L'ANTICHRIST (3° partie)
ANTI = CONTRE
La clef pour la bonne compréhension et pour suivre les traces de cette personne mystérieuse se trouve dans le mot « anti ». Comme tout le monde le sait, anti signifie « contre ». L'antichrist est donc l'antagoniste, l'adversaire de Christ. La tromperie de cette personne consiste cependant en ceci, c'est qu'elle se réclame de Christ. Et pourtant toutes ses doctrines et l'ensemble de ses pratiques sont en opposition avec Christ et sa Parole. Il parle de Christ, cependant il lie à lui-même ceux qui le suivent et qui, à son sens, sont appelés « des croyants ». Ceux-ci croient à sa parole, et non pas à la Parole de Christ.
La marque particulière de reconnaissance de l'antichrist consiste en ceci qu'il est le « menteur » et qu'il est identique à sa doctrine, laquelle consiste exclusivement en mensonges, en opposition à Christ qui est la vérité et dont les doctrines consistent exclusivement en vérité. L'antichrist remplace chaque doctrine de Christ par les siennes. Un mensonge est la vérité faussement rendue. De même que le diable le fit dans le jardin d'Eden, ainsi l'antichrist se sert de la Parole de Dieu avec ruse et perfidie pour séduire les gens religieux de la manière la plus pieuse. Cependant, après de minutieuses réflexions, on peut constater qu'absolument rien de ce qu'il enseigne n'est en accord avec la Parole originelle. Celui qui est contre la Parole et qui agit en conséquence est contre Christ, c'est-à-dire qu'il est « anti-Christ », parce que Christ est la Parole, le « logos ».
Nous entendons déjà parler de l’antichrist dans le christianisme primitif. Jean en fait mention plusieurs fois dans ses épîtres. En rapport avec notre temps il est écrit ceci à son sujet: « Petits enfants, c'est la dernière heure; et quand vous avez entendu que l’antichrist vient… » Il est à remarquer ici que non seulement Jean parle d'une part de la venue de l'antichrist au singulier et se rapporte à cet égard aux derniers jours, c'est-à-dire au temps de la fin, mais qu'en même temps il parle de plusieurs antichrists qui sont déjà apparus: « ... maintenant aussi il y a plusieurs antichrists… » (1 Jean 2.18). Il ne s’agit pas ici de personnes qui rejettent Christ mais bien de ceux qui le représentent et l'interprètent avec la Parole.
Les faux frères au sujet desquels Paul écrivit, les faux « christs » dont parla Jésus, sont des faux oints qui déjà au commencement se sont éloignés de la Parole des prophètes et des apôtres et ont exposé d'autres opinions doctrinales. La Bible fait mention tout particulièrement de ce discoureur du nom de Nico. Ses successeurs furent appelés les « Nicolaïtes ». Il rassembla les crédules autour de lui et publia le salut par les œuvres, au lieu du salut par la foi seule. Le Seigneur fait l'éloge des siens dans la première lettre à l'ange de l'Eglise d'Ephèse: « Mais tu as ceci, que tu hais les œuvres des Nicolaïtes, lesquelles moi aussi je hais. » (Apoc. 2.6). Dans la troisième lettre aux Eglises, cette direction non biblique dans laquelle les laïques étaient gouvernés par un clergé qu'ils avaient eux-mêmes nommés avait déjà pris pied. C'est à cause de cela que se trouve cette exhortation: « Ainsi tu en as, toi aussi, qui tiennent la doctrine des Nicolaïtes pareillement. » (Apoc. 2.15). Ainsi de même que le froment et l'ivraie croissent sur le même champ, ainsi se trouvent sur le terrain du christianisme les vrais et les faux croyants.
Cela commença lorsque, sous l'influence des esprits antichrists, des doctrines furent détachées de la vérité, exposées et crues. Plus tard, dans le système antichrist, on en fit des dogmes. Et le couronnement de tout cela sera finalement dans l’antichrist lui-même. Paul, qui possédait une vue prophétique très étendue, écrit: « Si quelqu'un enseigne autrement et ne se range pas à de saines paroles, savoir à celles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est enflé d’orgueil, ne sachant rien. » (1 Tim. 6.3 et 4).
L'apôtre savait que ce qu'il proclamait était d'origine divine, parce qu'il l'avait reçu par une révélation directe de Jésus-Christ (Gal. 1.12). Il ne se défendait pas lui-même, pas plus que sa doctrine, mais il défendait l'Evangile de Jésus-Christ qui est le message du salut de Dieu pur et sanctifiant. Dans 2 Timothée 1.13 et 14 il demande à ses collaborateurs de tenir fermement à la saine doctrine: « Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous. »
Au cours de l’histoire de l'Eglise, beaucoup de faux docteurs et de faux prophètes sont apparus comme cela nous est annoncé dans 2 Pier.2.1: « Or il y a eu aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme aussi il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition, reniant aussi le maître qui les a rachetés, faisant venir sur eux-mêmes une prompte destruction. » La désignation de « faux prophètes » se trouve être ici au pluriel également.
