SALAIRE
« Quelle est en effet notre espérance, notre joie, la couronne dont nous serions fiers devant notre Seigneur Jésus lors de son avènement ? N'est-ce pas vous ? Oui, notre gloire, notre joie, c'est vous » (1 Thessaloniciens 2.19-20).
« Seigneur, bénis le ministère de mon pasteur ! Donne-lui des âmes pour salaire ! »
N’ai-je pas fait souvent cette prière ? Ne l'ai-je pas entendu fréquemment dans l'Eglise ? « Un cliché de plus » diront les esprits critiques. En sommes-nous si sûrs ? Certes, les formules toutes faites, les expressions empruntées, finissent par vider la prière de sa spontanéité, de sa fraîcheur et de son efficacité. Mais ne généralisons pas. Ne se cache-t-il pas derrière cette expression devenue familière, la vision juste d'une grande et belle réalité ? Oui, beaucoup ont compris que ceux qui sont amenés à l'obéissance de la foi, constituent le salaire spirituel du pasteur. Pour en parler, les Ecritures emploient des images aussi variées qu'enrichissantes.
Son œuvre
Comme un ouvrier amoureux de son métier et soucieux du travail soigneusement achevé, mon pasteur me considère comme son œuvre.
C'est ce qui apparaît dans le texte de 1 Corinthiens 9.1, où l'apôtre écrit: « N'êtes-vous pas mon œuvre dans le Seigneur ? »
Mon pasteur aura-t-il à rougir de moi ?
Sa lettre de recommandation
Du temps de Paul, il n'était pas rare que les serviteurs de Dieu qui voyageaient et visitaient des Eglises, fussent munis de lettres de recommandation émanant d'autres Eglises. Il en fut ainsi, par exemple, d'Apollos. Voulant passer en Achaïe, les frères d'Ephèse l'y encouragèrent, et écrivirent aux disciples de le bien recevoir (Actes 18.27).
Face aux faux docteurs, Paul déclare que si d'autres ont besoin de lettres de recommandation, lui cherche ailleurs ses lettres de créance. L'impact de son Evangile sur les cœurs ; l'Eglise de Corinthe pour ne citer qu'elle, passée de la mort à la vie par son ministère ; cette Eglise, véritable monument de la grâce et de la puissance de Dieu, et que chacun peut contempler, voilà sa recommandation. Il écrit : « Commençons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes ? Ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de votre part ? C'est vous qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs » (2 Corinthiens 3.1-3).
Nous sommes bien loin d'un document périssable, fait de papier et d'encre. C'est Christ qui a écrit cette « lettre », par le service de Paul, avec l'Esprit du Dieu vivant.
Pour mon pasteur, la plus belle recommandation est l'influence de son ministère dans ma vie et dans l’Eglise locale. Je suis au bénéfice du don qu'il a reçu de Christ. Permettre à ce don de m'élever jusqu'aux perfections de Jésus, c'est investir à long terme dans le Royaume de Dieu, et devenir la récompense de mon conducteur spirituel.
Ses fruits
Semblable à un jardinier qui a remué la terre, planté la semence avec soin, arrosé régulièrement le terrain, mon pasteur attend la germination et la fructification de son travail. Il a déposé la vie divine dans les cœurs. Il espère la manifestation de cette vie avec abondance et en pleine maturité.
C'est cette perspective exaltante qui gonflait d'espoir le cœur de Paul, tandis qu'il pensait à tout son champ d'action. Il écrivit à l'Eglise le Rome: « Je ne veux pas vous laisser ignorer, frères, que j'ai souvent formé le projet d'aller vous voir, afin de recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations... » (Romains 1.13). Les fruits spirituels cueillis ici et là, étaient sa juste récompense.
Ma vie ne regarde pas que moi. Elle intéresse le Seigneur, les autres, et mon pasteur. N'aurais-je de comptes à rendre à personne ? La Bible affirme : « Que celui à qui l'on enseigne la Parole fasse par de tous ses biens à celui qui l'enseigne » (Galates 6.6) .
Je serai donc pour mon pasteur un encouragement ou un fardeau, une source de joie ou une cause de tristesse, un élément vivifiant ou un frein.
Le Seigneur aurait-il l'exclusivité du droit de regard et de jugement sur mon état spirituel ? N'est-il pas légitime que mon pasteur attende mon épanouissement dans la grâce divine ? C'est à cette tâche qu’il s'est consacré !
Des fruits, ou pas de fruits ? C'est là la question. Suis-je un bon salaire pour mon pasteur ?
