LES PIEDS DE JESUS
1. Ses pieds sur la terre
Dans sa vision, Ésaïe prophétise avec admiration : « Combien sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut » (Ésaïe 52.7). Et Romains 10.15, considérant tous ceux qui seront envoyés sur les traces de Christ, ajoute : « Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles ». Jésus le dira : « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur » (Jean 12.26). En terminant son évangile, l'apôtre nous montre Pierre et lui-même se lever et le suivre, répondant au « Toi, suis-moi » du Seigneur (21.19-22).
En Philippiens 3, Paul reprendra le tableau : « Oubliant ce qui est derrière, et tendant avec effort vers ce qui est devant, je cours droit au but... Ayons cette pensée… cependant, au point où nous sommes parvenus, marchons (à la file, dans l'original) dans le même sentier... et considérez ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous » (Philippiens 3.14-17).
Reconnaissons-nous humblement que bien des fois le Seigneur a dû laver nos pieds par sa Parole pour que nous ayons « une part avec lui » (Jean 13.8), et puissions le suivre ?
Dans son effacement, Jean le baptiseur répète en Actes 13.25, comme dans chaque évangile : Il en vient un après moi, des pieds duquel je ne suis pas digne de délier la sandale. Le lendemain du baptême, « regardant Jésus qui marchait », il avait dit avec émotion : « Voilà l'Agneau de Dieu ! ». À travers tous les évangiles nous pouvons, avec adoration, considérer cette marche.
2. À ses pieds
Chacun peut facilement chercher dans les évangiles quelles personnes sont venues à ses pieds.
En Matthieu 15.29, Jésus est près de la mer de Galilée ; pour un peu de tranquillité, il monte sur une montagne et s’assied là. Mais de grandes foules viennent à lui, amenant toutes sortes de malades et les mettent à ses pieds. Que fait-il ? Au lieu d’invoquer sa fatigue, ou son désir de tranquillité, « il les guérit », de sorte que les foules glorifient Dieu.
En Marc 7.25,une femme grecque vient à Jésus ; il était entré dans une maison pour que personne ne le sache. Va-t-il la recevoir ? Elle se jette à ses pieds. Jésus lui dit : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens » ; les Juifs méprisaient tous ceux qui n'étaient pas de leur peuple. Dans sa foi toute simple, elle répond : « Même les chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants ». Jésus lui assure : « À cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille ». Elle rentre chez elle et trouve le démon sorti, et sa fille guérie couchée sur le lit.
En Luc 7.37, « une femme... qui était une pécheresse » a l'audace d'entrer dans la maison du pharisien qui a invité Jésus pour manger avec lui. Consciente de l'inconvenance de sa démarche, elle se tient derrière à ses pieds, les arrose de ses larmes et les essuie avec ses cheveux, les couvrant de baisers et les oignant d’un parfum. Le pharisien est scandalisé. Par une petite parabole Jésus le reprend, en lui rappelant comme il l’a mal accueilli, tandis qu’à cette femme il peut être beaucoup pardonné, car elle a « beaucoup aimé », mais « celui à qui il est peu pardonné aime peu ». Tous s'étonnent ; mais Jésus dit à la femme: « Ta foi t'a sauvée, va en paix ».
En Luc 8.35, les gens de la ville, très mécontents de Jésus, viennent vers lui et trouvent, « assis, vêtu et dans son bon sens, aux pieds de Jésus, l’homme de qui les démons étaient sortis ». Eux ont peur. L’homme guéri n’a qu'un désir : que Jésus lui permette de partir avec lui. Mais le Sauveur le renvoie, disant : « Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi». Et l’homme va rendre son témoignage dans toute la région. Auparavant il était « emporté par le démon dans les déserts » ; délivré par le Sauveur de la puissance diabolique, il va maintenant proclamer tout ce que Jésus a fait pour lui (v. 39).
En Luc 17.12-19, dix lépreux crient de loin à Jésus : « Maître, aie pitié de nous ». Ils prouvent leur foi en allant, sur son invitation, se montrer aux sacrificateurs ; en route ils sont rendus nets. Un seul d’entre eux, un Samaritain, revient sur ses pas, glorifie Dieu à haute voix, et se jette sur sa face aux pieds de Jésus, lui rendant grâces. Jésus attristé répond : « Les dix n’ont-ils pas été rendus purs ? Et les neuf, où sont-ils ? » Seul cas dans l'évangile où un homme guéri revient pour rendre grâces. N’aurons-nous pas à cœur de le faire bien souvent, et tout spécialement le dimanche matin dans le culte, quand, réunis autour de lui, nous nous souvenons de lui dans le mémorial qu'il a institué, et, conduits par son Esprit, nous l’adorons pour tout ce qu'il a fait pour la gloire de Dieu et pour notre salut ?
