QUAND LA COLLABORATION ATTRAPE LA COQUELUCHE

 

 

QUAND LA COLLABORATION ATTRAPE LA COQUELUCHE

 

« N'avons-nous pas marché dans le même esprit, sur les mêmes traces ? »

(2 Corinthiens 12/18)

 

Quelques décades seulement après l'éclosion de la première Eglise, l'esprit de saine collaboration fut sérieusement grippé au sein de certaines communautés. De fâcheuses attitudes endommagèrent les rouages de cette belle mécanique. L'ombre d'un certain Diotrèphe vint ternir un paragraphe de l'histoire du peuple de Dieu. Ici comme en d'autres endroits, alors que Rome et ses empereurs n'étaient pas encore couchés dans la poussière du temps, le christianisme donnait des signes d'essoufflement. La fraîcheur et la spontanéité des premières heures s'étaient sensiblement estompées.  

 

Il suffit, pour s'en convaincre, de relire dans les premiers chapitres de l'Apocalypse, le message de l'Esprit à certaines Eglises d'Asie mineure.  

Diotrèphe avait-il été établi dans la charge d'ancien ? Était-il appelé à paître l'Eglise du Seigneur ? Il semblerait plutôt, d'après la troisième lettre de Jean, que ce fût la responsabilité de Gaïus. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que Diotrèphe se laissa emporter par une vaniteuse ambition : être le premier dans l'Assemblée. Cette lame de fond sournoise est presque toujours la cause de la plupart des divisions dans l'Eglise de Jésus-Christ. Quelques coups de plume ont suffi à l'apôtre Jean pour mettre en lumière les mobiles secrets qui animaient le cœur de ce mauvais chrétien, mobiles que l'on retrouve d'ailleurs chez tous les chefs de parti et tous les fondateurs de sectes : « Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux, ne nous reçoit point. C'est pourquoi, si je vais, je rappellerai les actes qu'il commet, en tenant contre nous de méchants propos ; non content de cela, il ne reçoit pas les frères, et ceux qui voudraient le faire, il les en empêche et les chasse de l'Eglise » (3 Jean 9-10).  

 

Nous sommes en droit de penser que Diotrèphe refusait de communiquer à l'Eglise les lettres de Jean, qu'il repoussait les missionnaires recommandés par l'apôtre, dont il contestait l'autorité spirituelle. Mauvais chrétien, mauvais collaborateur, n'ayant pour seul objectif que de satisfaire son avidité du pouvoir, sa soif de domination ! Se peut-il que l'on perde la tête... et le cœur, au point de vouloir se hisser en tirant sur les lacets de ses souliers ?  

 

Mon pasteur a besoin de vrais collaborateurs, nourrissant d'autres ambitions que de tenir le premier rang et dominer à n'importe quel prix.     

 

Pouvez-vous imaginer l'orgueil de Diotrèphe ? Un orgueil cadençant la démarche, distribuant de chaleureuses poignées de mains « électorales », et teintant propos et prières. Avez-vous une idée des conversations tenues lors de visites privées à quelques membres privilégiés de l'Assemblée ? 

   

Pour s'assurer une cour de fidèles admirateurs, de flatteurs aveugles, d'inconditionnels que l'on a su rendre dépendants de soi, il est indispensable d'éliminer celui ou ceux qui peuvent être des rivaux. De là à pécher gravement par le geste et la parole, il n'y a qu'un pas. Un pas que Diotrèphe, et tant d'autres après lui, n'ont pas hésité à franchir. La méthode n'a rien de compliqué : ne pas recevoir les serviteurs de Dieu et ne rien accepter d'eux ; se répandre en méchantes paroles, débitant des discours nocifs et semant des médisances malignes ; ne pas recevoir les frères ; défendre aux membres de la communauté de le faire : expulser ceux qui prennent le risque de les accueillir ; tel est le parcours du « combattant »,  de celui qui affecte d'être le chef.    