Sa couronne
S'adressant à l'Eglise de Philippes, Paul dit : « Ainsi donc, mes frères, mes bien-aimés que je chéris, vous, ma joie et ma couronne... » (Philippiens 4.1).
Au jour de Christ, ils seraient la glorieuse récompense des travaux de l'apôtre. Leur marche, digne de la vocation qui leur a été adressée, placerait Paul au rang des vainqueurs.
De la même manière, je suis la couronne de mon pasteur. Ma conversion, mes progrès, mes victoires sous l'impulsion de son ministère, sont pour lui un capital de gloire devant le tribunal de Christ.
Le sceau de son service
« Si pour d'autres je ne suis pas apôtre », écrit Paul aux Corinthiens, « je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. C'est là ma défense contre ceux qui m'accusent » (1 Corinthiens 9.2-3).
Il se trouve toujours des gens pour se dresser en ennemis de la vérité et de l'œuvre de Dieu. Un jour ou l'autre, tout serviteur de Dieu fidèle peut affronter ses détracteurs. La réponse la plus éloquente, la meilleure défense, la preuve authentique de sa qualité d'envoyé de Dieu, c'est l'Eglise. Elle est le cachet officiel du Grand Roi, l'empreinte divine pour authentifier la vocation des hommes de Dieu.
Sa gloire
Les chrétiens sont la gloire de leur pasteur. C'est ce que révèlent de nombreux textes de la Parole de Dieu.
Aux Corinthiens, Paul déclare : « Chaque jour, je suis exposé à la mort, je l'atteste, frères, par la gloire dont vous êtes pour moi le sujet en Jésus-Christ notre Seigneur » (1 Corinthiens 15.31). Et encore : « …Vous serez notre gloire au jour du Seigneur Jésus » (2 Corinthiens 1.14). Plus loin, dans cette même épître, l'apôtre dit : « J'ai une grande confiance en vous, j'ai tout sujet de me glorifier de vous... Si devant lui [Tite] je me suis un peu glorifié à votre sujet, je n'en ai point eu de confusion ; mais, comme nous avons toujours parlé selon la vérité, ce dont nous nous sommes glorifiés auprès de Tite s'est trouvé aussi la vérité » (2 Corinthiens 7.4, 14).
Adressant ses recommandations aux Corinthiens, au sujet de la collecte destinée aux chrétiens de Jérusalem, Paul fait encore allusion à la gloire dont l'Eglise est pour lui le sujet dans ce domaine : « Donnez-leur donc, à la face des Eglises, la preuve de votre charité, et montrez-leur que nous avons sujet de nous glorifier de vous. Je connais, en effet, votre bonne volonté, dont je me glorifie pour vous auprès des Macédoniens, en déclarant que l'Achaïe est prête depuis l'année dernière ; et ce zèle de votre part a stimulé le plus grand nombre » (2 Corinthiens 8.24, 9.2).
Il faisait bon respirer la foi et la charité de l'Eglise de Thessalonique. Paul ne s'en était pas privé. Il écrit à ce propos: « Aussi, nous glorifions-nous de vous dans les Eglises de Dieu, à cause de votre persévérance et de votre foi au milieu de toutes vos persécutions et des tribulations que vous avez à supporter » (2 Thessaloniciens 1.4).
L'apôtre espérait vivement que les Philippiens fussent sa gloire finale au jour de Christ: « …que vous soyez irréprochables et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles au milieu d'une génération perverse et corrompue, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, portant la Parole de vie ; et je pourrai me glorifier, au jour de Christ, de n'avoir pas couru, ni travaillé en vain » (Philippiens 3.15-16).
Être la gloire de mon pasteur, ici-bas, et au jour de Christ ! Quelle remise en question pour moi qui pensais jusque-là que mes victoires ou mes défaites, mes conquêtes ou mes chutes, mes exploits ou mes revers, ne regardaient que moi-même !
Une nouvelle dimension des liens unissant les membres du corps de Christ est tracée là, par le Saint-Esprit. L'interdépendance des chrétiens, et en particulier avec leurs dirigeants, est fortement soulignée dans cette vérité : l'Eglise est la gloire de son pasteur. Et cette gloire est son salaire spirituel.
Dès lors, la tolérance pour le médiocre, la satisfaction dans l'à-peu-près, le piétinement dans le clair-obscur, ne me sont plus permis. J'examine ce qui est agréable au Seigneur. Fixant cet objectif, je ne peux que réjouir le cœur de mon pasteur et marcher de force en force.
Paul BALLIERE
(extraits du livre « Mon pasteur côté cour, côté jardin »)
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René (samedi, 13 janvier 2024 10:42)
Merci pour ce message encourageant