QUAND DIEU N'EST PAS D'ACCORD

 

 

QUAND DIEU N'EST PAS D'ACCORD

 

Chaque fois que l'homme a voulu s'élever au rang de Dieu, Dieu s'est fâché.  

 

Noé est sorti de l'arche depuis deux chapitres de la Genèse seulement, et voici qu‘une ombre se profile à la lisière du cœur des hommes pour le gâter dangereusement : la tour de Babel. À cette époque, toute la terre a une seule langue et les mêmes mots. Comme ils sont partis de l'Orient, ils trouvent une plaine au pays de Schinear et ils y habitent. Ils se disent alors l'un à l'autre : « Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre ». La voilà, la plante vénéneuse qui empoisonne le cours de la vie ! Toucher le ciel, se faire dieu ! 

L'Eternel descend pour voir la ville et la tour que bâtissent les fils des hommes. Et l'Eternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage les uns des autres. Et l'Eternel les disperse loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessent de bâtir la ville. C’est là, à Babel, que l'Eternel confond le langage de toute la terre (Genèse 11.1-9). À vouloir être dieu, l'homme mord la poussière de sa folie et rampe dans la fange de son orgueil.  

Ne fut-ce pas la triste expérience du roi de Babylone ? Le prophète Esaïe rapporte les paroles arrogantes de ce souverain, imbu de lui-même, et assoiffé de gloire : « Je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut » (Esaïe 14.14). Qu'en fut-il en réalité ? Dieu dit : « Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse » (v.15).  

 

Le prophète Ezéchiel nous enseigne aussi sur ce sujet. Dans un message qui, symboliquement, peut s'appliquer à Satan lui-même, il dit : « Fils de l'homme, dis au Prince de Tyr : Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Ton cœur s'est élevé, et tu as dit : Je suis Dieu, je suis assis sur le siège de Dieu, au sein des mers ! Toi, tu es homme et non Dieu, et tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu… C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Parce que tu prends ta volonté pour la volonté de Dieu… En face de ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu ? Tu seras homme et non Dieu sous la main de celui qui te tuera » (Ezéchiel 28.2, 6, 9). Voilà comment est tombé dans les profondeurs des ténèbres, le porteur de lumière, Lucifer !  

Pas étonnant alors, que dans le jardin d'Eden, il ait voulu entraîner l'homme dans la même déchéance. La tentation de devenir dieu remonte aux premières pages de la Bible. Que fait miroiter Satan pour tenter le premier couple ? « Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux… » (Genèse 3.5).  

 

Les siècles passent, mais le même venin coule dans les veines humaines, aussi noir que l'enfer lui-même.  

 

Hérode va mourir sous l'effet de ce venin ! Ce roi a des dispositions hostiles à l'égard des Tyriens et des Sidoniens. Mais ils viennent le trouver d'un commun accord ; et, après avoir gagné Blaste, son chambellan, ils sollicitent la paix, et ce, pour des raisons très intéressées : leur pays tire sa subsistance de celui du roi. À un jour fixé, Hérode, revêtu de ses habits royaux, et assis sur son trône, les harangue publiquement. Le peuple s'écrie alors : « Voix d'un dieu, et non d'un homme ! » Dieu ne peut laisser passer une telle abomination. Au même instant, un ange du Seigneur frappe Hérode, parce qu'il n'avait pas donné gloire à Dieu. Il expire, rongé des vers (Actes 12.20-23).  

 

Poussé à son paroxysme, cet esprit-là est celui de l'Antichrist. Ni plus, ni moins. L'apôtre Paul a d'ailleurs prophétisé l'apparition de ce dictateur mondial des derniers temps, et il a parlé de l'esprit qui l'animerait. L'Antichrist sera l'adversaire s'élevant au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou de ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu. Cet impie sera détruit par le souffle de la bouche du Seigneur Jésus, et anéanti par l'éclat de son avènement (2 Thessaloniciens 2.4, 8).  