Par-dessus tout, trois fois dans les évangiles, est rappelée la mémoire de Marie (Luc 10; Jean 11; 12). Dans la maison de Béthanie, assise à ses pieds, elle avait écouté sa parole. Après la mort de Lazare, elle n'était pas allée au sépulcre pour y pleurer, comme le pensaient les Juifs venus consoler les deux sœurs. Mais elle était venue là où était Jésus et quand elle le vit elle se jeta à ses pieds en pleurant ; « Jésus pleura ».
Après la résurrection de Lazare, le Seigneur revient à Béthanie, six jours avant la Pâque ; « on lui fit … là un souper » (Jean 12.1-12). Marie prend une livre de parfum de nard pur de grand prix et oint les pieds du Fils de Dieu qui va mourir. Elle les essuie avec ses cheveux. Devant l'objection de Judas, Jésus dit: « Permets-lui d'avoir gardé ceci pour le jour de ma mise au tombeau » (Jean 12.7). Lui savait ce qui l'attendait, elle le pressentait, et de tout son cœur elle avait répandu le parfum de l’adoration et de la reconnaissance.
3. Sa marche ici-bas
Lors de ses discussions avec les Juifs, quand Jean-Baptiste avait répondu à leurs questions et confessé clairement : « Je ne suis pas le Christ, ni Élie, ni le prophète », eux insistent : « Que dis-tu de toi-même ? » (Jean 1.22). Il répond simplement : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert ». Le lendemain, « il voit Jésus venant à lui, et il dit : Voilà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde... Après moi vient un homme qui prend place avant moi, car il était avant moi ». Il ajoute à son témoignage : « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il demeura sur lui... Celui-ci est le Fils de Dieu ». Le lendemain encore il se tient là et regarde Jésus qui marche. Ses paroles ne sont plus un témoignage public, mais l'expression de son cœur : « Voilà l'Agneau de Dieu » ! (v. 23-36)
Quel privilège pour nous de pouvoir, à travers les évangiles, « le regarder marcher » !
Pierre, qui a accompagné Jésus durant tout son ministère, rappelle dans la maison de Corneille : « Il a passé de lieu en lieu, faisant du bien » (Actes 10.38). Bien des fois il a marché le long de la mer, en particulier pour appeler quelques disciples : Simon et André (Matthieu 4.18 ; Marc 1.16), puis Jacques et Jean (Marc. 119), et d'autres.
Monté sur une montagne pour prier (Matthieu 14.23-33), le soir étant venu, lui, seul à terre, voit les disciples se tourmenter à ramer avec un vent contraire. Va-t-il aussitôt les secourir ? — À la quatrième veille de la nuit enfin, il vient vers eux, marchant sur la mer. Les disciples croient que c'est un fantôme et poussent des cris… Aussitôt il parle avec eux: « Courage ! c'est moi, n'ayez pas peur ! ». Pierre de répondre : « Si c’est toi, commande-moi d'aller vers toi sur les eaux. Il dit: « Viens ». Pierre marche sur la mer agitée pour aller à Jésus. Mais il voit que le vent est fort. Il a peur et commence à enfoncer. Il s'écrie : « Seigneur, sauve-moi ». Jésus va-t-il dire : tu as été présomptueux, pourquoi as-tu voulu marcher sur la mer ? « Homme de petite foi, pourquoi as-tu douté ? » Le Sauveur n'attend pas : « Aussitôt Jésus, étendant la main, le saisit ». Tous deux montent dans la barque. Le vent tombe. Les disciples, pleins d’admiration lui rendent hommage : « Véritablement, tu es le Fils de Dieu ! ». Dans les tempêtes de la vie, les croyants ne peuvent-ils pas « voir Jésus » et l'entendre dire : « C'est moi, n'ayez pas peur » ? (Jean 6.20).
En Luc 9.51, il avait « dressé sa face résolument pour aller à Jérusalem », accomplissant Ésaïe 50.7. Toute la suite de l’évangile est marquée par cet itinéraire. En Luc 13.33, il insiste : « Il faut que je continue à marcher aujourd’hui, demain, et le jour suivant»; « le troisième jour pour moi tout s'achève » (v. 32).
