L'IMITATEUR IMITE
"Soyez mes imitateurs, comme moi aussi, je le suis de Christ " (1 Corinthiens 11.1).
Le standard apostolique
Les recommandations des apôtres aux dirigeants des églises locales témoignent de l'importance et de la nécessité pour eux d'être des modèles.
Pierre, s'adressant aux anciens, écrit: « Paissez le troupeau de Dieu... non en dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en vous rendant les modèles du troupeau » (1 Pierre 5.3).
Paul dit à Timothée: « Rends-toi l'exemple et le modèle des fidèles » (1 Timothée 4.12). Par ailleurs, il indique clairement quelles doivent être les qualités morales et spirituelles des anciens ; entre autres : « Il faut que l'évêque soit irréprochable » (1 Timothée 3.2).
Les apôtres n’hésitaient pas à se présenter comme des modèles. Ce fut le cas de Paul devant l'Assemblée de Philippes, à laquelle il recommande : « Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous-mêmes avez entendu dire, ce que vous m'avez vu faire, mettez-le en pratique, et le Dieu de paix sera avec vous » (Philippiens 4.9). Était-ce de la présomption, de l'orgueil ? Non. Mais la conviction profonde d'avoir Christ en lui, et de pouvoir entraîner l'église dans le chemin de Dieu.
Ne rencontrons-nous pas parfois, dans les églises, un courant tout-à-fait opposé à ce principe spirituel ? Les défauts du pasteur sont relevés, numérotés, répertoriés, rapportés, amplifiés. Par contre, lorsque le pasteur s'applique à pratiquer ce qui est bien et bon, certains font alors preuve d'une inertie étonnante, comme si, subitement, ce chapitre-là ne les concernait pas.
Cette attitude passive est plus grave que nous ne le soupçonnons.
Quand les lèvres de mon pasteur dispensent droitement la Parole de Dieu ; quand son comportement est édifiant ; quand sa vie est au diapason de l'Ecriture ; si, volontairement, je prends du recul, en me privant d'une bonne impulsion spirituelle, je tombe sous le coup de cette parole de l'apôtre : « Celui qui rejette ces préceptes, ne rejette pas un homme, mais Dieu, qui vous a aussi donné son Saint-Esprit » (1 Thessaloniciens 4.8). Cette vérité est-elle suffisamment présente à mon esprit ? Ne m'est-il jamais arrivé de traiter la Parole de Dieu comme la parole d'un homme ? N'ai-je pas été léger, désinvolte parfois, à l'égard d'une parole insufflée de Dieu ? Paul se réjouissait de la réceptivité des Thessaloniciens à son message : « … Nous rendons sans cesse grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la Parole de la prédication qui est de Dieu, vous l'avez accueillie, non comme une parole d'homme, mais ainsi qu'elle l'est véritablement, comme la Parole de Dieu » (1 Thessaloniciens 2.13). Mon pasteur peut-il rendre grâces à Dieu à mon sujet ?
Paul écrit aux Corinthiens : « Nous tâchons de ne jamais scandaliser personne, et de ne donner aucune prise à la critique dans notre ministère, au contraire, nous nous faisons respecter comme ministres de Dieu... » (2 Corinthiens 6.3-4).
Suit une liste impressionnante de situations, de positions et de vertus dans lesquelles les apôtres se faisaient un devoir d'être des modèles. Jugeons-en plutôt : tribulations, calamités, détresses, coups, prison, séditions, travaux, veilles, jeûnes, pureté, connaissance, longanimité, bonté, esprit saint, charité sincère, parole de vérité, puissance de Dieu, armes offensives et défensives de la justice, gloire et ignominie, mauvaise et bonne réputation. Regardait-on les apôtres comme imposteurs, inconnus, mourants, châtiés, attristés, pauvres, n'ayant rien ? Ils restaient des modèles, envers et contre tout (2 Corinthiens 6.5-10).
Et mon pasteur ?
