7 MERVEILLES DU NOUVEAU MONDE

  

7 MERVEILLES DU NOUVEAU MONDE

OU LES CHOSES QUI UNISSENT...

 

« …afin que vous soyez affermis, ou plutôt,  afin que nous soyons encouragés ensemble au milieu de vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi » (Romains 1.12).  

 

Nous avons découvert le « nouveau monde », celui de Dieu.  

 

Notre vie passée ? Pour reprendre à notre compte l'image du Psalmiste (Psaumes 107.23-30), nous ressemblions à « ceux qui étaient descendus sur la mer dans des navires ». Nous vîmes « les œuvres de l'Eternel et ses merveilles au milieu de l'abîme. Dieu dit, et il fit souffler la tempête, qui souleva les flots de la mer ». Nous connûmes bien des souffrances, rencontrâmes toutes sortes de difficultés, et affrontâmes des épreuves multiples. C'était l'école divine. Le Seigneur veillait, dans sa sagesse parfaite, pour nous attirer à lui. Les années d'instabilité, de turbulence et d'échecs, furent longues, tantôt parsemées de bons élans et d'espoir, le plus souvent gâchées par les défaites et le péché. Nous aussi, nous montions vers les cieux, et descendions dans l'abîme. Ballotté entre le bien et le mal, la foi et l'incrédulité, le ciel et l'enfer, notre être se fondait de malheur. Saisis de vertige, nous titubions comme un ivrogne. Toute notre sagesse était anéantie. Dans notre détresse, nous criâmes à l'Eternel, et il nous fit sortir de nos angoisses. Rappelons-nous la douceur de ces instants. Dieu « arrêta la tempête, ramena le calme, et les flots se turent ». Dieu venait de prendre en main notre vie. Il nous conduisit au port désiré : le « nouveau monde ».

 

« Il faut que vous naissiez de nouveau » a dit Jésus (Jean 3.7). Paul déclara plus tard : « Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création. Les choses anciennes sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5.17). Dieu proclame, dans le livre de l'Apocalypse : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21.5). Nous avons goûté à cette vie divine. Nous avons appris Christ. Nous avons été instruits à nous dépouiller de notre vieille nature, de notre vie passée, de nos convoitises trompeuses, de nos œuvres

mauvaises, et à revêtir l'homme nouveau créé selon Dieu (voir Ephésiens 4.20-24).

 

Ce monde nouveau est concrétisé par l'Eglise, corps de Christ. Ce corps est uni et unique. « Il y a un seul corps », écrit Paul (Ephésiens 4.4). Il n'existe pas deux corps : celui des pasteurs, et celui des autres croyants. Un « corps pastoral », à côté des disciples de Christ, n'a rien de biblique. Mon pasteur, mes frères et sœurs

en la foi et moi-même, formons le corps de Jésus-Christ. Nous y sommes intégrés à part entière, les uns comme les autres, et nous en contemplons les merveilles. Paul ne parle-t-il pas de « la splendeur de l'Evangile de la gloire de Christ » ? (2 Corinthiens 4.4)

 

Quelques merveilles du monde nouveau méritent le voyage.

 

 

1. Le salut de Dieu

 

Jude écrit : « Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire … » (Jude 3)

 

Ce salut commun, ce salut qui nous concerne tous, est ineffable. Les richesses qu'il renferme sont innombrables et incompréhensibles. L'amour de Dieu surpasse toute connaissance.

 

Mon pasteur a d'abord été, et est encore, un homme sauvé par la grâce de Dieu. Tout comme moi. Le ministère qu’il a ensuite reçu de Jésus-Christ, n’augmente pas la valeur de son salut. Il n'est pas « plus sauvé » que moi, et je ne le suis pas moins que lui. Nous goûtons à un salut commun. Cette position glorieuse nous unit en Christ.