 

L'Antichrist aura eu des précurseurs, dans l'Histoire ; de ces gens qui, de près ou de loin, lui ont ressemblé. Antiochus Epiphane, sur lequel Daniel a prophétisé, en est un. « Le roi fera ce qu'il voudra, il s'élèvera, il se glorifiera au-dessus de tous les dieux, et il dira des choses incroyables contre le Dieu des dieux ; il prospérera jusqu'à ce que la colère soit consommée, car ce qui est arrêté s'accomplira » (Daniel 11.36) 

 

Il est de la plus haute importance, pour la bonne marche de mon Assemblée et pour la sauvegarde de la bénédiction divine en son sein, de savoir considérer ses dirigeants à leur juste mesure. Je dois veiller, avec les autres membres composant le corps de Christ, à regarder mon pasteur selon le rang qui lui est propre. Dieu est jaloux de sa gloire. Je ne dois jamais l'oublier. Condamnant l'esprit des Pharisiens, Jésus dit : « Ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu » (Luc 16.15). Dieu affirmait par la bouche d'Esaïe, le prophète : « Je suis l'Eternel, c'est là mon nom ; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux idoles » (Esaïe 42.8). Et encore : « C'est pour l'amour de moi, pour l'amour de moi, que je veux agir ; car comment mon nom serait-il profané ? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Esaïe 48.11).  

 

 

Devant le miroir

 

La Parole de Dieu est un miroir fidèle. Quand l'homme s'en approche avec honnêteté et droiture de cœur, elle lui renvoie l'image d'un homme, non celle d'un dieu. L'enseignement biblique insiste beaucoup sur ce point. Sans le secours de Dieu, que pourrait le meilleur des humains ? C'est pourquoi le Seigneur avertit le peuple d'Israël en ces termes : « Garde-toi de dire en ton cœur : Ma force et la puissance de ma main m'ont acquis ces richesses. Souviens-toi de l'Eternel, ton Dieu, car c'est lui qui te donnera de la force pour les acquérir, afin de confirmer, comme il le fait aujourd'hui, son alliance qu'il a jurée à tes pères » (Deutéronome 8.17-18).  

 

Salomon a écrit : « Si l'Eternel ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent travaillent en vain ; si l'Eternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain » (Psaume 127.1).     

 

Un grand trait de sagesse apparaît sous la plume de l’Ecclésiaste : « J'ai encore vu sous le soleil que la course n'est point aux agiles, ni la guerre aux vaillants, ni le pain aux sages, ni la richesse aux intelligents, ni la faveur aux savants ; car tout dépend pour eux des temps et des circonstances » (Ecclésiaste 9.11).    

 

Jésus dit à ses disciples : « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15.5).    

 

Quelle erreur, quel blasphème même, de vouloir élever l'homme ! L'Assemblée de Dieu de Corinthe n’était pas allée jusqu’à déifier ses pasteurs, mais un attachement malsain à tel ou tel d’entre eux avait engendré des conflits, des disputes, et l'esprit de division. L'apôtre Paul dut affronter ces problèmes et rectifier des déviations inquiétantes. « Quand l‘un dit :  Moi, je suis de Paul ! et un autre : Moi, d'Apollos !  n'êtes-vous pas des hommes ? Qu'est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun. J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais Dieu qui fait croître » (1 Corinthiens 3.4-7). Dans sa seconde lettre, Paul écrit : « Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu » (2 Corinthiens 3.5).    

 

Mon pasteur n'est qu’un homme. En tant qu’ homme de Dieu, sincère et zélé, il est en route vers la perfection, mais il n'est pas encore arrivé à destination. C'était le cas pour Paul. « Ce n'est pas que j'aie déjà remporté le prix, ou que j'aie déjà atteint la perfection ; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j'ai   été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l'avoir saisi, mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je   cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ » (Philippiens 3.12-14).      