Si ma bonne volonté n'est pas trop paresseuse et qu'elle veuille supporter une toute petite touche d'objectivité, elle reconnaîtra aisément que mon pasteur n'a pas obligatoirement tous les défauts, et qu'après tout, dans sa vie comme dans son service pour Dieu, ses qualités spirituelles peuvent me servir d'exemple.
Mon pasteur est un homme, non un dieu. Mais il n'est pas pour autant un homme... à abattre à tout prix ! Je ne dois pas me tromper de cible. Mon adversaire, celui auquel je dois résister, celui que je dois vaincre, c'est le diable. Que de temps perdu parfois dans l'Eglise de Jésus-Christ, à nous combattre les uns les autres, au lieu de nous unir contre le véritable ennemi du peuple de Dieu ! Prêterai-je le flanc à ce petit jeu malsain consistant à fouiller la vie, le caractère de ceux qui me dirigent dans le Seigneur pour y découvrir les imperfections ? Je n'aurai aucune difficulté sur ce chemin misérable. Mon pasteur, tout comme moi, est en marche vers la perfection, mais ne l'a pas encore atteinte. Il m'est donc facile de m'abandonner à un état d'esprit négatif. Une pincée de malveillance, deux cuillères de médisance, un brin de calomnie, le tout arrosé à souhait de critiques, agitez la marmite, et servez chaud ; le bouillon de culture est prêt pour la consommation. Tel est le genre de recettes pour mauvais « cuisiniers » friands d'histoires épicées ! Cette voie facile est destructrice. Je m'en garderai donc. Je veux construire. Quel est le comportement spirituel, agréable au Seigneur ? Retenir tout ce qui est bon en mon pasteur, dans ses paroles et dans ses œuvres, et le prendre pour modèle.
Un trait d'obéissance, une prudente attente de Dieu, une parole à propos, une sagesse conciliante, une réponse empreinte de bonté devant un esprit querelleur, que d'occasions dans lesquelles mon pasteur fut pour moi un exemple ! Ce modèle sera-t-il aussi éphémère que le sillage du navire sur l'océan, ou permettrai-je à Dieu de graver dans mon cœur le bon et le bien, pour le pratiquer à mon tour ? La Parole du Seigneur m'indique au moins six directions dans lesquelles je peux trouver un modèle à imiter.
La foi
« Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la Parole de Dieu, et, considérant l'issue de leur conduite, imitez leur foi » (Hébreux 13.7). La même épître (6.12) nous exhorte à imiter ceux qui, par la foi et la persévérance, héritent des promesses.
N'ai-je pas vu mon pasteur faire agir sa foi en maintes circonstances ? Au sein d'événements défavorables, comme lors d'une épreuve qui le frappait personnellement, je me souviens de sa confession victorieuse en Christ.
A plusieurs reprises, ne m'a-t-il pas montré le chemin quand, au lieu d'être hypnotisé par les éléments déchaînés de la tempête, il m'exhortait à m'appuyer sur la toute-puissance du Seigneur Jésus ? Cette foi de qualité souvent récompensée, mérite d'être imitée. Paul rappelait à son jeune collaborateur Timothée : « Pour toi, tu as suivi de près... ma foi » (2 Timothée 3.10).
L'amour
« Que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres, et envers tous, comme nous aussi envers vous » (1 Thessaloniciens 3.12).
Ce n'étaient pas seulement des mots. Les membres de cette Assemblée avaient été les témoins de l'exercice de la charité sincère de l'apôtre Paul à leur égard. Ce dernier rappelait d'ailleurs quelle place tenaient les Thessaloniciens dans son cœur : « De même qu'une nourrice prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l'Evangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers. Vous savez aussi que nous avons été pour chacun de vous ce qu'un père est pour ses enfants, vous exhortant, vous consolant, vous conjurant de marcher d'une manière digne de Dieu... » (1 Thessaloniciens 2.8, 11, 12).
De même qu'il était un modèle dans la foi, Paul l'était dans l'amour. Timothée en était l'un des témoins. L'apôtre lui écrit : « Pour toi, tu t'es attaché à me suivre dans ma charité » (2 Timothée 3.10).