 

Ÿ aurait-il une vie spirituelle de qualité, réservée aux pasteurs, et une vie spirituelle médiocre pour « croyants ordinaires » ? N'ai-je pas souvent caressé mes faiblesses et toléré mes chutes, tout en ne supportant aucune imperfection, pas même la plus petite, dans la vie de mon pasteur ? Ou bien, n'ai-je pas pensé que Dieu l'aime plus que moi, écoute davantage ses prières, le secourt dans les épreuves… tout simplement parce qu'il est pasteur ? Que de pensées qui m'ont éloigné de notre salut commun ! Mon pasteur et moi-même, sommes sauvés entièrement, totalement, parfaitement, en Jésus-Christ, et invités à travailler à notre salut commun avec crainte et tremblement « Philippiens 2.12).

 

 

2. La grâce

 

Un poète chrétien a écrit :

 

« Oh ! merveilleuse grâce de Jésus mon Sauveur ;

Seul remède efficace, au péché de mon cœur,

Grande était ma misère, mais le sang de l'Agneau,

De l'indigne poussière fit un être nouveau. »

 

Source de salut pour tous les hommes (Tite 2.11), la grâce de Dieu est merveilleuse, véritable (1 Pierre 5.12), riche (Ephésiens 1.7), surabondante, excellente, éminente (2 Corinthiens 9.14), suffisante (2 Corinthiens 13.13).

 

Paul écrit aux Philippiens : « Il est juste que je pense ainsi de vous tous, parce que je vous porte dans mon cœur, soit dans mes liens, soit dans la défense et la confirmation de l'Evangile, vous qui tous participez à la même grâce que moi » (Philippiens 1.7).

 

La grâce qui a sauvé mon pasteur, m'a sauvé aussi. Elle qui le soutient, me soutient. Elle qui le fortifie dans son service, m'est accordée de la même manière. Je prends part à la grâce qui est faite à mon pasteur ! D'ailleurs, n'ai-je pas besoin, autant que lui, du secours divin ? Nos responsabilités, les limites respectives de notre champ de travail et nos dons sont différents, mais la même grâce nous unit.

Nous pouvons tenir ferme dans un même esprit, combattre d'une même âme pour l'Evangile, espérer dans le Seigneur, souffrir pour lui, en un mot soutenir le même combat, par la même grâce. Quel encouragement pour ma vie |

 

 

3. La foi

 

La foi est l'une des merveilles du « nouveau monde ». L'apôtre Pierre enseigne qu'elle est « plus précieuse que l'or périssable » (1 Pierre 1.7).

 

Je ne parle pas ici de la foi exceptionnelle, surnaturelle, qui procède de l'un des neuf dons du Saint-Esprit (voir 1 Corinthiens 12.9), ni de la « mesure de foi que Dieu a départie à chacun », mentionnée dans l'épître aux Romains (12.3). Cette mesure de foi est donnée par Dieu à chacun des membres du corps de Christ, selon sa place, sa fonction, son service. Il faut moins de force à l'enfant pour soulever son sac de billes, qu'à son père pour se charger d'un sac de cent kilos. Il en est ainsi dans l'Eglise. Dans sa sagesse, Dieu organise son peuple, et met les saints en état de servir, comme il veut. C'est ainsi qu'un don, pour être exercé efficacement, demandera plus de foi qu'un autre. Un ministère important réclamera une grande mesure de foi. Une mesure moins abondante suffira à un service de moindre envergure.

 

Considérons la foi commune à tous les enfants de Dieu. Paul écrit à Tite : « Paul, serviteur de Dieu... à Tite, mon enfant légitime en notre commune foi... » (Tite 1.1,4). Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, l'apôtre dit: « Je désire vous voir … afin que vous soyez affermis, ou plutôt, afin que nous soyons encouragés ensemble au milieu de vous par la foi qui nous est commune, à vous et à moi! » (Romains 1.12). Il s'agit ici de la foi comme statut d'existence. Dieu dit : « Mon

juste vivra par la foi » (Hébreux 10.38 ; Romains 1.17 ; Galates 3.11 ; Habakuk 2.4). Il m'appartient « d'être » dans la foi. C'est la situation de fait et la responsabilité de tous ceux que Dieu a adoptés dans son amour, les délivrant « de la puissance des ténèbres et les transportant dans le royaume de son fils bien-aimé » (Colossiens 1.13).