 

Diotrèphe devait être le premier. Qu'on se le dise! Il avait plus d'amour, lui! Plus de compréhension,  peut-être même plus de puissance que tous les autres ! N'était-ce pas à lui que les gens devaient aller ?    

Aucun doute, la communion fraternelle traversait des zones de turbulence, transformant la collaboration en cauchemar.    

 

Ce n'est pas sans raison que le triste exemple de Diotrèphe est immédiatement suivi de cette exhortation : « … n'imite pas le mal, mais le bien » (3 Jean 11). Dieu      attend de ma part une attitude à l'antipode de Diotrèphe. Mon bonheur, mon épanouissement et ma sécurité résident dans la pratique des œuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance pour moi. Le Seigneur, dans son infinie sagesse, m'a placé dans le corps de Christ, l'Eglise, à l'endroit qui me convient. Il veut m'équiper des capacités nécessaires pour assumer ma fonction. Loin des frustrations et des ambitions refoulées, je serai pour mon pasteur un collaborateur agréable à Dieu.      

 

 

Les critiques

 

Les critiques sont un virus difficile à combattre au sein de l'Eglise. Personne n'est à l'abri de ce fléau. L'apôtre Paul lui-même n'y a pas échappé. Faisant allusion aux reproches ironiques de ses adversaires, répondant aux remarques désobligeantes de ses opposants, il écrit dans sa seconde lettre aux Corinthiens : « Au reste, moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ, - moi qui ai l'air si humble quand je suis au milieu de vous, mais qui, à distance, montre tant de hardiesse à votre égard ! — je vous supplie de ne pas m'obliger, quand je serai présent, à m'armer de cette hardiesse, que je me propose de montrer contre certaines gens, qui se figurent que nous nous conduisons selon la chair » (2 Corinthiens 10.1-2).   Et plus loin, citant les propos de certains, il ajoute : « Ses lettres, dit-on, sont énergiques et sévères ; mais quand il est là, c'est un corps chétif, et sa parole est   nulle » (2 Corinthiens 10.10).   

   

Comment s'épanouir soi-même et travailler au développement de l'Eglise, quand on effiloche la communion fraternelle à coups de critiques ? Critiquer serait moins aisé si les autres n'étaient pas perfectibles ! Mais voilà ! La partie engagée par les langues acerbes est gagnée d'avance. Gagnée ou perdue. Tout dépend de quel côté on enregistre le résultat. Pour le Royaume de Dieu, le bilan est négatif.      

 

Si une équipe sportive n'est pas unie au moment d'un match, elle perd l'un de ses atouts pour la victoire. L'adversaire de l'Eglise est le diable. Nous avons mieux à faire que de gaspiller notre temps en nous mordant, en nous dévorant, en nous détruisant les uns les autres. Nous devons nous unir pour triompher.      

 

Quel avantage reviendra-t-il à ceux qui, autour de tasses de café hebdomadaires, auront affublé leur pasteur de médisances et de mépris ? Il est si facile d'aller de maison en maison pour se répandre en sots bavardages et en intrigues, de téléphoner pour partager quelque intention douteuse, alimentant un climat pesant et hostile à la prédication et au service du pasteur. L'Ecriture dit que celui qui creuse une fosse y tombera.      

 

C'est pourquoi je choisirai la voie d'une franche et bonne collaboration. Au côté de mon pasteur, je travaillerai le mieux possible à l'œuvre du Seigneur.      

 

 

Discordance des attitudes

 

Dans sa seconde lettre à Timothée, l'apôtre Paul parle d'Alexandre, un personnage dont nous savons peu de choses. Ouvrier en cuivre, cet homme avait fait   beaucoup de mal à l'apôtre, s'opposant fortement à ses paroles (2 Timothée 4.14-15). Était-ce le même Alexandre qui, ayant perdu sa bonne conscience, avait fait naufrage par rapport à la foi, et que Paul avait dû livrer à Satan afin qu'il apprenne à ne pas blasphémer ? (1 Timothée 1.19-20).        

