LA PLUS BELLE DES VOCATIONS
« Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés ? »
(Romains 10/15)
L’appel d’en haut
Si mon pasteur n'est qu'un homme, il a cependant reçu une vocation, la plus belle qui soit, et pour de multiples raisons.
Sur la vaste scène du monde, éclosent toutes sortes de vocations, parfois nobles et louables. Tel s'oriente vers l'enseignement, tel autre choisit la médecine. Un troisième embrasse une carrière politique, tandis qu'un autre cède aux charmes du monde de l'art. Les chemins sont nombreux, l'éventail large, la palette multicolore. Et aussi variées qu'elles puissent être, toutes les aspirations humaines peuvent être comblées.
Toute vocation est un appel. Le tout est de savoir et de discerner quelle en est la source. Pour chaque voie humaine et terrestre, la vocation émane de l'homme lui-même. Un jour, on se découvre une inclination, un penchant pour une profession, et dès lors l'existence va prendre tout son sens, ou son non-sens, selon les cas. L'attirance personnelle, les prédispositions, les talents, les qualifications naturelles, propulsent des hommes, des femmes, dans telle ou telle direction. Une sorte de mouvement intérieur les conduit à être ce qu'ils sont, à faire ce qu'ils font.
Servir Dieu, au sens où je l'entends dans ce livre, est la plus belle des vocations. Pourquoi ? Parce que l'appel ne vient pas d'en bas, mais d'en haut, non du cœur de l'homme, mais du cœur de Dieu. C'est toute la différence. Nul ne peut s'improviser serviteur de Dieu. Mon pasteur n'a pas choisi. Dieu a choisi pour lui. Sur le chemin de Damas, Jésus dit à Saul de Tarse : « Je t'ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers qui je t'envoie... » (Actes 26.17 ; Actes 9.15)). L'apôtre Paul a rappelé, aux églises de Galatie, la source de son appel. Il écrit : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père... » (Galates 1.1). On a la vocation ou on ne l'a pas. Des désirs personnels, aussi purs soient-ils, des ambitions honnêtes, des aspirations très estimables, n'auraient pas suffi, loin s'en faut, à faire de l'homme qui dirige l'Assemblée à laquelle j'appartiens, un pasteur. Jean-Baptiste disait : « Un homme ne peut recevoir que ce qui lui a été donné du ciel » (Jean 3.27). Tout l'enseignement biblique m'aide à comprendre cette vérité. Mon pasteur n'est pas entré dans le service de Dieu pour être vu des hommes, pour se garantir du chômage, pour gagner de l'argent, ou bien encore parce qu'il n'était pas capable de faire autre chose ; il marche dans ce chemin parce que Dieu l'y a appelé.
Si Dieu n'est pas la source de l'appel, de grandes difficultés surgiront dans la vie de celui qui a voulu suivre sa propre voie, et ce ne sera pas sans beaucoup de dommages pour L'Eglise de Dieu. Au bout du chemin, irrémédiablement, il aura rendez-vous avec l'échec. Comme celle d'Ephèse autrefois, l'Eglise d'aujourd'hui a besoin de tout le discernement nécessaire pour éprouver ceux qui se disent envoyés et qui ne le sont pas (Apocalypse 2.2).
Le fait de la vocation
Jésus nous a enseigné à prier le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa moisson (Matthieu 9.36-38). Comprenons donc ces vérités aussi simplement que Jésus nous les transmet. Il y a une moisson dont les hommes ne sont pas propriétaires, mais dont Dieu a le monopole ; cette moisson a besoin d'ouvriers, et c'est Dieu et Dieu seul qui les y envoie.
Dans l'une de ses prières, Jésus dit à son Père : « Comme tu m'as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde » (Jean 17.18). Quand il apparaît, ressuscité d'entre les morts, il dit à ses disciples : « la paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20.21).