 

Sous ce rapport, la foi nous est commune. Elle fait vivre mon pasteur, et elle me fait vivre. Elle nous ouvre, à lui et à moi, le chemin de Dieu. Elle nous fortifie et nous rend triomphants.

 

« J'ai été crucifié avec Christ » écrit Paul, « et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au

Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi » (Galates 2.20).

 

J'ai pensé, à juste titre, que mon pasteur devait être un homme de foi. Dans sa vie personnelle, dans sa vie familiale, dans l'exercice de son ministère, devant les assauts du diable, en butte à toutes les tribulations, face aux maladies et aux possessions démoniaques, mon pasteur doit placer une confiance absolue dans le Seigneur. Sans l'ombre du moindre doute. Il doit exercer « la foi sans douter » dont parle Jacques (Jacques 1.6).

 

Je bénis Dieu pour toutes les fois où mon pasteur m'a édifié, encouragé, par sa foi. Il fut pour moi un modèle et un stimulant.

 

Mais mon pasteur attend de moi le même encouragement. A la pensée de sa prochaine visite chez les chrétiens de Rome, Paul se réjouissait de pouvoir goûter un réconfort mutuel, par une foi commune. Il souhaitait vivement une consolation réciproque, chacun étant réconforté par la foi qui était dans l'autre.

 

Mon pasteur... réconforté, consolé, encouragé avec moi, chez moi, par ma foi ? Oui, c'est ma responsabilité dans la vie nouvelle. J'ai parfois déçu mon pasteur. Quand il priait pour les malades, je n'attendais aucune bénédiction suite à ses prières. J'ai douté des promesses de Dieu concernant le baptême du Saint-Esprit. Quand les chrétiens étaient rassemblés, priant pour recevoir le don du Saint-Esprit, je ne me joignais même pas à eux, ne croyant pas que cette bénédiction fût pour moi. Quand mon pasteur prêchait l'Evangile de la grâce, j'écoutais passivement, le cœur sec. Mes entrailles n'étaient pas émues à la pensée qu'un pécheur rebelle pût se convertir à l'instant. Quelle déception et quelle charge pour mon pasteur ! Je me suis si longtemps satisfait de ma religiosité. N'était-il pas normal, après tout, de ne pas attendre de grandes choses venant de Dieu ?

 

Jésus, en son temps, fut indigné et affligé de l'endurcissement de certains cœurs. Il espérait la foi. Il se heurta à l'incrédulité et ne put manifester sa gloire.

Sur les rivages du « nouveau monde », je dois, avec mon pasteur, brandir l'étendard de la foi.

 

 

4. La joie

 

« Le cœur content est un festin perpétuel », et « un cœur joyeux est un bon remède » dit Salomon (Proverbes 15.15 ; 17.22). On peut s'interroger alors sur le nombre de chrétiens qui « meurent de faim », ou qui souffrent de dessèchement spirituel dû à l'abattement de leur esprit !

 

La joie abonde dans les Ecritures. Elle se manifesta lors de la création. « Où étais-tu quand je fondais la terre ? » demandait Dieu à Job ; et d'ajouter : « … qui en a posé la pierre angulaire, alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie ? » (Job 38.4,6,7).

 

La joie accompagna la naissance de notre Sauveur. Un ange dit aux bergers : « Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur » (Luc 2.10-11).

 

La joie présidera le festin des noces de l'Agneau : « Alléluia ! Car le Seigneur notre Dieu Tout-Puissant est entré dans son règne. Réjouissons-nous et soyons dans l'allégresse, et donnons-lui gloire ; car les noces de l'Agneau sont venues, et son épouse s'est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d'un fin lin, éclatant, pur » (Apocalypse 19.6-8).