 

Le jeune Timothée est invité à se mettre au diapason de son aîné dans le service de Dieu : « Garde-toi aussi de lui ». La solidarité dans une attitude de méfiance à l'égard du forgeron était plus que souhaitable.        

 

Quel aurait pu être le comportement de Timothée ? Il aurait pu penser que cette « affaire » relevait d'un conflit de personnalités dont il n'avait que faire ; que l'apôtre Paul n'avait peut-être pas toutes les raisons de son côté ; qu'il valait mieux, pour rester en bons termes avec tout le monde, demeurer dans une prudente expectative.        

La recommandation, pour ne pas dire l'ordre de l'apôtre était sans ambiguïté : « Garde-toi aussi de lui ». Autrement dit: « Mon attitude doit être la tienne ». Pas de place pour un comportement tout sucre et tout miel.        

 

Se pourrait-il que dans l'Eglise, certaines personnes se sentent la vocation de choyer ceux qui sont répréhensibles, d'entourer de prévenances ceux-là même    qui sont des adversaires déclarés du peuple de Dieu ? Quand mon pasteur a de sérieuses raisons de me mettre en garde contre ceux dont le caractère et la conduite ne sont pas purs, mon attitude doit être loyale.              

 

Les paroles doucereuses, pleines de ménagements calculés, les comportements mièvres (engendrés par des motifs divers et peu louables) à l'endroit de ceux qui méritent une répréhension rigoureuse, ne guériront pas le coupable, mais le conforteront dans ses positions. « Nous n'avons pas de puissance contre la vérité ; nous n'en avons que pour la vérité », a écrit Paul (2Corinthiens 13.8). Vouloir dépasser effrontément cette borne de sécurité placée par les Ecritures est cause de     troubles et germe de divisions dans le corps de Christ.          

 

Respecter les conseils et m'aligner sur les décisions spirituelles et scripturaires de mon pasteur est indispensable pour la sauvegarde de la collaboration, dans un temps où la contestation et le mépris de l'autorité sont épidémiques.          

 

 

Moi ? Je !

 

Une autre entame à la collaboration dans l'œuvre de Dieu, est l'esprit de parti et la vaine gloire. Paul écrit aux Philippiens : « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire... » (Philippiens 2.3). Aux Galates, il dit: « Ne cherchons pas une vaine gloire » (Galates 5.26).          

 

Pour aider efficacement mon pasteur, je ne dois pas agir en vue de la satisfaction de mes désirs particuliers. Tout esprit de rivalité, de dispute, tout zèle amer, méritent d'être jetés au cimetière des élans charnels. Ni la vanité, ni le désir de faire bonne impression, ne doivent commander mes actions. Seule une sincère humilité me permettra d'éviter de tels écueils.          

 

Mon service, quel qu'il soit, doit être accompli dans une vue d'ensemble du corps de Christ, dans la pensée de complémentarité et d'interdépendance des membres et des ministères.          

 

Aucune fonction, aucune position, aucune responsabilité ne doit devenir un microcosme hermétique, imperméable à la coordination dirigée par mon     pasteur. Certains gâchent leurs capacités par un état d'esprit regrettable. Les âmes qu'ils ont gagnées à Christ deviennent leur propriété. Honni soit le chrétien (ou le pasteur) qui s'aventurerait dans leur chasse gardée. D'autres, à force d'indépendance, ont donné à leur service un ton vaniteux et provocateur. D'autres encore ont asphyxié leur travail par un esprit boutiquier.          

 

Tous ces vers rongeurs menacent la collaboration. Que Dieu me donne la sagesse d'œuvrer au sein de l'Eglise dans une parfaite harmonie avec mon pasteur.  

 

Paul BALLIERE     

 

 

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