Mon intention n'est pas d'entrer ici dans tous les détails de l'exercice de la charité. Que la Parole de Dieu excite au moins mon cœur à manifester une saine attitude ! Je peux certainement apprendre de mon pasteur quelques traits d'amour vrai. Le Saint-Esprit est puissant pour me donner ensuite de saintes initiatives. À mon tour, je pratiquerai la charité et le fleuve d'amour divin coulera de mon être intérieur.
Inconsciemment parfois (si c'était conscient, ce serait dramatique), nous faisons le jeu de l'adversaire. Nous acceptons qu'il nous brosse des tableaux couleur d'enfer, et susurre à notre oreille « des refrains » qui sentent le soufre, du genre: "Dans l'Eglise, il n'y a pas d'amour... c'est bien mieux chez les païens... on ne me dit pas bonjour... mon pasteur ne m'aime pas… »
Pourquoi ne parlerais-je pas comme Dieu parle ? Pourquoi ne verrais-je pas comme Dieu voit ? Pourquoi ne confesserais-je pas la victoire ? La Bible dit: « L'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit » (Romains 5.5). Par ailleurs, Jésus affirme : « L'homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor... » (Matthieu 12.35). Loin de nous la pensée de tordre le sens des paroles du Seigneur | Mais n'est-il pas vrai que l'Eglise de Dieu est un bon trésor ? Dieu déverse au milieu d'elle toutes les richesses qui concernent la Parole et la connaissance, et il distribue ses dons avec générosité, comme il le fit pour l'Assemblée de Corinthe (1 Corinthiens 1.5-7).
Ma responsabilité est d'être bon, et de tirer de bonnes choses de mon bon trésor. Dieu attend de moi une mentalité biblique. Plutôt que de me laisser aller trop facilement à une humeur caustique sur fond d'amertume, il serait plus positif et plus constructif de reconnaître chez mon pasteur (et chez mes frères et sœurs en la foi) les manifestations de l'amour de Dieu. Le Seigneur me poussera alors dans la même direction. L'amour est contagieux.
La conduite chrétienne
« Au reste, frères, vous avez appris de nous comment on doit se conduire pour plaire à Dieu » (1 Thessaloniciens 4.1).
Cette conduite irréprochable devant Dieu et à l'égard des Eglises, était la gloire des apôtres. Paul déclare à l'église de Corinthe : « Notre gloire à nous, c'est le témoignage que nous rend notre conscience de nous être conduits dans le monde, et surtout à votre égard, avec la sainteté et la sincérité que Dieu demande » (2 Corinthiens 1.12).
L'auteur de l'épître aux Hébreux exhorte les chrétiens en ces termes : « Priez pour nous ; car nous croyons avoir une bonne conscience, voulant en toutes choses nous bien conduire » (Hébreux 13.18).
Il est impossible de mener les autres plus loin que l'on est soi-même. L'exemple, le modèle, est soumis à cette loi implacable. Mon pasteur est donc le premier de cordée. Il a la charge de mener la « caravane ». Sa vocation de conducteur spirituel lui interdit le décalage entre le parler et le vécu. Il préférera le « suivez-moi » du vrai chef, au « allez-y » de la dérobade pharisaïque.
Mon pasteur m'a souvent indiqué le rocher sur lequel mettre mon pied pour ne pas glisser dans le précipice. Il m'a montré le point précis où m’agripper pour me hisser plus haut. « Pour toi, tu m'as suivi dans ma conduite », écrit Paul à Timothée. Il me sera profitable de suivre de près la conduite de mon pasteur, chaque fois qu’elle est un exemple édifiant pour mon âme.
Les souffrances et la persécution
Bien que tout un long chapitre soit consacré à ce sujet, il est bon de souligner que mon pasteur peut être pour moi un modèle, à l'heure de la souffrance. Paul rappelait aux Corinthiens : « Si nous sommes affligés, c'est pour votre consolation et pour votre salut ; si nous sommes consolés, c'est pour votre consolation, qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons » (2 Corinthiens 1.6).
