COMMENT DIEU A-T-IL PARLE A SES PROPHETES ?
« Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par le Fils » (Hbr. 1. 1-2). C’est toujours le même Dieu qui a parlé dans l'Ancien Testament et dans l'Evangile. Voyons de quelles manières diverses il l’a fait.
1. Une rencontre décisive avec Dieu marque normalement le début de la carrière d’un prophète. Cette rencontre prouve que le Seigneur a pris l'initiative, en choisissant et préparant son instrument, avant même de lui communiquer son message.
Moïse, au buisson ardent, prétend qu’il ne sait pas parler. Dieu lui répond : « Qui a fait la bouche de l'homme ?... Va donc, je serai avec ta bouche, et je t’enseignerai ce que tu auras à dire… (Aaron) parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu » (Ex. 4. 11-12, 16).
Samuel. « La Parole de l'Eternel était rare en ce temps-là, les visions n’étaient pas fréquentes Samuel ne connaissait pas encore l’Eternel, et la Parole de l'Eternel ne lui avait encore été révélée. » Dieu appelle par trois fois Samuel, qui lui répond : « Parle, Eternel, car ton serviteur écoute. Samuel. ne laissa tomber à terre aucune de ses paroles. L'Eternel se révélait à Samuel dans Silo, par la Parole de l'Eternel » (1 Sam. 3)-
Esaïe voit le Seigneur dans sa sainteté. Un séraphin purifie ses lèvres avec un charbon ardent pris sur l'autel. Le prophète ajoute : « J'entendis la voix du Seigneur, disant ; Qui enverrai-je et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi ! Il dit alors : Va, et dis à ce peuple... » (Es. 6. 1-9).
Jérémie. « La Parole de l'Eternel me fut adressée en ces mots : Avant que je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais… je t'avais consacré, je t'avais établi prophète des nations… Tu diras tout ce que je t'ordonnerai… Voici, je mets mes paroles dans ta bouche » (Jér. 1. 4-9). « Je veux que ma parole dans ta bouche soit du feu, et ce peuple du bois, et que ce feu les consume » (5. 14). Le prophète répond : « Sache que je supporte l’opprobre à cause de toi. J'ai recueilli tes paroles et je les ai dévorées ; tes paroles ont fait la joie et l’allégresse de mon cœur » (15. 15-16). Puis il reçoit cette promesse du Seigneur : « Si tu sépares ce qui est précieux de ce qui est vil, tu seras comme ma bouche » (v. 19).
Ezéchiel. « Il me dit : Fils de l’homme, je t'envoie vers les enfants d'Israël. Reçois dans ton cœur et écoute de tes oreilles toutes les paroles que je te dirai ! Va… tu leur parleras, et, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur l'Eternel.» Le Seigneur lui fait alors manger symboliquement un rouleau sur lequel est écrit le message à la fois doux et amer qu'il devra délivrer (Ez. 2.1 à 3. 11).
Amos déclare: « Je ne suis ni prophète, ni fils de prophète ; mais je suis berger, et je cultive des sycomores. L'Eternel m'a pris derrière le troupeau, et l’Eternel m'a dit : Va, prophétise à mon peuple d'Israël » (7. 14-15).
Paul. Ananias lui dit : « Le Dieu de nos pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de sa bouche ; car tu lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues » (Act. 22. 14-15). L'apôtre lui-même ajoute : « Lorsqu'il plut à Celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils, pour que je l'annonce parmi les païens, aussitôt je n’ai consulté ni la chair ni le sang » (Gal. 1. 15-16).
Jean. « Je fus ravi en esprit au jour du Seigneur, et j'entendis derrière moi une voix forte… qui disait : Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Eglises... Ecris donc les choses que tu as vues, et celles qui sont, et celles qui doivent arriver après elles... » (Apoc. 1.10-11, 19). Jean aussi doit « manger un livre », puis on lui dit : « Il faut que tu prophétises de nouveau sur beaucoup de peuples, de nations, de langues et de rois » (10. 8-11).
Le Christ lui-même, la Parole faite chair, reçoit son message du Père. Esaïe dit de Lui : « L'Eternel… a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant » (49. 1-2). « Le Seigneur, l'Eternel, m'a donné une langue exercée pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu ; il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille, pour que j'écoute comme écoutent des disciples » (50. 4-5). Plus loin, Dieu dit encore à son Serviteur : « Je mets mes paroles dans ta bouche… pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre » (51. 15-16).
