LES AILES D’UNE POULE
LE REFUGE
L’une des allusions les plus directes de Jésus à la vie des oiseaux concerne une poule, c’est-à-dire le poulet femelle de basse-cour, qui « rassemble ses poussins sous ses ailes » (Matthieu 23.37). Il choisit cette image familière pour illustrer l’amour de Dieu, et en particulier le refuge que son amour procure contre le jugement et le désastre. En utilisant cette métaphore, il prolonge une longue tradition de l’Ancien Testament, qui évoque le refuge que l’on trouve « à l’ombre » ou « à l’abri » des « ailes » de Dieu…
Quand les habitants de Jérusalem étaient sous la menace d’une invasion assyrienne au huitième siècle avant Jésus-Christ, le prophète Esaïe leur promit que, s’ils plaçaient leur confiance en Dieu, il les protégerait : « Comme un oiseau déploie ses ailes pour couvrir sa couvée, ainsi le Seigneur des armées célestes protégera Jérusalem, oui, il la défendra et la délivrera. Il « passera au-dessus » d’elle et il l’épargnera. » (Esaïe 31.5). La promesse de Dieu de protéger Jérusalem contre l’attaque ennemie, au temps d’Ezéchias, évoque pour Esaïe non seulement une mère oiseau qui protège ses petits, mais aussi la première Pâque, quand l’Eternel « passa par-dessus » les maisons des Israélites pour les protéger de son propre jugement (Exode 12.23).
La certitude qu’un oiseau prendra soin de ses petits et « les fera éclore sous son ombre » (Esaïe 34.15) devint donc une métaphore facilement reconnaissable de l’attention et de la protection que le Dieu d’amour accorde à son peuple. « L’ombre de ses ailes » passa dans le langage courant plutôt comme un symbole à interpréter que comme une image à visualiser. L’expression est répétée au moins six fois dans certains des Psaumes. Tout d’abord, elle sert à déclarer une joyeuse confiance : « Oui, tu es mon appui, je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes ! » (Psaume 63.8). Puis elle exprime une aspiration : « Je voudrais…me cacher sous tes ailes » (Psaume 61.5) ; une détermination : « Je me réfugie sous tes ailes » (Psaume 57.2) ; et une prière : « Cache-moi bien à l’abri sous tes ailes » (Psaume 17.8). Il y a là plus qu’une déclaration de consécration individuelle ; car l’amour inébranlable de Dieu le lie à tous les membres du peuple de son alliance, quel que soit leur statut social : « Que ton amour est précieux, ô Dieu ! Sous tes ailes, les humains se réfugient » (Psaume 36.8). En effet, toute personne, quelle qu’elle soit, qui place en Dieu sa confiance fera l’expérience de sa protection, car « il t’abrite de son aile et, caché sous son plumage, tu trouves un refuge sûr » (Psaume 91.1, 4).
Que voulait donc dire Jésus quand il supplia Jérusalem et utilisa l’analogie d’une mère poule ? « Ah, Jérusalem ! Jérusalem ! », pleura-t-il, « toi qui fais mourir les prophètes et qui tues à coups de pierres ceux que Dieu t'envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Mais vous ne l’avez pas voulu ! » (Matthieu 23.37 ; Luc 13.34). Jérusalem avait eu une longue histoire de rébellion contre la parole de Dieu. Souvent Dieu avait voulu accueillir son peuple et lui épargner son juste jugement, si seulement il avait accepté de revenir à lui en faisant pénitence. Hélas, le peuple continuait à rejeter sa grâce. Maintenant Jésus s’identifiait lui-même avec Dieu en lançant un dernier appel. Mais il était trop tard. Le monde d’aujourd’hui a aussi besoin d’être délivré de plusieurs désastres - l'effondrement de l’économie, la dégradation de l’environnement, la violence socio-politique et la guerre nucléaire. Mais aucun n’est plus grave que le juste jugement de Dieu sur ceux qui rejettent son Évangile.
L'image de la poule qui rassemble ses poussins en sécurité sous ses ailes est une illustration touchante de la grâce de Dieu.
John STOTT
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