Sur la voie de l'affliction, les apôtres étaient des modèles pour l'Eglise de Dieu.
Etant dans les liens à cause de l'Evangile, l'apôtre Paul considère, dans un accent de victoire, les conséquences bénies de ses épreuves. Il déclare à l'Eglise de Philippes : « La plupart des frères, dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont plus d'assurance pour annoncer sans crainte la Parole » (Philippiens 1.14).
Loin de se décourager, considérant l'exemple de l'apôtre, les frères avaient trouvé dans la difficulté une plus grande hardiesse pour poursuivre sans crainte leur mission.
Pour un Thessalonicien, se convertir à Jésus-Christ du temps de Paul, n'était pas chose aisée. Que se passe-t-il le jour où les apôtres Paul et Silas arrivent à Thessalonique ? Les Juifs y ont une synagogue. Selon sa coutume, Paul s'y rend, et il discute avec eux pendant trois sabbats, expliquant et démontrant, par les Ecritures, qu'il fallait que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât des morts. Ce Christ, dit-il, c'est Jésus que je vous annonce.
Quelques-uns d'entre eux sont persuadés ; et ils se joignent à Paul et à Silas, ainsi qu'un grand nombre de Grecs craignant Dieu et plusieurs femmes de qualité. Mais les Juifs, pleins de jalousie, ramassent dans les rues quelques mauvais sujets, et, ameutant la foule, ils jettent le trouble dans la ville. Ils assaillent la maison de Jason, et ils y cherchent Paul et Silas pour les amener devant le peuple. Ne les ayant pas trouvés, ils traînent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville, en criant: « Ces gens, qui ont bouleversé le monde, les voilà
maintenant ici ! Jason les a reçus chez lui. Or, ils sont tous rebelles aux édits de César, puisqu'ils disent qu'il y a un autre roi: Jésus ». Ces paroles émeuvent la foule et les magistrats. Ceux-ci, cependant, après avoir exigé une caution de Jason et des autres, les relâchent. (Actes 17.1-9)
Quelle force anime donc cette jeune Eglise fouettée par le vent de la persécution ? Quelle énergie lui permet de tenir ferme ? L'exemple qu'elle avait en la personne des apôtres. Paul lui rend plus tard ce témoignage : « Vous êtes devenus mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la Parole au milieu de beaucoup d'afflictions, avec la joie du Saint-Esprit. » (1 Thessaloniciens 1.6)
Le modèle apostolique n'avait rien d'un objet rare exposé au musée des belles théories philosophiques ou religieuses. Son caractère dynamique propulsait l'Eglise dans une vie victorieuse.
Cette dynamique apparaît plus évidente encore dans un phénomène en chaîne. Les imitateurs des apôtres devenaient à leur tour des modèles. Ce fut le cas des Thessaloniciens : « Vous êtes devenus des modèles pour tous ceux qui croient dans la Macédoine et dans l'Achaïe », constatait Paul (1 Thessaloniciens 1.7).
Si le Seigneur donne à mes yeux une clarté suffisante, je reconnaîtrai que souvent, mon pasteur a été un modèle dans la douleur et l'affliction. N'est-ce pas lui qui, en proie à d'intenses souffrances physiques, continuait à prêcher courageusement l'Evangile ? N'est-ce pas lui qui, malade imposait les mains à ceux qui souffraient, avec la conviction que la grâce de Dieu, agissant dans sa faiblesse, était suffisante ? À moins que mon pasteur soit au rang de ceux qui, après avoir perdu leur compagne, ne se sont pas laissés entamer, endommager, par des larmes légitimes, mais poursuivent le combat avec un acharnement, une joie, une paix, une sérénité
surnaturels.
Si mon pasteur a pu tenir, je tiendrai. S'il a triomphé, je triompherai. La grâce qui l'a soutenu, me soutiendra. À mon tour, je serai un encouragement pour les autres.