Jésus, de son côté, déclare formellement : « Je ne fais rien de moi-même, mais. je parle selon ce que le Père m'a enseigné » (]n 8. 28), Puis Il dit à son Père : « Je leur ai donné les paroles que tu m'as données ; et ils les ont reçues… et ils ont gardé ta parole » (17. 8, 6).
2. L’inspiration est accordée par Dieu de façon absolument souveraine.
En tout cas, elle n’est pas permanente, car l'Esprit parle, et fait écrire, quand et comment cela lui plaît. Nous lisons souvent par exemple ceci :
la parole de l'Eternel fut adressée à Jérémie au temps de Josias, la treizième année de son règne (Jér. 1. 2).
à l’occasion de la sécheresse (14. 1)
la quatrième année de Jojakim (25.1)
au commencement du règne de Jojakim (26.1) ; dans la même année, au commencement du règne de Sédécias (28.1)
lors de l'attaque de Nébucadnetsar (34. 1)
dans la cour de la prison (39. 15), etc.
Habakuk s'exprime ainsi : « J'étais à mon poste, et je me tenais sur la tour ; je veillais pour voir ce que l’Eternel me dirait, et ce que je répliquerais après ma plainte. L'Eternel m'adressa la parole, et il dit : Ecris la prophétie… » (2. 1-2).
Les prophètes ne parlaient donc pas comme ils le voulaient, n’importe quand, ni à jours fixes. Ils attendaient qu'un message leur soit communiqué d'En-Haut. Dieu parlait avec Moïse « bouche à bouche », directement (Nb. 12. 6-8). Mais il pouvait aussi se révéler dans un songe comme à Daniel (7. 1), dans une vision (8. 1), par l'envoi d’un ange (9. 21-22 ; 10. 5-11), exceptionnellement dans une extase (2 Cor. 12. 2-4 ; Apoc. 1. 10).
3. En général, l’auteur sacré gardait sa pleine lucidité, dialoguant même avec le Seigneur, posant des questions, et faisant part de ses réactions (Es. 6. 11 ; Jér. 14. 13; 15. 15; Ez. 9. 8; 11. 13, etc.). Daniel est effrayé par ses visions ; mais l'explication lui en est donnée sur le champ (Dan. 7. 15-16, 19, 28 ; 8. 15-16, 26), à moins qu’il ne reçoive l’ordre de sceller pour l'instant le message (8. 26 ; 12.4, 9 ; Apoc. 10. 4).
4. Souvent aussi l'écrivain était, consciemment ou non, dépassé par son message. Nous venons de le voir à propos de Daniel (p. ex. 12. 8-9). De toute façon, les choses divines « ne sont pas montées au cœur de l’homme » (1 Cor. 2. 9) ; la révélation des plans de Dieu pour le présent, et encore plus pour l'avenir, peut bien stupéfier l’homme le plus spirituel. Les prophètes comprenaient que d’autres verraient la réalisation de leur propre message, et ils auraient tout naturellement voulu en savoir davantage (1 Pi. 1. 10-12). C'est pourquoi Jésus dit à ses disciples : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu » (Luc 10. 23-24). Dans le Psaume 22, David décrit en détail ce qu’il ne connaît pas : le supplice de la crucifixion (v. 1-3, 7-9, 15-19), inconnu des Juifs et introduit en Palestine par les Romains peu avant notre ère. Savait-il toute l'implication messianique de ses paroles dans le Psaume 16. 8-10 ? Il était évidemment plus facile à Pierre et à Paul de discerner dans ce passage une prophétie de la résurrection du Christ (Act. 2. 24-31 ; 13, 35-37).
Daniel reçoit et écrit des paroles qui manifestement ne sont ni pour lui ni pour son époque. Il dit : « J'entendis, mais je ne compris pas ». On lui répondit : « Va, Daniel, car ces paroles seront tenues secrètes et scellées jusqu'au temps de la fin » (12, 4, 8-9).
Il en est de même à plus forte raison de ceux qui, sans s'en douter, allaient être considérés dans leur personne comme des types du Christ et de son œuvre :
Adam, la figure de Celui qui devait venir (Rom. 5. 14)
Agar et Sara, représentant les deux alliances (Gal. 4, 22-26), etc.
Aaron, le type de Jésus notre souverain sacrificateur (Hbr. ch. 7 à 10)
Ces personnages étaient à leur manière les instruments d’une révélation dont ils ne pouvaient réaliser la portée.
