pas voulu le laisser vivre, après qu'il a été sauvé de la mer. » (Encore la mythologie païenne qui montre le bout de son nez !). Mais Paul
secoue l'animal dans le feu, et ne ressent aucun mal. Ces gens s'attendent à le voir enfler ou tomber mort subitement.
Ils attendront longtemps ! Voyant qu'il ne lui arrive aucun mal, ils changent d'avis et disent que Paul est un dieu !
Décidément !
Jérusalem. Il est trois heures après-midi. Dans le ciel d'un boiteux de naissance, l'heure du miracle vient de sonner. Deux apôtres, Pierre et Jean, montent au temple pour prier. Comme tous les jours, on a porté et placé le boiteux à la porte du temple appelée la Belle pour qu'il demande l'aumône à ceux qui entrent dans le temple. Pierre, de même que Jean, fixe les yeux sur lui : "Je n'ai ni argent, ni or, dit l'apôtre ; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche". Il le prend par la main droite et le fait lever. Au même instant, ses pieds et ses chevilles deviennent fermes ; d'un saut il est debout et se met à marcher. Tout le monde le voit marchant et louant Dieu. Le peuple étonné accourt. Pierre sent alors un danger : la foule regarde aux hommes plutôt qu'à Dieu. Comme un serviteur de Dieu fidèle, il détourne les regards de lui pour les diriger sur Jésus. "Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de cela ? Pourquoi avez-vous les regards fixés sur nous, comme si c'était par notre propre puissance ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ? ... C'est par la foi au nom de Jésus que son nom a raffermi celui que vous voyez et connaissez ; c'est la foi en lui qui a donné à cet homme cette entière guérison en présence de vous tous" (Actes 3.1-16).
Ah ! cette promptitude à attribuer à l'homme ce qui vient de Dieu !
Césarée, sur les bords de la Méditerranée, est au temps des apôtres le principal port de Palestine, et sert de résidence habituelle aux procurateurs romains. C'est là que vit Corneille, centenier dans la cohorte italienne. Il est pieux, craint Dieu, fait beaucoup d'aumônes au peuple, et prie Dieu continuellement. Un jour, il voit dans une vision un ange se présentant à lui et disant : Envoie à Joppé, et fait venir Simon, surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.
Faire venir Simon Pierre ! L'un des douze disciples de Jésus ! L'un des trois que Jésus a pris avec lui pour qu'ils soient témoins de miracles glorieux... Pierre, l'homme qui a marché sur les eaux ; l'homme qui a jeté le filet sur l'ordre du Christ et connu une pêche miraculeuse ; l'homme qui a prêché l'Evangile le jour de la Pentecôte et vu trois mille âmes se convertir au Seigneur ; cet homme, qui est-il donc ?
Corneille s'empresse de le faire venir, et on imagine aisément avec quel enthousiasme ! Enfin, l'homme de Dieu arrive. Assurément, il doit être plus qu'un homme ! Corneille va au-devant de lui, tombe à ses pieds et se prosterne. A l'époque, et aujourd'hui encore, cette attitude est lourde de signification. Pierre relève Corneille en disant : Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme ! (Actes 10.25-26)
Avouons-le ! Nous avons du mal à comprendre les leçons que le Seigneur nous enseigne. Le culte de l'homme, le culte de la personnalité, ont des résurgences dramatiques. "Moi aussi, je suis un homme", disait Pierre. C'était vrai. A Antioche, il est répréhensible. Avant l'arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mange avec les païens ; et quand elles arrivent, il s'esquive et se tient à l'écart, par crainte des circoncis. Avec lui, les autres Juifs usent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabas même est entraîné par leur hypocrisie. Ce jour-là, Pierre ne marche pas droit selon la vérité de l'Evangile, et Paul le reprend fermement (Galates 2.11-14).
Dans son rôle de précurseur du Messie, Jean-Baptiste fait parler de lui, au point que les Juifs envoient de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites pour s'informer plus précisément de sa personne. Celui qui rassemble les foules au Jourdain ne serait-il pas le Christ ? Sinon, n'est-il pas Elie, ou l'un des prophètes, revenu dans ce temps-ci ? Non, il n'est aucun de ceux-là. Mais qui est-il donc ? Que dit-il de lui-même ? "Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe le prophète". C'est tout. "Moi, dit-il, je baptise d'eau, mais il y a quelqu'un qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers" (Jean 1.23, 26-27). L'homme reste à sa place. Dieu est glorifié.
Que diriez-vous maintenant d'un petit tour du côté de Galaad ? Nous sommes au temps d'Achab et de Jézabel. Nous devrions dire au temps d'Elie, le Thischbite, prophète de Dieu, car l'Histoire est toujours sous le contrôle absolu de Dieu. Ce sont Dieu et ses hommes qui font l'Histoire. Les autres, qui pensent tout tenir dans leurs mains, ne sont en fait que des instruments servant aux desseins du Tout-Puissant.
Que pensez-vous d'Elie ? Un homme nourri miraculeusement par des corbeaux, matin et soir, sur l'ordre de Dieu ; un homme qui est l'instrument entre les mains de Dieu pour accomplir un miracle en faveur d'une veuve et de son fils : en pleine famine, la farine d'un pot ne manquera pas, et l'huile d'une cruche ne diminuera pas ; un homme qui ressuscite un enfant ; un homme qui, en réponse à sa prière, voit le feu de Dieu descendre sur son holocauste ; un homme qui fait tomber la pluie sur son pays après tout un temps de sécheresse effroyable, et cela suite à une intercession ardente ; un homme qui entend la voix de Dieu dans la montagne ; un prophète authentique, appellation contrôlée, annonçant des événements qui ne manquent pas de se produire ; un homme qui, finalement, ne connaît pas la mort, mais monte au ciel dans un tourbillon, accompagné d'un char et de chevaux de feu. Qui est donc cet homme-là ? Ne serait-ce pas un dieu ? Qu'en pensez-vous ? Il faudra attendre des siècles pour que la Bible réponde à cette question. "Elie était un homme de la même nature que nous", écrit Jacques (5.17), un homme ayant les mêmes passions que nous, sujet aux mêmes faiblesses, sujet comme nous, à toutes les misères de la vie, selon ce que disent respectivement les versions Darby, Synodale, et celle du Maistre de Sacy.
Mon pasteur n'est pas un dieu. Pas plus que l'évangéliste qui termine avec succès une série de réunions dans mon Assemblée. Pas plus que ce frère dont l'enseignement m'a fait tant de bien l'an dernier et qui marque encore ma vie spirituelle aujourd'hui.
La Parole du Seigneur m’aide à comprendre… « A Dieu soit la gloire, dans l’Eglise » ! (Ephésiens 3.20)
Paul BALLIERE
www.batissezvotrevie.fr
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Adrien Konan (dimanche, 10 décembre 2023 17:15)
Excellent, Dieu vous bénisse richement.Amen!