LA GRÂCE REGNE DANS LA JUSTIFICATION (2° partie)

 

 

LA GRÂCE REGNE DANS LA JUSTIFICATION

(2° partie)

 

 

Examinons maintenant comment Dieu peut honorablement acquitter et accepter comme juste un criminel condamné. Sa sainteté et sa justice s’harmonisent ici parfaitement avec la tendresse de sa miséricorde et de sa faveur inconditionnelle. Il ne peut en être autrement. Le Juge de toute la terre n'exercera-t-il pas la justice ? (Genèse 18.25) Il ne peut acquitter personne sans une justice parfaite. Justifier consiste à prononcer juste. Si quelqu'un était justifié sans une parfaite justice, le    jugement ne serait pas selon la vérité : la sentence serait fausse et injuste.

 

 

Une justice parfaite est requise

 

La justice par laquelle nous sommes justifiés doit être parfaite, égaler les exigences de la loi et être acceptable au Juge souverain. Il est évident que tout juge possède une règle par laquelle il s’acquitte de sa fonction judiciaire. Parler de passer un jugement sans référence à une loi est absurde et contradictoire. Juger quelqu'un dans un tribunal consiste à déterminer si cette personne a transgressé la loi ou non. Le juge examine les faits et les compare avec la loi, c'est-à-dire avec la règle d'action reconnue. Puis il déclare si la conduite de la personne en question est juste ou non, et il passe une sentence selon ce verdict.

Dieu exige une conformité totale avec sa loi. C'est pourquoi une obéissance incomplète ne fait pas figure de justice correcte à ses yeux. Dans sa qualité de juste juge, il ne peut rien accepter d’inférieur à la règle en vigueur. Le Seigneur a déclaré qu'il « ne tient point le coupable pour innocent» (Exode 34.7). Cela signifie qu’il ne justifiera personne en dehors d’une justice parfaite. Cette dernière doit répondre aux exigences de sa loi. Elle doit honorer sa justice et sa vérité. Elle doit conférer à l'homme pécheur un statut parfait devant le Seigneur et une assurance de bonheur parfait au ciel.

Beaucoup de gens parlent de conditions de justification mais diffèrent quant à leur nature. Or, il n'existe qu'une seule condition pour être accepté devant Dieu, à savoir une justice parfaite. C’est ce que la loi et l’Évangile exigent tous deux. Ceux qui s'imaginent que Dieu acceptera quoi que ce soit au-dessous d’une obéissance parfaite portent une grave atteinte à son honneur et à sa loi. L'Évangile n’annule en rien la loi. Au contraire, avec la mort de Christ, il démontre que les exigences de la loi de l'Éternel sont inflexibles. La manière dont l'homme pécheur est justifié s'accorde pleinement avec les droits de cette loi. La loi de Dieu est inaltérable et éternelle. Dans le jardin d’ Éden, Adam avait pour devoir de la respecter parfaitement pour vivre. Bien que notre race soit tombée dans un état d’apostasie, la même chose est toujours requise de nous. La loi doit être observée parfaitement, soit par nous, soit par un garant, si nous voulons être justifiés et ne

pas tomber éternellement sous le coup de la malédiction de cette loi.

 

 

La loi nous condamne

 

Où trouver une justice qui justifie et comment l’obtenir ? Faut-il s'appliquer avec zèle et diligence à obéir aux commandements de Dieu ? Agir ainsi flatterait l’orgueil mais trahirait notre ignorance, tromperait nos espérances et aboutirait à une ruine éternelle. L'apôtre Paul déclare spécifiquement : « Personne ne sera justifié devant [Dieu] par les œuvres de la loi » (Romains 3.20). Celles-ci sont les actions de piété et d'humanité qu’elle exige, c’est-à-dire un amour parfait à l'égard

de Dieu et de l’homme. C’est pourquoi l’apôtre exclut nos œuvres de toute interaction avec la justification. Il continue : « C’est par la loi que vient la connaissance du péché. » La loi montre comment nous nous sommes détournés de la volonté révélée de Dieu et méritons d'en subir la malédiction éternelle. Loin de nous déclarer justes aux yeux de Dieu, la loi prouve notre culpabilité ! Il est impossible d’être justifié par elle. Paul affirme : « La loi est intervenue pour que l'offense abonde » (Romains 5.20). Dieu l'a donnée sur le Sinaï afin de révéler la multitude et la gravité de nos péchés. En outre, « la loi produit la colère » (Romains 4.15). Elle révèle la colère de Dieu contre toute impiété et injustice des

hommes. Elle déclare la culpabilité de l’homme pécheur. Loin de justifier quiconque, la loi annonce une destruction totale pour le pécheur, et elle dégaine l'épée de la vengeance de Dieu.