Tout ceci nous montre que, si l’instrument humain joue un rôle dans la transmission du message, c'est l’auteur de la révélation qui compte par-dessus tout.
5, L’inspiration pouvait être donnée de façon tout à fait contraignante.
Le Seigneur impose par exemple à Jérémie un message terrible, auquel celui-ci essaie en vain de résister : « Tu m'as persuadé, Eternel, et je me suis laissé persuader. Tu m'as saisi, tu m'as vaincu. Et je suis chaque jour un objet de raillerie… Car toutes les fois que je parle, il faut que je crie… à la violence et à l'oppression ! Et la parole de l'Eternel est pour moi un sujet d'opprobre et de risée chaque jour, Si je dis : Je ne parlerai plus en son nom, il y a dans mon cœur comme un feu dévorant… Je m'efforce de le contenir, et je ne le puis » (Jér. 20. 7-9)- Dès sa vocation, Dieu avait averti le prophète : « Tu diras tout ce que je t'ordonnerai… Voici, je mets mes paroles dans ta bouche » (1. 7, 9). Balaam, venu pour maudire le peuple, est littéralement forcé de le bénir. L'ange lui dit : « Va… mais tu ne feras que répéter les paroles que je te dirai ». Lorsque Balak s’indigne, Balaam lui répond : « Je ne pourrai rien faire de moi-même. je répéterai ce que dira l'Éternel » (Nb. 22. 35 ; 24. 13).
Caïphe non plus ne s'exprimait pas de son propre mouvement, lorsqu'il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation. Dans de telles circonstances, Dieu avait voulu qu’une telle déclaration soit précisément faite par le souverain sacrificateur, même incrédule (Jn 11.51).
Ce n’est effectivement pas par une volonté d'homme qu’une prophétie a jamais été apportée (2 Pi. 1.21).
6. L'auteur pouvait, parfois, ne pas se douter de l’action divine exercée sur lui.
Lorsque Luc, le fidèle historien, rassemblait ses documents et interrogeait les témoins oculaires, pensait-il que son récit allait être compté parmi les Saintes Ecritures ? Il mettait par écrit des faits qu’il avait connus le plus souvent sans révélation surnaturelle. Mais l'inspiration le guidait dans le choix de ces faits, leur interprétation, et l’omission même de choses jugées hors de propos par le Saint-Esprit. Une remarque analogue peut être faite à propos des chroniqueurs des autres livres historiques de la Bible.
En résumé, nous pouvons dire que l'inspiration prophétique pouvait saisir un homme sans qu’il le prévoie, comme le vieux prophète de 1 R. 13. 20
sans qu’il le sache, comme Caïphe, Jn 11. 51
sans qu’il le veuille, comme Balaam, Nb. 23-24
sans qu’il comprenne, comme Daniel, Dan. 12. 8-9.
7. L’inspiration divine, dans son essence, ne connaît pas de degrés.
Elle est toujours parfaite et entière. Comme nous venons de le voir, Balaam, quand il prononce ses oracles, est aussi bien sous le contrôle de l'Esprit, que David s’écriant : « L'Esprit de l'Eternel parle par moi et sa parole est sur ma langue » (2 S. 23. 2). La prophétie de Caïphe, le souverain sacrificateur (Jn 11.51) est aussi exacte et surnaturelle que les révélations de l’apôtre Paul (Eph. 3. 3,5).
8. Les prophètes ont l'entière certitude de transmettre les paroles mêmes de Dieu.
Moïse répète plus de cinquante fois dans le seul livre du Lévitique une phrase comme celle-ci : « L’Eternel appela Moïse. Il lui parla et dit : Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur… » A part une douzaine de versets aux chapitres 10 et 24, le Lévitique affirme donc ne contenir que des paroles de Dieu mises par écrit par Moïse pour son peuple.
David, comme nous venons de le voir, s’écrie : « L'Esprit de l'Eternel parle par moi, et sa parole est sur ma langue » (2 S. 23. 2).
Jérémie emploie constamment une formule de ce genre: « La Parole de l'Eternel me fut adressée en ces mots », « L'Eternel me dit », « Ainsi parle l'Eternel », etc.
Paul n'hésite pas à dire : « … la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu » (1 Thess. 2. 13).
Jean déclare solennellement : « Révélation de Jésus-Christ… à son serviteur Jean, lequel a attesté la parole de Dieu… Voici ce que dit le Fils de Dieu… que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Eglises... Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu » (Apoc. 1. 1-2 ; 2. 18, 29 ; 19. 9).
René PACHE
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