Enfin, il entre dans Jérusalem et dans le temple ; va-t-il être accueilli ? « Après avoir porté ses regards à la ronde sur tout, comme il était déjà tard, il sortit et (dans quelle tristesse) s’en alla à Béthanie avec les douze » (Marc 11.11).
Le ministère de grâce va se terminer. Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim. Il voit le figuier qui avait des feuilles : peut-être y trouverait-il quelque chose ? Mais s’en étant approché, « il n’y trouva rien que des feuilles, car ce n'était pas la saison des figues » (Marc 11.13). Le matin suivant, « comme ils passaient, ils virent le figuier séché depuis les racines » (v.20). Tout cet incident n'est-il pas une figure d'Israël qui n’avait point de fruit pour le Sauveur ? Jérusalem allait être détruite sous le jugement de Dieu quelque quarante ans plus tard par Titus, comme en témoigne son arc de triomphe dans le Forum à Rome, encore visible aujourd’hui.
En Marc (depuis le chap. 14 v.53) il n’est plus parlé de sa marche ; Jésus se laisse « mener », accomplissant Ésaïe 53.7: « Il a été amené comme un agneau à la boucherie, il a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent » (Marc 15. 1, 16, 20, 22). Il avait ajouté en instituant la Cène (Luc 22.22) : « Le fils de l’homme s’en va », rappelant Matthieu 13.44 et 46 : « Il s’en va, vend tout ce qu’il possède et achète ce champ-là »… « Il s'en est allé, a vendu tout ce qu'il avait », et a acheté « la perle de très grand prix ».
Finalement, les soldats romains, en clouant les pieds qui avaient tant marché dans les chemins de la terre, ont mis fin à la carrière incomparable du Sauveur.
4. Les pieds du Ressuscité
Avertis par Marie de Magdala, Simon Pierre et le disciple que Jésus aimait courent seuls au sépulcre, voient successivement les linges et le suaire, constatent la disparition du corps et rentrent chez eux !
Marie reste encore au sépulcre, pleurant. Elle se baisse et voit deux anges vêtus de blanc, assis, un à la tête et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché. Les linges et le suaire sont encore là, mais vides ; avant que le premier ange ait roulé la pierre, le Ressuscité avait disparu. Marie répond aux anges : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis ». Se tournant en arrière, elle voit Jésus sans savoir que c’est lui. Jésus lui dit: « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit: « Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi je l'enlèverai » (Jean 20.15). Jésus lui dit: « Marie ! ». S'étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabboni » (ce qui veut dire Maître). Le Ressuscité la charge alors du merveilleux message à porter à ses frères : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (non pas : je monte vers notre Père et notre Dieu ; Jésus reste toujours « premier-né entre plusieurs frères »).
Marie de Magdala vient rapporter aux disciples, tout d’abord qu’elle a vu le Seigneur, ensuite qu'il lui a dit ces choses.
Quand les autres femmes arrivent, elles saisissent ses pieds et lui rendent hommage (Matthieu 28.9).
Dans la journée, les deux disciples allant à Emmaüs sont accompagnés par Jésus ressuscité, qui se met à marcher avec eux. Quarante jours plus tard, avant de les quitter tous, lui-même les « mène dehors » avant d’être élevé « dans le ciel ».
Zacharie 14.4 conclut qu’à son retour glorieux ses pieds (divins) se tiendront sur la montagne des Oliviers… et « l'Éternel, mon Dieu, viendra, et tous ses saints avec lui ».
5. Toutes choses sous ses pieds
En Apocalypse 1.15 et 2.18 ses pieds sont comme de l’airain ; Jean tombe à ses pieds comme mort (1.17). Dans une autre vision en Apocalypse 10.1, ses pieds sont « comme des colonnes de feu » : au verset 2, il pose « le pied droit sur la mer », expression symbolique de sa gloire future pour répondre à la prophétie du Psaume 8.6, dont Éphésiens 1.22 nous annonce l’accomplissement : « Il a assujetti toutes choses sous ses pieds », que confirme Hébreux 2.8: « Maintenant nous ne voyons pas encore que tout lui soi assujetti, mais, (par la foi) nous voyons Jésus qui a été fait un peu moindre que les anges, à cause de la souffrance de la mort, couronné de gloire et d’honneur ».
Georges ANDRE
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