« Que de catastrophes auraient pu être évitées, si une attitude juste, modérée, biblique, avait été respectée à l'endroit d'hommes dont Dieu s'était servi magnifiquement ! Mais dans certains cas, l'homme de Dieu prend la place du Dieu de l'homme dans la piété des gens ; parfois même dans le cercle de ses collègues. On attend que cet « ange » vienne agiter l'eau et fasse quelques éclaboussures qu'on appelle « réveil ». Dès lors, son nom tient la tête de l'affiche, sa photo est en bonne place à toutes les pages d'un magazine.      

À grand renfort de publicité, on tente d'attirer la foule qui viendra écouter l'homme. Puis un jour, on apprend que l'étoile filante a disparu dans la nature, non sans quelques retombées pénibles.     

 

 

Dans les coulisses

 

Nous sommes parfois écrasés par des articles, des biographies, ne nous présentant que le bon côté des choses et des êtres. Quand on arrive à la dernière ligne, on se dit avec nostalgie, quand ce n'est pas avec amertume et découragement : « Quel homme ! Tu ne pourras jamais être comme lui. Tu ne pourras jamais faire ce qu'il a fait. Tout est si beau, si grand ! Tu fais figure de poussière devant un tel géant ». Ces sentiments ne sont en fait que le produit d'une démesure. On nous présente des hommes scintillant sous « les feux de la rampe ». Dommage que l'on n'ait pas plus souvent le détail de leurs luttes et de leurs souffrances dans « les coulisses ». Or les coulisses, la Bible a le courage de nous les faire visiter. Même un apôtre    Paul, qu'on habille volontiers de superlatifs, nous est montré, à maintes reprises, de « l'autre côté de la barrière ». Et cet autre côté, ce sont par exemple les    tournées missionnaires accomplies dans les souffrances physiques. C'est le cas en Galatie. C'est à cause d'une infirmité de la chair que Paul a, pour la première fois, annoncé l'Evangile aux Galates. Ces gens ont été comme mis à l'épreuve par sa chair. L'infirmité de Paul devait avoir quelque aspect repoussant, mais les Galates ne témoignèrent ni mépris, ni dégoût. Dans cette région, c'est le Dieu de l'homme    qui avait gagné.        

 

Paul écrit : « S'il faut se glorifier, c'est de ma faiblesse que je me glorifierai ! » (2 Corinthiens 11.30); « …. De moi-même, je ne me glorifierai pas, sinon de mes infirmités » (2 Corinthiens 12.5). 

 

L'autre côté de la barrière, ce sont parfois la crainte, le tremblement, qu‘engendre le manque d'éloquence. L'art oratoire n'est pas nécessairement présent dans le    carquois du serviteur de Dieu. Il ne semblait pas y être dans celui de Paul qui reconnaissait être ignorant sous le rapport du langage » (2 Corinthiens 11.6).        

Et que dire des épreuves ? Seules les « coulisses » nous les révèlent. Bien que je consacre tout un chapitre à ce sujet, je laisse mes lecteurs méditer sur cette parole de l'apôtre : « Et pour que je ne sois pas enflé d'orgueil, à cause de l'excellence de ces révélations, il m'a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me     souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir. Trois fois j'ai prié le Seigneur de l'éloigner de moi, et il m'a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s‘accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi » (2 Corinthiens 12.7-9).          

 

Quand le rideau tombe sur les plus belles réunions, quand les lampes s'éteignent sur les plus glorieuses bénédictions, quand les portes se ferment sur les plus     grandes victoires, nous entendons le véritable homme de Dieu dire : « Je ne suis rien » (2 Corinthiens 12.11). Sommes-nous prêts à marcher sur ces traces-là ? Voulons-nous affirmer au profit de Dieu : « l'homme n'est rien, Dieu est tout » ?          

 

 

Maturité et équilibre

 

On peut être surpris du climat qui régnait dans l'Eglise de Corinthe quand Paul écrivit sa première lettre. Chacun parlait ainsi : « Moi, je suis de Paul ! et moi,     d'Apollos ! et moi, de Céphas ! et moi, de Christ ! » (1 Corinthiens 1.12).           