Le travail et la peine
« Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter, car nous n'avons pas vécu parmi vous dans le désordre. Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne, mais, dans le travail et dans la peine, nous avons été nuit et jour à l'œuvre, pour n'être à charge à aucun de vous. Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit, mais nous avons voulu vous donner en nous-mêmes un modèle à imiter. » (2 Thessaloniciens 3.7-9)
Paul avait déjà traité ce sujet dans sa première lettre : « Vous vous rappelez, frères, notre travail et notre peine: nuit et jour à l'œuvre, pour n'être à charge à aucun de vous, nous vous avons prêché l'Evangile de Dieu. Vous êtes témoins, et Dieu l'est aussi, que nous avons eu envers vous qui croyez une conduite sainte, juste, et irréprochable. » (1 Thessaloniciens 2.9-10)
L'apôtre aurait pu user de son droit de prédicateur de l'Evangile (1 Corinthiens 9.18), puisque le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l'Evangile de vivre de
l'Evangile (1 Corinthiens 9.14). Or, Paul ne l'a pas fait pour être un modèle face à une Eglise qui connaissait quelques désordres. Il semble que certains frères ne voulaient pas travailler, mais s'occupaient de futilités (2 Thessaloniciens 3.10-12). Ils avaient besoin d'un modèle pour rectifier leur trajectoire et être placés à nouveau sur la bonne orbite. C'est ainsi que l'apôtre joignit le geste à la parole. Il
travailla de ses mains. Les champions du désordre n'avaient plus qu'à changer de cap.
Je ne vis pas dans ce désordre-là. C'est bien ainsi ! Mais élargissons le cercle, et considérons d'autres réalités. Ai-je compris chaque fois que c'était nécessaire, que mon pasteur avait besoin de « bras », de « mains », de « jambes », pour tel ou tel travail matériel au sein de l'Eglise ? Il était le premier sur le terrain, sur le chantier. Il voulait être un exemple (avait-il raison ?). Et moi, qu'ai-je pensé ? Mon pasteur est un homme dévoué ! Il n'est pas seulement l'homme du complet-veston, mais aussi celui du bleu de travail. Les mains propres qui tenaient la Bible dimanche matin, sont plongées cette semaine dans le cambouis. Voilà un bon pasteur. Entre nous, n'est-il pas payé pour cela ? Ne doit-il pas être capable de faire face à toutes les situations ? Pasteur ? Oui! mais pasteur-menuisier-plâtrier-peintre-électricien-
maçon-etc….
Il ne me reste plus qu'à donner mon appréciation du travail en fin de chantier !
Eh bien, non ! la Parole de Dieu ne m'enseigne pas cela. Si mon pasteur fut le premier dans certaines tâches matérielles, ce n'était pas pour me conforter dans un esprit démissionnaire, mais pour me donner un modèle à imiter. Il voulait me stimuler, pour qu'à mon tour je retrousse mes manches, et me mette à l'œuvre. Si je le comprends, et les autres avec moi, il se peut fort que mon pasteur puisse abandonner certaines activités matérielles particulièrement dévorantes, pour s'appliquer à la prière et au ministère de la Parole. Chacun étant à sa place dans l'œuvre de Dieu, tout ira bien.
La prédication
Paul écrivit à Timothée : « Retiens dans la foi et dans la charité qui est en Jésus-Christ le modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. » (2 Timothée 1.13) Et encore : « Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement ». (2 Timothée 3.10)
Si mon pasteur dispense droitement la Parole de la vérité (2 Timothée 2.15); s'il s'attache aux saines paroles du Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété (1 Timothée 6.3), ma responsabilité est de garder le bon dépôt par le Saint-Esprit.
Mon pasteur est un instrument entre les mains du Seigneur pour me faire entendre la Parole qui m'enseigne, me convainc, me corrige, m'instruit, me reprend, me censure, m'exhorte. Il me faut retenir le modèle de cette Parole. Qu'elle me pousse en avant ou me freine, m'encourage ou me blâme, me guérisse ou me blesse, m'approuve ou me redresse, cette épée à deux tranchants doit faire autorité dans
ma vie.
Loin de moi la pensée d'amputer la Parole de Dieu, de la moderniser, de l'adapter, de l'atténuer, de l'étouffer.