L'apôtre Paul tenait fermement à la réalité de la vocation divine. Dans ce domaine, il a tracé la ligne directrice pour l'Eglise de tous les temps. Il ne cessa de rappeler avec grande insistance la source de son service. À Corinthe, d'abord : « Paul, apôtre appelé de Jésus-Christ » (1 Corinthiens 1.1, version Darby) ; puis aux chrétiens de Galatie : « Lorsqu'il plut à celui qui m'avait mis à part dès le sein de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce... » (Galates 1.15) ; à Rome aussi : « Paul, esclave de Jésus-Christ, apôtre appelé... » (Romains 1.1, version Darby); aux anciens d'Ephèse : « .… le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus » (Actes 20.24).
Seule la volonté de Dieu a fait de mon pasteur ce qu'il est aujourd'hui. L'évangéliste Marc, faisant mention de la vocation des douze, précise : « Il [Jésus] monta sur la montagne ; il appela ceux qu'il voulut » (3.13).
Paul se plaisait à souligner la souveraineté de la volonté de Dieu pour l'introduction d'un homme dans le ministère : « … apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu » (1 Corinthiens 1.1). Mes lecteurs sont invités à comparer 2 Corinthiens 1.1, Ephésiens 1.1, Colossiens 1.1 et 2 Timothée 1.1.
La vocation est un ordre de Dieu. S'engager sans être appelé de Dieu est une folie. Ne pas s'engager quand on est authentiquement appelé par Dieu, c'est désobéir et manquer le plan divin pour sa vie. L'appel de Dieu ne se discute pas. Il n'est pas négociable. Il est à prendre ou à laisser.
L'Evangile présente avec clarté la manière dont a retenti l'appel de Jésus dans le cœur de ceux qui ont constitué le groupe des douze. Les rivages de la mer de Galilée ont quelque chose à nous dire à ce sujet. Jésus y voit deux frères, Simon et André, qui jettent un filet. Ils sont pêcheurs. Il leur dit : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes ». Aussitôt, ils laissent les filets, et suivent Jésus. De là, Jésus va plus loin. Il voit deux autres frères, Jacques et Jean. Ils sont dans une barque avec leur père, et réparent leurs filets. Jésus les appelle, et aussitôt ils laissent la barque et leur père, et le suivent. Comment Philippe a-t-il suivi Jésus ? Jésus se rend en Galilée. Il le rencontre. Il lui dit: « Suis-moi ». Et voilà ! Matthieu, quant à lui, était assis au lieu des péages. Jésus le voit et lui dit: « Suis-moi ». Cet homme se lève, et le suit. L'appel est direct et clair. La réponse doit l'être tout autant. « Et moi, pour t'obéir, je n'ai pas refusé d'être pasteur » disait Jérémie (17.16). Dans sa lettre à Timothée, Paul rappelle le pourquoi de sa position : « Paul, apôtre de Jésus-Christ, par ordre de Dieu notre Sauveur et de Jésus-Christ notre espérance... » (1 Timothée 1.1). Une pensée analogue figure dans sa lettre à Tite : « la prédication qui m'a été confiée d'après l'ordre de Dieu notre Sauveur... » (1.3).
C'est Dieu, et lui seul, qui établit un homme dans le service. « Je rends grâces à celui qui m'a fortifié », écrivait Paul, « à Jésus-Christ notre Seigneur, de ce qu'il m'a jugé fidèle, en m'établissant dans le ministère... » (1 Timothée 1.12). Jésus n'a-t-il pas rappelé à ses disciples : « Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis... »? (Jean 15.16).
La grâce avec l’appel
La plus belle des vocations, disions-nous ? Oui ! à cause aussi de la merveilleuse grâce divine qui l'accompagne.
Mon pasteur n'est pour rien dans l'appel qu'il a reçu. Pour lui s'accomplit cette parole de l'Ecriture : « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Romains 9.16).
Mon pasteur n'a rien mérité. Il n'a pas fait d'œuvres susceptibles de lui attribuer quelque passe-droit dans le service de Dieu, autrement la grâce ne serait plus la grâce. Il est, au contraire, l'objet de la seule prescience de Dieu. Son ministère est une grâce, rien de plus.