 

Là où est Dieu, la joie jaillit. Elle est le fruit de l'Esprit (Galates 5.22). Non, ce n'est pas un péché d’être un chrétien joyeux ! Et tant pis si je répète ce que l'on a déjà dit cent mille fois : un chrétien triste est un triste chrétien. Il n'est ni nécessaire, ni indispensable d'afficher une longue mine pour être un saint !

 

Dans le « nouveau monde », les raisons de se réjouir sont infinies, comme les grâces de Dieu. C'est pourquoi l'apôtre Paul ordonne : « Soyez toujours joyeux » (1 Thessaloniciens 5.16), et: « réjouissez- vous toujours dans le Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous » (Philippiens 4.4).

 

Regardons de plus près deux textes des Saintes Ecritures. Le premier, dans l'épître aux Romains (12.15) : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent » ; et le second, dans l'épître aux Philippiens : « Vous aussi, réjouissez-vous de même, et réjouissez-vous avec moi ». Cette joie de qualité est mature. Ce n'est pas la joie égoïste ou purement individuelle. C'est la joie partagée, qui puise sa vigueur dans la joie de l'autre. C'est la joie qui unit; celle qui va m'unir à mon pasteur.

 

« Mon pasteur doit sourire », me disais-je, « sourire encore, sourire toujours, et se réjouir dans le Seigneur ». Qu'en pensez-vous ? Job ne disait-il pas : « Je leur souriais quand ils perdaient courage, et l'on ne pouvait chasser la sérénité de mon front » ? (Job 29.24). Qu'il est agréable, en effet, d'entrer dans la Maison de Dieu, et d'y être accueilli par un pasteur souriant, heureux, joyeux !

 

Mais mon pasteur a aussi besoin de ma joie.

 

Au lieu d'être en retard aux rassemblements de l'église, le pas lourd et le visage défait, comme si j'allais vers l'échafaud de mes devoirs chrétiens, je tressaillirai de joie en pensant à la maison du Seigneur. Loin de garder la bouche close à l'heure des hymnes spirituels, l'âme assommée par toutes les catastrophes imaginaires de demain, je mêlerai ma voix à celle de mes frères, et mon cœur éclatera en action de grâces. Je louerai mon Dieu, et placerai en lui toute ma confiance. J'écouterai le sermon de mon pasteur, non pas dans le frimas d'une piété agonisante, mais avec la ferveur d'un cœur enthousiasmé par le conseil de Dieu.

 

Je me souviens des réunions de mon enfance, au cours desquelles la prédication de l'Evangile était ponctuée d’ « alléluia » sonores. La joie était spontanée. Il est possible qu'il y ait eu, dans ces moments-là, quelques pincées d'habitude ou d'excès pour certains, mais la fraîcheur spirituelle du plus grand nombre faisait plaisir à voir. Sais-je encore dire « alléluia » ? En tout cas, les élus rempliront le ciel de ce mot-là . Le monde et ses spectacles ont leurs applaudissements. L'Eglise a sa louange. « Rendons à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » (Apocalypse 19.1,3,4,6). Serais-je devenu sage et réservé au point de me glisser dans la peau d'une bourgeoisie spirituelle aveugle ? A moins que je me compose le visage d'une certaine libération qui, parfois, sans manquer de décibels, n'en est pas moins douteuse |

 

Je me réjouirai avec mon pasteur. Je ne manquerai pas de lui exprimer mon bonheur d'être dans le « nouveau monde », en toutes occasions. Il pourra me demander si je vais bien, sans risquer d'avoir pour réponse un « non » permanent et obstiné.

 

Après tout... « la piété avec le contentement » (1 Timothée 6.6) est la seule que Dieu connaisse. Le reste n'est qu'un lambeau des réveils moribonds.