 

Faut-il vraiment s'en étonner ? N'y a-t-il pas au fond de la nature humaine cette tendance à vouloir cristalliser la piété sur l'homme plutôt que sur Dieu ?

 

Dois-je toujours dépendre de mon pasteur, sans jamais être capable de me prendre en charge ? Puis-je être un assisté à perpétuité ? Ne tiendrai-je dans ma vie spirituelle qu'à coups de visites pastorales, de « remontants » distillés périodiquement ? Mon pasteur devra-t-il sans cesse venir recharger mes « accus » ? Que Dieu me garde d'être impotent des pieds, ayant toujours besoin d'être porté, entouré, cajolé, consolé, poussé, supporté, tiré, remorqué…!          

 

Il est une forme de piété dans laquelle le centre de gravité a été déplacé. Les symptômes ne trompent pas. Ce n'est plus Dieu au centre, mais l'homme. Voulez-     vous un test ? Certains chrétiens viennent à la réunion si c'est le pasteur X. qui prêche. Quand c'est le frère Y.., ils restent au coin du feu. Ce n'est plus la Parole de Dieu qui est le pôle d'attraction. Quelques malades ont-ils besoin de l'imposition des mains ? Certains se placeront du côté de l'estrade où se trouve l'évangéliste Z... parce que lui, au moins, il a de la puissance ! Nous ne voulons pas nier ici l'évidence des dons spirituels (dons des guérisons, opérations de puissance, par exemple), ni méconnaître la complémentarité des ministères, en action dans le corps le Christ. Nous croyons que chaque ministère a sa sphère de rayonnement. L'évangéliste n'est pas mis en concurrence avec le pasteur-docteur, ni le prophète avec l'apôtre. Les dons de Christ sont complémentaires pour l'édification de l'Eglise.          

Mais nous voulons seulement mettre en évidence quelques attitudes mauvaises, voire malsaines. Certaines sont révélatrices d'une piété manquant d'équilibre et     de maturité.          

 

Que dire de l'appréciation de nos rassemblements sur le simple critère de l'ambiance plutôt que sur celui de l'onction ? N'avons-nous pas réagi parfois en fonction du style et de la personnalité de l'orateur, au lieu d'être capables de discerner, ou non, l'attouchement de l'Esprit de Dieu ?             

Nous avons besoin de grandir, de nous affermir, de devenir adultes dans notre marche avec Dieu.            

 

 

Que faire ?

 

Les sages conseils de l'Ecriture nous conduiront dans les attitudes qui plaisent à Dieu. Jésus dit à la foule et à ses disciples : « Vous, ne vous faites pas appeler Rabbi (maître, docteur), car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n'appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeurs ; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé » (Matthieu 23.8-12).

 

Le désir de Paul était d'être regardé, avec ses collègues, comme des serviteurs de Christ, et des dispensateurs des mystères de Dieu » (1 Corinthiens 4.1) ; de voir les membres de l'Eglise apprendre en leurs personnes, à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit, et à ne pas concevoir de l'orgueil en faveur de l'un contre l'autre (1 Corinthiens 4.6). Quand ces limites sont dépassées, le peuple de Dieu va, à coup      sûr, au-devant de graves difficultés.            

 

Il est indispensable que le centre de la piété soit la personne de Christ et non le serviteur de Dieu. La foi doit avoir pour fondement la puissance de Dieu.      L'homme de Dieu doit tout faire pour que l'Eglise atteigne cet objectif. « Ma parole et ma prédication, écrit Paul, ne reposaient pas sur les discours persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d'Esprit et de puissance, afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Corinthiens 2.4-5).       

« Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes ; c'est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous disons vos serviteurs à cause de Jésus… Nous portons       ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous » (2 Corinthiens 4.5-7).              

 

« Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes » (1 Corinthiens 3.21).

 

Paul BALLIERE

(extraits du livre « Mon pasteur côté cour, côté jardin »)

 

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