Dieu avait fait à Paul la grâce d'être ministre de Jésus-Christ (Romains 15.15). Lui-même reconnaissait avoir reçu de Jésus-Christ son Seigneur la grâce et l'apostolat (Romains 1.5). Il écrit humblement à l'Assemblée de Corinthe : « … ayant ce ministère selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage » (2 Corinthiens 4.1); aux Galates : « … ayant reconnu la grâce qui m'avait été accordée... » (Galates 2.9). Qu'aurait-il pu présenter devant Dieu, à son avantage, lui, l'avorton ? (1 Corinthiens 15.8). Il ne pouvait que se jeter dans la grâce de Dieu : « Je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Eglise de Dieu. Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n'a pas été vaine ; loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Corinthiens 15.9-10). La grâce lui a permis d'être. La même grâce lui a permis de travailler, et de travailler beaucoup. Le moindre des apôtres ! Il n'hésitera pas à se reconnaître même le moindre des saints. Mais la grâce a un pouvoir extraordinaire. Jugez plutôt : « L'Evangile dont j'ai été fait ministre selon le don de la grâce de Dieu, qui m'a été accordée par l’efficacité de sa puissance. A moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ. » (Ephésiens 3.7-8). La grâce a œuvré tout au long de la vie de l'apôtre, l'amenant à découvrir sa propre misère, et l'amour infini du Christ. Sur le point d'achever sa course, il affirmera être le premier des pécheurs : « C'est une parole certaine et entièrement digne d'être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier » (1 Timothée 1.15).
Peu importe le passé. La grâce a surabondé là où le péché a abondé. Faisant allusion à ses collègues dans le service de Dieu, Paul écrit: « Ceux qui sont les plus considérés, — quels qu'ils aient été jadis, cela ne m'importe pas : Dieu ne fait point acception de personnes, — ceux qui sont les plus considérés... » (Galates 2.6). Telles les mâchoires solides d'un étau, cette double mention (« ceux qui sont les plus considérés ») semble tenir fermement un passé auquel personne n'a le droit de toucher, parce qu'il a été englouti dans la grâce de Dieu. Merveilleuse grâce divine! Du fumier, Dieu peut relever l'indigent pour le faire asseoir avec les grands de son peuple (Psaume 113.7-8).
Toute vocation humaine, terrestre, n'ayant son point de départ que dans la chair corruptible, ne pourra puiser ses ressources que dans la chair. C'est une évidence. L'homme doit alors tirer du fond de lui-même, s'il le peut, toute l'énergie, tout le talent, toute la capacité dont il a besoin pour assumer une destinée qu'il a librement choisie.
Il n'en est pas ainsi de mon pasteur. Avec l'appel, Dieu a mis en réserve quotidiennement une formidable provision de grâce, à laquelle il lui est possible de venir puiser en permanence. Jésus ne connaît-il pas ceux qu'il a choisis ? (Jean 13.18). Ne sait-il pas de quoi ils sont formés ? Ne se souvient-il pas qu'ils sont poussière ? Certes oui. Aussi a-t-il prévu pour eux la force surnaturelle qui leur permet de tenir instant après instant. Paul avait reçu du Seigneur miséricorde pour être fidèle (1 Corinthiens 7.25). Il en est ainsi de tous ceux que Dieu appelle.
La position et la fonction
La plus belle des vocations… en êtes-vous si sûrs ? Être serviteur, c'est être esclave. C'est la signification du mot grec que beaucoup de nos versions adoucissent par « serviteur ». Cette position et cette fonction ne laissent pas de place à la mollesse, à la paresse, où à la recherche des intérêts personnels. Mais quelle vie magnifique ! Esclave, oui ! mais du meilleur des Maîtres ! Et il faut croire que Dieu tient beaucoup à cette mentalité d'esclave dans son service, pour nous avoir laissé ce mot plus de soixante fois, avec ce sens-là, dans le Nouveau Testament !
Aux ordres du meilleur des Maîtres pour le meilleur service ! Paul écrit : « … m'acquittant du divin service de l'Evangile de Dieu » (Romains 15.16, comparer Ephésiens 3.7).