 

 

5. L'esprit de famille

 

Je forme, avec mon pasteur et mes frères et sœurs, la famille de Dieu. Nous le disons. Nous le chantons. Nous en témoignons. Et c'est vrai, nous sommes les enfants d'un Père admirable.

 

Le « nouveau monde » est celui de l'amour. L'amour pour Dieu, et l'amour pour les frères. Lorsque la bonté et l'amour de Dieu notre Sauveur nous ont été manifestés, il nous a sauvés. « Nous étions autrefois insensés. digne d'être haïs, et nous haïssant les uns les autres » (Tite 3.3). Maintenant, tout a changé. Autrefois,

la haine ; aujourd'hui, l'amour. « L'amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Romains 5.5). « Pour nous, nous l'aimons, parce qu'il nous a aimés le premier » (1 Jean 4.19). « Nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru » (1 Jean 4.16). La vie nouvelle dans le « nouveau monde » nous rend capables d'aimer, de nous aimer les uns les autres.

« Nous avons de lui (Dieu) ce commandement : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1 Jean 4.21). « Nous connaissons que nous aimons les enfants de Dieu lorsque nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements » (1 Jean 5.2).

La communion fraternelle sincère est l'une des plus grandes démonstrations de notre identification à la personne du Christ et de notre participation à la nature divine. Jésus dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les autres » (Jean 13.35). L'Eglise primitive avait bien reçu le message. « La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme » (Actes 4.32).

Si l'on ne trouve pas l'amour véritable dans le cœur des chrétiens, où le trouvera-t-on ?

 

Nous sommes différents les uns des autres. La diversité et la complémentarité font la richesse de la famille. Nous sommes différents pour de multiples raisons : l'âge, la culture, le niveau social, l'instruction, la race, le caractère, les goûts, la sensibilité, les dons, les services, la maturité spirituelle. Et de tout le reste encore. Pourquoi attendrais-je que mon frère soit semblable à moi, pour l'aimer ? Dans certains cas, je mourrai avant ! D'ailleurs, je dois bien me l'avouer à moi-même : si les autres me ressemblaient, ce serait triste pour eux. J'ai tellement de progrès à faire ! Ils sont bien meilleurs que moi. L'orgueil m'a trop longtemps conduit à des attitudes ou à des réactions stupides. J'apprends humblement, avec l'aide de Dieu, à regarder les autres comme étant au-dessus de moi-même (Philippiens 2.3).

 

La famille est nombreuse. Tant mieux. Qui s'en plaindrait ? C'est une preuve de fécondité.

 

Famille nombreuse, avons-nous dit ? Un enfant, dix ans plus jeune que son frère, par exemple, n'est-il pas néanmoins un membre de la famille ? La fille aînée qui aime la musique, tandis que la cadette préfère la lecture, n'est-elle pas pour autant sa sœur?

 

L'intolérance, l'incompréhension, l'impatience, la dureté, la propre justice, le refus de pardonner, ou tout simplement le manque d'intelligence spirituelle, dégradent l'amour. Quand tous ces vers rongeurs gâtent le fruit de la communion fraternelle, l'Eglise n'attire plus, elle écœure. Les païens vomissent les chrétiens, et le nom de Dieu est alors blasphémé.

 

Le langage biblique évoquant les liens de la famille spirituelle sont simples et sublimes à la fois. Voyez plutôt. Paul écrit à Tite: « Il faut que les nôtres aussi... » (Tite 3.14). « Après avoir été relâchés, ils allèrent vers les leurs » (Actes 4.23). « Les nôtres » ! « Les leurs » !