Paul dit encore : « Tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la loi sont sous la malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque n'observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la loi, et ne le met pas en pratique» (Galates 3.10). Loin d'avancer sur la voie de l'acceptation auprès de Dieu, ceux qui tentent de leur mieux d'observer la loi sont en réalité sous le coup d’une terrible malédiction. Il est impossible d'obtenir l'acceptation auprès de Dieu sans une obéissance qui soit

en totale conformité avec la loi, que ce soit en pensée, en parole ou en œuvre, et cela à tout moment. Ceux qui trébuchent en un seul point transgressent la loi entière. Ils sont donc coupables devant Dieu et s’exposent à la ruine (Jacques 2.10).

 

 

La foi et la loi s'opposent

 

Pour prouver ses affirmations, Paul montre que vivre par la foi et vivre par les œuvres de la loi sont mutuellement contraires: « Le juste vivra par la foi. Or, la loi ne procède pas de la foi ; mais elle dit : Celui qui mettra ces choses en pratique vivra par elles» (Galates 3.11,12). Personne, quelle que soit l'excellence de son caractère moral, ne peut être justifié par son observance de la loi. La loi ne procède pas de la foi : elle ne fait mention ni d’un rédempteur, ni de foi en lui. La loi parle de « faire » plutôt que de « croire », et seul celui qui obéit à toute la loi sera accepté et jouira de paix devant Dieu.

 

Écrivant sous l'inspiration de l'Esprit, Paul déclare encore : « Si la justice s'obtient par la loi, Christ est donc mort en vain » (Galates 2.21). Si nous sommes justifiés par nos œuvres, alors pourquoi Jésus est-il venu mourir ? Quelle conclusion choquante ! L’obéissance et la mort de Christ étaient-elles donc inutiles et superflues? Paul dit encore : « Si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est annulée » (Romains 4.14). Si ceux qui se reposent sur leurs œuvres sont acceptés de Dieu, alors la foi en la mort du Rédempteur n'a pas de sens, et la

promesse de la vie en lui est creuse.

Quand Paul exclut les œuvres de la loi de la justification, il ne pense pas seulement aux aspects cérémoniaux de cette loi. Ces choses étaient des institutions temporaires de l’ancienne alliance que la mort de Christ a désormais abrogées. Paul vise à écarter toute obéissance à une quelconque loi. Il exclut de la justification toute œuvre de quelque sorte qu'elle soit.

Amplifiant sa déclaration, Paul montre que la loi se tient en opposition directe à la justification par la foi : « En effet, ce n'est pas par la loi que l’héritage du monde a été promis à Abraham ou à sa postérité, c’est par la justice de la foi. Car, si les héritiers le sont par la loi, la foi est vaine, et la promesse est annulée, car la loi produit la colère, et là où il n’y a point de loi il n’y a point non plus de transgression. C’est pourquoi les héritiers le sont par la foi, pour que ce soit par grâce, afin que la promesse soit assurée à toute la postérité » (Romains 4.13-16). Il est clair que l’apôtre pense ici à la loi morale, et non pas simplement cérémonielle. Cette dernière révélait de diverses manières la grâce de Dieu dans l'Évangile. Par ces types et ces ombres, le croyant percevait quelque chose du Messie promis et recevait ainsi la vie par lui. C’est la loi morale qui « ne procède pas de la foi ». Il n'y a pas de grâce dans la loi, rien en quoi l’homme pécheur puisse placer son espoir et sa confiance, ni rien qui lui soit promis. En réalité, «la loi produit la colère. » Celui qui la transgresse encourt la colère de Dieu et sa conscience reçoit un sentiment de cette colère là où intervient la conviction de péché.

Il n’est possible d'appliquer ces choses qu’à la loi morale. La loi cérémonielle est maintenant abrogée pour les Juifs, et les païens n'ont jamais été sous l'obligation de lui obéir. Mais l'humanité dans sa totalité a transgressé la loi morale. Paul parle de sa propre expérience en ces termes : « Je n'aurais pas connu la convoitise, si la loi n’avait dit : Tu ne convoiteras point » (Romains 7.7). On voit clairement à quelle loi l’apôtre pense ici, et il montre que la loi morale est spirituelle en ce qu’elle exige la pureté de pensée et d'affection. Il dit autre part : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Éphésiens 2.8,9). « [Dieu] montre ainsi sa justice dans le temps présent, de manière à être juste tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus. Où donc est le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Par la loi des œuvres ? Non, mais par la loi de la foi. Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi » (Romains 3.26-28). Personne n'a la moindre raison de se glorifier, bien que les hommes soient naturellement enclins à s’enorgueillir de leur bonté morale et de la sincérité de leurs intentions. Toutes les œuvres, qu’elles soient morales ou cérémonielles, sont exclues de la justification.

 

 

La foi n’est pas la justice

 

En outre, ne pensons pas à notre foi comme étant justice en soi, ni comme la raison pour laquelle nous sommes justifiés. Les croyants sont justifiés par la foi, non pas à cause de leur foi. Nous pouvons démontrer de plusieurs manières que la foi n’est pas la justice. Personne ne possède une foi parfaite. Même si cela était possible, elle ne pourrait jamais égaler les exigences de la loi de Dieu. On ne peut pas regarder une foi parfaite comme une justice complète. L’obéissance par laquelle l'homme pécheur est justifié est qualifiée de « justice de Dieu par la foi en Jésus-Christ… par la foi révélée… la justice de Dieu par la foi » (Romains 3.22 ; Philippiens 3.9 : Romains 1.17). Il est clair qu’elle ne peut pas être la foi elle-même.