Le diamant aux mille feux
Cette vocation est la plus belle, enfin, en raison de la dimension que Dieu lui a donnée. Toute vocation terrestre paraît bien pâle, insipide, lorsqu'elle est comparée à celle qui vient de Dieu. Celle-ci englobe l'invisible et l'éternel ; celle-là cristallise le temporel et l'éphémère. L'une prend son envol vers l'éternité, tandis que l'autre est déjà fanée au dernier souffle du tombeau. L'une attend son plein épanouissement et sa récompense future dans des fruits célestes parfois insoupçonnés ; l'autre pourrit dans le cocon des gloires d'un jour. Les plus beaux élans humains, les plus nobles, les plus dignes de louange, finissent par se briser sur l'écueil du temps. Triste limite pour ceux qui ont perdu leur identité, oublié leurs racines célestes, méconnu leur destinée et qui se sont laissé enfermer et étouffer par le visible et le passager ! Mais quelle espérance pour ceux qui auront servi Dieu fidèlement ! Ceux-là savent que les fruits de leur vocation sont projetés jusque devant Dieu. Le jour vient où ils se reposent de leurs travaux, et où leurs œuvres les suivent (Apocalypse 14.13)
Tel un diamant aux multiples facettes étincelle sous des couleurs de rêve, l'appel à servir Dieu est présenté dans l'Ecriture sous des aspects aussi variés que glorieux. Il faudrait nuancer ici, en fonction de la spécificité de chaque ministère, mais ce n'est pas mon propos.
Quels sont les privilèges et les responsabilités d'un tel service ?
Annoncer le Fils de Dieu : « … révéler en moi son Fils, afin que je l'annonce parmi les païens » (Galates 1.16).
Annoncer l'Evangile de Dieu: « Paul... mis à part pour annoncer l'Evangile de Dieu » (Romains 1.1, comparer Galates 1.11, 1 Thessaloniciens 2.4, 1 Timothée 1.11).
Annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu (Actes 20.24)
Instruire ceux qui ne connaissent pas Dieu : « C'est pour cet Evangile que j'ai été établi prédicateur et apôtre, chargé d'instruire les païens » (2 Timothée 1.11).
Proclamer la parole de la réconciliation : « … Dieu nous a donné le ministère de la réconciliation… il a mis en nous la parole de la réconciliation. Nous faisons donc les fonctions d'ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; nous vous en supplions au nom de Jésus-Christ : Soyez réconciliés avec Dieu » (2 Corinthiens 5.18-20).
Annoncer la promesse de la vie en Jésus- Christ : « Paul, apôtre… pour annoncer la promesse de la vie qui est en Jésus-Christ » (2 Timothée 1.1).
Amener les âmes égarées à l'obéissance de la foi : « Jésus-Christ… par qui nous avons reçu la grâce et l'apostolat, pour amener en son nom à l'obéissance de la foi tous les païens » (Romains 1.5).
Paître le troupeau de Dieu : « Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde » (1 Pierre 5.1).
Veiller sur l'âme des chrétiens: « Ils [vos conducteurs] veillent sur vos âmes comme devant en rendre compte » (Hébreux 13.17).
Annoncer les richesses incompréhensibles de Christ : « A moi... cette grâce a été accordée d'annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ » (Ephésiens 3.8).
Prêcher la Parole de Dieu : « Dieu... a manifesté sa Parole en son temps par la prédication qui m'a été confiée » (Tite 1.3).
Servir l'Eglise : « C'est d'elle [l'Eglise] que j'ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m'a donnée... » (Colossiens 1.25; comparer 2 Corinthiens 4.5).
Travailler à la perfection des croyants : « C'est lui [Jésus] que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme devenu parfait en Christ » (Colossiens 1.28). Et encore : « Paul... pour la foi des élus de Dieu, et la connaissance de la vérité qui est selon la piété » (Tite 1.1 ; voir aussi 2 Corinthiens 11.2).
« Nous travaillons avec Dieu », écrivait Paul. Quelle destinée magnifique ! Puisse le Seigneur trouver au sein de son peuple des jeunes gens et des hommes, forts et vaillants, qu'il pourra prendre à son service !
Paul BALLIERE
(extraits du livre « Mon pasteur côté cour, côté jardin »)
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Jean-Paul (samedi, 06 janvier 2024 10:48)
Oh! Quel article de qualité et complet que celui qui est écrit dans ==> "La plus belle des vocations"
Merci frère Paul pour ce partage en tout début d'année 2024.
Vous et votre famille, soyez tous bénis...