 

Je ne dois pas aimer seulement une cour d'amis rassemblés autour de ma petite personne, un groupe, un clan hermétique. Si dans une famille nombreuse, les enfants s'aiment par clans, l'unité est détruite. Ce sont alors les conflits entre les frères et les sœurs, les grands et les petits, les lents et les rapides, les soigneux et les brouillons. L'amour divin n'est pas sélectif. Dieu a aimé le monde. Notre partialité peut paresser sur divers canapés : la couleur de peau, l'argent, les diplômes et autres ségrégations. Mais comment la justifier ? L'église locale devrait être semblable à un puzzle, dont les pièces sont tellement proches les unes des autres, s'encastrant à la perfection, qu'on ne voit plus qu'un ensemble harmonieux, comme s'il eût été fait d'un seul morceau. Prenons l'exemple d'un paysage. Chaque pièce de puzzle ne peut en apporter qu'une toute petite vision. Ce morceau n'est pas, à lui seul, tout le paysage. Un groupe de pièces, ajustées patiemment, en donne une vision plus vaste. Mais ce groupe n'est pas l'ensemble. C'est seulement lorsque toutes les pièces seront ajustées avec soin, que le puzzle offrira un ensemble agréable à la vue.

 

L'amour de Dieu a le pouvoir de balayer tous les clivages. Supposez un instant qu'un morceau de notre puzzle dise : « Je ne peux supporter d'être uni à cet autre morceau ! Regardez-le ! Il n'a pas la même forme que moi, ses couleurs sont différentes, et le comble…il est en dessous de moi! » Quelle stupidité ! Voulons-nous présenter au monde l'image magnifique du « nouveau monde », en nous efforçant de conserver l'unité de l'Esprit ? Voulons-nous comprendre qu'un chrétien isolé ne peut manifester l'amour fraternel ? Il peut témoigner de la puissance libératrice et régénératrice de Christ, mais s'il est seul, il n'aimera que lui-même, semblable à un fils unique qui ne peut, c'est évident, aimer un frère ou une sœur. Regardez maintenant un groupe de chrétiens au sein de leur église. Ils s'aiment bien ! Mais entre eux seulement. Malheur à qui s'aventurerait dans leur amour « intra-muros »! Ce groupe ne peut donner qu'une image très partielle et très incomplète du véritable amour. Le monde a son apartheid. Il nous a prouvé souvent, hélas, que les membres d'un parti, quel qu'il soit, peuvent s'aimer entre eux, et haïr en même temps ceux qui sont différents. Dans l'Eglise de Jésus-Christ, la source ne peut pas faire jaillir par la même ouverture l'eau douce et l'eau amère. Ce n'est que lorsque je peux dire de tous mes frères dans l'église locale : « Ce sont les miens », que je manifeste l'amour de Dieu. Mon frère est différent de moi ? Qu'importe ! Est-il plus avancé dans la foi, plus fort ? J'apprends à triompher de toute jalousie, et suis encouragé à progresser. Est-il plus faible ? J'apprends à aimer dans la douceur, la patience, et j'évite de me complaire en moi-même. M'a-t-il fait du tort ? Je vais aimer dans le pardon. A-t-il un don différent du mien ? J'aime dans la complémentarité et l'interdépendance.

 

L'amour se dit et se chante. C'est agréable, mais pas suffisant. L'amour partage, donne, et se donne. Comme dans une vraie famille. Nous aimons lorsque nous donnons notre vie, c'est-à-dire lorsque nous nous donnons aux autres: notre temps partagé avec le leur; nos forces unies aux leurs ; nos larmes mêlées aux leurs ; nos cœurs dans leur cœur.

 

Le tout, sans rien espérer en retour. Sans motif d'intérêt, mais simplement parce qu'on aime.

 

 

6. Même esprit, mêmes traces

 

« Deux hommes marchent-ils ensemble, sans en être convenus ? » (Amos 3.3). S'ils ne sont pas d'accord, l'unité dans la marche est anéantie.

 

Paul avait trouvé, en la personne de Tite, un collaborateur fidèle. « N'avons-nous pas agi, lui et moi, dans le même esprit, suivi les mêmes traces ? », écrit-il aux chrétiens de Corinthe (2 Corinthiens 12.18).