Dans le domaine de la justification, la foi s'oppose à toute œuvre. « À celui qui ne fait point d'œuvre, mais qui croit… » (Romains 4.5) Or, si la foi était notre justice, il faudrait la considérer comme une œuvre ou une condition sur laquelle repose notre acceptation auprès de Dieu. Il s’'ensuivrait aussi que certains croyants sont plus justifiés que d’autres car il existe divers degrés de foi (Matthieu 6.30 ; Luc 7.9). Il est absurde de suggérer que certains sont plus acceptés par Dieu en raison de la force de leur foi. La justice par laquelle « beaucoup » sont justifiés est l’obéissance « d’un seul » (Romains 5.15-19).

Nous ne pouvons pas être justifiés en raison de notre foi parce qu'il y aurait alors un grand nombre de justices différentes. Cela signifierait aussi que dans notre orgueil, nous pourrions dépendre de notre foi et nous en réjouir comme ce que Dieu a désigné pour notre justice.

Nous pourrions l’invoquer devant lui au trône de la grâce et la considérer comme le fondement de notre félicité éternelle. De cette manière, la foi serait le plus important et ce vers quoi nous devons tourner les regards, et non plus Christ. Le merveilleux Rédempteur prendrait alors la seconde place dans la justification et la foi occuperait la suprématie.

Pour certains, l'Écriture enseigne que Dieu accepte notre foi comme justice. Ils font mention d'Abraham et de la manière dont il est dit qu’il fut justifié (Genèse 15.6 ; Romains 4.3,9). Comprendre les mots : « La foi fut imputée à justice à Abraham », de cette manière contredit tout l'argument de Paul quand il traite de la justification de l’homme pécheur.

 

Son but principal consiste à montrer que la justification est gratuite et libre, que Dieu justifie sans qu'il y ait la moindre cause chez la créature pour l’obliger à le faire. Or, selon le point de vue mentionné ci-dessus, la foi est la condition, la cause, la base sur laquelle l’homme est accepté comme étant juste. Ce n’est pas la foi en elle-même qui justifie mais son merveilleux objet.

 

 

Une obéissance sincère suffit-elle ?

 

Il a été suggéré que, dans toutes ses exigences, la loi avait été abrogée en raison de l’œuvre de médiation de Christ et qu'une nouvelle loi avait été introduite, plus adaptée aux faiblesses de l'homme pécheur. Les hommes sont incapables d'une obéissance parfaite, mais Dieu ne requiert plus qu'une obéissance qui soit sincère pour les accepter auprès de lui. Une telle idée présente un évangile qui annulerait la loi, ce qui est contraire à l'Écriture (Romains 3.31). Cela signifie également que

les préceptes de la loi étaient trop stricts et sa punition trop sévère à l’origine. Ce point de vue est horrible car « la loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon » (Romains 7.12). Cette philosophie remet aussi en question la sagesse, la justice et la bonté de Dieu. Il aurait donné une loi qu'il a dû ensuite annuler de manière à accomplir son plan de grâce. Nous avons vu qu’une justice imparfaite ne peut pas justifier devant Dieu. Or, cette « nouvelle loi » n'exige plus

qu'une obéissance imparfaite. Elle ne peut donc pas justifier devant le Juge éternel.

Dieu ne nous accepte pas à cause de quelque sainteté accomplie en nous par le Saint-Esprit ou quelque œuvre bonne accomplie avec l'aide de sa grâce après avoir bénéficié de la régénération. Même ces choses ne sont qu’une justice propre à l'homme parce qu'il en est l’auteur, et elles sont toujours imparfaites et incapables de le justifier. L’apôtre Paul montre clairement que même ces œuvres bonnes n'ont

aucune influence sur la justification (Éphésiens 2.8-10).

Affirmer que notre propre justice est la condition de justification revient à confondre les deux alliances, celle des œuvres et celle de grâce, qui s'opposent mutuellement. La première était un arrangement exigeant une obéissance personnelle comme condition de vie et d'acceptation auprès de Dieu. Les termes de cette alliance sont : « Fais ceci et tu vivras. » Dans ce cadre, les bénédictions ne sont pas accordées selon la grâce mais comme une récompense et un salaire (Romains 4.4). L'autre alliance dont parle l'Écriture est entièrement par grâce. Elle se fonde sur des promesses absolues qui ne requièrent aucune condition pour s’accomplir (Éphésiens 2.12 ; Jérémie 31.31-34 ; Hébreux 8.10-12). Les bénédictions de cette alliance, y compris la justice qui justifie, se reçoivent par la foi seule et non par les œuvres.         

 

Abraham BOOTH        

 

 

  

 

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