Inspirée par l'esprit antichrist, une église se développa à côté de la vraie Eglise. Des hommes qui se dénommaient eux-mêmes docteurs, de faux prophètes, des apôtres mensongers, ne prêchèrent pas la doctrine de Christ, mais bien plutôt leur propre connaissance. Ils éloignèrent de la Parole de Dieu des personnes peu affermies et les entraînèrent à leur suite. Finalement toutes les marques caractéristiques du système antichrist s’unissent sous une seule tête. Comme les vrais prophètes de la Parole de Dieu, ceux auxquels vient la Parole, publient le « ainsi dit le Seigneur », ainsi le faux prophète prétend être la voix de Dieu sur la terre. Cependant sa doctrine n'a en réalité rien de commun avec la vraie Parole. Il est le prophète de la fausse doctrine, et c'est pourquoi il est désigné comme étant le faux prophète.
Celui qui publie ce qui est en opposition avec les paroles des vrais prophètes se trouve être lui-même un faux prophète. Un faux docteur est celui qui enseigne différemment de ce que les docteurs établis par Dieu ont enseigné dans le christianisme primitif (2 Cor. 11.4). Des choses fausses sont présentées comme étant justes, et ce qui est juste est présenté comme étant faux. Sans que les hommes en soient conscients, on a introduit au cours des siècles un nombre incalculable de doctrines erronées qui n'ont plus rien de commun avec l’enseignement et la pratique des premiers chrétiens.
Cependant, qui sonde encore les Ecritures pour éprouver si les doctrines exposées concordent ? Paul dit: « Moi je sais qu'après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux. » (Actes 20.29.30). Nous voyons des paroles de Dieu ointes être encadrées par un cérémonial bien ordonné. Les masses ignorantes sont impressionnées et pensent que c'est Christ qui l'a instauré comme cela. Ils voient de l'extérieur la piété d'un agneau mais n'en discernent pas la néfaste falsification parce qu'ils ne connaissent pas la Parole. Jésus a dit: « Mes brebis écoutent ma voix. » (Jean 10.27). Sa voix est et demeure pour l'éternité sa Parole.
Comme nous l'avons déjà mentionné on reconnaît un faux prophète par le fait qu'il ne prêche pas la Parole des vrais prophètes, on reconnaît un faux apôtre par le fait qu'il ne publie pas la doctrine biblique des apôtres (Apoc. 2.2), on reconnaît l'antichrist par le fait qu'il enseigne faussement Christ et ne pense pas du tout à faire ce que Christ a commandé. Il professe verbalement être de Christ, et cependant il est profondément enlacé par les superstitions jusqu’à évoquer les morts, ce qui est du spiritisme. Cependant combien sérieuses sont ces paroles: « Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu'il soit anathème. » (Gal. 1.8).
Celui qui ne voit l’antichrist que comme dictateur du monde dans le sens d'un tyran politique sera bien surpris. Paul écrit à son sujet disant que Satan, au travers de lui, accomplira lors de la phase finale « ... toutes sortes de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice… » (2 Thes. 2.9,10). Cet homme n'a aucun signe et miracle bibliques à présenter, comme cela fut le cas par la puissance de Dieu dans le service de Jésus et des apôtres. Au lieu de cela, il est passé maître dans l’art de l'intrigue. Ce que personne ne pouvait faire arriver, lui y parvient au moyen de la politique religieuse. Ce sont des signes mensongers qui sont en opposition à la vérité. Par des mensonges et des tromperies parmi les plus pieux, il s'y entend à séduire tous ceux qui croient en son évangile mensonger; il peut aussi bien parler avec les hommes d'état qu'avec les princes de l'église. Il a la meilleure équipe de conseillers du monde, il est l'homme le mieux informé et tous viennent à lui de tous les camps. Dans toutes les tendances politiques opposées on recourt à son rôle de médiateur. Il est la plus haute autorité spirituelle qui existe sur terre et, comme il le prétend, également la plus haute instance juridique.
L'antichrist n'expérimentera jamais un exaucement de prière; jamais par son moyen, comme ce fut le cas au travers de Christ, un paralytique ne pourra marcher, un aveugle ne pourra voir où un sourd entendre. Malgré cela, le monde entier l'ovationnera et lui rendra hommage: « ... pour ceux qui périssent, parce qu'ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux-là soient jugés, qui n’ont pas cru la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice. » (2 Thes. 2.10-12). Pensons à cela : de nom, l’antichrist est un « christ », un oint, mais au fond il est contre Christ. Il parle du Royaume de Dieu, mais il édifie son propre royaume dans lequel il règne.
E. FRANK
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