LA PETITE SOEUR
Le verset 8 de ce dernier chapitre du Cantique introduit « une petite sœur » : « Nous avons une petite sœur, qui n'a point encore de mamelles; que ferons-nous de notre sœur, le jour où on la recherchera? Si elle est un mur, nous bâtirons sur elle des créneaux d'argent; si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre. » (Cantique des cantiques 8.8-9)
Une énigme
Nous voici devant une nouvelle énigme. Assistons-nous à un conseil de famille, comme semble le supposer Frédéric Godet dans son commentaire sur le Cantique des cantiques ? Un conseil de famille « où Sulammith et ses frères s’entretiennent de l’avenir d’une plus jeune sœur qui n’est pas encore en âge de passer par l’épreuve que Sulammith vient de subir victorieusement » (Frédéric Godet, « La Bible annotée », AT 5).
Une grande perspective prophétique
On peut se demander la raison qui peut amener, en ce moment, une pareille délibération. N’y aurait-il pas ici une pensée cachée ? Dans les versets qui précèdent, le sort d’Israël vient d’être symboliquement, prophétiquement, et glorieusement annoncé. Il sera à jamais le peuple du Berger céleste dont finalement rien ne le séparera.
Mais Israël n’est pas seul au monde ; il y a en dehors de lui toute une humanité idolâtre, qui n’a pas encore reçu la connaissance de l’Eternel, de sa parole et du salut promis, et pour qui l’épreuve de la fidélité est encore à venir. Elle ne manquera pas d’y être soumise un jour, et par là décidera elle-même, comme l’a fait la jeune fille du Cantique des cantiques, de son sort final. Si, lorsqu’elle connaîtra l’Eternel, elle s’attache à lui et tient ferme pour lui contre toutes les séductions terrestres, elle aura accès à la gloire, comme Israël ; sinon, elle subira une humiliante réclusion.
Dans ce Cantique, Salomon venait de rappeler l’antique origine de la promesse du salut, il en énonce maintenant la destination universelle.
Les croyants immatures
En appliquant ces versets à l’Eglise de Jésus-Christ, nous voyons dans l’image de la « petite sœur qui n’a point encore de seins » une allusion aux chrétiens qui ont, certes, la vie de Dieu en eux, mais sont encore petits en sature spirituelle et dont les affections ne sont pas développées. Leur amour pour le Seigneur est encore limité. Ils ne savent pas encore ce qu’est une vie chrétienne vécue dans et par l’amour.
Nous n’avons pas besoin d’aller bien loin pour trouver de tels croyants dont l’état correspond beaucoup plus à celui de la « petite sœur » qu’à celui de la fiancée. Souvenez-vous, dans le chapitre précédent, nous avons remarqué que la stature de la fiancée est comparée au palmier : « Ta taille ressemble au palmier » (7.8) ; ses seins sont comparés à « des tours » (8.10). En un mot, la parole de Dieu voit la bien-aimée dans son plein développement. Mais la « petite sœur », est de petite taille et non formée dans ses affections. Il est à craindre que beaucoup de chrétiens soient dans ce cas aujourd’hui.
Le développement des affections spirituelles… comment ?
Il a lieu par l’addition à l’âme de ce qui a une valeur spirituelle. N’est-ce pas ce qui est suggéré dans notre texte par les « créneaux d’argent » et la « planche de cèdre » ? Nous y viendrons ultérieurement.
L’apôtre Paul s’est dépensé sans compter pour ajouter aux saints ce qui avait une valeur spirituelle :
« Je désire vous voir, pour vous communiquer quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis… » (Romains 1.11)
« Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Église. » (Colossiens 1.24)
« Nuit et jour, nous le prions avec une extrême ardeur de nous permettre de vous voir, et de compléter ce qui manque à votre foi. » (1 Thessaloniciens 3.10)
L’auteur de l’épître aux hébreux écrit : « C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait… » (6.1)
Muraille et porte
« Si elle est une muraille… » (v.9).
Ceux qui sont représentés par la « petite sœur » sont marqués, quoi qu’il en soit, par la séparation d’avec le monde. Ils édifient une protection contre le mal qui les entoure.
« Si elle est une porte… » (v.9)
Christ est la porte (Jean 10.9). Si quelqu’un entre par lui, il est sauvé. L’Eglise, la fiancée de Christ, est aussi une porte ; par elle les hommes peuvent entrer dans la connaissance de Dieu et dans sa bénédiction.
Dans notre prochaine étude, nous montrerons ce que représentent les « créneaux d’argent » et la « planche de cèdre ».
Paul BALLIERE
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