Si les lèvres de mon pasteur annoncent tout le conseil de Dieu, je dois m'abandonner à l'action du Saint-Esprit pour qu'il sculpte en moi l'image de Christ.
L'avenir de l’Eglise
L'espoir pour demain passe par une préparation au quotidien très minutieuse. Il s'agit en effet de fabriquer aujourd'hui une génération de modèles pour le futur. La conquête du monde par l'Eglise, dans l'attente du retour de Christ, est à ce prix.
Le travail apostolique visait un objectif précis : préparer des générations successives de modèles. En voici la preuve. Paul écrit à l'Eglise de Philippes : « Soyez tous mes imitateurs, frères et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. » (Philippiens 3.17)
Regardons de près. Nous avons ici le modèle suprême, Christ, et trois reproductions : Paul, imitateur de Jésus, ceux qui marchaient selon le modèle qu'ils avaient en la personne des apôtres, et les Philippiens qui devaient imiter les imitateurs de Paul.
Un autre texte de Paul nous offre trois générations spirituelles de modèles. « Ce que tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres. » (2 Timothée 2.2) Quels sont ici les maillons de la chaîne ? Paul, Timothée, et des hommes fidèles… (le lecteur est invité à comparer Tite 1/5, 9, texte dans lequel se retrouve le même principe).
Si dans l'histoire de l'Eglise, un maillon de la chaîne manque ou se détériore, il faut un réveil.
On ne cueille pas des raisins sur des épines ou des ronces, non plus que des figues sur des chardons. Une génération de mauvais modèles n'engendrera pas l'Eglise de Jésus-Christ digne de ce nom. Il lui faut un réveil pour revenir pleurer sur ses infidélités aux pieds de Jésus-Christ.
Le travail du Saint-Esprit est de faire une génération de modèles. Mon pasteur collabore à cet ouvrage. Suis-je disposé à me laisser entraîner dans ce courant ?
L'avenir de l'Eglise ne se trouve, ni dans un flot bouillonnant d'innovations bizarres, ni dans le tumulte d'une modernité infidèle. Jésus doit-il être à l'écoute d'une génération avide d'un nouveau « look » spirituel, ou est-ce au peuple de Dieu de prêter l'oreille à ce que l'Esprit dit aux Eglises ?
J'ai raison de prier pour que Dieu envoie des ouvriers dans sa moisson. Mais il me faut commencer à exaucer mes propres prières. Je le ferai en gardant de tout mon cœur le modèle des saines paroles que m'adresse mon pasteur de la part de Dieu. Ceux qui foulent aux pieds l'enseignement des Ecritures sont grandement coupables. Donnent-ils le désir à des hommes de se lever pour prêcher une parole bafouée par les gens de la maison de Dieu ? Avait-il tout à fait tort ce garçon qui s'interrogeait sur l'utilité d'entrer au service de Dieu, en constatant l'inertie de certains chrétiens devant les Ecritures ? Ne généralisons pas. Tout ne va pas si mal, Madame la Marquise. Heureusement ! Mais que la génération qui monte prenne conscience d'être à un carrefour dangereux. Elle sera, ou ne sera pas, le bon maillon de la chaîne des modèles.
Fuyons tout orgueil, toute prétention. Que ceux qui, aujourd'hui, revêtent l'armure, ne se glorifient pas comme ceux qui la déposent. Le demain de l'Eglise est dans l'Eglise du premier siècle.
Que le Saint-Esprit fasse de moi un modèle digne de Jésus-Christ ! J'accepte de tout cœur d'être placé sur les anciens sentiers.
Ce n'est plus l'heure d'effeuiller la marguerite de l'infidélité : « je désobéis un peu, beaucoup, passionnément... »
La Parole de Dieu, modèle inaltérable, me jugera au dernier jour. Serai-je un bon maillon pour la continuité de la chaîne des modèles ? Oui, avec la grâce de Dieu. Là, et nulle part ailleurs, est ma raison de vivre.
Paul BALLIERE
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