 

L'une des merveilles du « nouveau monde » est la Voie de Jésus. Il m'est possible, avec mon pasteur, de suivre le même chemin, dans une réelle harmonie de pensées et de sentiments. Est-ce si difficile ? Jésus nous a montré la direction. Il a déclaré : « Je suis le chemin... » (Jean 14.6). Et encore: « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8.12). L'apôtre Pierre rappelle, quant à lui, que Christ nous a laissé « un exemple afin que nous suivions ses traces » (1 Pierre 2.21). L'auteur de l'épître aux Hébreux nous parle de « la route nouvelle et vivante que Jésus a inaugurée pour nous » (Hébreux 10.20).

 

La Sulamithe du Cantique des Cantiques cherche son berger bien-aimé : « Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu fais paître tes brebis...? ». La réponse vient aussitôt : « Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes, sors sur les traces des brebis... » (Cantique des cantiques 1.7-8). Les brebis fidèles nous font trouver le berger. Au fil des siècles, les hommes et les femmes de Dieu ont entendu la voix de Jésus-Christ dans leur cœur, ils ont marché derrière le Sauveur, et ils ont laissé des traces. A nous de les observer et de les suivre. Jésus dit: « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jean 12.26). Le souverain Pasteur, Jésus, a donc ouvert la voie royale. Tout pasteur fidèle, servant le Maître, le suivra et se tiendra en sa présence. 

Pourquoi ne pas marcher d'un même pas avec mon pasteur ? Si lui-même, de tout son cœur, observe scrupuleusement le chemin, ne perdant aucune trace du berger, je mettrai moi aussi mes pieds dans les empreintes divines: la saine doctrine, la sanctification, la consécration, l'humilité, la soumission, l'obéissance, la prière, et tout ce qui m'est révélé de Christ par le Saint-Esprit, dans la parole de Dieu. Animés d'un même souffle, respirant l'atmosphère céleste, nous parviendrons ensemble au repos final.

 

 

7. Le repos final

 

Vouloir parler du ciel, car c'est bien de cela dont il est question maintenant, serait bien prétentieux. Décrire ce qu'on n'a jamais vu, dépeindre ce qu'on ne connaît pas et qui échappe à toute compréhension humaine, donner à l'invisible et à l'éternel l'enveloppe d'un pauvre vocabulaire d'hommes, relève de la folie. La plus belle voix du monde se tairait, l'encre du plus habile écrivain tarirait devant une telle gloire. L'apôtre Paul a senti toute son incapacité à relater une expérience bien particulière : « Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel... Et cet homme… fut enlevé dans le paradis, et il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer » (2 Corinthiens 12.2-4).

 

Mais nous le savons, après avoir partagé les merveilles du « nouveau monde » ici-bas, nous goûterons à celles du ciel. L'unité dans les combats spirituels du temps présent, trouvera son plein épanouissement dans l'unité éternelle et céleste. Le retour en gloire du Seigneur Jésus marquera l'ouverture de cet âge nouveau. Les récompenses seront distribuées selon l'œuvre de chacun. Mais le repos dans la présence de Dieu sera le partage de tous. Paul écrit en effet: « Il est de la justice de Dieu de rendre l'affliction à ceux qui vous affligent, et de vous donner, à vous qui êtes affligés, du repos avec nous, lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance » (2 Thessaloniciens 1.6-7). La venue de Jésus, sujet d'effroi pour les impies et les rebelles, sera le triomphe et la joie de l'Eglise. Le règne du Dieu Tout-Puissant, la gloire de l'Agneau, la splendeur de la nouvelle terre, seront de loin la plus grande de toutes les merveilles. Dieu sera tout en tous. Cette unité consommée dans une félicité sans fin, mérite bien l'engagement total de ma vie dans l'œuvre de Dieu. Présentement, c'est ce que mon pasteur attend de moi. « J'estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Romains 8.18).

 

Paul BALLIERE

 

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